29/06/1989 - Bergame
Dernier enfant, les voisins disent qu'il est celui de trop, cris au coeur des crépuscules qui font grincer des dents. Il enchaîne les cauchemars, les nuits ne sont jamais vraiment tranquilles. À son berceau, il y a les frères, les soeurs, les parents, tout le monde se relaie, on l'embrasse, on le câline, puis on se fait à l'idée ; il est un jukebox désagréable, alors on finit par le bercer sans amour.
21/06/2011 - Lecce
Solstice d'été, peau salée. Chambre d'hôtel louée pour un salon littéraire : la couverture est basique, tout transpire l'amateurisme, les mots sont bruts, on est loin des trésors d'un joaillier de la syntaxe. Pourtant, ça plaît, les récompenses tombent, l'école est finie mais on le couvre de bonnes notes - encore.
03/10/2013 - Bergame
Le froid qui revient, la vie qui s'interrompt, les feuilles mortes tombent, les tissus aussi, il s'amourache pour de faux, préfère encore les thrillers aux comédies romantiques. Faux baisers, les râles sont réels, mais rien ne dure ; sortie d'un roman qui cartonne, ramène à nouveau sur la scène internationale, appartement acheté, psychiatre consulté un peu plus, au fur et à mesure des nuits partagées, au fur et à mesure de la pression qu'on sent s'abattre, tout dévorer, le monde grignoté.
01/01/2019 - Los Angeles
Pied posé, tournée de promo qu'on arrête en plein milieu, parents plaqués, vie plaquée, on garde la même identité, on enfile une paire d'ailes, celles-ci d'obsidienne continuent de tirer vers le bas. Déchéances qui se multiplient, les héros se matérialisent, les trépas aussi, l'angoisse qui monte, les traitements qui s'intensifient ; plancher de pages froissées, d'histoires abandonnées, et le monde s'assombrit.
Depuis - Los Angeles aeternum
Enduit dans le goudron, la tête de plus en plus souffrante, les souvenirs de plus en plus éphémères, les étoiles sont mortes et pourtant elles sont le seul décor de ses promenades ; le jour venu, les volets fermés, il n'y a que la Lune pour le voir défiler dans les rues, maraudeur aux drôles de manières, au pas pressé, à l'envie de contourner toutes les silhouettes.
Jusqu'à la Sienne. Croqué à la toile, amouraché de celui qui renverse la palette sur le myocarde. Celui qui n'est pas comme les autres. Celui qui cache les monstres. L'inspiration qui revient, l'agent qui a déserté ; mais à quoi bon en avoir un, si c'est pour n'être lu que par les créatures maléfiques du monde ?