Bonne année.
Bonne santé.
Meilleurs voeux.
Que de bonnes choses pour cette année 2024 !
Je n’en peux plus… Comment est-ce qu’en fin janvier, on peut encore se souhaiter une bonne année ? Passé le soir du réveillon, je n’en vois pas l’utilité… Et pourtant je suis là, face à eux, à sourire tout en leur souhaitant à mon tour une bonne année… de l’hypocrisie pure, à laquelle je ne peux pas échapper… Après tout, ça fait parti de mon métier de séduire en quelques mots et un sourire… Alors je m’exécute, et laisse les femmes du ladies’ night se pencher face à moi en espérant un peu d’attention.
Sauf qu’aujourd’hui, j’ai du mal à faire semblant… Ma patience n’est déjà pas très élevée, mais depuis quelques semaines encore moins. Donc je souris, je joue mon rôle de barman célibataire séducteur à la perfection, alors que je ne rêve que d’une chose : rentrer chez moi, et détendre mes joues dans une moue bien moins enjouée. Heureusement pour moi, Jolene bosse ce soir, et est supposée me remplacer d’ici… une dizaine de minutes, environ. J’vais pouvoir souffler un peu, et éviter la vague d’hystériques qui sortent une fois la nuit tombée.
Mon poste est rapidement quitté, mon blouson de cuir enfilé, et ma moto entre mes cuisses, direction l’appartement. Habituellement, je me serai rendu chez Caleb, pour profiter du fait que je finisse tôt mais j’lui ai pas vraiment reparlé depuis notre soirée pleine de… révélations, on va dire. J’l’évite clairement, je pense que lui aussi. J’suis pas connu pour être courageux, et je ne saurai même pas comment essayer de renouer contact. Alors je roule jusqu’à chez moi sans détour, me faisant réchauffer un reste de pâtes de la veille, Arwen couchée sur le canapé à côté de moi.
- Heureusement que t’es là, ma belle
Tout en mangeant, je fais tourner entre mes doigts ma fidèle toupie, alors que la télé brise le silence instauré pendant le repas d’une tristesse sans nom. Même Ted n’est pas là… Tant pis.
- Okey, toupie sacrée. Est-ce que je me motive à bouger ?
D’un geste habille de mes doigts, la voilà en train de tournoyer sur la table basse, entre le cendrier et mon assiette vide. La règle est toujours la même : inclinée à gauche pour oui, et à droite pour non. Quelques secondes lui suffisent pour qu’elle vascille, et penche à gauche, avant que je ne la récupère pour une autre question.
- Est-ce que j’envoie un message à Caleb ?
Droite. Pas étonnant, ça ne doit pas être le moment. Si la toupie en a décidé ainsi, c’est que ça doit se passer comme ça.
- … est-ce que j’appelle Finnegan ?
Tel Voldemort, je ne prononce jamais son prénom ici. Mais vu que je suis tout seul… pas de risques. Et j’ai pas spécialement envie de rester seul ce soir.
Droite.
- …. et bien ce soir il n’y aura que nous Arwen…
Je soupire, et me lève pour aller prendre mon nécéssaire à sortie. Après tout, elle a rien demandé, elle… Puis elle avait adoré la plage la dernière fois, alors… allez, on va aller vers Santa Monica. Puis j’avoue penser que si par hasard, je croise un collègue barman, et bien… c’est le destin ! Une manière comme une autre de tromper les pouvoirs de la toupie. Mais ça je le garde pour moi, et quitte mon appartement, direction Santa Monica, Arwen correctement installée dans le side car que je met en place.
Une fois sur place, j’sors ses jouets, sa balle préférée. Et j’avoue que je m’en sers aussi un peu pour me défouler. J’suis pas violent de base, mais j’avoue que là… Frapper dans un tas de sable, ça me tente plutôt bien. À la place, je lance sa balle le plus loin possible, de toutes mes forces -donc du peu de force que j’ai…-. Au moins ça t’amuse, et te rend heureuse. J’aurai au moins réussi ça.
Cet océan de passion qui déferle dans mes veines, qui cause ma déraison, ma déroute, ma déveine. Doucement j'y plongerai, sans qu'une main me retienne. Lentement je m'y noierai, sans qu'un remord ne me vienne.