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 « Mais puisque je vous dit que c’est un mal entendu ! » Manilyn n’arrivait pas y à croire. Elle se retrouvait derrière les barreaux, à la tombée de la nuit, sans pouvoir se faire comprendre auprès du policier qui se trouvait là. Elle n’avait pas été arrêtée à cause de ses vêtements trop courts – qui étaient loin de l’être puisqu’elle portait un jean et une bonne veste fourrée pour avoir chaud – ni même pour une infraction au code de la route. Le policier l’avait arrêtée et mise en cellule de dégrisement, persuadée qu’elle avait bu à outrance pour se comporter d’une telle manière. En réalité, la jeune femme avait simplement perdu son chemin et demandait à beaucoup de monde dans la rue. Un comportement qui aurait pu paraitre totalement dinguo, et se fût le cas, malheureusement pour elle. La ville avait été en grande partie mise sous travaux et depuis, beaucoup de changement de rue ont été fait mais ça, la mémoire de Manilyn l’avait totalement effacée. Elle s’était donc enfoncée dans une partie de la ville qu’elle ne connaissait pas et s’y était tout simplement perdue. Paniquée, elle avait demandé son chemin, parfois avec trop d’entrain et trop d’insistance visiblement. Et voilà qu’à présent elle se retrouvait là, en prison. Bravo pour une Gamma Psi, heureusement que cela serait très vite réglé et que ça n’allait pas figurer sur son casier judiciaire, elle l’espérait en tout cas. Et pour la sauver de là, elle n’avait pas appelé ses parents, déjà bien assez inquiets de sa perte de mémoire et tout ce que cela peut entrainer. Elle n’avait pas appelé son frère non plus, mais Yasmine, sa meilleure amie. Elle savait qu’elle pouvait lui faire confiance, qu’elle n’irait pas le raconter à tout le monde et surtout qu’elle viendrait la chercher sans lui demander des explications particulières. Alors elle lui avait téléphoné, le plus simplement du monde, pour lui dire qu’elle se trouvait dans tel commissariat, derrière les barreaux et qu’elle avait besoin d’elle pour la sortir de là. Bien sûr Manilyn comptait bien lui donner des explications une fois que cette dernière sera arrivée. Mais pour le moment, elle était plus préoccupée par une prostituée qui lui demandait combien elle prenait pour la nuit. « Pardon ? Je ne suis pas de ce genre-là. » Elle était bien en veine. Voilà que sa camarade de dégrisement insistait et lui disait d’arrêter de faire la prude, bien que cela devait attirer bien des hommes. Manilyn s’était résignée à ne pas lui répondre, se contentant de l’ignorer et de supplier pour que Yasmine arrive vite. Se mettant dans un coin de la petite cellule, elle regardait à travers les barreaux et notamment la porte d’entrée, souhaitant de tout cœur la voir débarquer. Malheureusement c’était un autre policier qui entrait avec comme compagnie un biker qui pour le coup, en avait vraiment dans le nez lui. Et pouf, aussi en cellule de dégrisement. Le stress était monté dans le creux des reins de Manilyn. Ce n’était pas possible, tout simplement pas possible, elle ne pouvait pas rester ici et encore moins passer la nuit avec un homme baraqué comme une armoire, bourré avec des tatouages partout, ainsi qu’une prostituée toujours persuadée qu’elles sont du même métier mais que Manilyn joue la prude. C’est alors que ses yeux s’illuminèrent quand elle vit enfin la chevelure, aussi blonde que les blés, de sa meilleure amie passer le seuil de la porte. « Yasmine, Yasmine, je suis là ! » Mais avant qu’elle ne puisse venir à elle, un policier lui bloquait le chemin, faisant simplement son métier mais ce qui avait le don de mettre les nerfs de Manilyn en pelote. « Vous connaissez cette jeune femme là-bas ? Vous venez la chercher ? » Des questions banales que le policer avait posées à Yasmine. Mais ces questions avaient tendance à mettre le doute à Manilyn. Yasmine avait-elle le droit de venir la chercher ou est-ce que c’est un parent obligatoirement qui doit venir ? Le collègue de ce dernier semblait regarder la scène sans émettre un mot. Impossible de lire la moindre réponse sur son visage. Mais d’une façon ou d’une autre, les deux amies n’allaient pas tarder à connaitre le sort de Manilyn. |
