Courir par-ci, courir par-là… j’avais l’impression que le travail que j’avais à abattre n’en finissait pas, mais dans le fond, je ne faisais rien pour aérer mon planning non plus… ajoutant rendez-vous sur rendez-vous entre les cours que je donnais, les conférences et le temps passé en laboratoire ou avec mes collègues de recherche. Jamais, je ne m’arrêtais jamais, si bien que lorsque je n’avais plus « rien à faire » durant quelques heures, j’étais incapable d’utiliser ce temps mort pour me reposer car mon corps et mon esprit avaient besoin d’être stimulés sans cesse. Cette habitude à toujours être actif, je l’avais depuis bien longtemps… au moins six ou sept années, et même les étudiants d’une vingtaine d’année plus jeunes que moi peinaient à assumer le rythme que je leur imposais avec mes cours. Un passionné, voila tout. Je vivais pour mon métier, je vouais mon existence à faire le plus possible pour la communauté à laquelle j’appartenais tant que j’étais encore vivant et le reste, j’évitais d’y penser. Oh, cela ne faisait pas de moi une personne associable, loin de là… j’avais des amis et quelques élèves avec qui je gardait un contact régulier, sans compter ma famille à qui je consacrais toujours quelques heures par semaine… mais pour « le reste », c’était une autre paire de manche. Je ne sais pas vraiment si avoir une copine était possible dans l’état des choses ni même si j’en avais envie, mais il est vrai qu’il m’arrivait de me sentir assez seul de temps à autre. Ca n’a pas toujours été le cas, cependant. Mais le passé appartenant au passé, j’ai appris à ne pas ressasser ce dernier inutilement, même si je reste relativement affecté par ma dernière relation sérieuse en date, quelque part au fond de moi. Quand est-ce que c’était ? Hahaha… il y a longtemps, à l’époque où il n’y avait pas encore le nouveau système de sécurité à l’UCLA.
On était en milieu de semaine, aujourd’hui. Mercredi, soit le jour où j’avais un cours à donner dans la matinée. Comme toujours, je m’étais levé en râlant contre mon réveil qui restait assez insensible à mes grommèlements, puis avais vérifié mon matériel avant de prendre la route de l’université. Une fois sur le parking, je garais ma voiture sur une place libre, puis me dirigeais vers le bâtiment principal en passant par les différents portails (qui me donnaient l’impression d’être à l’aéroport à chaque fois). Avec la tête des securitas qui bossaient ici, personne n’allait plus jamais vouloir ouvrir de feu, d’ailleurs ! Le doyen pouvait se rassurer...
Une fois entré là où je voulais, je fis un crochet par la cafétéria des lieux afin de me prendre un café, rituel que j’avais maintenant depuis dix ans et qui ne m’avait jamais fais faire la moindre mauvaise rencontre à ce jour. Je dis bien à ce jour, parce qu’au moment-même où j’ai tourné la tête une fois qu’on m’avait servi ma boisson, je me suis retrouvé nez-à-nez avec une personne qui m’était furieusement familière (et croyez moi, pas dans le bon sens du terme). Par réflexe défensif, mon regard ne s’attarda pas sur la jeune femme qui se trouvait à côté de moi et je fis comme si je n’avais rien vu, m’éloignant aussitôt du bar avec un naturel plutôt convaincant. Pas question de prendre le risque d’avoir cette gamine sur le dos si tôt dans la journée ! Je préférais encore éviter toute entrée en contact avec, même si ça faisait un siècle que je ne l’avais pas croisée, qu’elle avait bien grandi depuis la dernière fois qu’on s’était « parlé » et qu’il y aurait sans doute eu moyen d’avoir un semblant de conversation avec, ne serait-ce que par politesse. Ouais, eh ben j’avais pas envie. J’étais psy, j’étais compréhensif et j’avais peut-être fini par accepter le comportement de Shaé vis-à-vis de moi par le passé, mais j’avais aussi et surtout un sale caractère borné qui ne s’était pas arrangé au fil des années.
On était en milieu de semaine, aujourd’hui. Mercredi, soit le jour où j’avais un cours à donner dans la matinée. Comme toujours, je m’étais levé en râlant contre mon réveil qui restait assez insensible à mes grommèlements, puis avais vérifié mon matériel avant de prendre la route de l’université. Une fois sur le parking, je garais ma voiture sur une place libre, puis me dirigeais vers le bâtiment principal en passant par les différents portails (qui me donnaient l’impression d’être à l’aéroport à chaque fois). Avec la tête des securitas qui bossaient ici, personne n’allait plus jamais vouloir ouvrir de feu, d’ailleurs ! Le doyen pouvait se rassurer...
Une fois entré là où je voulais, je fis un crochet par la cafétéria des lieux afin de me prendre un café, rituel que j’avais maintenant depuis dix ans et qui ne m’avait jamais fais faire la moindre mauvaise rencontre à ce jour. Je dis bien à ce jour, parce qu’au moment-même où j’ai tourné la tête une fois qu’on m’avait servi ma boisson, je me suis retrouvé nez-à-nez avec une personne qui m’était furieusement familière (et croyez moi, pas dans le bon sens du terme). Par réflexe défensif, mon regard ne s’attarda pas sur la jeune femme qui se trouvait à côté de moi et je fis comme si je n’avais rien vu, m’éloignant aussitôt du bar avec un naturel plutôt convaincant. Pas question de prendre le risque d’avoir cette gamine sur le dos si tôt dans la journée ! Je préférais encore éviter toute entrée en contact avec, même si ça faisait un siècle que je ne l’avais pas croisée, qu’elle avait bien grandi depuis la dernière fois qu’on s’était « parlé » et qu’il y aurait sans doute eu moyen d’avoir un semblant de conversation avec, ne serait-ce que par politesse. Ouais, eh ben j’avais pas envie. J’étais psy, j’étais compréhensif et j’avais peut-être fini par accepter le comportement de Shaé vis-à-vis de moi par le passé, mais j’avais aussi et surtout un sale caractère borné qui ne s’était pas arrangé au fil des années.