We're ten thousand miles apart
Ce que j’aimais par-dessus tout dans cette vie que j’avais découvert l’été dernier c’est que toutes mes journées n’étaient pas minutieusement programmées. Avant de réussir ma tentative d’évasion de la ville sectaire où j’étais né et dans laquelle j’avais grandi, dominé par des parents complètement timbrés à l’image de l’autorité du village qui ne jurait que par la bible, refusait toute intrusion des nouvelles technologies et de ce qui n’était pas jugé comme étant saint, je m’étais souvent fait battre parce que je ne respectais pas les heures pour aller à l’église prier, pour mes paroles qui étaient parfois jugées complètement scandaleuses alors qu’elles étaient loin de l’être à Los Angeles par exemple. Mon passé me permettait d’avoir un regard vraiment spécial sur ce que chacun jugeait comme habituel ici, voilà presque un an que je m’étais installé après avoir retrouvé la trace des membres de ma famille qui n’avaient pas été embobinés dans toute cette merde sectaire, ils avaient été d’une grande aide mais j’avais choisi d’enfin m’offrir une chose qui avait inspiré mes rêves les plus fous, l’indépendance. Avec l’argent qu’ils me donnaient, sans que je n’ai besoin de le leur demander chaque mois et de ce que je parvenais à gagner en enchainant les petits jobs le week-end ou en semaine comme ça allait être régulièrement le cas maintenant que mes partiels étaient terminés et que j’étais officiellement en vacances, j’étais parvenu à m’offrir une chambre sur le campus et à présent j’étais un résident chez les Phi mes soucis de ce côté-là étaient donc réglés. Revenons-en à nos moutons, en une année je m’étais vraiment bien acclimaté à cette société que j’avais découverte sur le tas, aujourd’hui il y avait vraiment un tas de choses sur lesquelles il était impossible de voir la différence par rapport à quelqu’un qui aurait grandi depuis la naissance comme les autres, je m’étais habitué et j’utilisais très activement les nouvelles technologies, je commençais à prendre goût à faire la fête, non, j’étais définitivement devenu un américain comme les autres et j’adorais cette sensation. Être comme les autres, voilà quelque chose que je n’avais jamais eu l’occasion d’être jusque-là malgré le fait que je n’ai jamais pu souhaiter autre chose. La seule chose qui me faisait encore me sentir différent des autres consistait essentiellement au fait que j’étais une véritable merde en matière de séduction, je ne savais pas vraiment comment faire même si Lexie était d’une aide précieuse en me mettant le pied à l’étrier comme elle le faisait en me donnant des conseils régulièrement, en un an je n’avais jamais réellement eu envie de draguer quelqu’un, c’était pourtant une chose que j’avais eu le loisir de voir de mes propres yeux en boite de nuit par exemple, les filles et les garçons s’y trouvaient comme des animaux en chaleurs et un seul regard suffisait pour que certains finissent la soirée aux toilettes.
Je supposais que c’était de la même manière que comptait finir la soirée d’hier Bibbo, je ne le connaissais pas énormément, je connaissais son prénom pour l’avoir déjà croisé sur le campus une fois ou deux mais nous n’avions jamais vraiment échangé tous les deux. Pourtant hier soir, complètement ivre il m’avait appelé, je ne lui avais jamais donné mon numéro mais il semblait l’avoir trouvé tout de même, il m’avait demandé de le rejoindre pour faire l’amour une nouvelle fois. Après un flottement de quelques minutes il s’était rendu compte de son erreur et m’avait carrément raccroché au nez, pas une chose agréable en soi mais je pouvais comprendre l’étendue de sa gêne lorsqu’il avait compris qu’il était au téléphone et demandait des faveurs sexuelles à la mauvaise personne. Je m’étais recouché comme si de rien n’était et rien n’aurait dû me rappeler cet appel mais il semblerait que le destin en avait décidé autrement. Après avoir couru pendant une bonne trentaine de minutes comme je m’étais habitué à le faire une fois par semaine afin de rester en forme en plus de la musculation que je pratiquais plusieurs heures par semaine également je m’étais aventuré dans les douches du campus pour me rafraichir, complètement nu je pensais être seul dans les vestiaires, je m’étais mis le doigt dans l’œil. Je m’étais perdu dans mes pensées pendant bien trop longtemps, ce n’est qu’en faisant glisser le gel douche qui était tombé au sol et qui m’avait obligé à me retourner que j’avais compris que quelqu’un d’autre était là. A poil face à Bibbo avec ma bouteille de gel douche je manquais de faire une crise cardiaque, il m’avait surpris le con ! « Oh mon dieu, tu m’as fait peur ! » Je plaçais instinctivement les mains contre mon intimité n’étant pas trop pour l’exhibition. « Tu attends quelque chose ? » Demandais-je en constatant qu’il ne bougeait pas d’un poil.