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    Révélation et remontrances ft Abel.

    Mar 16 Juil 2013 - 12:01
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    Révélation et remontrances ft Abel. Tumblr_lxu785FSyv1r9gwxjo1_500

    J’étais avachi sur mon canapé, comatant devant la télé, en fumant un pétard. Aujourd’hui, je n’avais aucune motivation pour faire quoi que ce soit. J’avais les doigts de pieds en éventail et je le vivais bien. Le pétard que je fumais ne m’aidait à avoir les idées claires. Avec nonchalance, je zappai. Il n’y avait vraiment rien d’intéressant à mater à la télé. J’aurais pu regarder un film, mais pour cela, je devais me lever, en choisir un, le mettre dans le lecteur et le lancer. Bien trop compliqué, dans l’état dans lequel je suis. Je tirai une nouvelle fois sur le pétard. Je me sentais bien. Léger. Tellement léger. J’aurais pu m’envoler tout là-haut, tout là-haut dans le ciel, et me coller au plafond, comme spider-cochon.

    Alors que j’étais obnubilé par un magnifique reportage sur la reproduction des orangs-outangs, à moins que ça soit des citrouilles salopes – le doute plane – la sonnerie de mon téléphone retentit. Je venais de recevoir un message. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire j’avais la main dessus – autrement dit, bien cinq minutes, j’avais quelques problèmes de motricité –. Les yeux complètement défoncés, je réussis néanmoins à déverrouiller mon portable et à lire le message. Il s’agissait d’Abel : « Faut que tu ramènes tes p'tites fesses chez moi ! Maintenant ! ». Avant que l’information me monte au cerveau, il se passa bien deux bonnes minutes. Je lui répondis du tac au tac « J’arrive ! » - autrement dit un message du type « h(attibr » – Je me levai, enfilai bien difficilement un falzar. Je ne manquai pas de tomber à plusieurs reprises. Prêt, je quittai mon appartement pour me rendre chez Abel.

    Arrivé devant chez lui, après quelques frayeurs, je me garai. J’attendis quelques minutes, j’avais la tête qui tournait. Je me demandai bien ce qu’il me voulait, cela avait l’air urgent. Je me regardais dans le rétroviseur central, j’avais une mine affreuse. J’étais un zombie. J’allais encore me faire houspiller. J’en avais l’habitude avec lui. En même temps si on ne s’engueulait pas, si on ne s’envoyer pas des piques, des vannes, notre amitié n’avait pas lieu d’être. C’était notre marque de fabrique. Avant de m’extirper de l’habitacle,   je cherchai dans la boîte à gants – assez maladroitement je dois dire – ma paire de lunettes de soleil. J’avais vraiment les yeux en vrac. Je les installai avec grâce et volupté – à l’arrache quoi – sur le bout de mon nez. Prêt, je sortis de ma bagnole et me présentai devant la porte de cher Abel. Poli, j’appuyai sur la sonnette afin de signaler ma présence. La sonnette était toujours aussi stridente, elle me donna mal à la tête. Je poireautai là, à attendre. Qu’est-ce qu’il foutait ? Il était bourré, et ne pouvait pas ouvrir la porte ? Ma patience avait des limites. Finalement la porte s’ouvrit. « Oh putain mec j’cr… » C’est alors que je la vis. Mon regard fit un va-et-vient entre la gamine et l’écriteau à côté de la porte. Je le fis bien trois fois. Je baissai un chouia mes lunettes pour voir au dessus. Avec le flegme qui me caractérise je lui répondis : « Eh ben ! Mec ! Je savais que tu aimais la bite, mais pas au point de te transformer à gamine ! ». Silence.

    Re: Révélation et remontrances ft Abel.

    Mar 16 Juil 2013 - 13:52
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    Son pouce vibra légèrement au-dessus de la touche. Il n’appuya pas. Son pouce revint sur la touche. Il n’appuya pas. Cela fait une petite heure que le français avait écrit ce message. Anodin, banal pour son destinataire, rempli d’une affection vénéneuse qui leur allait si bien. Laisser une belle amitié se coller en filigrane sur une bulle de vannes et de blagues.

    « Faut que tu ramènes tes p’tites fesses chez moi ! Maintenant ! »Abel avait décidé d’en parler à Rafael. Pourquoi avait-il mit tant de temps d’ailleurs ? La réponse était pareille aux autres. Il avait eu peur de sa réaction. Il avait toujours peur de leur réaction. Pourtant tous ses proches avaient plus ou moins bien réagis et tous étaient là pour lui. Pourtant Abel n’avait pas encore annoncé à son frère de cœur, ce rebelle ténébreux qu’était Rafael, qu’il était depuis peu, le père d’une petite fille et encore depuis encore moins longtemps –tout juste une semaine- qu’elle vivait avec lui. Les réactions de ce bellâtre étaient comme les siennes à l’image de leur relation, assez imprévisibles et toujours surprenantes. Bon, il fallait dire qu’entre ses jours sobres et ceux de défonces il n’y avait que très peu de place pour la lucidité. Tiens, ça c’était une pique qu’il ne manquerait pas de lui asséner. Il reposa les yeux sont smartphone et appuya finalement sur la touche d’envoi. La petite enveloppe fila le long de l’écran puis disparut en laissant un « sms envoyé à : Débilo ». Abel ne savait pas s’il supporterait la moindre remarque de sa part concernant sa fille. Et il fallait dire qu’entre eux c’était l’amour vache et ils se permettaient d’aller très loin dans leur joute verbale. Sur le sujet, cela risquait d’être un peu plus épineux et le brun savait déjà qu’il le foutrait à la porte à coup de pompes dans le derche s’il dépassait les bornes. La messe intérieure était dite.

    Ce fut ce moment-là que choisit Charlie pour débouler dans le couloir en criant et courant comme une hystérique. A ses trousses Altan, son chat. Cela faisait deux semaines qu’Abel avait réussi à dénicher, grâce à une vieille connaissance, une petite maison dans le downtown. Elle avait une surface correcte pour un couple avec enfant. Trois chambres, toutes à l’unique étage que possédait le bâtiment, une salle d’eau et une salle de bain. Le salon était au rez-de-chaussée et la cuisine s’ouvrait sur lui. Les coloris de la maison faisaient penser au Sud de la France comme il l’avait souhaité même si dehors ce n’était pas vraiment style adopté. La petite fille vêtue d’une robe blanche brodée de liserés rouges. Un ruban rouge lui ceignait la taille et visiblement elle avait enlevé ses chaussures. Un mince sourire s’installa sur son visage et il tituba lorsqu’elle attrapa ses jambes pour s’y cacher derrière et Abel attrapa le chat avant qu’il n’atteigne sa cible.

    « A quoi vous jouer tous les deux ? Cha’ tu n’étais pas sensé garder tes chaussures ? Tu sais que …. » La sonnette retentit et avant qu’il n’ait pu finir sa phrase, sa fille était déjà à la porte et sous le coup il dérapa et trébucha, tête la première dans le canapé, le chat refusant de tomber avec lui, lui grimpa dessus et d’une  formidable détente féline –et le griffant au passage- il disparut dans le couloir menant à l’étage. Essayant de retrouver une posture qui lui permettait de se lever, il entendit la voix de Rafael, puis ne l’entendit plus. Puis il l’entendit à nouveau. Et ce qu’il entendit lui donna envie de rire autant que de lui foutre une baigne.
    « Eh ben ! Mec ! Je savais que tu aimais la bite, mais pas au point de te transformer à gamine ! »
    Abel se débattit avec un oreiller et gagna la porte au plus vite.

    « Papa … il fait peur le monsieur. C’est ça un clown ? » demanda Charlie en se tournant vers Abel qui posa une main sur la porte.

    « Non ça c’est juste un raté de la vie ma chérie, enfin, il ne le sait pas encore. » lança Abel en souriant largement à Rafael.

    « Aller entre, j’ai deux trois trucs à te dire … » dit-il un ton plus sérieux en désignant la fillette du menton. Il posa une main sur la frêle épaule de Charlie puis s’écarta pour laisser passer Rafael.

    Re: Révélation et remontrances ft Abel.

    Ven 19 Juil 2013 - 11:35
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    « Papa … il fait peur le monsieur. C’est ça un clown ? » Passons le premier mot, qui sur le coup, ne m’avait pas forcément interpellé. En même temps je suis juste légèrement à moitié défoncé. Abel venait d’arriver à la porte d’entrée. Il avait l’air quelque peu essoufflé, mais il était vivant. C’est bien. Mon amour pour les gosses était légendaire, je me tournai donc vers cette ravissante jeune fille – cette énergumène – et lui sourit – un sourire forcé !  –. J’allais lui répondre, quand Abel me grilla la priorité, et avec le sourire en plus, l’enflure ! « Non ça c’est juste un raté de la vie ma chérie, enfin, il ne le sait pas encore. ». Et là comment vous dire, j’avais juste envie de lui dire que le raté, il l’emmerde. Mais bon, je m’abstins, des oreilles sensibles trainaient par là. Ne me laissant pas pour autant déstabiliser je répondis au moutard : « Oui, je suis un clown ! Et je suis venu ici pour te bouffer tout cru que même ‘It’ s’est un agneau à côté de moi ! » Je me léchai les babines à la simple évocation de mon futur repas. La gamine se rapprocha plus encore d’Abel afin de se sentir protégée.

    Finalement, il m’invita à entrer en m’indiquant qu’il avait deux trois trucs à me dire. J’en profitai pour lui donner une tape derrière la tête en soufflant : « Couilles molles ! ». Je pénétrais dans sa demeure et me dirigeai tout droit vers le salon. Sans attendre une quelconque autorisation, je m’asseyais sur le canapé et l’attendit. Il me rejoignit. Je commençai les hostilités : « Dis-moi tout ! ». En même temps, qu’est ce qu’il pouvait me dire. Je n’étais pas demeuré, il ne me manquait pas de case – même si j’avais fumé un bon joint –. Surtout la petite avait dit ‘Papa’. Je dois l’avouer sur le coup je n’ai pas fait le rapprochement. En même temps quand on voit sa gueule, on se dit qu’il ne peut pas avoir de gosse. Une nouvelle fois, je répétai « Dis-moi tout ! » d’un air dépité. Il s’était mis dans de beaux draps. Finalement, je ne le laissais même pas commencé : « Mais à quoi tu joues ? Franchement ? » Je fis une pause. « Tu es gay quoi ! Et tu arrives à avoir un gosse ! Tu es la nouvelle Sainte Verge du XXIe siècle ! » J’étais un peu dégoûté pour lui. « Comment s’est arrivé sérieux ! Toi t’aimes bien te créer des emmerdes en fait ! » Dis-je sérieusement. En même temps je critiquais mais bon, niveau recherche d’emmerdes, j’étais bien placé. En même temps c’était les risques du métier. Le monde de la drogue ce n’est pas celui des Bisounours. J’attendais de toute manière ses piques acerbes sur la question.

    Je glissai une main dans ma poche afin d’en sortir un pétard. Je le faisais rouler entre mes doigts avant de le caler entre mes lèvres et de l’allumer. J’avoue c’était de la provocation pure et simple. Mais c’était tellement jouissif. Il me dévisageait. Je lui souriais : « Tu en veux un ? Dans ma magnanimité, je t’en file un, et gratos ! »

    Re: Révélation et remontrances ft Abel.

    Ven 19 Juil 2013 - 13:38
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    En vérité Charlie, au contraire de son père, n’avait aucunement peur des clowns. Et celui-là ne faisait pas exception. La petite avait reçu le caractère trempé de ses deux parents et même si ses phrases n’étaient pas encore très élaborées, elle percevait comme la plupart des enfants, les intentions et émotions des gens sans forcer. Du coup, elle aurait bien fichu un bon coup de pied dans le tibia du monsieur à la porte mais Babel lui avait précisé que c’était un ami, même s’il était un peu spécial. Elle ne savait pas qui ou quoi portait le nom de « It » mais en tout cas elle put remarquer qu’il avait des dents normales et qu’avec ça il pourrait toujours courir pour la manger toute crue. Dans les yeux effrontés de la gamine on pouvait lire « mais bien sûr Alphonse, on y croit tous » enfin ce n’était peut-être pas aussi complexe comme pensée mais l’idée y était. Ainsi la fillette ne dit rien et se laissa faire quand Abel la tira vers lui pour que l’homme puisse entrer. Tandis que Rafael passait le pas de la porte, le français fulminait. Il n’avait pas imaginé qu’il se permettrait de parler comme ça. Pourtant il ne connaissait très bien et aurait dû s’en douter. Peut-être aussi que parce que c’était sa fille, Abel avait tendance à vouloir la protéger de ce genre de personne. Ce genre de personne qui au final était comme un frère pour lui. On ne choisissait pas sa famille après tout.

    Rafael s’installa sur le canapé en lui ayant au préalable soufflé un mot gentil à l’oreille comme pour le remercier de son accueil et Abel –réprimant une douce répartie-, accompagné de sa fille, le suivirent. Avant qu’ils n’aient pu s’installer, l’homme se mit à la questionner. Assez agressif. Puis il entama une tirade et dès les premiers mots Abel se pencha vers Charlie.
    « Charlie tu peux aller jouer un moment dans ta chambre ? Je dois parler avec Rafael. » lui dit-elle avec un sourire. Il lui fit un baiser sur le front et elle sourit en lui faisant un câlin. Elle se tourna vers l’homme qui venait d’entrer dans la maison et lui tira impunément la langue.

    « Tu es gay quoi ! Et tu arrives à avoir un gosse ! Tu es la nouvelle Sainte Verge du XXIe siècle ! » « Comment s’est arrivé sérieux ! Toi t’aimes bien te créer des emmerdes en fait ! » Rafael s’emballait, ce qui n’était jamais bon d’un point de vue médical. N’importe qui en s’emportant de la sorte, pouvait prétendre à un arrêt cardiaque. Malheureusement la vermine ne mourrait jamais, c’était bien connu. Il le regarda parler, n’essayant pas de le retenir. Les mots glissaient sur lui comme la pluie fine d’un mois de novembre. Cela ne le touchait que très peu mais il commençait à penser que pour la première fois Rafael dépassait peut-être les bornes. Et franchement quand on les connaissait on savait pertinemment qu’ils s’encaissaient bien pire en temps normal. Encore une fois sa récente paternité revint à la charge comme un cheval au galop. Est-ce cela qui l’avait d’ores et déjà changé ?

    « Mais va te faire foutre, espèce de camé.  C’est toi qui va me faire la morale sur ce sujet ? C’est l’hôpital qui se fout de la charité là. » lança t-il sur un ton calme. Pourtant les mots employés eux ne l’étaient pas, et prononcés sur ce ton ils avaient sans doute plus d’impact. Les yeux d’Abel vrillèrent ceux, défoncés, de Rafael. Au lieu de calmer le jeu afin de lui annoncer de façon la plus normale possible qu’il était le père de la petite qu’il venait de voir –bien qu’en même temps il devait déjà l’avoir compris quand on l’écoutait. Le mal était donc fait.
    « Et tu vas m’éteindre ça tout de suite si tu ne veux pas finir défenestré. Crois-moi j’ai un coup de fil à passer et aucun hôpital n’acceptera de te soigner. Bref, donc tu l’auras compris, j’ai une fille. » Abel était passé de la pistache à la banane sans transition après son coup de semonce. Ne le laissant pas exploser en lui laissant l’occasion de le faire bouffer son pétard, il enchaîna.

    « Les services sociaux m’ont contacté il y a un mois, me demandant de venir passé des tests ADN car j’étais peut-être le père d’une orpheline. Comment ça a pu arriver ? Sa mère et moi avions eu une seule nuit ensemble au début de nos études. Ca a suffi. Je ne l’ai jamais su puisqu’elle a quitté L.A deux semaines seulement après cette soirée. Et ça fait tout juste une semaine qu’elle vit avec moi. Je … Je pensais que toi tu devais le savoir. Je commence à penser que j’ai été con de vouloir te le dire ! De toute façon t’as l’air tellement toujours défoncé que t’as jamais une réaction lucide.» lança t-il d’une voix qu’il aurait voulu plus assurée. Il se leva brusquement et alla se caler contre la baie vitrée qui donnait sur un balcon. Il refusait de se tourner pour le moment, tentant de juguler ce je-ne-sais-quoi qui s’agitait en lui. La fin de son monologue n’était pas vrai, mais une pique de plus ou de moins n’était pas grave.

    Re: Révélation et remontrances ft Abel.

    Ven 19 Juil 2013 - 23:09
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    Comme prévu, il s’emportait verbalement, tout en conservant, à mon grand étonnement, un calme olympien. J’écoutai avec beaucoup d’attention ce qu’il me disait. Mine de rien, il avait beaucoup de respiration pour me débiter toute sa logorrhée. J’écoutai en tirant sur mon joint avant qu’il me menace de me défenestrer si je ne me débarrassais pas de l’objet du délit. Je n’eus même pas le soin de rebéquer – mais je ne me débarrassai pas pour autant de ma ‘cigarette’. Qu’il aille au diable. S’il voulait que je sois une persona non grata dans tous les hôpitaux de la ville, car Monsieur est médecin et que Monsieur a le bras long, qu’il le fasse. Si ça peut lui faire plaisir je n’allais pas le priver de cette réjouissance. Avachi plus encore sur le sofa, je regardai le jeune homme continuer son long discours. Il commençait à me donner affreusement mal à la tête. Je ne comprenais pas tout ce qu’il me disait. Finalement, sa voix s’évanouit dans le néant. Un silence, enfin, s’empara des lieux. J’en pouvais plus. Avec politesse, je lui demandai : « Je peux en glisser une ? Non parce que, si Monsieur prend son pied à me descendre en flèche, j’aimerais pouvoir répondre ! »  Silence. Toutefois, je n’allais pas me laisser faire et enchaînai : « Oui, je suis camé, qu’est ce que ça peut te foutre bordel ? Je fais ce que je veux ! Après tout, c’est ma vie que je fous en l’air ! Alors fais-pas chier et va te goder ! » . Contrairement à lui, je gardai difficilement mon calme. J’étais quelqu’un de sanguin quand on m’énervait. Je tirais une nouvelle fois sur mon bédo. Je voyais que ça l’enrageait que je continue. Qu’il vienne me le prendre le morveux. Je repris : « Après défenestre-moi. J’ai toujours rêvé d’être défenestré. Fais-toi plaisir et laisse-moi crevé sur le pavé, sous les yeux  de ta gamine ! Elle verra son médecin de père ne pas secourir son prochain ! Quelle image exemplaire ! »  Je me levai et me dirigeai vers le téléphone. Je l’attrapai et commençait à composer un numéro. Puis je fis volte face et vins me planter devant Abel, puis violemment, peut-être un peu trop, je plaquai le téléphone sur son torse en soufflant : « Tiens ! Fais donc ! Tu n’as qu’à appuyer sur le bouton ! » . Puis j’allai m’asseoir sur une chaise, les coudes appuyaient sur les genoux, les mains jointes sous le manteau. Je l’observais et j’attendais. Ma respiration devenait de plus en plus maîtrisée, je reprenais mon calme. Finalement je repris mon règlement de compte en bonne et due forme – mais est-ce véritablement un règlement de compte –. « Et les préservatifs tu ne connais pas ? Sérieusement ! Tu mériterais que je te castre ! » . Je fulminai. Je pris ma tête dans mes mains et regardais vers le sol, en quête de réponse à mes interrogations. Dans quelle merde il s’est mis. « Qu’est-ce que tu as voulu te prouver en couchant avec une fille ? Que t’étais vraiment une pédale ? C’est le cas ! » . Je n’aimais pas employer ce terme en sa présence car j’avais un minimum de respect pour lui, mais là, maintenant, il l’avait bien mérité.   « C’est magique ! Tu as une fille ! Une merdeuse ! Bonne chance avec elle ! » . Les mioches c’est de vrais démons, des laxatifs humains, ils font chier à longueur de journée. Il était dans de beaux draps. « Et écoute ! Si tu n’es pas content et bien je me casse ! Je suis venu dès que j’ai vu ton putain de message à deux balles ! La prochaine fois je t’enverrais mon planning de défonce comme ça tu sauras quand tu pourras m’envoyer des textos, me parler et que j’aurais des réactions lucides ! » Je me levai et commencer à me dirigeai vers la sortie sans même lui jetai un regard.

    Re: Révélation et remontrances ft Abel.

    Sam 20 Juil 2013 - 11:26
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    Abel se retourna vivement. Jamais ils n’étaient allés aussi loin dans leurs échanges. L’air crépitait, chargé en électricité statique, près à décharger sur ces pauvres âmes un tonnerre du feu de dieu. Il avait l’impression que le prochain mot, le prochain mouvement allait être décisif. Le moindre faux pas semblait pouvoir leur coûter la vie. Au moins leur amitié. Cette amitié si spéciale. Parfois il en venait à se demander ce qui poussait Rafael à le fréquenter. Cela ne pouvait pas qu’être le fait qu’ils se soient sauver la mise à plusieurs reprises, ça ne tenait pas la route. On ne restait pas dans les parages d’une personne juste pour ça. Si Abel devait fréquenter toutes les personnes qu’il avait sauvées sur la table d’opération, la liste commencerait à être longue. Il devait y avoir autre chose. Mais cela allait bientôt se finir s’il ne bougeait pas. Sa fierté remua en lui, comme un serpent qu’on aurait dérangé sous une pierre. Il l’écrasa. Sans fioriture, parce que la fierté n’avait rien à voir dans cette histoire-là. Rafael n’était pas un gars comme les autres et il le connaissait. Assez bien pour savoir qu’il pensait la même chose que lui. Du moins, il l’espérait. Séparant la distance qu’il y avait entre eux avec trois grands pas il s’arrêta derrière lui et posa une main sur son bras dans un geste pour l’immobiliser. Pas un geste brutal ni péremptoire. Non, sa main était en quelque sorte juste posée. Il pouvait décider de continuer sa route, là Abel ne le retiendrait pas. La dernière phrase du bras lui revint en mémoire fraîche d’il y avait quelques instants.


    "La prochaine fois je t’enverrais mon planning de défonce comme ça tu sauras quand tu pourras m’envoyer des textos, me parler et que j’aurais des réactions lucides ! » Abel avait dépassé la mince ligne du supportable et vice versa. Comme si ces deux-là faisaient de la surenchère, comme s’ils testaient inconsciemment –ou non- les limites de ce que l’un pouvait endurer. Ces mots –peut-être que Rafael le nierait jusqu’à la fin de ses jours – suffisaient à montrer qu’il avait été blessé. Abel se mordit d’un geste fugace, la lèvre inférieure.


    « Woua … on n’est jamais allés aussi loin. Ecoute Raf, je ne sais pas ce qui m’a pris. Enfin si je sais. Viens, assied-toi.... s’il te plait. » dit-il d’une voix dont toute trace d’animosité avait disparue, balayée par la simple crainte de perdre Rafael. Il lâcha doucement son bras mais resta debout derrière lui, attendant de voir ce qu’il allait faire. Non, il n’attendit pas. Abel ne put empêcher un flot de paroles se déverser comme un barrage qui cédait.
    « Excuse-moi… » commença t-il par dire. Il ne s’excusait jamais. Rarement. Très rarement et surtout pas avec Rafael.
    « Je ne pensais pas un jour avoir un enfant, mais en revanche ce que je sais, c’est que je ne regrette pas qu’elle soit arrivée dans ma vie. J’aime cette enfant. Mon enfant. Je ne sais pas si tu peux comprendre, mais un lien s’est créée entre elle et moi, pas seulement à cause des circonstances dans lesquelles nous nous sommes rencontrés. C’est au-delà des mots. J’ai eu peur. De tout. De rien. De ma capacité à l’élever. De ma capacité à l’aimer. J’ai eu peur de la réaction de mes proches. Les perdre signifierait la fin de mon monde. Tu crois que je t’aurais fait venir ici, si je n’avais pas entièrement confiance en toi ? Je t’estime trop pour vouloir te le cacher une seconde de plus. Je … je … » les mots moururent dans une larme qu’il sécha rageusement. Il se détourna, se trouvant stupide de chialer à un moment pareil, devant lui. Un rire nerveux agita ses épaules et il prit une inspiration profonde pour se calmer.


    « Je pensais juste que tu serais là pour moi. Pour nous. Encore une fois … » murmura t-il sans savoir si Rafael l’avait entendu.

    Re: Révélation et remontrances ft Abel.

    Mer 24 Juil 2013 - 19:01
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    Abel posa une main sur mon épaule tandis que je désirais m’éclipser. Un instant, j’arrêtai ma marche vers la sortie. Il commença à regretter ses gestes, ses actes, ses paroles. Je restai impassible face à tout cela, bien trop fier pour laisser paraître quoi que ça soit. Les yeux mi-clos j’écoutai ce qu’il avait à me dire. Je n’avais pas forcément le choix. Il déversa tout ce qu’il avait à me dire : l’attachement qu’il avait pour sa fille, de ses peurs…  Portant mon joint à mes lèvres, je respirai une bouffée de fumée. Je n’osais pas me retourner. Peut-être était-ce voulu, de peur de montrer l’attachement que je pouvais porter à ce petit con. Je préférais rester de marbre, immobile, raide comme un manche à balai. Ma respiration était de plus en plus saccadée. J’avais mal après tout ce que je lui avais dit. Mon cœur saignait, mon rythme cardiaque s’emballer. Je sentis une première larme coulait le long de ma joue, je n’osai l’essuyer d’un revers de main. Par ce simple geste Abel aurait compris que je n’avais pas pu retenir mes larmes. Une seconde s’échappa et traça sa route jusqu’à la commissure de mes lèvres. Je tenais fermement mon bédo. C’était la seule chose que je pouvais faire. Un silence pesant s’empara de la pièce. En temps normal, j’aurais été le premier à dire qu’un ange passait, mais là, je m’abstins, trop fier pour dire quoi que cela soit. Je me mordis les lèvres afin d’éviter tout dérapage verbal. Je n’allais pas abaisser mes armes comme cela.

    J’étais tiraillé. Une partie de moi souhaitait me retourner et dire quelque chose, un mot gentil, quelque chose de réconfortant, même si, il est vrai, ce n’était pas mon habitude. Parfois, il faut serrer les dents et mettre son orgueil dans ses chaussettes. Une autre partie de moi, me poussait à partir, sortir de cette maison, déguerpir, l’abandonner, le laisser réfléchir, juste pour conserver ma dignité face à lui. Un choix cornélien. Je n’avais pas envie de me mettre à nu, montrer que j’étais un homme avec un cœur – même si je le montrais rarement -. D’un autre côté, je ne pouvais pas me permettre de foutre à l’air notre amitié juste par égoïsme. Une autre larme filait le long de ma joue. Je n’arrivais plus à les retenir. Finalement, contre toute attente des mots s’échappèrent et vinrent meubler ce silence de plomb : « Je ne suis qu’un con ! ».

    Je me retournai, lâchai mon pétard sur le carrelage et regardai mon ami. C’était une pédale, certes, mais il avait l’opportunité d’être père et d’offrir à une gamine une figure paternelle qui m’avait manqué et, si elle avait été présente, m’avait détruit, outragé. Une larme se fit la malle, encore, trahissant ainsi l’émotion qui s’était emparée de ma personne. J’attendais un ricanement de sa part, lui qui ne m’avait probablement jamais vu dans cet état. Une petite pique acerbe. Je baissai les yeux avant d’avouer à demi mot, dans un souffle : « Tu seras un père exemplaire ! ».

    Re: Révélation et remontrances ft Abel.

    Sam 27 Juil 2013 - 15:44
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    La réaction de Rafael ne fut pas celle qu’il attendait. Comprenez que ces deux-là n’étaient pas du genre à montre leur sentiment l’un envers l’autre. Du moins très rarement. Aussi bizarrement, ils étaient quand même là au besoin et chacun n’hésitait pas à intervenir et à aider l’autre. Mais là, le brun venait de lui montrer une partie de lui qu’Abel ne soupçonnait même pas. Vous savez, certaines personnes arrivaient bien à cacher leur petit jeu émotionnel. Rafael en faisait partie. Ceci dit Abel n’aurait jamais côtoyé quelqu’un de mauvais. De ce fait, il savait qu’au fond, Rafael, malgré tous ces défauts, du moins ceux qu’il aimait mettre en avant, était un gars sensible. Il n’aurait jamais été ami avec Abel sinon. Peut-être que leur relation était en train de prendre un nouveau tournant ? Peut-être qu’Abel se demandait s’il n’était pas temps pour lui de se poser un peu ? L’idée le fit frissonner. En tout cas, il venait lui aussi de se mettre à nu. D’exposer ce qu’il avait sur le cœur à Rafael, celui avec qui tout paraissait si peu sérieux, celui avec qui la vie semblait être un grand carnaval éternel. Ils ne se prenaient jamais la tête, enfin si, mais autour d’eux quand ils sortaient et se voyaient l’air était comme remplie d’hélium et i les sentait léger, loin des tracas de la vie, du quotidien.  Etait-il, lui Abel, en train d’abandonner cela ? Ou était-ce une évolution impossible à stopper et qu’au fond de lui était normale ? Il le pensait déjà. L’heure n’était pas venu de remballer son attirail de jeune homme insouciant, mais du moins de lui faire prendre des pauses bien méritées. Et Rafael qui se retournait. Un visage qu’il ne lui reconnaissait pas. Une attitude qu’il ne l’avait jamais vu auparavant adoptée. Tant de choses dans un espace si confirmée que ses yeux s’écarquillèrent. Etait-ce bien Rafael Alvarez qu’il avait devant lui ? Son pote des 400 coups ? Loin d’être une mauvaise surprise, cela semblait confirmer ce que le chercheur pensait. C’était un gars bien. Torturé et camé, mais un gars bien. Il ne l’aurait pas sorti de ces mauvaises passes dans le cas contraire. Il le regarda, incapable de lui dire quoi que ce soit, comme si en à peine trente secondes les rôles avaient été inversés. Il avait l’air d’être plus touché par la situation qu’il ne voulait le dire.

    « Tu seras un père exemplaire ! » après le « Je ne suis qu’on con ! » la phrase avait de quoi étonner. Détonner.  Abel en resta pantois.  Il vit la larme qui roula pour se perdre dans son cou. Vit les traces encore brûlantes de celles qui avaient précédées. Il aurait pu être gêné par un tel débordement d’émotion lui qui ne se permettait rien de comparable face à Abel, mais ce n’était pas le français qui allait lui jeter la pierre ou le juger. Il ne souhaitait pas le rabaisser en lançant une vanne qui n’aurait pas lieu d’être. Abel était une grande gueule, impulsif et qui n’hésitait pas à dire ce qu’il pensait. Mais, ce n’était pas un homme qui pratiquait la méchanceté gratuite. Et dans le cas présent, il avait à faire à un ami, pas à n’importe quel  mec lambda.


    « Merci. » lança t-il en lui adressant un petit sourire en coin. Un mot. Mais dans ses yeux on pouvait comprendre toute sa portée. Peut-être qu’il ne lui disait pas seulement merci pour sa phrase réconfortante. Peut-être qu’il lui disait merci pour avoir enfin abaissé ses défenses. De lui avoir enfin montré la vrai Rafael au-delà de sa carapace. Il ne voulait rien lui demander. De toute façon c’était son choix, sa décision de s’occuper de sa fille. Tous ses proches avaient de leur propre initiative accordés leur aide à ce nouveau père. A cet homme qui se découvrait parent. Il ne pouvait pas lui demander d’être là pour lui, mais peut-être que Rafael venait de lui offrir son soutien. Et il n’en attendait pas moins de ce grand gaillard.
    Abel se pencha puis ramassa le pétard qui été tombé. Comblant la distance qui le séparait de Rafael, il lui prit sa main et l’ouvrit pour y placer le joint. Rafael n’était pas tellement qu’il le touche, mais dès le départ ils avaient tout posé à plat. Il n’y avait jamais eu d’ambigüité.


    « Tiens garde le, il pourra te servir plus tard. Tu veux boire quelque chose ? » demanda t-il en ne revenant pas sur les larmes qu’il avait vu. Abel était parfois trop fin pour s’autoriser la moindre remarque. De plus, mettre un mot là-dessus aurait pu rompre leur amitié, et ça il ne le voulait pas. Il lui relâcha la main, puis recula pour se diriger vers la cuisine afin de leur servir quelque chose.


    Re: Révélation et remontrances ft Abel.

    Lun 5 Aoû 2013 - 18:07
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    Il me remercia, tout simplement, sans fioriture. Sans rien ajouter de plus. J’esquissai un modeste sourire. Mais je ne pouvais rien dire de plus, comme si j’avais lancé mes dernières forces dans la bataille. Pour la première fois de ma vie, j’avais lâché prise, et n’avais pas hésité à me montrer en plein jour… devant Abel. Ce dernier s’approcha de moi, se pencha et ramassa le pétard que j’avais malencontreusement fait choir au sol. Il me le tendit : « Tiens, garde le, il pourra te servir plus tard. Tu veux boire quelque chose ? ». Je restais con lorsqu’il me rendit mon joint, j’aurais imaginé qu’il l’aurait jeté vissa. Pris de court, un peu hébété je lui répondis : « Euh… Tu sais j’en ai plein d’autres. De ce côté-là, ce n’est pas la crise ! ». Je le serrais dans mes mains et allais l’écraser dans un cendrier, ou ce qui faisait office à mes yeux de cendrier. Je me retournai, Abel avait disparu dans la cuisine. Avec décontraction, je me posai sur le canapé et passai ma commande. « Un bon whisky glaçons ! ». L’alcool allait me revigorer et me réchauffer le gosier. Je patientai.

    Quelques secondes plus tard, il revint avec un verre de whisky qu’il me tendit. Je le saisis et le portai à mes narines pour le humer. Puis j’en humectai mes lèvres, avant d’en boire une gorgée. Le breuvage me brûla le fonds de la gorge, mais je sentis de façon instantanée une chaleur se diffuser dans tout mon corps. Je posai mon verre sur le rebord de la table et fixai mon ami. Puis d’une facilité déconcertante, je lui lâchai : « Alors, ce n’est pas trop dur de changer des couches-culottes ? ». Sauf accident de parcours, elle ne devait plus en porter depuis un petit moment maintenant. J’aimais les enfants, je les adorais… quand ils étaient sages comme des images, qu’ils ne pleurnichaient pas pour un ‘oui’ ou pour un ‘non’. Je crois que leur place est dans un congélateur, comme ça, en cas de famine, il est possible de becter. Les enfants, c’est beau, quand c’est bébé, les premières secondes de leurs vies, car leur mère en a chier pour les mettre au monde. C’est la délivrance… Quelle délivrance ! Mais après c’est inutile, sauf pour que tu t’arraches les cheveux. Toujours à être derrière eux, en permanence pour éviter qu’il fasse une bêtise. Des boulets, voilà ce que c’est. J’étais bien heureux de ne pas en avoir dans les bras, de me protéger pour éviter cet accident malencontreux. J’attrapai mon verre et le bus d’une traite, faisant tinter les glaçons au fond du verre lorsque je le reposai sur la table basse. « Je suis sûr que ta fille est gentille comme tout ! ». Qu’on me tire une balle dans le pied. Je ne croyais pas un traitre mot de ce que je disais. Elle devait être capricieuse et profiter de la gentillesse d’Abel pour obtenir tout ce qu’elle désirait.  

    Re: Révélation et remontrances ft Abel.

    Dim 11 Aoû 2013 - 21:09
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    Abel lâcha un rire soupir. Rafael ne pensait aucun des mots qu’il venait de prononcer. Faire semblant de s’inquiéter. Poser des questions bateau. S’en foute comme de l’an quarante. C’était ça le Rafael qu’il connaissait. Celui qui n’arrivait pas à être sérieux, de toute façon entre ses heures de comatage et celles où il était déchiré, il ne restait plus beaucoup de place pour le sérieux. Le français avait tout de même eu la ‘chance’ de s’en faire un ami. Toujours là pour aider. Pour l’aider. En y repensant, Rafael ne l’avait jamais lâché. Mais depuis qu’il avait laissé passer ses larmes il doutait de le connaître réellement. Cela faisait plusieurs années qu’ils se côtoyaient. On pouvait dire, malgré les apparences, qu’ils étaient amis. Mais de ses amis on connait l’histoire et même si pas toute, on en connait une partie. On a partagé des brides de son passé. On a vécu des moments difficiles, heureux, fantastiques ou cauchemardesques ensemble. Il y avait de ça entre eux mais finalement, laissant glisser un tic au coin de la bouche il se demandait qui était vraiment Rafael. Avait-il joué la comédie au point de s’en faire pleurer ? Il en avait vu des vertes et des pas mûres avec ce gars, il pouvait s’attendre à ça. Mais Abel était un éternel naïf et préférait voir le meilleur en chacun. Tellement que parfois on aurait que Gandhi l’aurait choisi comme réincarnation. Merci bien mais il n’avait pas besoin de ça en plus ! Sur ces réflexions intérieures il lui avait amené sa boisson. Lui c’était fait un virgin mojito –pas question d’être ne serait qu’un poil saoul devant sa fille.

    Abel s’assit ensuite face à son ami. Qui lui posait des questions. Et sa dernière phrase surprit tellement Abel qu’il pouffa en buvant, renversant quelques gouttes de boisson alentour. Il s’essuya la bouche d’un revers de main et d’un geste négligent du pied, il frotta le tapis. Il avait un sourire énorme sur le visage. Arnaqueur. Mauvais signe. Ironique. Fatal. Le jeune homme posa son verre.

    « La bonne blague ! Tu t’entends parler ? On dirait qu’une bonne sœur a pris possession de son corps. Rendez-le moi ! » dit-il en se mimant en train de le secouer. Puis il rigola. Ouvertement. Bah, il n’était plus à ça près. Et il fallait bien détendre cette atmosphère qui devenait bizarre. Il ne c’était pas posé la question de savoir si Rafael parlait sincèrement, la vague hésitation qui avait couru le long de ses yeux avait suffi à l’en persuader.
    « Pour tout te dire je ne m’attendais à rien de côté-là. Disons que je n’ai eu juste le temps que d’appréhender le moment où j’allais la rencontrer et trop peu pour me poser ce genre de questions. J’ai rencontré des psychologues, des éducateurs spécialisés qui avaient parlé à Charlie. Tous m’ont dit qu’elle avait un sacré caractère pour son âge. La perte de sa mère devait également être un facteur. Bref, tout ça pour dire que oui c’est une gentille fille. Avec un drôle de caractère. En fait, je dirais même qu’on a le même caractère. Mais si j’étais parti pour laisser le champ libre, je me suis vite rappelé que faire d’elle une enfant-reine la desservirait plus qu’autre chose. Alors on a posé les bases dès qu’on s’est vu. On m’a aidé à les formuler, à leur donner un aspect plus accessible à une enfant. Enfin voilà. Elle n’est pas pire que certains autres mômes j’dirais. » lança t-il un ton plus bas. Il reprit son verre et en avala un trait. La fraîcheur du liquide le fit fermer les yeux un instant afin d’en apprécier la saveur.

    « Dieu merci, elle n’en porte plus des couches. Ceci dit à l’hôpital j’ai mis la main dans pire que ça. Quand ça pisse le sang et que t’as les boyaux dans la main droite, là je peux te dire tu peux tout vivre après ! » Abel rit encore. Il avait ce détachement qu’ont les professionnels du milieu médical. Parler librement et sans tabous de leurs opérations ou des aspects peu reluisants de la chose, était banal dans la profession et Abel n’y échappait pas.

    « Au fait, je suis sûr et certain que tu feras un excellent parrain ! Pas vrai ?! » dit-il en lui souriant. Etait-il sérieux ? Son regard pétillant se posa sur Rafael attendant sa réaction. Ce regard qui le rendait dingue et le faisait parfois monter sur ses grands chevaux.

    Re: Révélation et remontrances ft Abel.

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