(jaydan) we still have stuff to fix.

J’avais passé un très mauvais week-end. Non seulement Aidan m’avait laissé en plan alors qu’on devait passer l’après-midi ensemble et que je n’allais pas très bien, mais en plus de ça, il m’avait bien envoyé bouler comme il le fallait dimanche quand je lui avais demandé s’il pouvait venir avec moi à l’hôpital lundi. Oui, je voulais avorter, et j’étais terrifiée. Terrifiée à l’idée de faire ça toute seule. J’avais réellement eu besoin de lui, parce que d’accord ou pas d’accord, il aurait dû respecter ma décision et me soutenir. Parce que ça n’était pas parce que je voulais avorter que ça me faisait plaisir ou que ça n’allait rien me faire. Pas du tout même. J’avais passé la soirée de dimanche à pleurer comme une cruche, toute seule et je m’étais levé lundi matin avec une boule au ventre. Dans la salle d’attente, j’avais tremblé comme une feuille et quand le médecin avait appelé mon nom, j’ai cru que j’allais m’évanouir en me levant. Sauf qu’au final, en sortant de l’hôpital lundi, je n’avais pas avorté. Tout simplement parce que je n’étais pas enceinte, c’était une fausse alerte. Le médecin m’avait examiné, et il m’avait annoncé qu’il ne pourrait pas me faire avorter parce que… il n’y avait rien à retirer quoi. Je n’avais cependant rien dit à Aidan du lundi soir, préférant rester toute seule. En fait, j’étais en colère contre lui, parce que si j’avais réellement été enceinte, il m’aurait laissé passer cette épreuve toute seule, et c’était vraiment pas cool de sa part. Nous étions mardi et j’avais uniquement un cours d’écriture de scénario de dix heures à midi. Je connaissais l’emploi du temps d’Aidan par cœur, et je savais qu’il finissait à 12h30. Après mon cours, j’allais donc devant sa salle de cours, me posant contre le mur du couloir en attendant que mon petit ami sorte de cours. Je voulais surtout l’informer du fait que c’était une fausse alerte, et rentrer chez les Gamma. Parce que mine de rien, je lui en voulais encore de ne pas m’avoir soutenu.

Le pire week-end de toute ma vie. Enfin, un des pires. Ouais, Jay avait décidé samedi d’avorter sans prendre en considération mon avis et je l’avais mal pris. Si mal pris que je m’en suis allé de la maison des Gammas pour passer le week end seul, au lieu d’être en compagnie de ma petite amie. Je ruminais et j’étais de mauvaise humeur. En plus de ça, je n’arrivais pas à me concentrer pour bosser mes cours, ne cessant de penser à ce qui était en train de se passer. Elle était enceinte et elle voulait avorter. Certes, c’était peut-être dans le meilleur intérêt de tout le monde… sauf du bébé. Elle y pensait à lui ? Il ne voulait que vivre, et pas finir aspiré par un truc qui lui ôterait la vie. Alors quand elle m’en parlait le dimanche par sms, je lui avouais que je n’avais pas envie qu’elle soit là, pour la simple et bonne raison que je voulais qu’elle comprenne que mon avis compte et que là, elle agissait contre. Certes, le lundi, je m’étais quand même pointé sans qu’elle ne le sache, et je suis parti une fois qu’elle était entrée dans le cabinet avec le médecin, le cœur lourd. Je m’étais senti mal pendant tout le reste de la journée et même ce matin en me levant. Je ne voulais pas aller en cours et rester dans mon lit. Seulement je me devais d’y aller. J’avais un gros cours théorique qui durait jusqu’à 12h30. J’avais hâte d’y être et d’aller m’poser dans ma chambre jusqu’à 15h puisque je ne reprenais qu’à ce moment-là. Mais j’ai eu une surprise en sortant de cours puisque Jay s’était installée contre le mur en face de ma salle. J’étais étonné mais content de la voir malgré tout. Je m’approchais donc d’elle, sur la défensive puisque je savais qu’elle était en colère contre moi, je le sentais. « Hey.. » disais-je comme introduction pour lui dire que j’étais là. Je me tâtais à lui demander la question usuelle mais je me reprenais. Non, elle n’allait pas bien, elle venait d’avorter donc c’était pas possible qu’elle aille bien.

Bien sûr qu’Aidan avait son mot à dire. Il m’avait donné son avis, j’avais écouté ses arguments avec attention et il ne faut pas croire : dans ma tête, j’avais pesé le pour et le contre. Mais nous n’étions pas d’accord, alors il y avait forcément un de nous deux qui allait être déçu. Et forcément, ça allait être lui parce que c’était mon corps, et que même si j’avais écouté ce qu’il m’avait dit, la décision finale me revenait à moi et à moi seule. Qui sait, si dans un an lui et moi n’étions plus ensemble, qui allait devoir forcément s’occuper du bébé ? Moi, puisque j’étais la mère et que j’aurais porté cet enfant pendant neuf mois. Un enfant, c’est un fardeau qu’on porte toute une vie lorsqu’on est une femme. Enfin, je dis fardeaux, mais ça n’en était pas toujours un. Dans le cas présent, ce bébé aurait été plus un fardeau qu’autre chose. Et ça, Aidan ne semblait pas l’avoir totalement comprit. Mais ce qui m’avait le plus déçu, c’était qu’il m’avait laissé aller à l’hôpital seule. Si j’avais réellement avortée, il m’aurait laissé faire ça seule. Et je trouvais ça horrible, parce que j’avais eu tellement peur dans cette salle d’attente. Je me sentais tellement mal que sa présence n’aurait pas été de refus. Au final, toutes ces questions ne se posaient même pas, parce que je n’étais pas enceinte. C’était une fausse alerte, et j’aurais dû refaire un test de grossesse avant d’aller à l’hôpital. Bon, au moins, j’étais fixée, mais j’aurais vraiment dû savoir que le test n’était pas forcément fiable. En plus, j’avais eu un rendez-vous chez le gynéco une semaine avant toute cette histoire, si j’avais été enceinte elle l’aurait vu, non ? Alors ça avait été débile de ma part de croire que j’étais enceinte. Enfin, j’étais contre le mur du couloir, et je voyais les premiers étudiants sortir de la salle de cours et je me redressais, tenant la lanière de mon sac sur mon épaule quand le jeune homme sortit à son tour. Il semblait surprit de me voir et il ne devait vraiment pas s’attendre à ce que j’allais lui dire. « Hey.. » – « Hey. », répondais-je simplement avant de commencer à marcher près de lui. Vers où ? Aucune idée. « En fait, j’viens juste pour te dire que j’ai pas avorté. », commençais-je en faisant une petite pause. « J’ai pas avorté parce qu’apparemment, c’était une fausse alerte, j’étais pas enceinte. » Voilà, maintenant il savait. J’avais envie de m’en aller m’enfermer dans ma chambre histoire de lui faire la gueule jusqu’au bout.

J’avais mal géré la nouvelle et encore moins la décision de Jaycee d’avorter. Déjà, on ne savait pas si elle était vraiment enceinte et elle avait passé à la trappe ma suggestion d’aller faire une prise de sang, puisqu’elle voulait absolument avorter et mettre un terme à cette grossesse. Seulement, je n’étais pas d’accord, elle devait au moins en parler plus calmement avec moi au lieu de se braquer de cette façon et dire que c’est décidé, que ça sera mieux comme ça et qu’il n’en était pas autrement. J’étais bloqué et je n’avais eu que pour solution de m’éloigner et de réfléchir à tout ça. Si dimanche je lui avais dit que je ne viendrais pas, je n’ai pas tenu parole et je m’étais pointé à l’hôpital. Mais arrivé trop tard, je l’avais vue se diriger vers la pièce où avait lieu l’intervention et j’avais préféré ne pas m’imposer. Certes, ma présence était souhaitée… Mais je n’en avais pas la force. Je n’étais pas l’homme parfait qu’elle aimait décrire et j’avais plusieurs faiblesses, comme voir ma petite amie mettre un terme à une grossesse qu’on aurait pu gérer. Après tout, c’est pas comme si on était des adolescents en pleine période de lycée. Non, là on était deux étudiants de vingt-deux ans, qui arrivent à être indépendants. Mais elle n’avait pas eu l’air de le comprendre. M’enfin, sorti de cours, je trouvais ma petite amie adossée contre le mur, tenant son sac sur son épaule et sûrement qu’elle m’attendait. Alors je m’approchais d’elle, lançant un petit « hey » d’introduction, vu que je ne savais pas quoi trop dire après tout ce qui s’est passé. « Hey. » Elle était sèche et je m’en doutais, donc je n’en tenais pas rigueur. On avançait dans le couloir sans but précis quand elle reprit la parole. « En fait, j’viens juste pour te dire que j’ai pas avorté. » Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas trop où elle voulait en venir. Elle s’est rétractée et elle garde le bébé ? « J’ai pas avorté parce qu’apparemment, c’était une fausse alerte, j’étais pas enceinte. » Et bien non, pas enceinte. Je me stoppais, attrapant son bras pour la stopper à son tour aussi. Le regard vague, je le posais ensuite sur elle afin d’esquisser un petit sourire et je haussais les épaules. « C’est une bonne nouvelle non ? Pas de bébé, pas d’avortement… C’est ce qu’on voulait. » Fausse alerte, j’étais clairement soulagé. Mais ça n’arrangeait pas tout, malheureusement.

C’est clair que quand le médecin m’avait dit que je n’étais pas enceinte, j’avais été soulagée. Ca réglait tous les problèmes qui s’étaient présentés à nous, et ça voulait dire que mes vomissements et tout ça, c’était vraiment parce que j’étais malade et le fait que je sois en retard dans mes règles ne voulait rien dire du tout. En m’examinant, il avait même su me rassurer en me disant que mes règles devraient arriver dans la semaine qui allait suivre, donc pas d’inquiétude à avoir. Avec du recul, je me demandais comment j’avais trouvé la force d’aller jusqu’à cet hôpital, parce que j’étais réellement déterminée à avorter. Disons que j’avais vu ce que ça donnait de vivre plusieurs semaines sans Aidan, et je n’avais pas voulu prendre le risque que ça arrive de nouveau. Parce que franchement, si j’avais été enceinte et que j’avais gardé ce bébé, j’étais certaine que notre couple n’aurait pas duré. Les suspicions pour savoir qui était le père du bébé, mon humeur massacrante à cause des hormones. Ce bébé aurait causé beaucoup trop de problèmes, et nous venions seulement de nous réconcilier, nous n’avions pas besoin de ça. Mais vraiment pas.  Alors forcément, je n’avais pas bien pris la réaction d’Aidan. Je pouvais comprendre qu’il eut été déçu ou même dégouté car il voulait que je garde ce bébé, mais il aurait dû me soutenir et accepter ma décision. Être là pour moi quand j’allais m’apprêter à tuer notre bébé, même si dans ma tête, ça n’était pas tellement ça parce qu’au bout de quelques semaines, ce n’était qu’une petite graine dans mon ventre qui n’avait même pas encore de cœur ou de cerveau. J’avais décidé de venir lui dire en face, pour pouvoir ensuite rentrer chez moi et glander tout le reste de la journée. J’expliquais donc à mon petit ami qu’il n’y avait pas eu d’avortement car je  n’étais pas enceinte et il attrapa mon bras pour m’arrêter avec lui, me disant alors avec… un sourire ? « C’est une bonne nouvelle non ? Pas de bébé, pas d’avortement… C’est ce qu’on voulait. » Je fronçais les sourcils et j’hochais la tête, croisant les bras à ma poitrine en le regardant brièvement avant de détourner mon attention dans le vide. « Ouais », me contentais-je de répondre en haussant les épaules. « J’voulais juste que tu sois au courant, maintenant tu l’es, j’te laisse tranquille. » Je lui souris un peu et je repris ma marche pour m’éloigner de lui. C’était pas facile de lui faire la gueule et de m’y tenir, mais j’étais vraiment trop déçue de comment tout avait tourné.

J’aurais du être là pour elle, mais j’avais trop de ressentiments suite à ce qui s’est passé, puis avec l’engueulade et sa décision hâtive d’avorter sans qu’elle prenne le temps de m’écouter. Du coup, j’arrivais pas à accepter sa décision et la soutenir. Déjà, tout est allé trop vite, en deux jours elle y était allée et tout était fini… Voilà, elle avait fait en sorte de ne plus être enceinte malgré que j’étais contre tout ça. Je m’étais senti mal tout le week-end mais j’avais malgré tout fait le déplacement jusqu’à l’hôpital. C’était juste trop tard pour que j’intervienne. Après, qu’elle croit que je m’en fiche… elle se rendra bien compte que ce n’est pas le cas. On a fait des erreurs, tous deux chacun de notre côté. Et on ne pouvait plus y revenir et on devait juste réparer les pots cassés. Voilà, c’était ça le but maintenant. Il suffisait juste qu’on arrive à se parler normalement, se voir également. Enfin ça, Jay avait déjà fait un pas puisqu’elle m’avait attendu à la sortie de mon cours. J’étais content de la voir même si elle n’avait pas l’air d’aller bien. On s’était donc mis à marcher dans le couloir sans direction précise quand elle m’annonçait qu’il n’y avait pas de bébé à la base donc pas d’avortement. Forcément, j’étais soulagé parce que c’était du remue-ménage pour rien au final. « Ouais » disait-elle en fronçant les sourcils et hochant la tête avant de reprendre. « J’voulais juste que tu sois au courant, maintenant tu l’es, j’te laisse tranquille. » C’était à mon tour de froncer les sourcils. Non, nooon, je ne voulais pas qu’elle parte. Elle s’était remise à marcher, me laissant là tout seul comme un con. Je me mettais à la rattraper et à prendre son bras par la main. J’avais pas envie qu’elle me laisse tranquille. « J’ai mon aprèm de libre et je sais que toi aussi. On s’prend à emporter et on passe le reste de la journée ensemble ? Et s’il faut qu’on parle… Promis je partirais pas. » On devait régler cette histoire au plus vite parce que je supportais pas d’être… dans ce genre de situation avec elle. Non, on était fait pour s’entendre, passer du bon temps, pas se prendre la tête et s’faire la gueule.

Je n’étais pas habitué à faire la tête à Aidan. Certes, j’étais une fille assez boudeuse et je savais parfaitement mener la vie dure à mes amis, mais avec Aidan, c’était différent. Ça avait toujours été différent avec Aidan, même lorsque nous n’étions que meilleurs amis. Je ne savais tout simplement pas faire la tête à Aidan, ou pas trop longtemps en fait. Il fallait que je couple complétement tout contact avec lui pour réussir à m’y tenir, mais c’était difficilement le cas. C’est pour ça que lorsque quand j’étais fâchée contre lui, je ne lui envoyais aucun sms : pour éviter de craquer et de lui pardonner trop vite. Peut-être que l’attendre devant sa salle de classe avait été une erreur, et je m’en étais rendu compte une fois que je me retrouvais face à lui. Il n’avait pas l’air très en forme, et je me doutais qu’il avait dû passer un mauvais week-end à cause de cette histoire. Je lui annonçais alors assez vite que je n’avais jamais été enceinte, histoire de lui retirer ça de la conscience car je savais que c’était ce qui l’avait rendu malheureux tout le week end. Avorter m’aurait aussi fait mal au cœur, parce que j’avais trop souvent imaginé Aidan dans le rôle de père depuis ma fausse couche. J’étais sûre et certaine qu’il ferait un papa merveilleux, c’était le genre d’homme à être très protecteur envers les gens qu’il aime, alors envers un bébé…son bébé. Et comme je l’avais imaginé, Aidan était soulagé quand je lui avouais que c’était une fausse alerte, mais je me dépêchais aussi de partir parce que je voulais bien qu’il comprenne que je n’avais pas apprécié qu’il me laisse aller à l’hôpital toute seule. Sauf que bien sûr, Aidan n’avait pas dit son dernier mot et il me rattrapa en m’attrapant mon bras afin de m’arrêter. « J’ai mon aprèm de libre et je sais que toi aussi. On s’prend à emporter et on passe le reste de la journée ensemble ? Et s’il faut qu’on parle… Promis je partirais pas. » Je fronçais les sourcils et je soupirais doucement, retirant mon bras de sa main. Okay, je faisais ma boudeuse, mais j’étais comme ça. « Parler de quoi au juste ? », demandais-je avant de regarder Aidan. « Y’a rien à dire… j’suis pas enceinte, et puis c’est tout. J’voulais avorter, je sais que t’étais pas d’accord et j’suis vraiment désolée, mais je continue de penser que ça aurait été une erreur et si je venais à tomber réellement enceinte dans un mois ou deux, ça serait la même chose… j’veux juste avoir une relation normale avec toi. Qu’on profite un peu de notre jeunesse avant tout ça… c’est trop demander ? »

On avait toujours eu une relation assez atypique et qui faisait qu’on avait du mal à être en colère l’un contre l’autre. Il suffisait de voir comment j’avais géré notre rupture. Trois semaines après l’avoir surpris au lit avec un autre, j’étais de nouveau avec elle. Donc si c’était moins grave, je pouvais rester deux, trois jours en colère contre elle, c’est tout. Et je savais qu’elle était comme moi. C’était pour ça qu’elle évitait tout contact quand elle était énervée, c’était pour ça qu’hier elle ne m’avait pas contacté. Je n’avais pas cherché à le faire parce que j’étais énervé moi aussi. Elle l’avait fait sans mon contentement, comme la rupture de cet été. C’était son idée, pas la mienne et elle l’avait fait dans son intérêt à elle, pas le mien. Et là, l’avortement avait été dans son intérêt à elle, pas le mien. Et du coup, ça a refait monter tout ça et j’avais été mal de tout le week-end. Mais la voir devant ma salle, à m’attendre, ça me faisait un peu de bien, je l’avoue. Rien que la voir me faisait du bien et je m’étais approché d’elle pour apprendre ce qu’elle avait à me dire. « Parler de quoi au juste ? » Je fronçais les sourcils. On avait tellement à parler, que je ne comprenais pas sa réaction. « Y’a rien à dire… j’suis pas enceinte, et puis c’est tout. J’voulais avorter, je sais que t’étais pas d’accord et j’suis vraiment désolée, mais je continue de penser que ça aurait été une erreur et si je venais à tomber réellement enceinte dans un mois ou deux, ça serait la même chose… j’veux juste avoir une relation normale avec toi. Qu’on profite un peu de notre jeunesse avant tout ça… c’est trop demander ? » Elle avait lâché mon bras et ça m’faisait de la peine malgré tout, parce qu’elle ne voulait vraiment aucun contact. « Rien à dire ? Au contraire… On peut pas rester comme ça. Tu m’fais la gueule, je le sens Jay et j’ai envie qu’on s’explique plutôt que ça continue de nous envenimer. Parce que si on continue comme ça, ça peut aussi être fatal à notre couple comme tu l’as dit samedi. Mais bon, laisse tomber. » Ca commençait déjà à m’énerver. Encore une fois, ça serait en fonction d’elle et de son bon vouloir. A mon tour j’me mettais à m’éloigner d’elle, agacé.

J’avais tellement eu envie de pouvoir faire cette après-midi films avec lui lorsqu’il m’avait découvert complètement malade et qu’il avait par la suite fouillé dans ma poubelle. Mais il était partie. Il était partie en colère en plus de ça, la pire manière de partir parce que je savais qu’il était fâché par ma faute et qu’il m’en voulait. Aujourd’hui, il voulait que ça soit moi qui reste avec lui, et c’était moi qui fuyais. Je fuyais même peut-être parce que j’avais envie qu’il comprenne ce que ça faisait. La frustration que j’avais pu ressentir. J’étais le genre de fille à faire payer les gens pour ce qu’ils avaient pu me faire, et ça, même avec mes meilleurs amis. Même avec Aidan. J’étais très rancunière, et je me disais que si je leur faisais ressentir ce que j’avais pu ressentir, ils ne recommenceraient peut-être pas. C’était comme ça que ça se passait dans ma tête, aussi tordu cela pouvait-il bien être. Aussi mesquin aussi. Les gens me le reprochaient souvent, mais que voulez-vous. On ne peut pas forcément changer tous ses défauts, et Aidan me connaissait. Il m’aimait, et qu’il le veuille ou non, il m’aimait avec mes qualités mais également avec mes défauts. Il savait qui j’étais alors il ne pouvait pas dire qu’il découvrait seulement maintenant mon sale caractère. « Rien à dire ? Au contraire… On peut pas rester comme ça. Tu m’fais la gueule, je le sens Jay et j’ai envie qu’on s’explique plutôt que ça continue de nous envenimer. Parce que si on continue comme ça, ça peut aussi être fatal à notre couple comme tu l’as dit samedi. Mais bon, laisse tomber. » Je fronçais les sourcils, et c’est bouche bée que je le regardais s’éloigner à son tour. What. The. Fuck. C’était à moi de lui faire la gueule, pas à lui. Je secouais légèrement la tête et j’accélérais d’un coup le pas pour le rattraper, « Tu sais très bien pourquoi je fais la gueule ! » Je soupirais et je me plaçais devant lui pour qu’il s’arrête de marcher et pour lui barrer la route. « Si j’avais avorté… tu m’aurais laissé faire ça toute seule… j’étais terrifiée dans cette salle d’attente… dimanche soir j’ai pas fermé l’œil de la nuit… j’ai voulu avorter c’est vrai, mais ça ne veut pas dire que ça ne me faisait rien de le faire, au contraire… » J’haussais les épaules et je baissais les yeux, « En fait je ne suis pas fâchée… j’suis déçue… parce que j’pensais que t’aurais quand même respecté mon choix… j’pensais que tu me soutiendrais tout le temps, quoi qu’il arrive.. que tu serais là pour moi… » Il voulait qu’on parle alors voilà. Je venais de lui dire exactement ce que j’avais sur le cœur.

J’avais une manie, c’était de m’en aller quand ça n’allait pas dans mon sens. Ce n’était pas la solution, je le sais, mais c’était comme ça. Après tout, elle m’aimait avec mes défauts non ? J’avais toujours agi de la sorte et ce n’était pas demain la veille que ça allait arrêter. Enfin, je savais quand même faire en sorte de rester et d’être ouvert au débat. Seulement, j’avais compris que Jay n’allait pas changer d’avis et je n’avais plus envie de passer du temps avec elle. C’était trop pour moi d’entendre de la bouche de ma petite amie qu’elle ne voulait pas de l’enfant qu’elle portait, alors que plusieurs mois auparavant, elle ne cessait de rêver d’elle avec une petite fille. J’avais du mal à accepter sa décision samedi donc j’étais parti, afin de faire le point et de réfléchir à tout ça. Peser les pours et contres. Je comprenais bien les arguments de Jay, mais j’avais surtout l’impression qu’elle ne voulait pas l’enfant parce qu’il avait une chance d’être de Thobias. J’avoue que s’il avait été le sien… je ne sais pas comment je l’aurais vécu. Mal surement. Mais au point de vouloir un avortement ? Je ne sais pas. « Tu sais très bien pourquoi je fais la gueule ! » me disait-elle en me rattrapant et me bloquant le passage pour que j’arrête d’avancer. « Si j’avais avorté… tu m’aurais laissé faire ça toute seule… j’étais terrifiée dans cette salle d’attente… dimanche soir j’ai pas fermé l’œil de la nuit… j’ai voulu avorter c’est vrai, mais ça ne veut pas dire que ça ne me faisait rien de le faire, au contraire… » Je baissais la tête, me sentant encore coupable. « En fait je ne suis pas fâchée… j’suis déçue… parce que j’pensais que t’aurais quand même respecté mon choix… j’pensais que tu me soutiendrais tout le temps, quoi qu’il arrive.. que tu serais là pour moi… » Je redressais la tête et regardais autour de nous avant de la prendre par la main et l’attirer dans un endroit plus calme, où il n’y a pas d’oreilles baladeuses. « J’suis venu hier, sauf que c’était trop tard et t’étais déjà dans le cabinet. Le truc que tu sembles pas comprendre, c’est que j’en ai assez que tu prennes tes décisions sans moi. C’est pas la première fois… Tes choix m’affectent, cet été c’était la rupture, samedi l’avortement. On peut pas continuer comme ça, à se la jouer individualiste quand on est deux dans un couple. » Je faisais une petite pause avant de reprendre. « J’sais que j’ai pas géré sur le coup et j’me sens coupable. Mais j’peux pas revenir en arrière. T’es pas enceinte Jay… c’est c’qui compte. »

Il voulait qu’on parle ? On allait parler. Le truc, c’était que j’avais été blessée pas parce que nous n’avions pas le même avis quant à ce bébé, pas parce qu’il m’avait laissé en plan vendredi. Non, pas à cause de tout ça. J’avais été blessée, parce que pour la première fois de toute l’histoire de notre amitié, il m’avait laissé tomber. J’allais mal, j’étais prête à faire quelque chose qui allait avoir des répercussions sur moi, quelque chose d’important dans la vie d’une femme, quelque chose de pas facile… et lui, il n’était pas là à ce moment-là. Et ça m’avait fait très bizarre. Ça avait été dur à accepter d’ailleurs. Alors voilà, nous étions au beau milieu d’un couloir de la fac, et je lui balançais tout ce que j’avais sur le cœur. De toute manière, il fallait bien que ça sorte un jour ou l’autre. Comme il l’avait si bien dit, nous devions communiquer, c’était une notion très importante dans un couple, sans communication, il n’y a pas de couple. Pas de couple durable en tout cas. Une fois la bombe lancée, je le regardais lever la tête pour constater que nous étions vraiment au milieu de tous les étudiants, et il me prit par la main pour m’emmener dans une cage d’escaliers. Je le laissais faire en fronçant un peu les sourcils, ne comprenant pas tout de suite pourquoi il m’emmenait ici. « J’suis venu hier, sauf que c’était trop tard et t’étais déjà dans le cabinet. Le truc que tu sembles pas comprendre, c’est que j’en ai assez que tu prennes tes décisions sans moi. C’est pas la première fois… Tes choix m’affectent, cet été c’était la rupture, samedi l’avortement. On peut pas continuer comme ça, à se la jouer individualiste quand on est deux dans un couple. » Je me mordais la lèvre et je baissais le regard. Le pire, c’était que je savais qu’il avait raison. Mais j’étais comme ça, j’aimais maîtriser ce qui m’arrivait, alors j’avais tendance à prendre des décisions sans trop penser à lui je dois bien l’avouer. « J’sais que j’ai pas géré sur le coup et j’me sens coupable. Mais j’peux pas revenir en arrière. T’es pas enceinte Jay… c’est c’qui compte. » Je rangeais une mèche de cheveux derrière mon oreille, toujours sans oser regarder mon petit ami. Je me sentais honteuse moi aussi à présent. Je m’asseyais sur une marche des escaliers, posant mon sac à côté de moi en relevant enfin le regard vers Aidan, « J’suis désolé… », murmurais-je doucement. J’haussais les épaules, « T’as raison… j’pense pas assez à toi quand j’prends une décision… mais… j’voyais absolument aucune autre issue à cette histoire de grossesse, j’ai pas fait ça pour te faire de la peine… » J’avais l’impression d’avoir tout merdé depuis la rentrée. Et je ne voulais pas perdre Aidan à cause de mes conneries.

Il fallait que je lui fasse comprendre dans tous les cas qu’une relation marchait dans deux sens. J’ai toujours été là pour elle, toujours. Le fait que je ne sois pas venu hier – enfin pour elle – est un tournant dans notre relation. Par le passé, je ne réfléchissais pas et j’agissais en étant juste présent. Là, c’était différent parce qu’il s’agissait d’un enfant, d’un petit bout de deux êtres humains qui grandissait dans son ventre. C’était pas une décision à prendre rapidement comme elle l’avait fait samedi. C’était ça que je n’acceptais pas du tout dans ce qui s’était passé. Alors dès qu’elle m’a avoué ce qu’elle pensait, et ce qui m’a surtout fait mal au cœur, c’était de l’avoir déçu. Je pense pas l’avoir déçu autant depuis qu’on est ensemble et c’était triste. Mais j’étais obligé de faire ça pour lui faire comprendre qu’elle n’était pas toute seule et, même si c’était son corps, il s’agissait de notre couple. Et ce genre de décisions, c’est à deux, pas seul qu’on les prend. Je lui disais donc ma façon de penser, restant cependant calme face à ce qu’elle m’avouait et je la voyais baisser la tête, ne pas me regarder. Elle partit finalement s’installer sur des marches et elle relevait enfin la tête pour me regarder. « J’suis désolé… » Je sentais un poids s’enlever à ces mots et j’étais clairement soulagé. Elle s’excusait, j’avais réussi à illustrer mon point et elle en prenait conscience. « T’as raison… j’pense pas assez à toi quand j’prends une décision… mais… j’voyais absolument aucune autre issue à cette histoire de grossesse, j’ai pas fait ça pour te faire de la peine… » Je m’approchais des marches et m’installais à ses côtés en prenant sa main. C’était le moment de la réconciliation, je le sentais. « On aurait pu en parler… On doit en parler. Faire un débat à deux et pas toi seule dans ta tête. » Je soupirais tout en caressant sa main de mon pouce. « J’t’aime et j’veux faire ma vie avec toi Jay. Mais pas dans ces conditions… Soyons chanceux qu’il n’y ait pas de bébé, pas d’avortement.. et mettons tout ça derrière nous. Faut juste qu’on reste… plus prudent. Préservatifs… double s’il le faut. Et puis quand ça sera temps, pilule. Et limite les deux jusqu’à c’qu’on soit sûr que la pilule soit effective. » J’approchais mon visage du sien et déposais un baiser sur sa joue.

C’était le fait qu’il m’ait tenu tête jusqu’au bout qui ne m’avait pas plu. Mais je n’avais jamais pensé qu’il avait peut-être fait ça justement pour me montrer que tout ça allait trop loin ? Certes, j’avais pris la décision finale à propos de l’avortement, mais je continuais de penser que ça aurait été la meilleure solution. C’est vrai que j’avais voulu faire les choses très vite, mais c’était surtout parce que je savais que si j’attendais, je risquais de changer d’avis et je ne voulais absolument pas ça. J’estimais avoir écouté ce qu’Aidan avait à me dire, avoir écouté ses arguments, mais j’avais décidé quand même que garder ce bébé était une erreur monumentale. De toute façon, pourquoi se prendre la tête comme ça pour cette histoire, puisque c’était un gros mal entendu ? Je n’étais pas enceinte, alors la question ne se posait plus. Je crois que j’avais surtout peur que ça arrive quand même un jour et qu’on soit dans la même impasse que nous étions aujourd’hui. Je m’asseyais alors sur la marche des escaliers, et je m’excusais. C’était la seule chose à faire de toute manière, et j’étais vraiment désolée, parce que je prenais conscience que ce qu’il disait était vrai. Je me la jouais souvent solo dans notre relation, alors que nous étions deux à devoir prendre les décisions. J’allais devoir travailler là-dessus. Aidan venait s’asseoir à côté de moi, et je sentais toute la tension retomber d’un coup. « On aurait pu en parler… On doit en parler. Faire un débat à deux et pas toi seule dans ta tête. » J’hochais la tête en me mordant la lèvre, regardant sa main dans la mienne alors que son pouce caressait ma peau. « J’t’aime et j’veux faire ma vie avec toi Jay. Mais pas dans ces conditions… Soyons chanceux qu’il n’y ait pas de bébé, pas d’avortement.. et mettons tout ça derrière nous. Faut juste qu’on reste… plus prudent. Préservatifs… double s’il le faut. Et puis quand ça sera temps, pilule. Et limite les deux jusqu’à c’qu’on soit sûr que la pilule soit effective. » J’haussais les épaules, gardant mon attention sur son pouce qui caressait ma main alors que je fermais les yeux en sentant son baiser sur ma joue. « J’pense qu’on est assez prudents comme ça… mais j’suis d’accord qu’on garde un peu les préservatifs même quand j’aurais ma pilule… » Je souris un peu et je relevais les yeux vers lui, « C’est vrai que tu es venu à l’hôpital… ? T’imagines pas à quel point j’étais soulagée quand il m’a dit que j’étais pas enceinte… » Parce que malgré tout, ça me fendait le cœur de me dire que j’allais avorter. Que j’allais tuer ce petit truc qui aurait pu devenir notre bébé à lui et moi.

Finalement, en lui expliquant ce que je vivais depuis qu’on était en couple, elle avait l’air de comprendre mon agacement à vouloir tout contrôler, jusqu’aux décisions qui affectent notre couple. Bien sûr que j’avais compris son raisonnement, le pourquoi du comment elle devait avorter. Mais je n’étais juste pas d’accord. C’est tout, j’étais pas d’accord. Mais au lieu d’essayer de me convaincre, au lieu d’entrer dans un débat, elle s’était juste mise en tête que c’était par l’affirmation que j’accepterais tout ça. Elle a visiblement vu faux puisque sous la colère de cette décision, nous nous étions pas vu jusqu’à maintenant. Et encore, on se voyait puisqu’elle a bien voulu m’avouer pour la non-grossesse. La retenir a été un challenge que j’avais réussi à accomplir puisqu’on était à présent tous les deux dans une cage d’escaliers très peu fréquentées en train de s’expliquer calmement. Je crois même qu’elle n’est plus en colère contre moi à cause de mes agissements. « J’pense qu’on est assez prudents comme ça… mais j’suis d’accord qu’on garde un peu les préservatifs même quand j’aurais ma pilule… » Je hochais alors la tête. C’est vrai qu’on était prudent. Depuis la peur qu’on a eu quand elle m’avait avoué qu’elle ne prenait plus la pilule et que j’avais omis le préservatif quelques fois, j’y pensais à chaque fois. Même elle. Et même quand elle reprendra la pilule, je pense que ça sera un réflexe de mettre une protection. « C’est vrai que tu es venu à l’hôpital… ? T’imagines pas à quel point j’étais soulagée quand il m’a dit que j’étais pas enceinte… » Je resserrais ma main autour de la sienne pour la rassurer. « Quand j’suis arrivé, tu partais avec le médecin et.. j’ai de nouveau pris peur. J’pouvais pas vous suivre et t’voir faire ça… C’est pour ça que ça m’soulage moi aussi qu’il n’y ait pas de bébé. On a pas d’avortement sur la conscience et… et on peut reprendre notre vie normalement. » Normalement, c’est un grand mot. Les choses étaient compliquées mais on allait surmonter ça, évidemment. « Désolé… J’te laisserai plus tomber, c’est promis. » Cette fois ci, j’approchais mes lèvres des siennes pour déposer un léger baiser, pour voir si elle le retournerait ou pas.

Nous avions passé une assez grosse zone de turbulence Aidan et moi depuis la rentrée. Il y avait eu les disputes qui avaient été quand même trop nombreuses pendant les vacances, et puis il y avait eu l’histoire avec Thobias, la séparation… je crois que la séparation avait été le plus dur. Maintenant que nous étions ensemble, nous n’avions vraiment pas besoin de nouveaux drames. Je voulais juste qu’on ait une relation normale, c’était trop demander ? Qu’on soit deux étudiants amoureux qui voulaient vivre leur vie et pouvoir se construire un avenir solide ensemble. C’était ce que je voulais pour nous. Plus de drame, plus rien de ce genre, nous avions déjà eu notre dose. J’étais fatiguée de me sentir mal, fatiguée de pleurer sans savoir m’arrêter. Je savais que l’amour, c’était compliqué, mais pas à ce point-là. Et encore plus quand le mec qu’on aime est notre meilleur ami, je crois que ça compliquait autant la chose que ça ne la facilitait. Je demandais à Aidan s’il était vraiment venu à l’hôpital, en ajoutant que j’étais quand même sacrément soulagée quand le médecin m’avait annoncé que je n’étais pas enceinte. « Quand j’suis arrivé, tu partais avec le médecin et.. j’ai de nouveau pris peur. J’pouvais pas vous suivre et t’voir faire ça… C’est pour ça que ça m’soulage moi aussi qu’il n’y ait pas de bébé. On a pas d’avortement sur la conscience et… et on peut reprendre notre vie normalement. » J’hochais la tête et à mon tour, je serrais un peu plus ma main dans la sienne. « Désolé… J’te laisserai plus tomber, c’est promis. » Je souris et je fermais les yeux alors qu’il déposait un petit baiser sur mes lèvres. Je crois qu’on ne s’était pas embrassé depuis… bien plusieurs jours, alors j’en voulais encore. Les yeux toujours fermés, je venais reposer mes lèvres sur les siennes pour l’embrasser à nouveau, plus longuement même. Je finis par cesser le baiser et je murmurais près de ses lèvres, « Ta proposition d’aller prendre un truc à emporter et passer l’après-midi ensemble tient toujours… ? » Je me mordais la lèvre et j’ouvrais les yeux pour le regarder, mon visage toujours près du sien, « Parce que j’commence à avoir un petit creux… » Miracle, j’avais faim ! Je savais que ça lui ferait plaisir en plus que je lui dise ça.