On a beau disposer d'une fratrie gigantesque, parfois il arrive de se retrouver seul face à une pendule. C'était mon cas ce soir-là. J'étais seul dans ma chambre d'étudiant miteuse, assis à mon bureau devant une feuille vierge. L'inspiration ne venait pas, ma dissertation était pour demain putain ! Le sujet, il n'y avait pas plus dérangeant : La femme est-elle inférieure à l'homme ? Magnifique, je ne pouvais pas me sentir plus concerné. Je me baladais juste à longueur de journée avec une banane entre les jambes et deux kiwis, comment le saurais-je ? Je n'avais eu que très peu de relations amoureuses voire qu'une ou deux très sérieuses. Je prenais enfin conscience que je ne connaissais pas bien les femmes, pourtant des tas m'entouraient, mais je n'avais jamais osé m'aventurer à leur poser des questions probablement idiotes pour elles. Quand ce genre de situation arrive, quand je suis au pied du mur, je me dis que la solution se trouve sûrement dehors. Un ami m'avait justement parlé d'une sorte de boite de nuit où des tas de femmes sexy s'y trouvaient. Peut être que j'en trouverais une assez ouverte et disponible pour en apprendre plus sur le sexe faible. J'avais donc enfilé mon casque de moto et étais parti à l'assaut de connaissances dans ce club. Garant mon deux roues à proximité du club j'y étais entré tête baissée. J'avais relevé les yeux quand j'étais entré par mégarde dans une jeune femme qui servait un homme. En relevant mon visage je m'aperçu alors de l'endroit dans lequel j'étais. Ce n'était pas simplement un endroit pour boire une bière, non c'était pour contempler des créatures, des femmes divines qui à mon avis n'avaient que très peu d'estime pour elles pour se dévêtir et danser sur un podium à moitié nue. J'étais consterné. Pourtant, je n'avais pas fui, abats les préjugés ! Je m'étais assis près de ce podium en plexiglass, servant autant pour ces danseuses de charme que de bar pour les clients. Désormais je traçais avec mon doigts de petits ronds sur la surface translucide, n'osant pas relevé la tête et voir ce que la danseuse pouvait bien faire autour de cette barre d'acier. De toute façon je n'en avais pas eu besoin car elle était venue à moi. J'avais senti sa présence envahir mon espace vital ainsi que son parfum que l'on pouvait sentir à des kilomètres à la ronde. " Bonsoir chéri, une petite danse peut être ? " m'avait-elle adressé, ou plutôt avait-elle dit au sommet de mon crâne. J'étais totalement tétanisé, l'angoisse montait. Je ne me sentais plus. Comment réagir, aie ! Lennox on t'avait parlé, il fallait répondre ! Chose que je fis timidement en relevant mon menton et en posant mon regard glacial sur celle de la jeune femme à quatre pattes en face de moi. Son décolleté était plongeant, sa position pouvait réveillé les instincts de n'importe quel homme normalement constitué. Ce qui pouvait par contre me freiner à fantasmer, c'était son visage familier. Arwen. Arwen, celle à qui j'achète mes substances dangereuses pour planer. Décidément, elle avait tous les vices inimaginables cette fille, mais qu'est-ce qu'elle était bien roulée. Non, ne dis pas ça Lennox, cette femme méritait d'être respectée et mieux considérée. Mais le contraste entre la fille du campus et la femme torride de ce club était si gigantesque, que je ne réagissais pas. J'étais raide, rougissant, les yeux exorbités, je serrais le verre que l'on m'avait servi à mon entrée. Apparemment le premier était offert. Je l'avais serré si fort qu'il avait fini par éclater, le fond d'alcool se répandant sur le podium. " Aie, putain... Je... je saigne " le verre m'avait en effet taillé légèrement la paume de ma main mais rien de bien méchant. J'avais apporté ma main à la bouche suçotant le sang comme un vampire. " Alors comme ça tu travailles aussi ici ? " lui avais-je demandé en regardant à droite et à gauche. Comme si une tierce personne pourrait comprendre les affaires qu'entretenaient Arwen lorsqu'elle ne montrait pas son cul. " Tu vas me montrer de quoi tu es capable ? " l'avais-je défié en rigolant nerveusement. Il manquerait plus qu'elle m'invite à la rejoindre pour se frotter contre moi, l'infarctus planait au dessus de ma tête.