ST VALENTIN - Speed Dating - Paul et Grace.

Je n’avais rien à faire pour la Saint Valentin alors avec une amie on a trouvé ce machin, on s’était dit que pour rire on allait tenter. On a rempli nos profils, avec comme but être plus provocatrice que l’autre. Je ne sais plus laquelle de nous deux a gagné, mais une chose est sure ce soir dans cette salle, je suis seule et cette conne n’est pas venue. Bref, je m’avance dans la salle, me laisse attribuer un numéro, on me donne des feuilles, je ne sais pas trop quoi, des profils des autres personnes il semblerait. Surement les hommes que je vais rencontrer ce soir. Alors je vais m’assoir toute sourire, même si au final ma pote n’est pas venue, cela ne veut pas dire que je ne vais pas m’amuser ce soir, après tout le séduction, c’est un art dans lequel j’excelle et ce soir, dieu merci, je ne promets rien à personne. Une fois à ma table, j’attends quelques instants, ô pas longtemps que le premier que je m’apprête à rencontrer se pointe. Je regarde son profil quelques secondes, retiens son prénom puis prévois finalement de lui demander étant donné le questionnaire qu’il a rempli. Le mystère est tel que ça m’excite un peu, je l’avoue. Le fait qu’il n’ait rien dit dans les dernières questions me plait. Et puis il arrive en face de moi, je ne sais pas comment je le sais, mais je le sais en tout cas. D’une façon posée il s’assoit et c’est avec un nouveau sourire que je l’accueille. Je me demande ce qu’on doit dire en premier dans ces situations là. Franchement, je ne sais pas, je ne m’imagine pas l’aguicher comme une folle alors qu’à l’évidence ce n’est pas ce qu’il recherche. Alors sans savoir quoi faire d’autre, je prononce « Bonsoir. » Au moins c’est une première approche. « Je suis Grace, mais tu dois le savoir. » Je désigne la feuille qu’il tient en main du menton, persuadée que c’est ce que j’ai envoyé aux gérants du site.

Je me pince mes lèvres, impatiente malgré moi d’entendre sa voix. Finalement je maudis moins mon amie à présent. Je suis prête à jouer, à poser toutes mes cartes sur la table pour tenter de repartir accompagnée. J’incline le visage quand il me dit "Oui, bonsoir." Je réponds à ce qui ressemble à une présentation en bonne et due forme. Lui serrer la main me semble étrange, mais après tout pourquoi pas. De toutes les façons on n’a pas besoin de plus que cela si on y réfléchi bien, au moins, on est polie c’est déjà ça. "Paul Bitemignon. Enchanté. Mais toi aussi, tu dois le savoir." Je le sens gêné lorsqu’il s’assit et je me persuade que dix minutes pour le séduire ce n’est vraiment pas assez long. M’enfin, je vais m’en accoutumer, je relève le défi ou ce que vous voulez. Enfin bref, je plonge mes yeux dans les siens, cherchant deux secondes ce que je vais demander en premier et au lieu de poser une question je me contente d’approuver. « Oui, je le sais. » Des mes doigts je m’applique à défroisser ma robe sans y penser avant de continuer. « T’as pas l’air très bavard … » Je me permets de commenter sous peine de passer pour une fille qui n’a aucune manière, mais après tout, j’ai comme l’impression que je me permets d’énoncer une vérité. « C’est pas très grave, faut dire que quand je le veux, j’arrive à être bavarde pour deux. Non, mais c’est vrai hein, enfin bref, tout ça pour dire que si t’es mal à l’aise tu n’as pas à l’être, et puis, on n’est pas non plus complétement fous, on sait très bien que cette soirée ne mènera à rien et qu’on est ici pour on ne sait quelle raison. Pour ma part c’était un pari, avec une amie. Et toi ? » Bah ouais, ça m’intéresse, oh puis je continue tout de même parce que ça me trotte dans la tête. « Gynécologue, c’est cool. » Ouais, ça doit même si ce n’est clairement pas pour moi.

« Excusez-moi. J'espère que ce ne sera pas un problème. » Un problème non, parce qu'en vérité je suis venue ici pour ne pas me prendre la tête, alors je ne vais pas m'offusquer pour si peu, je préfère mieux m'amuser. Et puis comme je m'apprête à le lui dire, je suis totalement capable d'être bavarde pour deux. Ce que je fais, donc, avant de le voir sourire et moi pour le coup de me sentir légèrement plus soulagée. Au moins, je ne le fais pas fuir, c'est déjà ça de gagné. « Pour être honnête, un ami m'a supplié de venir. Il devait en avoir marre de me voir rester chez moi. » Résultat je souris aussi, on est carrément différent lui et moi, mais au final on peut se trouver quelques points communs, comme des amis idiots qui aiment un tant soit peu contrôler nos vies. « Il faudrait donc que nos amis se rencontrent. » Je murmure en riant à moitié, après tout, ce n'est pas bête comme idée, si Paul et moi ne trouvons pas l'amour ce soir, peut être qu'on pourra dire que la rencontre des autres zouaves aura été notre bonne action pour l'humanité. Enfin, j'enchaine avec son métier, je ne sais pas trop pourquoi, sûrement parce que médecine ce n'était tellement pas fait pour moi que les qui en ont fait leur boulot n'ont pas fini de me turlupiner. « Vous avez passé une bonne journée ? » Je me renfrogne un peu lorsqu'il ne m'offre que cela comme réponse. Ma curiosité non rassasiée, je me demande si je me dois de combler la sienne, même si je doute que cela en soit vraiment, je pense plutôt qu'il tente de faire courir la discussion, de laisser passer le temps et peut être même qu'il a hâte de rentrer chez lui et moi comme une idiote que je suis, je me dis « Quel gâchis. » enfin, je me contente de le penser quoi et de lui répondre. « Pas vraiment, voir des gens se baver dessus toute la journée, ça a vraiment fini par me dégoûter. Et toi ? » Ouais, j'aime l'amour, pas vrai ?

"Vous pensez ?" Je hoche le visage en signe d’approbation, un petit sourire malin sur le visage. Peut-être qu’on ferait une BA lui et moi en faisant cela, et pour sûr que même si on ne trouve pas l’amour ce soir, au moins,  nos amis eux le trouveront. "Cela pourrait être une solution, oui." Encore une fois je souris, je me dis vraiment que c’est une bonne idée, au moins, si je ne repars pas avec son numéro, ce dont j’ai de plus en plus conscience, j’aurai gagné un rendez-vous pour mon amie. Et puis la question sur la journée, ma phrase qui signifie clairement que j’ai cru que j’allais vomir plusieurs fois en voyant tous ces débordements d’amour à la con. Franchement, ouais, ça m’a gonflé, je me suis même imaginé mon frère et sa fiancée, bien au chaud dans notre village paumé à se cajoler. Bon sang, je me suis déprimée en me disant que le monde entier était con et que de toute façon, on n’y peut fichtrement rien. "Travail, douche, diner. Que demander de plus ?" Je ne sais pas, pas plus d’amour, ce n’est pas mon genre ça, mais peut-être plus d’action en tout cas. "Excusez-moi, je ne suis pas la personne la plus fascinante à écouter. Je préfère entendre parler de vous, pour être honnête." Je souris, gentiment, je me rends compte qu’il n’est pas question de draguer ici, non, cet homme et moi nous sommes trop différents, j’ai besoin de quelqu’un qui passera son temps à me rendre dingue, quelqu’un qui me tiendra tête et qui acceptera toutes mes conditions sans sourciller. Mais peu importe, je suis aussi ouverte à l’amitié. « Ce n’est pas bien grave, pas la peine de s’excuser, faut dire que ce n’est pas non plus le meilleur des endroits pour être détendu. » Je soupire et puis je me demande si le temps est bientôt terminé, si je vais le revoir un jour ou si après ça ce sera terminé, faut dire qu’il a réussi à m’intriguer. « Et puis, même moi je suis un peu bloquée, faut dire que t’es un peu intimidant. » Je ris à la fin de ma phrase, sachant parfaitement qu’elle est vraie.

Je laisse mes yeux parcourir encore une fois la feuille de son profil, constate que rien que par ce qu'il a rempli – ou non – cet homme et oui, intimidant, je crois bien que j'ai trouvé le bon mot pour le définir. Quand mon questionnaire ressemble à une vente de moi même sur internet, le sien est un mystère au complet et j'avoue que le mystère j'ai un peu de mal à gérer. "Merci de votre compréhension. Il faut dire que je n'ai pas vraiment l'habitude de sortir ..." Étrangement ça ne m'étonne pas, tant qu'à être différents autant qu'on le soit jusqu'au bout. Je passe mes journées dehors, enfin, quand je ne bosse pas ou que je n'ai pas cours, mais cela revient tout de même à la conclusion qu'Alice ne me voit pas très souvent quoi, les soirs de semaine pour dormir et encore, même la semaine je suis une pile électrique qui a besoin de bouger. Il rit un peu lorsque je lui avoue ce que je commence tout doucement à penser de lui. J'avoue que oui, c'est vrai, ça doit être plutôt drôle qu'une inconnue lui dise ça, mais comme je suis partie avec dans la tête l'idée que lui et moi on ne se reverra pas, autant dire tout ce qui peut y passer à l'intérieur, de ma tête, évidemment. "Moi ? Intimidant ? Qu'ais-je fait pour donner cette impression là ?" A mon tour de rire, un peu bêtement pour le coup, je cale mon dos correctement sur ma chaise en le regardant, ou plutôt en le toisant, de haut en bas. Je pince mes lèvres tout en réfléchissant à comment je pourrai expliquer l'effet qu'il me fait. « Et bien … Justement, le fait que tu sois si réservé c'est un peu perturbant, je sais pas trop quoi dire étant donné qu'en fait je n'ai pas l'impression que tu as envie d'être là, du coup … Je suis un peu sans voix, et donc intimidée, ce qui est carrément paradoxal vu que j'n'arrête pas de parler. » D'ailleurs faudrait peut être que je pense à arrêter.

"Vous me trouvez réservé ? Vous devriez voir mon frère ... Non, pardon : mon père." J’incline le visage, devinant en lui des secrets dont il ne veut pas parler, je suis un peu plus perdue à chaque secondes qui passe. Chaque minutes qui défilent et qui font qu’on va bientôt se séparer. Pour dire vrai, je suis un peu déconnectée du speed dating quand je me dis que mon premier s’est un peu déroulé à l’envers. Je ne me plains pas, hein, rencontrer Paul, ne serait-ce que pour ce laps de temps, ce n’est pas une mauvaise chose, j’en suis persuadée. "Et certes, je n'ai pas spécialement envie d'être ici, ce soir, je vous l'accorde ... Mais cela ne veut pas dire que votre présence n'est pas agréable pour autant et je vous souhaite de trouver ce que vous recherchez, ce soir ... Ou un autre jour, d'ailleurs." Je souris à demi, le regarde, réfléchi à ce que je pourrai ajouter, mais je ne trouve pas grand-chose, je le sens sur le départ et comme pour accompagner mes songes, la cloche se met à sonner, le temps est terminé. Je soupire, en souriant pleinement cette fois, parce que je m’apprête à lui donner un message d’espoir et je me dis que message comme celui-là, on ne le délivre qu’avec un sourire qui signifie qu’on y croit. « Je te souhaite la même chose, Paul, et peut être que la prochaine fois qu’on se verra, on aura plus de temps. » Je ne sais pas vraiment si je le souhaite, le revoir, cependant cela ne me dérangerait pas. On ne sait jamais ce que la vie nous promet. En tout cas, il s’éloigne, prêt à rencontrer une nouvelle femme et moi j’attends que mon prochain prétendant s’approche de moi. Advienne que pourra.