Trouble maker [Rose]

« Backer, je sais que t'es en pause, mais y'a une cliente en bas... » Je regardai mon collègue en haussant un sourcil, déposant ma tasse de café sur la table ou je m'étais donné la permission d'y déposer mes pieds. Je tournai le haut de mon corps sur la chaise pour regarder par la fenêtre qui donnait sur le garage extérieur pour y découvrir une belle grande rousse. « Si tu y vas pas, je peux y allez à ta place... » dit-il en me faisant un clin d’œil. Je roulai des yeux avant de finir d'une traite mon petit breuvage à caféine pour ensuite allez rejoindre la jeune demoiselle. Lorsque j'arrivai près de la voiture, je jetai un coup d’œil à la roussette.« Pourquoi me dérange-t-on durant ma pause? » Selon les dires de mon superviseur, je dois améliorer mon charisme envers les clients... Je vois pas pourquoi. Tout en tournant autour de l'automobile, j’aperçus un problème au niveau du «mofler». « J'ignore si c'est pour ça que vous venez, mais déjà là ça va vous coûter un bras! » Je pointai l'objet qui dépassait de sous la voiture, regardant la demoiselle avec découragement.

La demoiselle me demanda si les réparations valaient le coup. Je gardai le silence encore quelques minutes, continuant de tourner autour de la voiture tel un vautour. Je grattouillai ma barbichette avant d'inspirer un grand coup, tendant ma main vers la demoiselle. « Les clefs... ». Une fois le tout en main, je pris place dans le véhicule, vociférant de petites injures face à l'espace que la voiture avait à l'intérieur. Avec ma carrure et ma grandeur, il n'y avait rien de bien pratique dans cette automobile. Je démarrai le moteur et écouter attentivement les bruits qui sortaient du capot. J'ouvris le compartiment du moteur pour l'inspecter. Un petit sourire illumina mon visage, amusé par l'état de la bagnole. Je fis signe à la roussette de s'approcher. Une fois caché derrière le capot soulevé, à l'abri des regards de mon collègue et de mon superviseur, je lui dis la vérité: « Écoutez, je suis peut-être pas le plus gentil des mécano, mais au moins je vais être franc avec vous. Selon eux en haut, il y aurait de quoi à faire avec votre carrosse, histoire de vous faire dépenser une bonne centaine de dollars, mais moi je vous le dis... ». Je regardai rapidement autour, histoire que personne ne surgisse derrière nous au moment du dévoilement. « Investir de l'argent dans ce tas de ferraille, c'est du gaspillage. Tôt ou tard, vous allez rencontrer d'autres problèmes. Ce n'est pas vraiment sécuritaire de rouler avec ce petit bolide. Je le qualifierais même comme votre cercueil tellement il est dans un mauvais état. ». Moi, dans la vie, je suis franc. Ce n'est pas le première fois que je conseil de ne pas faire affaire avec le garage pour lequel je travail. Pourquoi? Tout simplement parce que je gagne la confiance de futurs clients lorsque je vais ouvrir mon propre garage. L'honnêteté a et restera toujours l'une des valeurs importantes à mes principes. « Je vous conseil fortement de changer de voiture... »

Je m'écartai du tas de débris en croisant les bras sur mon torse lorsque la roussette me toisa du regard, se trouvant maline avec sa demande spéciale. Malheureusement pour elle, nous ne prêtons pas de voitures de courtoisie. On est un garage basique, pas un concessionnaire. J'inspirai profondément avant d'entendre la porte s'ouvrir. J'étirai mon cou pour y découvrir mon collègue. Espèce de curieux, va. Je marchai en sa direction, faisant comme si de rien était. « La demoiselle vient nous vendre sa voiture. Y'a quelques modifications à faire sur le bolide, mais une fois retaper, il va valoir la peine d'être revendu! » Je jetai un coup d'oeil à la belle avant de lui faire signe de menton. « Ramassez tout vos effets personnels dans votre voiture et attendez moi en avant du garage. » Je lui tournai le dos, rentrant dans le bureau pour discuter rapidement du montant évalué avec mon collègue. Il m'y l'argent dans une enveloppe et je lui fis comprendre que je me chargerais personnellement de cette voiture. « Je continue ma pause maintenant... » Il me donna les papiers à signer pour la demoiselle. Oui, j'ai décidé pour elle qu'il était mieux de vendre cette voiture, elle se ramassait donc sans aucun transport. J'entrai dans mon auto pour ensuite allez rejoindre la rouquine à l'avant. Je baissai ma fenêtre une fois à ses côtés. « Allez-y, montez. J'ai pas toute la journée! » Une fois à l'intérieur de ma bagnole, je lui tendis l'enveloppe, les papiers et un stylo que je gardais dans mes poches. « Je viens de vendre votre tas de ferrailles pour un prix imbattable. Avec cette argent, vous allez être capable de vous trouver un bon petit taco sécuritaire. » J'ignorais comment elle allait réagir, mais je pris le temps de lui laisser un petit deux minutes à elle, question de digérer ce qui venait de se passer. Je m'expliquerai par après.

Évidemment elle était furax, mais malgré ça, je savais que j'avais fait le bon choix. Celui de sauver une vie, voir même plusieurs. Sont trucs était rendu une vraie bombe à retardement, alors autant la désamorcer immédiatement au lieu de jouer avec le feu. « Non je n'avais pas vraiment l'intention de vous en tenir informer, car vous auriez certainement refusée. » Elle en avait de besoin, alors pourquoi aurait-elle décidé de le vendre sur un coup de tête? Moi j'avais les couilles de le faire, c'était pourquoi je désirais faire son chauffeur de taxi. « Je vais vous dégoter ça mademoiselle... Pour le moment, pour me faire pardonner, je vais être votre chauffeur de taxi. » Elle n'aimerait sûrement pas cette nouvelle non plus, car à voir comment elle me regardait, elle semblait me détester. D'un côté c'est normal, je ne fais pas grand chose pour qu'elle m'apprécie, mais je sais qu'un jour elle finira par se sentir redevable. En la voyant muette, me dévisageant presque devant mes paroles, je rajoutai: « Je vous en pris... Vous me remercierez plus tard. Maintenant attachez votre ceinture et dite moi ou est-ce que je dois me rendre? »