Lightless • Scari

Il fait une nuit noire. Absolument noire. Et pourtant, le ciel est vraiment magnifique tant on peut y voir une nuée d’étoiles. Il prend des photos du paysage et de l’horizon, ses pas le mènent vers la grande roue. Il ne travaille plus normalement, loin de là même. Mais il a toujours son appareil autour du cou surtout pour son bon plaisir. Il marche d’un pas léger et joyeux, comme si le festival lui appartient. C’est étrange. Il se sent serein ce soir, comme rarement auparavant. C’est peut-être cette coupure de LA et de la maison qui lui fait le plus grand bien. Possible. Tout comme le fait d’être, ou plutôt, de se sentir pleinement photographe depuis qu’il travaille avec Aaron. Un petit bonheur pour lui, il doit bien l’avouer. Il arrive enfin devant la grande roue, entrant alors dans la queue d’attente en baillant grassement. Il commence à fatiguer, ses journées sont longues et il ne profite pas vraiment du festival tellement il travail. Mais les résultats seront là, enfin, il l’espère fortement. Il se passe la main dans sa longue chevelure ondulée. Ils se sont légèrement bouclés cette fois, chose rare chez lui, mais il aime assez ce rendu un peu nouveau. Ça lui donne un style. Il réajuste sa veste aussi. La nuit étant tombée, l’air s’est considérablement rafraîchit. Enfin une nacelle s’offre à lui. Il grimpe dedans en souriant, avant de voir que le l’hôtesse invite une second personne à y entrer et se mettre sur le siège face à lui. Il se fige en reconnaissant Scarlett, il ne l’a même pas remarqué dans la file tellement il était perdu dans ses pensées. La porte se referme la machine se met lentement en route. Il sourit en rougissant. « Je… je t’avais même pas vu. » Il l’observe, la trouvant toujours aussi belle. « Tu vas bien ? Je savais pas que tu venais ici. » En même temps, la communication est loin d’être leur fort…

En passant une main dans ses cheveux, elle sourit, elle le fait comme elle ne le fait que très rarement, en se relâchant, en étant plus proche de ce que devrait ressembler sa vie, si elle ne faisait pas ce métier-là. Elle se permet d’être une autre, de ne pas penser aux besoins d’autrui avant les siens, le fait est que parfois ça fait du bien. Et même si c’est vrai qu’elle a toujours l’impression de ne pas savoir rire lorsqu’il le faut, ou bien parler quand elle le doit, elle aime l’idée de se trouver là, de se laisser vivre comme elle ne le fait que rarement. Comme une enfant, qu’elle n’est plus évidemment, elle en bouche une sucette géante qu’elle vient d’acheter, avant de se décider à aller faire un tour de Grande Roue. Elle patiente en pensant à tout et n’importe quoi, quelque chose qui s’éloigne de sa vie à Los Angeles, à la musique, à la peinture, à la lecture … La demoiselle qui s’occupe d’attribuer les places l’invite finalement à grimper dans une nacelle et elle le fait avec un sourire poli posté sur ses lèvres. Rapidement, elle remarque qu’elle n’est pas seule pour le temps de se tour de manège, non, un homme se trouve là, et si elle aurait pu être rebutée par cette idée, bien vite elle reconnait son visage, ses traits. Ceux qu’elle pourrait très bien affectionner. « Je… je t’avais même pas vu. » Elle ne le prend pas mal, elle sait bien qu’elle est simple à oublier, elle permet juste d’être quelques minutes comblé, et puis, plus la peine de la garder en pensées. Et puis … Puis elle aussi elle ne l’avait pas vu. Le fait est qu’elle s’en veut un peu, et elle ne saurait dire pourquoi. C’est juste comme ça. « Tu vas bien ? Je savais pas que tu venais ici. » Personne ne le savait, elle n’avait pas pris la peine d’informer les gens où elle comptait prendre quelques jours pour elle. Alors elle se demande, pendant plusieurs secondes si elle aurait dû le lui dire à lui, après tout, il faut avouer qu’elle ne sait pas vraiment ce qui les définit. Sont-ils amis ? Habituellement elle ne se pose pas ce genre de question, et à la réflexion elle se demande même pourquoi elle se la pose maintenant. Elle reste qui elle est, et Hiro, n’a pas besoin d’une fille comme elle dans sa vie, il faut savoir être réaliste parfois, même si ça fait mal de l’être, c’est une obligation. Une promesse de ne jamais se voiler la face. « Et bien je vais bien, je me suis décidée à prendre du temps pour moi, à m’éloigner un peu de … » de son métier ? Non dire cela ne serait pas approprié. « De ma vie. Ça fait plaisir, en fait, un peu de recul parfois. Et toi ? » Sa réponse l’intéresse vraiment, et puis c’est sans y penser qu’elle glisse tout doucement sur le siège de la grande roue afin de se retrouver tout à côté de lui, tellement que ses doigts effleurent les siens sans y penser. Elle lâche prise, simplement.

Elle est muette et mutine, comme toujours. Il la dévore du regard. Elle est toujours aussi belle. Scar. Scar s’est une grande histoire dans sa tête. Scar, c’est une jeune prostituée qu’il a osé aborder mais Scarlett, c’est une jeune femme qu’il a découvert après tout ça. Il se mord la lèvre doucement tout en l’observant, il ne sait jamais comment agir avec elle parce qu’il ne sait absolument pas ce qu’ils sont l’un pour l’autre. Amis ? Plus ? Moins ? C’est vraiment énervant au final quand une relation est mal définie comme ça. On ne sait pas vraiment où on en est ni qui on est pour l’autre et c’est quelque chose qui le stresse quelque peu même s’il essaye de le contenir autant qu’il peut. En y réfléchissant, il se trouve presque stupide de lui avoir dit qu’il ne savait pas qu’elle venait ici. Bien sûr qu’il n’en sait rien… Elle n’allait pas lui envoyer un sms pour lui dire qu’elle se rendait au festival et puis, lui non plus n’a pas cherché à lui dire. Inconsciemment, il devait penser qu’une fille comme Scarlett ne se rendait pas dans ce genre de lieu et quand il prend conscience de ça, il se maudit presque parce qu’il vient de la juger durement alors qu’il s’est promis de ne jamais le faire. « Et bien je vais bien, je me suis décidée à prendre du temps pour moi, à m’éloigner un peu de … » Il la regarde quand elle laisse sa phrase en suspens, il a compris, elle n’a pas besoin de lui faire de dessins. Il lui sourit tendrement. « De ma vie. Ça fait plaisir, en fait, un peu de recul parfois. Et toi ? » Elle se rapproche de lui alors que la nacelle se met en route, commençant sa lente ascension vers les étoiles. Il sent les doigts de la belle effleurer sa main alors il rapproche les siens pour pouvoir lui caresser tendrement. Etre en contact avec elle lui a manqué, il doit l’avouer. Il lui montre alors son appareil photo. « Je travaille. » Il sourit. « Avec mon mentor qui est devenu mon patron… » Il sourit encore, assez fier de ça, mine de rien. « J’passe mon temps à me balader dans tous le festival et à prendre des centaines de photos par jour, c’est un pur bonheur. » Il rit doucement et en profite pour la photographier dans la nacelle avant d’en prendre une de eux deux, puis de la vue. Lentement, il repose l’appareil avant de la regarder dans les yeux. « Tu m’as manqué Scarlett…. J’ose… jamais t’envoyer de messages ou t’appeler, parce que je sais pas si ça te fera plaisir ou pas… mais tu m’as manqué, vraiment. » Toujours franc, comme d’habitude. De toute façon, ça se voit, il ne peut pas le nier.

Elle s’essaie à la nonchalance, à la jeunesse qu’elle a perdue trop tôt. Mais elle n’est pas certaine de savoir comment le faire vraiment, elle est gauche dans ses gestes alors qu’habituellement elle sait parfaitement ce dont les hommes ont besoin. Mais elle ne sait pas, non, vraiment pas ce qu’Hiro attend d’elle et ça la turlupine un peu, parce qu’elle sait que sur elle il a un pouvoir que les autres n’ont pas. Alors elle se pose des questions tandis qu’elle laisse ses doigts reconnaitre les siens, lui provoquer quelques frissons qu’elle ne sait toujours pas comment les interpréter. Ses yeux vont se poser sur l’appareil photo qu’il lui montre et un sourire prend place sur les lèvres de la prostituée. « Je travaille. » Cela ne l’étonne même pas, elle sait, combien il peut être passionné. « Avec mon mentor qui est devenu mon patron… » Elle aime lorsqu’il parle, lorsqu’il fait preuve de fierté, chacun de ses mots semblent démontrer que l’homme cité a changé sa vie. Et dans son for intérieur, malgré elle, Scarlett l’envie, elle aimerait, savoir vivre comme il semble le faire. Simplement. Comme un enfant. « J’passe mon temps à me balader dans tous le festival et à prendre des centaines de photos par jour, c’est un pur bonheur. » Elle aime bien son travail, l’idée que son rêve devient un peu plus vrai chaque jour qui passe. Elle soupire à peine en se disant qu’elle n’aura jamais cela, mais cette constatation de ne l’empêche pas de lui dire en souriant, réellement. « Je suis contente pour toi. » Plus sincère, on ne fait pas, de toutes les façons, avec lui, elle l’est à chaque fois. « J’ai l’impression que tu passes ton temps à travailler. Faudra qu’on se voie un jour sans que ton appareil photo soit entre nous. » Elle réalise bien vite que cette phrase a tout d’un projet, elle n’en aime pas le gout mais elle n’a pas pu s’empêcher. Si elle n’était pas elle, surement qu’elle rougirait. Mais elle reste de glace, parce qu’elle sait bien, qu’elle en est la reine et c’est comme cela, on n’arrête pas facilement d’être sois. Finalement il la prend en photo, alors elle sourit doucement, et quand il en prend une d’eux, elle ressent quelque chose de nouveau au fond de son estomac. C’est dingue, de ne pas réussir à se contrôler de cette façon-là. « Tu m’as manqué Scarlett…. J’ose… jamais t’envoyer de messages ou t’appeler, parce que je sais pas si ça te fera plaisir ou pas… mais tu m’as manqué, vraiment. » Ses yeux se perdent dans les siens, ou le contraire peut-être, elle ne sait pas. Mais sa phrase l’a choqué un peu, non pas comme quelque chose qui pourrait l’outrer, non, plutôt comme un électrochoc destiné à la réveiller. Elle soupire et elle a du mal à avaler sa salive, d’ailleurs, cette dernière semble lui manquer. Elle ne sait pas quoi lui répondre, quoi ajouter, elle a peur de lui promettre quelque chose qu’elle ne pourra jamais lui donner, elle se dit qu’il mérite mieux que ça. Oui, c’est ce qu’elle voudrait le dire, mais pour une fois, elle ne sait pas être franche, non, il lui semble même qu’elle a perdu sa langue. Alors elle se reprend, et délicatement elle pose sa main sur la joue de Hiro, qu’il lui semble bien jeune alors qu’ils n’ont que quelques ans de différences … La réalité c’est que ce sont leurs chemins qui le sont, bien différents. « Hiro. » Elle aime le gout de son prénom dans sa bouche. « Tu m’as manqué aussi. » C’est une vérité qu’elle ne pourra plus jamais contredire à présent, elle le sait. « Et je croyais que tu savais que tu pouvais m’appeler … quand tu veux. » Oui, ça lui plairait. « Je l’ai fait une fois, je ne le ferai pas à chaque fois. » Lui téléphoner, si elle devait dire les choses plus clairement, surement qu’elle lui avouerait, qu’elle ne le fera plus jamais. Qu’eux deux, ça ne devrait pas exister.