HUITIEME INTRIGUE ♫ LE COACHELLA activité au camping : Un malaise au Lac Eldorado.

Une belle journée sans concert à l’horizon. Enfin, pas de scène pour lui du moins. Pour une fois, il a vraiment envie de profiter un peu du festival et de ce que ça peut lui offrir. Il voudrait aller dans l’eau, mais avec son dos qui le complexe, c’est une horreur. Depuis une demi-heure déjà, il hésite à enfiler sa combinaison de plongée sans manches et arrivant à mi-cuisses. Ce n’est pas très fashion ou très saillant, mais au moins, il n’aura pas à flipper pour son complexe. Cependant, il sait qu’il va attirer les regards sur lui et ça ne l’enchante pas vraiment. Il se passe la main dans les cheveux, finissant par s’allonger à nouveau avant de virer ses fringues pour mettre un boxer de bain et la combinaison. Tant pis. L’eau lui fait trop envie. Il se fera encore traiter d’homme grenouille avec son masque et son tuba, mais au moins, il profitera pour aller nager un peu profondément et se retrouver dans une bulle de tranquillité. Il sort de là pieds nus, lunettes de plongée sur le crâne, tuba en main. Il avance parmi la foule jusqu’au lac, allant rapidement mettre les pieds dans l’eau, prêt à s’en aller plonger quand il voit une demoiselle défaillir pas loin de lui. Il avance alors rapidement vers elle. « Mademoiselle ? » Il se met à genoux à ses côtés, lui tapotant doucement la joue pour essayer de la faire revenir à elle en vain. « Mademoiselle ? » Il la secoue un peu, au moins, elle respire, c’est déjà ça. « Y’a un médecin ici ? » Il se souvient des cours de secourismes et commence à la mettre en position latérale de sécurité, par prudence au moins. « Essayez de faire venir une équipe médicale ! » Ce n’est peut-être qu’un petit malaise, ou plus grave, dans tous les cas, il faut s’en assurer.

Spoiler :

C’est la première fois que Shaey se retrouve toute seule depuis le début des vacances. Lena a insisté pour passer sa journée dans un club pour enfants, et à force de persistance, elle a obtenu ce qu’elle désirait. Allongée à quelques pas du lac Eldorado, elle savoure cette journée de calme. Se retrouver seule ne lui arrive pas souvent et elle savoure ce moment de tranquillité. Un bouquin à la main, elle s’accorde à faire ce que le temps ne lui permet pas habituellement. Lire, tout simplement. Lunettes de soleil sur le nez, elle joue les véritables touristes. Pour ce faire, elle a même pris le temps de s’acheter l’accessoire indispensable, le fidèle deux pièces. Plongée dans sa lecture, elle ne se rend pas compte du temps qui passe. Elle ne fait même pas attention aux gens qui l’entourent. Non, elle est totalement absorbée par ce roman qui la captive et se refuse d’arrêter tant qu’elle ne saura pas la fin de l’intrigue. Pressée d’arriver à la fin, sans vouloir non plus que tout s’arrête, elle dévore chaque mot, chaque ligne et chaque page. Elle s’abreuve d’une histoire qui l’entraîne avec elle…  Mais petit à petit, les lignes s’entremêlent. Elle revient en arrière et tente de se concentrer davantage mais les mots deviennent flous à leur tour. Shaey stop sa lecture et passe sa main sur son front. Elle réalise à quel pont il fait chaud. Peut être devrait-elle aller se rafraichir un peu. Oui, c’est surement préférable. Elle pose son livre sur sa serviette avant de se lever. La tête lui tourne. Elle marque un temps de pause avant d’avancer vers le lac. Etrangement, à chaque pas qu’elle fait, il lui semble que sa tête ne fait que davantage tourner. Les bruits autour d’elle deviennent sourds, comme s’ils venaient de très loin et un poids semble la tirer en arrière. Sans même qu’elle ne rende compte de rien,  elle sent son corps percuté le sol et l’obscurité s’empare d’elle. « Essayez de faire venir une équipe médical ! » Shaey entend une voix qui semble venir de très loin. Elle ne se sent pas la force de bouger ou ni même de parler. Comme paralysée, elle tente de s’accrocher à cette voix qu’elle ne connaît pas.

La littérature française aura ma peau. Cet écrivain-là, surtout. Philippe Labro. Ce n'est pas comme s'il était juste un écrivain, non il est aussi journaliste, réalisateur et même chanteur. Je crois que chacune de ces facettes se retrouve dans ses romans, et c'est ce qui me plait tant chez lui, d'ailleurs. Bref, c'est plongé dans ma lecture de Quinze ans, et donc dans cette atmosphère parisienne d'antan à laquelle mon origine française me raccroche, que je profite à ma manière du cadre idéal de ce Lac Eldorado. Allongé dans l'herbe, les jambes croisées, le livre rehaussé vers le ciel qui me protège des rayons vifs du soleil. Tout cela est parfait, il ne manquerait plus qu'une limonade sur le côté. De temps en temps je relève mon regard au loin, sur cette femme (Shaey) qui, tout comme moi, semble apprécier les plaisirs de la littérature au beau milieu de toute cette effervescence musicale, ou encore sur ce gars (Joshua) qui pour je ne sais quelle raison a décidé de se vêtir d'une combinaison pour aller nager... Cela restera un mystère, que j'oublie néanmoins bien vite grâce au talent de monsieur Labro, donc...

Et puis, tout à coup, un cri. Non pas un, mais deux, et trois. Je crois que cela ne s'arrête plus, si bien que mon attention devient vite entièrement captivée par la foule fraichement constituée au loin. Marquant ma page d'une brindille d'herbe sèche, je me redresse et regarde au loin cette scène digne d'un feuilleton télé. Une personne s'est évanouie, semble-t-il. Bon sang, c'est bien ma veine, d'être venu dans un endroit qualifié de tranquille pour finalement me retrouver avec ça à quelques mètres de moi. Mon frère aurait accouru pour vérifier l'état de cette pauvre dame mais manque de chance, je ne suis pas mon frère, je ne suis que William, le gars complètement désintéressé par la médecine et surtout dégoûté de devoir cesser ma lecture. A quelques pas de moi, je vois un homme (Peter) visiblement dépassé par ce qui se passe. Je m'en rapproche donc, mon livre dans la main, sans pour autant quitter du regard la foule angoissée.

« J'aimerais que l'on m'explique cette manie de toujours s'agglutiner auprès des personnes qui viennent de faire un malaise... Si vous voulez mon avis, quand certains cherchent les potins, d'autres ne cherchent que la gloire. »

Je soupire lascivement en haussant les épaules, observant d'un air désintéressé les gens s'agiter.

Spoiler :

C’est après quelques minutes de baignade que Riley avait retrouvé sa serviette pour laisser les rayons chauds du soleil réchauffer et sécher sa peau dénudée par un deux pièces. Son carnet de dessin en main, elle s’activait à terminer un croquis. S’armant d’imagination pour faire tomber le vêtement sur le corps fin d’un potentiel mannequin, Riley se rendit compte à quel point elle aimait ses corps pourtant dénués de formes. Concentrée, quelque chose attira néanmoins son attention. Un petit attroupement qui la décida à se lever simplement pour voir de quoi il en retournait. Peut-être une nouvelle exposition ? Un artiste en action ? Enfilant une robe de plage légère et transparente, elle laissa ses affaires sur place et rejoint le groupe. Deux hommes (William & Peter) étaient entrain de discuter du pourquoi de la présence des gens sur les lieux d’un malaise, sans même faire quoi que ce soit pour aider cette pauvre femme ... C’est affligeant de stupidité. Et c’est excédée que la jeune femme passe juste entre eux les gratifiant d’un coup d’épaule chacun. Posant un genou au sol, une bouteille d’eau entre les mains, la blonde décela enfin le visage de cet étrange homme en combinaison. Joshua. Son cœur se serra dans sa poitrine, elle se sentait complètement idiote de ne pas l’avoir reconnu plus tôt mais elle ne pouvait plus faire marche arrière. « Elle est toujours consciente ? ». Riley avait elle aussi suivi quelques cours de secourisme. « Madame ? Madame vous m’entendez ? ». Tout en posant ses doigts sur le poignet de la jeune femme (Shaey) pour calculer son rythme cardiaque, la blonde tentait de la garder dans un état de conscience.

Shaey ne se souvient pas de s’être un jour sentie aussi mal. Elle tente de reprendre le dessus mais en vain. Elle se sent prisonnière de son propre corps. Comme si son cerveau n’était plus aux commandes. Elle entend des voix autour d’elle mais reste incapable de bouger, de parler ou bien même d’ouvrir les yeux. Dans un état de semi-conscience, elle perd pied et ne sait plus ce qui est réel ou non. Est-elle en train de dormir et tout ceci serait un rêve ? Elle aimerait que ce soit le cas, mais elle sait que quelque chose ne va pas. C’est étrange. Elle sent une main se poser sur son poignet. « Madame ? Madame vous m’entendez ? » Elle a envie de crier, d’hurler que oui, elle l’entend. Mais rien ne sort. Elle devine qu’une certaine agitation règne autour d’elle et distingue des voix paniquées, ce qui ne la rassure absolument pas. Elle se concentre, tente de reprendre possession de son corps. Dans un effort qui lui parait surhumain, elle parvient à légèrement hocher la tête, signe qu’elle a belle et bien entendue qu’on lui parlait. Elle tente d’ouvrir les yeux mais la lumière lui semble trop aveuglante, l’obligeant à les refermer immédiatement.

« Elle est toujours consciente ? » « Il semblerait que non, sinon je lui ferais la causette au lieu de demander un médecin. M’enfin, je dis ça, je dis rien… » Il laisse Riley faire ce qu’il a déjà fait, mieux vaut deux fois qu’une visiblement. Tout ce qui s’est passé entre eux lui a inspiré une autre chanson qu’il a en tête en ce moment, mais il essaye de l’évacuer de ses pensées et de ne pas voir qu’elle est là. « Demander lui si elle a pris quelques chose et faites lui un peu d'air ! » Il pousse un long soupir, complètement excédé. Depuis sa rupture, il s’est pas mal renfermé, redevant le Josh un peu trop iceberg et faussement séducteur durant les soirées. Mais quand il n’est pas d’humeur, personne n’y échappe. « Et comment on parle avec une personne inconsciente ? Non parce qu’aux dernières nouvelles, la télépathie n’existe PAS ! » « Insolation ou elle a une peu abusé ? » « Son haleine sent pas l’alcool, elle a pas de poudres bizarres sur la face ou les bras marqués par des aiguilles, ça doit juste être une insolation, ça cogne fort, les gens se déshydratent. » Il regarde la bouteille qu’on leur tend. Il s’en saisit et humidifie la serviette qu’il a pris pour lui mouiller le front et les lèvres doucement, histoire de voir si ça peut la faire revenir à elle où pas. « Mademoiselle ? » Il se penche vers elle et lui tapote la joue doucement. « Tout va bien aller, on s’occupe de vous. » Si jamais, elle entend tout, elle doit être paralysée par la trouille. Il essaye de rester calme pour elle, mais il crame sous sa combinaison et la matière dont elle est faite lui brûle le dos comme ils sont en plein soleil. Il grimace en sentant sa peau abîmée et fragilisée le torturer.

Spoiler :

La question était peut-être idiote mais méritait-elle une telle réponse ? Non, personne ne méritait autant de mépris. Personne, à part elle ... De par leur histoire commune, Riley ne se sentait pas en position de répliquer quoi que ce soit qui ne ferait qu’enfoncer le couteau un peu plus profondément dans la plaie. Alors, tout en serrant les dents, elle ravala douloureusement ses râles de fierté et reporta pleinement son attention sur la jeune femme (Shaey) qui semblait l’entendre. C’était infime, un si léger mouvement de tête qu’un œil inattentif aurait raté. Mais Riley l’avait vu. Et elle comprenait que la jeune femme aux traits asiatiques rassemblait ses dernières forces pour ne pas s’évanouir. « Ça va aller, ce n’est qu’une insolation ». Elle parlait assez fort pour que sa voix l’atteigne malgré la proximité de leur contact. Elle savait que lors d’un malaise, des murs de cotons se dressaient tout autour de nous. Riley avait en tête de la transporter à l’ombre quand une jeune femme (Fanfan) s’agenouilla à son tour prêt d’eux. Insolation ou prise de stupéfiants ?. Une question banale pour un festival mais ni Riley, ni Joshua qui prenait la parole à présent n’avait pensé à cette dernière solution. Le soleil brûlait sa peau et elle pouvait lire sur le visage de son ancien amant et meilleur ami (Joshua) qu’il ressentait la même douleur pourtant amplifiée par les stigmates du passé. « Vous allez m’aider, il faut qu’on la mette à l’ombre sous l’arbre là bas ». La protéger elle … elle et surtout lui. Ces élans protecteurs n’avaient pas disparus, malgré tout le mal qu’elle lui avait fait, malgré tout ce qu’il pouvait penser d’elle. Et ils ne disparaîtraient probablement pas tant que son cœur battrait dans sa poitrine.

Mais qu’est-ce que c’est que tout ce bordel !? Je ne faisais que passer rapidement à proximité du lac, pensant être un raccourci pour atteindre le supermarché du coin, d’ailleurs, je me suis peut-être planté de direction, mais tant pis, maintenant que j’y suis, je ne peux que continuer. Enfin … Quand il y aura moins de monde ! Une masse humaine s’agglutine autour de je ne sais pas quoi. Ils veulent tous un autographe de Justin Bieber du coin ? Bande de nuls ! Euh, remarque, ils ont l’air plutôt inquiet pour que ce soit qu’un simple gosse plein aux as. Finalement, maintenant que j’y fais un peu plus attention, on dirait bien qu’il y a quelqu’un par terre, une femme. Elle a l’air évanouie. Je ne suis pas médecin, je n’ai rien à faire auprès d’elle. Bon, bien sûr je pourrai me la jouer cool en accourant torse nu pour aller la sauver, ou du moins, faire semblant, je suis certain d’attirer pas mal de belles nanas comme ça, mais franchement, quelle serait l’utilité d’agir ainsi ? On est bien d’accord, il n’y en a pas ! Non, je vais continuer mon petit bout de chemin, dans mon coin. Tranquillement, sans me préoccuper de qui que ce soit ou de quoi que ce soit. Il fallait réfléchir, avec cette chaleur faut être malin. Comme quoi, ça a des avantages d’avoir vécu dans un coin paradisiaque de la planète, au niveau de la chaleur, je suis complètement prêt à subir ce que vous souhaitez. Oh je vous voie venir ! Je ne parlais pas de toutes ces petites choses sexuelles praticables pour faire augmenter la chaleur de mon corps ou même du vôtre. Non, je parlais plutôt de la chaleur du soleil. Bande de petits pervers !

Bon, je ne suis pas un monstre, je vais quand même aller voir ce qu’il se passe. Au moins, par curiosité et avoir quelque chose à raconter de mon passage au Coachella. C’est tout de même plus sympa quand on peut raconter des histoires d’intéressantes à propos d’un événement de cette amplitude. Je descends la colline à cheval pour aller à la rencontre de tout ce remue-ménage. Hey les gars ! Elles sont où vos protections contre le soleil ? Bande d’inconscients ! Je croie qu’aujourd’hui je ne suis pas totalement d’humeur à supporter la foule finalement. Allez, juste pour la curiosité, je vais me rapprocher. « Pardon. » Je pousse une jeune fille qui semble bien aimer la situation. Je ne la connais pas, mais je ne l’aime déjà pas. Je tente de me rapprocher un peu plus … Ah ça y est ! Je la vois ! Je ne reconnais absolument pas ce visage ni tout les gugusses qui l’entourent. Allez, je me casse ! « Excusez-moi, vous gênez le passage. » J’use de ma force pour dégager quelques gamins de mon passage afin de m’extirper de l’emprise de cette masse géante. Ils sont vraiment tous fous ici ! Je m’écarte pour les observer. Personne n’arrivera à la sauver cette pauvre nana, le plus drôle c’est qu’il va sûrement y avoir quelqu’un d’autre qui va tomber dans peu de temps, aucuns ne semble mesurer le danger du soleil dans cette ville. Je pourrais bien en faire la remarque, mais chacun ses soucis comme on dit.