Noah & Maggie - Let's get lost

Mon coeur palpite un peu trop fort quand mes yeux recroisent les siens. J'ai tellement voulu ses lèvres et pourtant je crains qu'il me rejette. Il y a de la confusion dans son regard, pendant cette instant de silence. Et s'il pense à Amy, je suis morte. Une seconde de plus et... il y pense, c'est forcé. Je m'apprête à faire un pas en arrière, pleine de remords et débordante d'excuses, quand il lève les mains jusqu'à mon visage, l'entoure de ses mains et se penche pour me réembrasser. Non pas timidement, mais avec tellement de tendresse et de désir que mon estomac s'emballe. Je m'agrippe à son tee-shirt avec une légère hésitation avant de me laisser aller à l'embrasser avec passion. Seigneur, as-tu eu pitié de moi ? Mais c'est tellement bon, de le sentir si proche de moi. Mon coeur s'affole à chaque seconde, jusqu'à ce qu'il décide finalement de rompre cette étreinte. Je ne sais pas quoi dire, je suis prise de cours. On va devoir parler de ça, c'est inévitable. Et je suis partagée entre excitation et réticence. « Je suis désolé. » Ah. Ca sent mauvais. Ma gorge se sert. « Non pas désolé de t'embrasser, bien au contraire, mais désolé de me sentir coupable de le faire parce... je crois que... je ressens quelque chose pour toi... » Hein ? Mes yeux s'écarquillent et mon coeur rate un battement. Est-ce que c'est une blague ? Il y a à peine quelques minutes il me semblait si lointain et maintenant il me révèle que je ne le laisse pas indifférent. La situation n'a aucun sens. Ces mots, c'est moi qui étais censé les lui avouer. Ils se tordaient à l'intérieur de mon corps mais c'est lui qui les sort, si aisément. Enfin... Je me sens prise au dépourvu. Et nerveusement, je ris, prenant ma tête dans ma main. « Quoi ? Enfin... Vraiment ? » Les battements de mon coeur s'accélèrent à nouveau. Je suis dans un ascenceur émotionnel aujourd'hui. J'ai toujours cru qu'il ne me voyait que comme une amie, et que j'étais loin d'égaler Amy. Non pas que je le veuille mais il était tellement affecté par sa mort que l'aider à faire le deuil me semblait être digne de James Bond. « Et Amy ? » Je me permets de dire avec une voix presque tremblante. Tout me dépasse, cette révélation encore plus. Bien qu'elle me réjouisse au fond. Je souffle pour me calmer doucement avant de regarder Noah une nouvelle fois dans les yeux. Mon Dieu ce qu'il me perturbe ! Je pourrais me rejeter sur ses lèvres si je n'avais pas de retenu. Dans les apparences, j'essaie de garder mon calme et de lui parler. « Noah, je... » Je rigole à nouveau, bêtement. Niaisement. « J'ai toujours cru n'être qu'une amie à tes yeux. Enfin... » Mes mots s'emmêlent. « C'est moi qui étais supposé te dire ça. » Mes plans se sont bousculés. Je parle sans réellement savoir ce que je dis. Noah vient de m'embrasser avec cet élan qui bouillonne en moi depuis longtemps. Dire que je suis heureuse serait un euphémisme. Je lui prends la main pour le tirer avec moi jusqu'aux banquettes, où j'attrape mon coca et en bois une grande gorgée. Je meurs de soif.

Je pose mon verre de Coca bien vite quand je sens qu'il lâche sèchement ma main. Intriguée, je me tourne vers lui pour savoir ce qu'il y a. Son regard est soudainement froid. Je sens qu'il y a quelque chose qui le chiffonne et mon estomac se serre. En ce qui concerne Noah, j'ai toujours une peur bleue de foirer. Un geste, une parole de travers et mon cerveau bouillonne. Maintenant, c'est l'ascenceur émotionnel. Amusement, inquiétude, adréanaline, bonheur puis malaise. Qu'est-ce que j'ai dit de mal ? « Je suis désolée mais tu te trompes. Maggie, je t'apprécies énormément et je croyais que toi, tu saurais faire la différence. Que tu me comprenais. » Je suis à la fois touchée, émue et troublée. « Enfin si ça avait été le cas, tu ne m'aurais pas parler d'elle. » Amy. Mon coeur se serre. Voilà ma faute. Et j'ai une envie folle de me baffer, de retourner en arrière et d'effacer mes mots. Je suis la dernière des connes. Pourquoi ai-je remuer le couteau dans la plaie à ce moment même où mes espérances et mes désirs atteignaient leur apogée. Je me mords la lèvre interne de culpabilité, affichant cette désolation pathétique sur mon visage. « Parce que oui je l'aime, je l'aimerais toujours et si tu ne peux pas passer outre, toi et moi, ça ne sera jamais possible. » Ses paroles s'abattent sur moi comme un énorme coup de massue. J'ai mal putain. Deux miutes plus tôt il m'apprenait avoir des sentiments pour moi, et voilà que maintenant il évoquait l'idée que notre relation arrive à son terme. Moi je tourne en bourrique dans ma tête, ça fuse. Panique. Parce que son ton est d'un calme remarquable, mais je sais et sens cette colère qui ne demande qu'à sortir. « Non Noah, non... » J'essaie de trouver les mots pour me défendre, mais les battements de mon coeur résonnent tellement fort dans ma tête que je m'embrouille. Je ne sais que dire, comment...  « Tu essaie de défier l'amour que j'éprouve pour elle, mais elle est morte. Je ne l'oublierais jamais et... ce n'est pas ce dont j'ai besoin. Je t'en demande trop, sûrement, mais, je ne veux pas que tu essais de l'égaler ou quoi que ce soit, mais juste essaie de vivre avec, de l'accepter parce qu'elle est en permanence dans ma tête. Ouais je sais, c'est horrible ce que je te dis, mais je veux juste être un homme normal, qui écris un autre paragraphe de sa vie sans jamais tourner la page. Mais je n'attend rien de toi, je ne veux pas que tu souffre. Par contre, si tu es prête à avancer et construire un futur avec moi alors n'ai pas peur, jamais elle ne sera un obstacle à mon bonheur, ou au tien.. Je suis sûr qu'elle veut que je sois heureux et si c'est avec toi, alors oui... » Ce monologue me saisit tout le corps et je commence à avoir peur. Peur de le perdre, peur de la confusion, peur qu'il ait une mauvaise imafe de moi. Il me dit de ne pas céder à cette peur mais comment faire quand elle vous glace les os et vous paralyse les neuronnes. Noah m'a toujours faite craqué, c'est indéniable. En temps normal, j'ai toujours été intimidée par lui, et voilà que maintenant je ne sais pas comment me défendre et passer outre ces idées qu'il a de moi. Pardon. Juste pardon. Doucement il prend ma main et la pose sur son torse, comme s'il cherchait à appaiser sa colère. Mes yeux ne quittent plus les siens. Je crains de m'effondrer. Les battements de son coeur dans la paume de ma main affolent les miens. Puis il dit d'une voix douce « Juste, s'il te plaît, reste toi mais n'ai pas pitié de moi... » C'est comme un souffle qui vient prendre le mien. Je n'ai plus rien. Ca a été une claque énorme, d'autant plus venant de lui. Mon coeur panique pendant que j'essaie de me calmer. Mais ses yeux sur moi c'est... Une torture. J'essaie d'articuler quelques mots ; je ne veux pas qu'il se méprenne. « Pardon Noah. Excuse-moi... » Je retire ma main moite de son torse -gênée- sans le quitter des yeux. « Je n'ai jamais cherché à remplacer qui que ce soit, je n'ai pas non plus voulu que tu l'oublies. J'ai conscience que c'est dur et je veux t'aider, mais.. » Je suis bien la dernière personne à ouvrir mon cœur comme ça. S'il savait tous les efforts que je suis en train de faire pour ne pas le perdre ! « Je n'ai jamais eu pitié de toi Noah. J'ai juste peur que tu ne t'en sortes pas et que tu ne reprennes pas goût à la vie comme il se doit. [...] Evidemment qu'elle voudrait te voir heureux. Et moi aussi. Je ne cherche pas à précipiter quoi que ce soit...» Quand on est tous les deux j'ai le sentiment que ce goût, il le retrouve. Et c'est ça qui me laisse penser que nous deux c'est possible, et agréable. Je pose ma main sur sa joue, comme pour le consoler d'un quelconque mal. « Tu n'es pas seul. » Mais je doute tellement, et je suis complètement terrifiée à l'idée de ne pas être à la hauteur. Ou d'aimer à nouveau.

Mon ego en prend un coup. Je me répète sans cesse "Humilité, humilité, humilité..." Ça fait bien longtemps que je ne me suis pas ouverte comme cela pour un homme. Non, bien trop longtemps. Je suis quelqu'un de franche en général, qui préfère agir comme preuve de mes sentiments, plutôt que de parler et de devoir avouer mes faiblesses à voix haute. Et là, dans l'immédiat, ma faiblesse, c'est lui. Admettre tout haut que je craque pour lui me donne le sentiment d'être plus faible, d'être atteignable et vulnérable. Et j'ai la frousse, j'ai peur. De rechuter, de devenir faible. Pourtant cette faiblesse a quelque chose de totalement réconfortant quand je plonge enfin mon regard dans le sien. Ce bleu paralysant, envoûtant, et immersif. Je m'y perds... Jusqu'à faire un pas en avant et poser ma main sur sa joue, lui assurant qu'il n'est pas seul. Qu'il m'a, moi. « Et tu me l'as prouver ces dernière semaines et je ne pourrais jamais assez te remercier. » Sa main touche la mienne et mes paupières tremblent. C'est frustrant de ne pouvoir rien faire face à cet effet qu'il a sur moi. Son sourire... « Et si moi, je voulais précipiter les choses... » Je reste figée. Je n'avais pas pensé à ça. Il est bien la dernière personne que j'aurai cru vouloir forcer les choses. Je ne veux pas qu'il aille trop vite et qu'il réalise qu'il a fait une erreur. Je ne veux pas être une erreur. « Tu n'es pas obligé. » Dis-je presque en chuchotant, pour ne pas briser la bulle qui nous entoure. « C'est à moi de m'excuser maintenant pour ce que je m'apprête à faire... » Il ignore mes dires et vient m'embrasser à nouveau. De lui-même. Mon Dieu ses lèvres... Des papillonnements naissent dans mon estomac. J'ai cette sensation étincelante de enfin me sentir importante à ses yeux, belle et appréciée. Je réponds à son baiser avec intensité. Parce que chaque geste qu'il fait pour moi nourrit cette addiction incontrôlable qui m'habite.
Ses lèvres me quittent, ses doigts enlacent les miens et me guident jusqu'à la banquette. Maintenant j'ai l'impression que la situation s'est inversée. Je ne maîtrise plus rien et c'est lui qui me guide. Ce n'est pas si déplaisant de la part de Noah. Je ne saurai définir ce que nous sommes à l'heure actuelle. Il n'y a pas d'étiquette qui nous corresponde, mais je m'en fiche. On a pas besoin de ça pour s'apprécier. « Merci pour cette soirée... je crois que c'est ce dont j'avais besoin, Lisa n'est pas d'une compagnie aussi éclatante que la tienne. » Je m'assieds à côté de lui en souriant, chopant mon Coca sur la table, et en buvant une gorgée. « Roh, je suis sure que ta sœur est une nana géniale. » Je ris doucement parce que son compliment -tourné de manière anodine- est affreusement mignon. Je ne connais pas vraiment Lisa, mais de ce que je sais, elle est plutôt sympathique. Elle porte le même nom de famille de Noah, elle ne peut qu'avoir de bons gènes. « Puis finalement c'est à moi que la soirée fait plaisir aussi. » Je réponds avec un air amusé, en lui envoyant un petit coup de coude amical dans les côtes. Je ne vais pas mentir ; ce retournement de situation inattendu a rendu ma soirée beaucoup plus belle. Et ce baiser restera inoubliable