HUITIEME INTRIGUE ♫ LE COACHELLA activités du festival : PANNE DU CÔTÉ DE LA GRANDE ROUE.

La grande roue. Il pose ses yeux dessus avec un regard triste. Il vient seulement de revenir au festival après l’enterrement de sa mère. Il n’était pas sûr de revenir à vrai dire, mais le travail l’aidait à ne pas penser. Il s’était désinscrit de la faculté avant de prendre la route. Une bonne chose de faite. C’est un poids en moins mine de rien. Il n’aurait pas supporté les regards condescendants des collègues de sa mère. Appareil photo en main, il observe la foule devant lui et commence à prendre quelques clichés. Il a l’impression de faire un travail vide de sens et d’émotions. Vide comme lui à vrai dire. LE vent balaye sa chevelure dense et noire avant de le pousser à doucement soupirer. Il laisse son appareil pendre à son cou avant de fermer un peu plus son sweat et croiser ses bras. Il s’engouffre ensuite dans la première nacelle de vide, acquiesçant simplement d’un signe quand on lui demande si d’autres personnes peuvent se joindre à lui. Il pose ensuite sa tête contre la paroi de la cabine en laissant ses yeux vagabonder sur le paysage.

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Je ne sais pas pourquoi je suis ici, je ne suis pas particulièrement fan des manèges comme la grande roue. Je suis plutôt attiré par les grosses attractions qui offrent des sensations dignes de ce nom, dans une grande roue tu as le temps de te sentir mal dix fois si tu ne supportes pas le vide. Bon, je ne fais que de me plaindre depuis tout à l’heure mais si j’ai acheté un ticket pour rejoindre l’attraction c’est que j’y trouve aussi mon compte. J’ai envie de profiter du paysage, de découvrir d’éventuels coins inexplorés des environs et je n’ai pas trouvé de meilleurs moyens qu’en montant dans ce grand manège, celui qui est le plus haut ici, à Coachella. Je suis tout seul mais ça ne me fait rien, à mes yeux la grande roue est un manège qu’il faut faire en solitaire pour être vraiment concentré sur la vue, vous imaginez avec deux enfants à côté qu’il faut surveiller parce qu’ils se chamaillent ? Regarder où ils tendent le doigt pour ne pas les mettre en colère et toutes les bêtises du genre ? Passons, je me retrouve dans une nacelle à côté d’un asiatique (Hiroki) que je salue poliment du regard. « Rassure-moi, tu n’es pas du genre à vomir à cause de l’altitude ou un truc du genre ? »

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« Rassure-moi, tu n’es pas du genre à vomir à cause de l’altitude ou un truc du genre ? » Il hausse un sourcil en regardant le jeune homme qui s’installe à ses côtés. Il ne sait pas vraiment comment il doit prendre la remarque, ni comment il doit répondre. En ce moment, il est tellement du genre à ignorer tout le monde. Il croise ses bras et pose sa tête contre la vitre pour ne plus avoir à le regarder alors que la porte de la nacelle est fermée et qu’ils commencent alors à se mettre en route dans leur ascension un peu folle. « Si j’étais du genre à finir malade par l’altitude ou les manèges, je ne serais pas venu ici il me semble. A moins d’être maso ou complètement con. » De franc, il est devenu piquant. Il n’a jamais cherché à méchant mais il ne sait pas comment réagir en ce moment. Tout dans sa vie se situe dans un épais brouillard de colère, de douleur et de chagrin. Il soupire tout en fixant la vue que leurs offre la grande roue dans un petit soupir. « J’suppose que toi non plus, tu vomis pas du coup… »

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Il y a une bonne petite foule qui attend patiemment devant la grande roue, c’est ce qui m’oblige à prendre place à côté d’une autre personne. Non parce que je pense que j’aurais largement préféré m’offrir une virée en solitaire dans une nacelle mais bon, ce n’est pas parce que mon album est encore dans le top 10 des ventes américaines après cinq semaines d’exploitation et même encore premier dans cinq pays européens que je vais me comporter comme une diva. J’essaye plutôt d’être pris pour un simple citadin, pour le moment ça semble plutôt bien fonctionner, il n’y a qu’une dizaine de personnes qui m’ont reconnu et à qui j’ai gentiment expliqué qu’il fallait se montrer discret pour que je puisse profiter de ma soirée. C’est dingue ce que certains fans peuvent être compréhensifs parfois. Comme quoi, on peut toujours être surpris par les autres. « Si j’étais du genre à finir malade par l’altitude ou les manèges, je ne serais pas venu ici il me semble. A moins d’être maso ou complètement con. » En parlant de surprise, je ne pensais pas que l’asiatique installé à côté de moi me répondrait comme cela mais bon, ça donne le ton pour le tour à venir. « Tu serais étonné du nombre de personnes qui sont stupides selon ta théorie ! » Je soupire discrètement, je ne suis clairement pas d’humeur à échanger de manière houleuse avec lui alors autant se concentrer sur le paysage qu’offre ce tour de grande roue. « J’suppose que toi non plus, tu vomis pas du coup… » Mon sourire s’étire en vue de la connerie que je m’apprête à dire. « Tout dépend de mon taux d’alcoolémie. »

« Tu serais étonné du nombre de personnes qui sont stupides selon ta théorie ! » « Le monde est fou, c’est bien connu. » Il ne voit pas quoi dire d’autre à cela de toute façon. Il n’a pas envie de discuter. Il ne saurait pas quoi dire. Quelle idée de venir ici sérieusement. Il aurait dû s’abstenir et ne pas faire l’andouille plutôt que d’avoir à endurer ça. Il essaye néanmoins de se radoucir un peu. Après tout, entre son franc-parler et sa mauvaise humeur, il risque de ne pas être une bonne compagnie pour le jeune homme qui ne mérite pas vraiment ça. « Tout dépend de mon taux d’alcoolémie. » Entre la tête du jeune homme et son grand sourire plus la réponse, Hiro affiche un léger rictus d’amusement avant de se décoincer légèrement et de lui tendre la main pour paraître un peu plus sympa. « Hiroki…. » Il le regarde un moment en cherchant où il a bien pu le voir avant de faire une petite moue dans un soupir de découragement. « J’vous ai déjà vu quelque part… » Il tripote son appareil photo par nervosité avant de se souvenir. « Lewis Graham non ? Le chanteur ? » Il sourit en se rappelant. « J’ai fait des photos de votre concert. » Il lui montre son pass de photographe officiel.  

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