The fault is in our stars • Ayaki

Le vent. Il balaye sa chevelure dense. Le soleil. Il réchauffe encore sa peau. Les gens. Ils sont pressés comme des fourmis. Assis sur son vélo, il observe les alentours avant de poser un pied à terre. Comme c’est dur depuis qu’elle est morte. Il pensait se relever facilement, comme il l’a toujours fait. Mais non. La laisser. Quitter la maison. Déménager. Quitter la faculté. Sa vie vient de prendre un virage à 360° contre sa volonté. Il n’y était absolument pas préparé. Heureusement que RJ et Aaron sont là pour lui. L’un pour l’épauler et lui donner du travail, l’autre pour devenir son ami et colocataire. Sans eux, il ne sait pas où il serait à vrai dire. Il reprend sa route avant de garer son vélo devant une librairie assez connue des étudiants. Il aime venir ici. Il se souvient que sa mère lui parlait d’un livre à ne pas manquer. Il observe l’établissement un moment avant de rentrer à l’intérieur et de flâner le long des étagères à la recherche de « The fault is in our stars. » Pourquoi le lire après tout ? Il ne pourra pas lui en parler sauf en allant au cimetière. Et pourtant, il veut vraiment le prendre. Une fois en main, il continue de marcher dans les allées, il n’a rien d’autre à faire de toute façon. « Je reviens Aya-chan, attends-moi. » Son cœur manque un battement. Aya ? Est-ce que… ? Il s’arrête brutalement avant d’essayer de suivre la voix. Il croise une jeune femme avançant sans même lui adresser un regard. Il détourne la tête et remarque alors une silhouette qui lui semble si familière… Mon dieu. Aya… Il se mord la lèvre violemment avant de la frotter pour passer la douleur. Non, il ne semble pas rêver. Ses yeux s’inondent de larmes. Finalement, peut-être qu’un peu de bonheur. « Aya-chan ! » Il avance vers elle et l’enlace en faisant fit du fauteuil roulant sur le coup. Il est tellement heureux de pouvoir la retrouver. « Aya, ma Aya… » Il pleure, il ne sait pas retenir ses larmes. Mais en la sentant si froide, il se recule avant d’observer son visage et de se rendre compte de la personne face à lui. Il se fige avant de se reculer brutalement, un peu trop puisqu’il tombe le cul à terre, encore sous le choc. « Sumimasen…. » Il baisse la tête, encore sous le choc, les yeux toujours pleins de larmes.

« Oh non, ne t'excuse pas ! » La voix de la jeune femme résonne dans sa tête, pourtant, il n’arrive pas sortir de cet état à la fois de déception et de honte qu’il s’inflige comme on se donnerait une punition. Comment a-t-il pu croire un instant que le destin serait clément avec lui ? Sérieusement. Lui qui se pensait tout sauf naïf. Et pourtant, durant un bref instant, il a eu de l’espoir… un réel espoir d’avoir moins mal, de se sentir mieux, d’arrêter de broyer du noir. Il fixe la main tendue vers lui sent savoir quoi faire sur le coup. « Tout va bien, okay ? » Il déglutit lentement sa salive avant d’approcher sa main de la sienne, après tout, elle veut l’aider, il ne va pas la repousser non ? « Ça arrive à tout le monde de confondre une personne avec une autre ! » Sauf que pour le coup, c’est assez extraordinaire de se retrouver face à une Aya japonaise qui n’est pas SA Aya. Il se redresse doucement en lui tenant la main avant de la lâcher et d’essuyer ses yeux d’un revers de manche. « Désolé quand même… Je… Je suis pas comme ça normalement. » Il renifle et enterre ses mains dans ses poches sans oser la regarder pour autant. Elle ressemble à Aya, mais il sait que ce n’est pas elle. Il l’aurait reconnu. Il soupire longuement avant de se mettre assis en sentant ses jambes trembler doucement. Il passe sa main dans ses cheveux avant de se décider à croiser ses bras. Il observe alors la jeune femme, le fauteuil, son visage poupon. « C'est arrivé comment ? » Il la regarde sans rougir. « Si… si ça gêne, je comprendrais, ce n’est pas vraiment de la curiosité. C’est juste que je trouve ça affreux de voir une jeune femme coincée dans un fauteuil roulant. » Les injustices. Ce foutu monde ne semblait connaître que ça apparemment. Ça le répugnait de plus en plus. Il ne pouvait s’empêcher de la trouver belle à vrai dire. « Pardon…. Je m’appelle Hiroki. » Sagement, il lui tend la main, cette fois pour lui dire un bonjour correct.

Il la voit se reculer et esquiver cette main qu’il lui tend. Il voulait être gentil et non désobligeant, mais il se rend compte qu’avec ce qu’il lui arrive récemment, sa franchise devient dérangeante et lui retire tout le tact dont il a pu disposer un jour. Interloqué, il observe la jeune femme alors qu’elle redresse sa tête vers lui. Il se sent frissonner en comprenant qu’il a pu réellement la blesser. Après tout, qui aime parler de son handicap ? Lui, il déteste bien parler de son adoption. « Hey Hiro-chan. » Il reconnait bien là, la façon de s’exprimer d’une japonaise, il reste cependant surpris qu’elle ne dise pas : Hiro-kun. Ma foi, il ne cherche pas plus que ça à comprendre. « Cela ne te regarde pas Hiro-chan. Je m'excuse, mais je n'aime pas en parler, et encore moins à un gars qui m’a confondu avec une autre et qui a osé me toucher. Je dois y aller, désolée ! » Il hausse un sourcil avant de la regarder sans trop savoir quoi faire. Comment ne pas l’avoir confondu hein ? Lentement, il baisse ses yeux tout en serrant ses poings avant de détourner le regard. Le reflet qu’il voit dans les fenêtres de la librairie lui donne des frissons dans le dos. Il se sent comme un fantôme en ce moment. Finalement, il se décide à bouger et marcher rapidement pour la rattraper. D’une main avisée, il attrape une poignée du fauteuil pour l’arrêter. « Aya-chan attend… » Il la relâche doucement pour qu’elle ne se sente pas coincée. « Je suis désolé. » Il sait que c’est facile de l’être, mais il lui dit quand même avant de se mettre accroupi à ses côtés. « Sincèrement, c’était pas de la curiosité mal placée… J’ai juste… » Il soupire faiblement. « Je suis juste très franc et je dis tout ce qui me passe par la tête, j’ai pas imaginé sur le coup que ça pouvait te blesser, mais c’est ma faute. Pour ça, pour t’avoir confondu avec ma Aya… et pour être lamentable, je suis désolé…. » Il baisse légèrement sa tête avant de se redresse et de s’éloigner un peu d’elle. Si elle veut partir, il comprendra. De toute façon, ils ne sont que des inconnus l’un envers l’autre, pourquoi se retenir ?