▬ unwritten ▬ caden et vic.

Trop de monde. Beaucoup trop de monde. C’est ce qui ne cesse de se répéter dans ma tête alors que je danse comme si ma vie en dépendait. Comme ce soir était le dernier. C’est souvent comme cela que je vis, en réalité. Et je me délecte de savoir les étoiles au-dessus de moi, perdues sur le firmament de cette nuit noire qui accueille les destins croisés de toutes ces personnes venues oublier une part de leur vie ici, à ce festival où tout est possible. Je réalise bien vite qu’ayant la tête constamment dans les nuages j’ai perdu mes amies de vue, mais c’est presque normal dans le fond. C’est la folie de l’instant qui appelle à se déplacer, à voir plus grand, à perdre les gens pour en trouver des nouveaux. Le problème c’est que c’est un homme qui me trouve et si je suis habituellement ouverte aux nouvelles personnes qui pourraient entrer dans ma vie, je ressens parfaitement que je ne dois pas l’être ici. Ses mains se posent sur moi, insistantes, déjà. J’ai la nausée à l’idée qu’il puisse accentuer. Ce qu’il fait. Son corps contre le mien, et je le repousse en vain. Je ne prévois pas la chose avant de la voir arriver, un de ses amis arrive par l’autre côté et je l’entends prononcer. « Viens, on va plus loin, on va te faire visiter le coin. » Et je le refuse d’un hochement de tête décidé. Mais mon corps ne suit pas, frêle face à deux hommes comme ceux-là. « Sortons d’ici. » Et cette fois je hurle que je ne veux pas, cependant les mains du premier se referment sur mes poignets. Celles du second se glissent sur mes épaules, bienveillant aux yeux des gens, dangereux pour moi. Alors mes jambes suivent le mouvement des leurs et sans avoir le temps de réfléchir plus que cela, je me retrouve hors de la salle, juste comme ça. « Je vais rentrer, je crois. » Ils me lancent deux sourires qui veulent dire tout le contraire. « Lâchez-moi. » Et là ils rient, comme rarement on le fait, juste avant de commencer à me toucher. « Parce que tu crois que tu as le choix ? » Je ne l’ai pas, je le sais, je suis fichue, perdue et quand mes yeux se perdent dans les environs je réalise surtout, que je suis seule et eux, à l’évidence, affamés.

Encore une fête. Je ne peux même plus les compter. Ce soir, c’est entre potes. Il est fort probable que je ne trouve pas une demoiselle qui veuille bien m’accompagner. Surtout quand on crie fort comme des cons, c’est débile mais hilarant ! Je me laisse emporter par la soirée mais au bout d’un moment, j’ai un petit coup de mou ! Je sors une cigarette pour me détendre, et récupérer l’énergie. Ils dansent tous mais je les rejoindrais. C’est alors que mes yeux se posent sur une jolie fille. Ses hanches, sa façon de danser, ses cheveux… J’ai l’impression de les connaitre. Mais ma vision est obscurcie par la présence d’un homme qui s’incruste avec elle. Je me sens irrité de voir ça, j’aurais bien aimé reconnaitre cette fille. J’aurais aimé abandonner, me dire que ce n’est pas la fin du monde mais même si je peux être un connard avec une femme, je n’aime pas ce qui s’offre à mon regard. Deux hommes sur une même fille, elle n’est même pas consentante. Personne ne remarque la scène, soit ils ont trop bu, trop fumé ou sont trop loin pour faire attention. C’est alors que je vois son visage. Putain, pas elle ! Pas que je ne bougerais pas mon cul pour une autre, mais de voir Victoire, je me sens totalement bouleversé. Je bouge mon cul directement, ma motivation à casser la gueule à ces deux-là est encore plus intense. Je bouscule des gens, ils crient mais je m’en moque. Même les filles qui se présentent à moi, je m’en tape. Je passe à côté et pousse la porte pour rejoindre Victoire et deux connards. Ils me remarquent et automatiquement, un d’eux lâche l’affaire. Il s’approche de moi pour me rembarrer et dire de me casser. Mais c’est un automatisme, mon front frappe son visage d’un coup violent. Je me sens nauséeux sur l’instant. Cependant, l’autre se ramène alerté par l’autre qui saignait du nez en se plaignant qu’il avait le nez cassé. Mais je marche en sa direction, l’attrape par le col pour lui mettre mon genou directement dans son service trois pièces avant de le jeter parterre. Je regarde Victoire, essayant de me justifier. « Disons que…  la jalousie nous fait faire des trucs stupides. » J’essaie de faire de l’humour pour la réconforte mais bon. Ce n’est pas ça qui va la sortir de là. Je m’approche d’elle. « Allez, viens, ça pue trop ici. » J’attrape sa main succinctement pour glisser mon bras dans son dos et la guider vers la sortie. Je l’emmène plus loin, près de l’entrée des toilettes. Au cas où. J’approche ma main pour glisser une mèche derrière son oreille. Quand je la regarde, je repense à la dernière que je l’ai vu. Ma main glisse sur sa joue, putain… Dire qu’elle se montre inaccessible. « Tu es une fille plutôt farouche à séduire, on dirait bien… Si je ne peux pas avoir ton numéro pour te revoir, ça ne m’étonne pas que tu ne voulais pas de ces pd ! » Toute façon, elle ne veut personne qui la séduise. Elle a juste envie de s’amuser, même pas pour… Non, je n’ai pas envie d’y penser. De la regarder, j’ai l’impression que tous les sentiments que je ressentais au feu de camps, quand je lui ai enfin parlé, remontent à la surface. Ça me perturbe… sans parler du léger mal de tête à cause du coup que j’ai mis à l’autre. Ma main quitte le visage de Victoire pour me masser le front.

A l’intérieur de mon estomac je sens la peur monter petit à petit. Je cherche un moyen de m’échapper, n’importe quoi. Mais rien ne me vient à l’esprit. Ils sont deux, je suis seule, assez grands et capables de me maitriser quoi je pourrai faire, je le sais. J’essaie de ne pas trembler, rester fière en toutes circonstances. Moi qui croit comme une enfant que le genre humain vaut la peine d’être sauvé, il y a des soirées comme celle-là qui me font penser tout le contraire et que rien ne reste mis à part le mauvais. Et quand je vois l’un d’eux s’éloigner, je réalise que ma solitude est à présent terminée. Malgré la nuit et les gestes rapides qu’ils entreprennent je crois reconnaitre celui qui est, ce soir, mon sauveur. Caden. Un soulagement se transmet dans mon corps tout entier, laissant la peur aux oubliettes avec le reste. Pour le coup, j’en souris presque, mais une chose est sure, je soupire fortement, pose mes mains sur mes cuisses tandis que Caden me libère de ceux qui comptaient me maltraiter. Je me redresse un peu lorsqu’ils s’approchent encore et en attrape un par le pli de son-t-shirt. « Disons que… la jalousie nous fait faire des trucs stupides. » Cette fois je ne me force pas, je souris, clairement, parce que je sais parfaitement que puisqu’il est là, tout ira bien. Oui, tout ira. Un coup bien placé vers un des mecs qui recule finalement, et mes yeux presque émerveillés à l’encontre de celui qui est venu me défendre. Il approche finalement de moi, et je défaille vraiment, croyez-moi. Quand sa main se glisse dans la mienne, son corps se rapproche du mien, me soutenant tant bien que mal, et moi j’ai la nausée, je le sais. « Allez, viens, ça pue trop ici. » J’approuve complétement, me laissant guider par ses pas, à ses côtés, il nous dirige vers les toilettes et en silence je le remercie. Sans que je ne le vois venir, on s’arrête et sa main vient m’offrir un geste tendre, replaçant mes cheveux, caressant ma peau, je lui offre un sourire timide. « Tu es une fille plutôt farouche à séduire, on dirait bien… Si je ne peux pas avoir ton numéro pour te revoir, ça ne m’étonne pas que tu ne voulais pas de ces pd ! » J’abaisse mes paupières quelques secondes, à la limite de la gêne sans savoir quoi réellement lui répondre. Le fait est que je n’ai jamais su où j’en étais, que je me cherche sans savoir comment me trouver. « Mhm … » Finalement sa main trouve son front avec lequel il a frappé, je soupire quand je croise ses prunelles et ne sait pas vraiment quoi ajouter. Délicatement je pose une de mes mains sur ses hanches, le souffle un peu court, je me perds je ne sais comment, mais je le fais en faisant des gestes que je n’aurai pas osé si ne nous étions pas retrouver dans ces circonstances, enfin, je ne sais pas, on ne saura jamais je crois. Mon autre main repousse celle dont il se servait pour se frotter le front, et poursuit sa route afin de le forcer à s’abaisser un peu vers moi. J’incline son visage, me mets sur la pointe des pieds, et je vais poser mes lèvres sur son front, tout aussi doucement que mes précédents gestes, emplit d’une tendresse que je lui offre sans la penser. « Merci. » Prononce ma voix dans un murmure, juste avant de m’éloigner et de lui sourire, vraiment cette fois. « Et puis, tu ne m’as jamais demandé mon numéro Caden, tu sais. » Je me sers de l’humour moi aussi, avant de faire quelques pas vers les toilettes. « Tu m’attends le temps que je reprenne un peu mes esprits ? » J’espère oui, qu’il le fera.

Il y a une chose qui me dérange, c’est de jouer les chevaliers servants. J’ai toujours la crainte de me retrouver à nouveau en face et cette fois-ci, en minorité de force. Il faut dire que je tenais à ma vie, mais bon, je ne peux pas laisser faire ça. Et j’avoue que je suis un peu jaloux. Victoire est une fille pour qui j’ai pu ressentir bien plus que pour une autre, avec qui j’ai espéré et même je me disais que je pouvais me poser. Je ne me rendais pas compte qu’il fallait plus qu’une soirée pour plaire à une fille. Maintenant, je suis plus sur elle mais j’ai un petit fond de regrets. Elle est mignonne quand même.
Mais j’ai autre chose en tête et rien d’agréable. Un léger mal de tête. D’habitude, je ne frappe pas avec la tête, je tiens à préserver mes neurones. En dehors de mes études, mon cerveau n’a pas envie de réfléchir, j’ai agis bêtement. Tant pis pour moi… Enfin… je change bien d’avis quand Victoire décide de poser ses lèvres sur mon front. Je ferme les yeux quelques secondes pour en profiter alors qu’elle me remerciait. « C’est rien. » répondis-je en posant mes yeux un peu plus sur elle. Ce serait mentir de dire que je ne la regarde pas.
« Et puis, tu ne m’as jamais demandé mon numéro Caden, tu sais. » Je ris spontanément en l’écoutant. Non mais elle… Je la regarde sévèrement – sans être sérieux dans le fond. J’ouvre la bouche pour me défendre : « C’est toi qui ne m’a pas laissé le temps ! » C’est vrai, après tout. On ne peut pas dire qu’elle soit facile à attraper, un peu comme une fumée qu’on essaie d’attraper… avec les mains. « Tu m’attends le temps que je reprenne un peu mes esprits ? » J’acquiesce.
« Je vais fumer une cigarette en attendant. Ne te fais pas trop longue. » dis-je pour la taquiner alors que je sortais mon paquet de cigarettes. Je glisse celle-ci entre mes lèvres avant de l’allumer. Je tapote le système d’incendie qui est complètement Hors Service. Il va falloir qu’ils changent ça mais dans un sens, ça m’arrange. Je peux fumer en attendant que la jeune femme revienne. Je me demandais justement ce qu’elle aura envie de faire. Vu ce qu’elle vient de vivre, elle voudra peut-être retourner chez elle. Ce que je comprendrais.
On verra bien. Adossé contre le mur, je suis bien sage. Bon par contre, si dans dix minutes, elle montre pas le bout de son nez, je risque de défoncer la porte… par inquiétude, on va dire.