ashlee ❝ come and get it ❞

Je suis postée devant la glace de ma chambre depuis un bon quart d'heure. J'ai mon jeans sur les fesses mais je suis toujours en soutien gorge et je regarde mon tatouage. Je me demande si c'est possible de le faire ôter sans avoir une grosse cicatrice sur le corps. Il doit faire quatre ou cinq centimètres tout au plus. À vrai dire, depuis que je l'ai découvert sur ma peau après une soirée bien arrosée pour fêter la fin des vacances, je ne l'ai jamais trop regardé. J'ai fais ce qu'il fallait faire, mettre de la pommade et tout ce qui va avec mais ça s'arrête là. La découverte de ce dessin a été assez traumatisante pour que je passe mes journées à le regarder, à l'examiner. Se faire dessiner une licorne sur le corps... Je rêve. Je ne m'en remets pas. Je fais toujours tout en y pensant quinze fois avant d'agir. Je fais rien sur un coup de tête parce que j'ai peur de regretter, de ne pas avoir pris toutes mes options une à une... Bref, quand je vois cette encre sur ma peau, je sais pourquoi je suis comme ça. Qu'est-ce que vont dire mes parents quand il sera l'heure d'aller au Mexique passer des vacances, qu'on ira à la plage et que je resterais habillée ? Ils vont me tuer, m'étriper et j'ai peur. Ils vont bien voir que ce n'est pas quelque chose de sérieux, de pensée et que je me suis fais avoir par ma jeunesse. Mais ils vont me passer un savon comme jamais ils ne l'ont fait. J'essaye de ne pas y penser mais c'est plus fort que moi. Je soupire et me dirige vers ma commode pour me trouver un haut. Je dois aller à la bibliothèque chercher un livre pour mon sujet d'exposé. Je ne suis pas sûre de tout ce que j'ai écris et je préfère donc vérifier cela de manière 'scientifique', d'être sûre de ne pas faire une connerie parce que là, je m'en voudrais toute la vie. Alors que je cherche le saint Grâal, j'entends une clé dans la serrure et je m'arrête en pleine action. Un cambrioleur. Mon cœur rate un battement ou deux et je tente de calmer mon rythme cardiaque. Je vais finir par faire un malaise ! Je me déplace derrière ma porte de chambre et attrape le balai qui s'y trouve. Je suis pas sûre que ça pourrait faire mal à qui que ce soit, surtout avec la force de mouche que j'ai mais bon. J'entends la serrure se déverrouiller et me dirige à toute allure, balai en l'air, sur la porte d'entrée. Mais quand je vois – ou plutôt reconnais – Ashley, je m'arrête net, les bras en l'air avec mon balai. Merde. J'ai l'air bien bête comme ça. Il va me prendre pour une folle. Je ris légèrement et pose le balai sur le sol. « J'ai cru que c'était un cambrioleur ! J'ai oublié que tu avais les clés » Et j'étais tellement perdue dans mes pensées que je n'y ai même pas pensé, justement ! J'ai aussi oublié de mettre un haut et je suis donc en sous vêtement et jeans devant mon meilleur ami. Je n'ai même pas le réflexe de ma cacher parce qu'il est gay et que je le sais. C'est pas comme s'il allait me sauter dessus et me violer non plus. « Attends je reviens » Oui, je vais quand même m'habiller. Je suis contente qu'il n'ait pas ramené Noam avec lui parce que bon, c'est toujours ma hantise. Il était son ami avant de devenir le mien.

J’ai rendez vous avec un mec. Oui. Un mec. Ok un pote. Mais j’aimerai bien qu’il y ait plus que ça. Je pense presque toujours comme ça pour tous mes potes, quand ils me plaisent, cela va sans dire. Aujourd’hui on va se voir juste tous les deux et je sais pas pourquoi je me fais tous ces films dans ma tête. Enfin, oui je sais très bien pourquoi. Parce que ça fait un moment que je suis célibataire maintenant et avoir un copain ce serait pas de refus. Avoir des bras qui me seraient destiné rien qu’à moi si j’ai envie de me blottir dedans.

Mon gaydar n’est pas très performant. Je ne sais jamais vraiment dire si untel l’est ou pas. Parce qu’il n’y a rien qui dise que quelqu’un est gay ou non. Il n’y a pas de signes distinctif à première vue. Ce type, je le connais depuis quelques semaines. On s’est rencontré à Coachella et on s’est rendu compte qu’on allait tous les deux à la même université. On a discuté un moment en buvant des bières. On a même été voir un show ensemble, rien que nous deux. Donc voilà je vois des signaux un peu partout où il n’y en a pas forcément. Parce que j’ai envie d’y croire. En même temps il ne sait pas que je suis gay donc ça n’aide pas non plus dans cette équation. Toujours est-il qu’on a prévu de se voir tous les deux aujourd’hui et j’arrive sur le lieu de rendez vous, le centre commercial. Je fronce le nez quand je vois qu’il arrive vers moi plus loin et qu’il n’est pas tout seul. Non il est avec sa copine. Bien sûr. Je ne sais pas ce que je fou la du coup. J’ai l’impression d’être la troisième roue du carrosse. On va boire un coup ensemble, je fais bonne figure mais je ne comprends vraiment rien à ce qui se passe. Au bout d’un moment ils m’expliquent ce qu’ils avaient en tête tous les deux et je suis choqué. Jamais je n’aurai cru que c’était de ça qu’il s’agissait. Ils me proposent un plan à trois.

« Hem… Hein ? Je… Un truc à trois ? »

Je suis vraiment très surpris et je ferai mieux de garder ma bouche fermé plutôt que d’essayer de former une phrase. J’ai plein de truc qui me viennent en tête mais une chose est sûr, je n’ai pas envie d’un truc insignifiant et tout laisse à penser que ce sera complètement insignifiant, du moins pour eux. Je comprends même pas comment ils ont pu penser que je serai intéressé. Enfin, je leur fausse compagnie assez rapidement après avoir refusé leur proposition et je commence à marcher. Je me rends compte que j’ai une belle envie de pisser et que j’en ai pour un moment avant d’arriver chez moi.

L’univers est avec moi quand je réalise que je suis pas loin de chez Bailee. Oui je suis un mec et je pourrais pisser dans un coin dans la rue, mais non. Je n’ai pas envie qu’on risque de me voir. Ca ferait pervers quand même. Alors je prends la direction de chez mon amie, je sors mon trousseau de clé où celle de chez elle se trouve aussi. J’entre et je sursaute en la voyant prête à me frapper avec un balai. Elle est en soutien gorge et je remarque tout de suite le tatouage.

« Désolé, j’ai pas pensé à frapper j’ai une urgente envie de pisser. »

Alors qu’elle me dit qu’elle revient je file de mon côté à la salle de bain pour me soulager. Je laisse la porte ouverte parce que je suis très pressé et puis je sais bien qu’elle va pas venir assister au spectacle.

« C’est quoi ce tatouage que t’as ? »

Je parle un peu plus fort pour qu’elle m’entende d’où elle se trouve. Je termine de pisser, me lave les mains et je retourne dans la pièce principale.

« T’as fait des bêtises toi non ? »

Je fais bien sûr référence à son tatouage. J’ai un sourire très amusé aux lèvres. Ca m’étonne qu’elle ait osé. Je n’ai pas bien pu voir ce qu’il représentait et je suis bien curieux maintenant.

Je mets toujours les clés sur la porte parce que mon père ne cesse de me répéter qu'il faut faire attention et que, surtout, je suis une jeune fille seule dans une grande ville. Non, il n'essaye à peine pas de me faire flipper comme pas possible. Il est juste prévoyant, un peu trop d'ailleurs mais quand j'entends une clé dans ma serrure, ça me fait paniquer. Je ne prends même pas la peine d'enfiler un tshirt et fonce sur l'intru. Intru qui n'en est pas tellement un parce qu'Ashley est mon ami, mon meilleur ami qui plus est. « Désolé, j’ai pas pensé à frapper j’ai une urgente envie de pisser. » Je lève les yeux au ciel alors que je me dirige vers ma chambre plutôt rapidement. Il est peut être gay et tout ce qui va avec mais je n'aime pas me retrouver face à quelqu'un aussi peu vêtue, fille ou garçon. J'ai toujours eu des problèmes en sport à cause de ça quand j'étais à Londres. Me changer avec plein d'autres filles... Non merci. Je m'arrangeais toujours pour m'enfermer dans les toilettes et me changer le plus rapidement possible. Pourtant j'aime bien le sport. Mais me retrouver dans un état pire que vulnérable... Merci mais non merci. « J'avais oublié que mon appartement était un pipi room disponible quand tu le voulais » Bien entendu, je rigole. Il m'a fait peur mais je ne lui en veux pas. J'aurais fais pareil si j'avais été lui. Il n'allait pas attendre de rentrer, de risquer une douleur fort désagréable pour si peu. J'enfile un tshirt clair et un gilet fin par au dessus. Je me couvre toujours autant et c'est pas toujours facile de supporter ces degrès mais j'ai l'habitude après quatre ans ici. Puis, il faut quand même moi chaud qu'au Brésil. Et j'ai douillé pendant les vacances là haut. La chaleur était insoutenable ! « C’est quoi ce tatouage que t’as ? » Je déglutis avec difficulté et grimace. Il ne peut pas me voir et c'est tant mieux. Il l'a vu et je n'aime pas ça. Il va forcément dire quelque chose dessus et ça me tue. J'ai pas envie qu'il me critique ou se moque de moi... Bien qu'il aurait le droit de le faire et pas qu'un peu ! Qu'est-ce que j'ai été irréfléchie ce jour là... Plus jamais je ne bois ! Il y a une campagne Sober for October et je vais la faire ! Et la rallonger tous les mois. Je ne sais même pas si je peux le faire ôter sans avoir de cicatrice ou alors attaquer le tatoueur parce que je n'avais pas mes esprits ce soir là. Ça doit bien être possible ça non ? « T'as rêvé » Lançais-je d'une voix hésitante. Je ne sais pas mentir, ça s'entend et il ne va pas se gêner pour me le dire. Je me dirige vers la cuisine et sors deux verres. Il est peut être venu pour uriner mais il va rester un peu avec moi. Ash' est la seule personne à San Francisco qui arrive à me faire changer mes plans. Enfin, les bouger un petit peu parce que j'irais quand même bosser un peu, même si je dois le mettre dehors. On va pas abuser non plus. Je sors deux trois boissons fraiches ainsi qu'un bol de tomates cerises du frigo. Chez moi, pas de chips, pas de bonbons. Enfin si mais je n'en mange jamais et il connaît la cachette, le placard du diable comme j'aime l'appeler. « T’as fait des bêtises toi non ? » Je fronce les sourcils et me tourne légèrement pour le regarder. Je soupire et ouvre le coca light pour me servir un verre. Je lui sers aussi sa boisson et mets une tomate dans ma bouche. « J'ai bu » Ca risque de l'assomer. Et je suis sûre qu'il va être triste de ne pas avoir vu ça ! J'aurais préféré qu'il le voit, il m'aurait sûrement arrêté parce que là... Cette licorne me perturbe. Et c'est rien de le dire. « Une soirée entre nanas qui a mal tourné et je me suis fais un tatouage... T'y crois toi ? J'ai une licorne dans la peau » Le signe ne m'étonne qu'à moitié. J'aime bien tout ce qui est mignon... Et une licorne c'est mignon. Ça aurait pu être un chaton ou un cœur mais non, j'ai été dans l'extravagant. Je m'en veux tellement... Et je sens qu'Ashley ne va pas alléger ma conscience !

tatouage de cette taille. Pas de couleurs n'abusons pas huhu