INTRIGUE D'HALLOWEEN ۩ Soirée costumée à la Backer's House.

La fameuse soirée d'Halloween, enfin ! Je l'admets que je reste un grand gamin dès qu'il s'agit des fêtes de ce genre, et particulièrement Halloween. Pas pour les cochonneries qu'on avale sans s'arrêter, non ça c'est un argument de nanas, moi ce qui me plait c'est l'ambiance, faire sensation avec un déguisement et surtout... faire peur aux gens. Quelle meilleure source de plaisir que celle qu'on peut ressentir lorsque l'on voit nos amis avec la peur au visage ? Cela me fait en tout cas bien plus jubiler d'avance que toutes ces sucreries, à bon entendeur. J'arrive donc à la Backer's House déguisé en Dracula cette année, sous les conseils de ma petite soeur - pour une fois qu'ils étaient bons. Le bout de ma canne frappe contre le sol à chaque pas de plus que je fais, avançant jusqu'à la porte, jusqu'à cet homme à la hache. J'aime ça, de plus en plus. Le décor est parfait. La musique parvient déjà à mes oreilles et j'en frissonnerais presque de plaisir. La soirée va être énorme, je le sens. A pas lents je pénètre dans l'antre hantée et balaye du regard le corridor, sombre, poussiéreux, plein de toiles d'araignées ci-et-là. J'avance encore, entre dans le salon et cherche des têtes connues. Pour l'instant aucune. J'attrape donc un verre, en goûte le liquide. Du punch, mmmh. Alors que je suis dans un coin de la pièce, vide sans personne à mes côtés - tout du moins je le pensais - j'entends soudainement le parquet grincer derrière moi...

On a bien dit sept heures ? Environ. C'est le temps qu'on mit les filles du secteur d'art et cinématrographie pour maquiller mon corps entier avec le maquillage spécial cinéma afin de pouvoir ressembler à la star d'X-Men : Mystique. Je ne peux dire comment j'ai souffert, ce qui a été le pire entre le visage ou le reste du corps. Mais au final, le déguisement est plus que réussi, je sais que je pourrais remplacer l'actrice à la perfection ! (ahahahaha). Par contre, le chemin pour y aller, ce n'est pas la même chose. Je suis obligée de me balader à travers la ville, devant m'arrêter à plusieurs reprises pour être prise en photographie avec les passants. Dans un sens, c'était plutôt flatteur étant donné que le costume est plus réussi que certains. Car ce n'était pas une combinaison, seulement des sous-vêtements ajustés bien contre le corps et que du maquillage. Une fois devant la maison, je sentais le stress me monter petit à petit dans le corps. L'ambiance est vraiment... une réussite. Les sons sont si réels que j'y croirais presque. Bah oui, je sais que c'est une fête, que ce n'est pas vrai. Non ? Je n'en sais rien et je me retiens de rire lorsque l'homme à l'entrée prends mon invitation. « Pas mal le costume. » Il me retourne le compliment puis j'entre enfin. Il y a déjà du monde, ce qui n'est pas pour me déplaire. J'observe le décor, admirative des moyens qui peuvent être mis en œuvre pour le réalisme. Je fais un peu ma visite, sûre de moi au début, pour finalement me laisser prendre par l'ambiance et le décor. Je remarquais alors une énorme araignée. Une vraie, bien poilue, qui marche avec ses huit pattes... dans ma direction... je recule lentement au début, pensant pouvoir accélérer sauf que mon dos percute quelque chose... ou quelqu'un (Andy). Je me retourne soudainement et je me mets à crier ... par surprise. Je ne reconnais pas du tout cette personne jusqu'à ce que... « Andy ? » demandais-je surprise. Je respire fortement, encore sous la surprise... ou la peur ? Si seulement j'avais pas cette impression qu'il n'y avait pas quelque chose ou quelqu'un qui allait encore me faire peur, je me sentirais presque sereine de tomber sur mon ami.

« Un cœur qui a cessé de battre peut-il encore ce briser ? » Et cette rengaine hante mon esprit embué, une réplique d’un dessin dont je tire mon costume qui me semble approprié, je me marie avec la mort ce soir, l’épouse une nouvelle fois, l’accueille comme une vieille amie qui revient me voir parfois. Et elle m’attend, je le sais, elle m’attend depuis bien trop longtemps, patiente afin de m’inviter enfin à danser. J’ai choisi la maison hantée, comme j’aurai pu choisir un autre endroit, papa a crié « Ma fleur, fait attention à toi. » Et j’ai souris, et j’ai ris, j’ai fait semblant de vivre de la plus belle manière qui soit. Il a dit que j’étais belle et j’ai eu envie de lui signifier que je suis presque prête à être baiser. Il a dit que même abimée, une robe de mariée m’allait bien et qu’il se languissait, de voir un homme me chérir le temps d’une vie. Là j’ai pensé, que la vie tout entière n’est pas pour moi, il y a de gens qui sont fait pour n’être là qu’un temps. Je ne suis pas accompagnée pas la peine de faire comme si j’avais besoin de l’être et puis le plus important, je n’ai pas peur de cette soirée, bien au contraire, la maison hantée m’excite au plus haut point et je me sens d’humeur taquine, d’humeur presque coquine. Je veux valser, et c’est l’occasion de le faire ce soir puisque les déguisements permettent à nos âmes perverses de vivre une nuit sans penser à ce que demain sera, comme si personne n’existait vraiment puisque caché. J’aime assez l’idée, des frissons parcourent mon corps meurtrit quand j’entends une fille crier, j’aime tellement cette ambiance que je ne saurai comment l’expliquer. Et quand je m’approche du cri, j’entends une fille parler avec un garçon, entends son prénom et ne pouvant garder ma langue dans ma poche je me permets. « Je pensais moi, que c’était Dracula. » Ce n’est pas drôle si on ne joue pas le jeu, poupée, tu ne le sais pas ?

Ce grincement me plonge dans une ambiance de mystère, de suspense. Je plisse mes yeux, tente de deviner ce qui arrive derrière moi, non sans me retourner doucement, très doucement. Je n'ai même pas le temps de voir cette chose étrangère que déjà elle me bouscule et se met à crier. Être hypersensible que je suis - je vous rappelle que je suis un vampire cette nuit - je lève un peu le bras comme pour m'offusquer, mais mes yeux sont vite attirés par cette silhouette sombre, fort, fort étonnante. Je ne reconnais pas la personne, tout du moins pas avant que sa voix ne résonne à nouveau, plus doucement. Madison, c'est sa voix à elle. Il me faut un petit temps de vérification alors, car ce déguisement est totalement extraordinaire, ou devrais-je plutôt dire ce travail d'artiste. Attrapant du bout des doigts mes lunettes, je fais mine de l'inspecter, que dis-je, de l'admirer pendant quelques secondes, m'armant d'une aisance et d'une fluidité digne du plus grand des buveurs de sang. C'est à ce moment qu'une nouvelle voix (Violet) brise l'atmosphère obscure, je dévie mon regard vers elle en observant par-dessus mes lunettes. Une nouvelle fille, en robe de mariée, blanche, presque trop blanche pour Halloween. Si Madison et moi nous fondons bien dans le décor, cette jolie fille aux yeux transperçants a néanmoins tout pour se faire remarquer. Et à sa remarque, j'arbore un infime sourire en coin, avant de surélever mon chapeau. « Je préfère, merci. » Ce soir, Andreas n'est pas. Andy l'est encore moins. Je fixe cette mariée un instant, avec un vague air interrogateur. « Aurais-tu perdu ton époux quelque part ? » Parler à la façon d'un noble m'amuse, s'il y a bien un soir pour se foutre des qu'en dira-t-on, c'est ce soir. Jouons le jeu à fond, je suis un vampire après tout. Mon regard reste un long moment sur l'inconnue et je me permets ensuite, relativement discrètement, d'aller poser le bout de mon doigt sur le ventre de Madison, ou plutôt de Mystique, pour voir s'il s'agit de tissu ou de maquillage...

Une fois le choc passé, je me retenais de rire en voyant Andreas dans cette tenue. Pour ne pas dire, mourir de rire. Il faut dire qu’il est tellement original pour un vampire. Son costume est flashy mais dans un sens, c’est ce qui lui allait le plus. Je pensais avoir une confirmation, des fois que l’ambiance sombre me joue des tours. Mais une fille (Violet) vint à nous et me dit que c’est plutôt Dracula. Carrément, soyons fous. Quand Andy lui confirme, je ne peux pas m’empêcher de rire. « Bien. Dracula… » Je faisais une petite moue amusée avant de reporter mon regard sur la jeune femme. La robe de mariée. Elle n’est pas forcément le meilleur état mais elle est propre. Généralement, on utilise une robe ensanglantée et déchirée de toutes parts. Mais on doit être originale et cette fille l’est. Je me tins dans un petit silence quand Andreas demandait à la demoiselle où était son époux. Il n’a pas encore tout le ton d’un Dracula de l’époque mais il est très bon joueur. Je regarde alors un peu ailleurs pour voir les autres costumes. Je sursautais à nouveau. Andy pose ses doigts sur ma peau. Je ris : « Oui, Monsieur Dracula, c’est ma peau. Je suis presque nue et je me remets à peine du froid extérieur. » avouais-je amusée. Je regarde la mariée, histoire d’apprendre à la connaitre vu que de toute façon, je connais déjà Dracula, sous toutes ses formes. « ça te dit qu’on aille prendre un verre et à manger pour faire connaissance ? J’ai les crocs. Dracula pourra mordre à notre cou pour étancher sa soif. S’il a le courage de montrer ses jolis dents. » dis-je amusée. Je tire la langue en direction de mon ami.

Devant son miroir, Morgan mit le trait final à son maquillage de squelette. Il avait déjà enfilé son ample chemise qu’il avait préalablement déchirée et tachée de faux sang, de façon à ce que ça ressemble à des griffures. Pantalon et chaussures noires basiques, Morgan avait joué la carte de la sobriété, ou presque. Il attrapa son carton d’invitation, un sourire flottant sur ses lèvres. Ça allait être un soirée d’Halloween mémorable ! De nombreuses histoires circulaient sur cette demeure de Backer’s Street, et elles faisaient toutes froid dans le dos. Qui donc avait pu organiser une soirée d’Halloween là-dedans ? Mystère. Morgan enfila sa cape noire et quitta l’appartement de Eulalia qui avait accepté qu’il s’y prépare. Déjà la nuit était tombée, et Morgan ne tarda pas à rejoindre un groupe d’étudiant qui visiblement se dirigeaient vers la fameuse maison dite hantée. Avant d’entrer, il se stoppa le temps de jeter son mégot et de couvrir son visage d’un masque ne cachant qu’à demi son visage.

Sans hésiter, Morgan passa les grilles du manoir. Les histoires de fantôme, il n’y croyait pas. Mais il n’empêchait que l’ambiance était réellement glauque, et que les effets du joint qu’il venait de fumer la rendait probablement pire encore. Son regard se posa sur une poupée à moitié démembrée, abandonnée dans l’herbe. Visiblement, rien n’avait été laissé au hasard. Ses pas le menèrent jusqu’au perron dont le bois grinça sous son poids. Morgan donna son carton d’invitation au bourreau planté devant l’entrée, aussi sérieux que les soldats rouges de la garde de sa Majesté Royale d’Angleterre. Les toiles d’araignées paraissaient plus vraies que nature, une odeur de poussière chatouillait ses narines et des tapis délavés pendus aux murs cachaient probablement des nombreux secrets. Silencieux parmi les invités, Morgan se glissa dans la salle à manger dont la décoration était digne d’un film d’horreur. Il scruta les visages, mais certains étaient méconnaissables. Il remarqua alors un bien étrange trio. Un Dracula revisité (Andreas), une Mystique parfaite (Madison) et une mariée zombie (Violet). Un sourire aux lèvres, Morgan se servit un verre de punch rouge sang. Il était intrigué de savoir si la demoiselle déguisée en Mystique était en combinaison, ou en sous-vêtement. Bien décidé à le découvrir, il s’apprêta à l’aborder, mais lorsqu’il tourna des talons, il percuta une femme et lui renversa son verre dessus.

- Oh pardon ! S’exclama Morgan. Je suis vraiment désolé!

Il avait eu un large choix de costumes : vampire, loup-garou, sorcier voire même Frankenstein, mais aucun n’avait comblé Charly Von Bodman. Ce qu’il souhaitait avant tout, c’était faire peur. Quitte à se rendre à LA soirée de l’horreur par excellence, autant y aller en accord avec le thème et provoquer frissons, cris, surprises… Le jeune homme voulait quelque chose qui sorte de l’ordinaire, quelque chose d’inédit. Après de nombreuses recherches, il finit par trouver satisfaction. Il porterait les traits d’une créature dont il ignorait l’existence encore hier, une sorte de reptile surnaturel qui n’aspire qu’à tuer. Ça serait parfait ! Charly n’ayant pas la faculté d’être un maquilleur hors pair, il demanda secours à celle dont il était le plus proche : Ren. Comme si cette soirée était un moment capital, l’Allemand se montra particulièrement exigeant avec son amie. Les écailles maquillées sur une partie de son visage, de son cou et de son torse devaient être irréprochables. Il tenait absolument que cela soit réaliste, jusqu’à acheter des lentilles qui finirait son parfaitement son déguisement. Le Kanima de cette nuit ça serait bien lui.

Uniquement vêtu d’un jeans et d’un tee-shirt blanc déchiré à plusieurs endroits, Charly s’avança jusqu’à l’entrée de la terrifiante et célèbre Backer’s House. Une chose était certaine, personne ne pourrait reprocher aux organisateurs un certain laxisme sur la décoration des lieux. Ils avaient sorti le grand jeu, si bien que Charly se demanda presque si les toiles d’araignées n’étaient pas d’origine. Une fois à l’intérieur, le garçon fit le tour du propriétaire, curieux de savoir si cette soirée tiendrait ses promesses. Tel un enfant, il attendait qu’on le surprenne d’avantage, il attendait de terrifiantes surprises qui seraient à la hauteur de ses attentes et probablement de celles des autres convives. Ses fausses écailles bien en évidence, il sourit lorsque les regards se tournaient vers lui. Cette maison hantée accueillait déjà un bon nombre d’invités et leur manque d’originalité était frappant… Ils se ressemblaient tous, sauf deux filles. Une à la peau bleue (Madison), avec des formes mises en avant. Une autre, vêtue principalement de blanc (Violet), serait-elle la mariée maudite de la soirée ?

Les deux jeunes femmes avaient fières allures, presque autant que Charly. C’est pourquoi l’Allemand n’était pas étonné de les voir discuter avec son cousin (Andreas). Ce mec était décidément toujours bien entouré, quoiqu’il fasse. Le charme allemand, c’est l’arme fatale ! S’approchant du trio monstrueux que représentaient Andreas, la mariée et cette créature bleuâtre, Charly s’empressa de chambrer son cousin sur son choix de costume. « Klein, toi et ta belle gueule je vous voyais plus en Edward Cullen qu’en Dracula. » Il salua rapidement les jeunes femmes puis jeta un coup d’œil à sa montre, sa partenaire reptilienne ferait bientôt son entrée. Charly ayant eu un léger avant-goût du costume que porterait Ren, il avait hâte de la voir franchir les portes de la maison de l’horreur.