Mon cœur s’est emballé, trop vite, trop fort, j’ai perdu ma respiration, j’ai cru que c’était bon. J’ai tenté de rire, de rire aux éclats, de faire comme si c’était rien, qu’après tout ça ne devait se passer comme ça. Mais le rire m’a quitté, l’espoir aussi c’est vrai. Je me souviens de mon père qui m’a pris dans ses bras, il n’a pas appelé d’ambulance, n’a pas appelé les urgences. Deux jours que je suis là, en convalescence ou je ne sais quoi. Hier je n’avais pas le droit de me lever, aujourd’hui les battements se sont stabilisés. On n’est passé près du coma, c’est ce qu’ils ont dit quand j’ai ouvert les yeux et qu’ils ont expliqué le tout à papa. « Violet, si tu ne fais pas plus attention, tu mourras. » Ils ne prennent plus de pincettes, depuis quelques temps déjà. Mais j’ai hurlé, je leur ai demandé sans arrêt si je pouvais faire quelques pas. Sortir de ma chambre, faire comme si tout allait bien, comme si je n’étais pas un cadavre ambulant. Je veux juste avoir le droit de faire encore semblant. Après plusieurs négociations, j’ai eu le droit, je voulais fumer, mais ça ils n’ont pas accepté. Alors j’ai choisi de m’aventurer jusqu’au distributeur, et c’est donc derrière un homme que j’attends, en robe d’hôpital, j’ai quitté mon fauteuil roulant, pour ça aussi j’ai bataillé, mais je ne voulais pas me dire qu’on allait me voir comme ça, je garde ma fierté, malgré tout, malgré moi. Je soupire une fois, deux fois, impatiente pour rien, si ce n’est pour l’embêter. Quand il se retourne, je lui souris et d’une petite voix je lui dis « Je suis mourante et je n’ai pas d’argent. » Faire pitié j’ai horreur de ça, mais parfois ça me fait rire, juste comme ça.