But I know what you are, baby ! - Yuannia

Même si j'aimais pas la ville, il fallait quand même reconnaître que la propriété où vivait Gia transpirait la classe. J'étais conscient de la chance que j'avais d'être hébergé par la famille Leonetti et honnêtement, même si ça faisait déjà une quinzaine de jours que j'étais ici, je m'éclatais comme un gamin a utiliser tous les moyens technologiques que la villa proposait. La piscine ne m'impressionnait pas parce que bon, chez moi, on avait des bains thermaux cinq étoiles, mais par contre... elle avait une salle de cinéma au sous-sol, quoi ! UNE SALLE DE CINEMA ! Autant dire que je m'en étais donné à coeur joie, même si depuis jeudi, je passais plus de temps à réfléchir qu'autre chose. Ma rencontre avec Hiroki ne m'avait pas laissé indifférent, mais pour le moment, j'allais garder ça pour moi. J'appellerais mes parents pour hurler plus tard.

Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, j'avais décidé de sortir pour acheter de quoi faire moi-même le dinner... mais avant, fallait que je passe aux toilettes. « YUANN ?! » La voix de mon hôte me fit redresser la tête, mais elle me semblait trop loin pour que ça vaille la peine que je lui réponde tout de suite. Je finis par me relever et par tirer la chasse d'eau avant de me laver les mains, puis sortis de la salle de bain d'un air nonchalant afin de me diriger vers là d'où provenaient les cris. « YUANN, VIENS ICI TOUT DE SUITE ! » J'entrais dans le salon à cet instant précis, encore en train de rattacher ma ceinture, puis me figeais littéralement sur place en voyant la jeune femme à quatre pattes devant le canapé.  Non seulement ça, mais elle ... elle avait oublié de s'habiller ? Elle avait perdu ses vêtements ? Elle CHERCHAIT ses vêtements ? Mes grands yeux s'ouvrirent comme jamais. « What your doing ? » Malgré ma profession, je n'étais pas particulièrement à l'aise face à la nudité.

« Il va vraiment falloir que je t’apprennes à parler. Moi qui pensais que te donner des cours de langues ce serait bien plus sensuel que ça. Enfin… si tu comprends ce que je dis… » Au vu de sa posture et même si je n'avais pas capté le sens de toutes ses paroles en raison de la vitesse à laquelle elle causait, je crus quand même comprendre qu'elle s'attendait à autre chose avec ma venue à Los Angeles. Dieu sait quels fantasmes elle avait bien pu se mettre en tête... elle était complètement cinglée et c'est pas comme si je n'avais pas déjà remarqué sa tendance à séduire et à ramener des gens à la maison, mais franchement, même si c'était une belle femme occidentale, j'étais pas intéressé par les blondes. En plus, j'avais connu Gia quand elle avait encore des tresses et que les barbies l'intéressaient plus que les sous-vêtements, alors ça biaisais forcément un peu mon image de sa personne. À mes yeux, elle restait encore la fille que je poussais dans l'eau toute habillée pour m'amuser lorsque sa famille venait nous voir, celle qui me tirait les cheveux jusqu'à ce que je hurle et à cause de qui je me faisais toujours réprimander parce que je l'emmenais à l'aventure, grimper dans les arbres à l'extérieur du Ryokan. Nous avions cinq ans de différence, mais ça ne nous avait jamais empêché d'être en relation plus ou moins explosive jusqu'à ce que le temps passe et que je devienne plus réservé.

Bref, je suivis donc la demoiselle au petit trot jusqu'à sa chambre, râlant un peu en chemin, ceci jusqu'à finir sur le bord du lit sur lequel je décidais de me coucher sur le ventre, bras croisés sous mon menton et les jambes battant l'air. Elle me demanda comment j'allais en japonais et pour le coup, je saisis cette erreur de jugement de sa part pour lui balancer une phrase à toute vitesse dans la même langue, afin de me venger de son anglais chiant. « J'aiconnumieux, jem'ennuie, maisonfaitallerettoi ? » Un sourire provocateur apparut au coin de mes lèvres, rapidement masqué par une expression suspicieuse en voyant ses sous-vêtements. « It's for what ? » je baissais les yeux un peu plus bas. « Get something down... for that. » (à comprendre : mets quelque chose en bas pour cacher ça) Je pointais délibérément la cellulite quasi inexistante sur ses fesses pour l'énerver.

Non, en effet, ça n'allait pas du tout me calmer, bien au contraire. Son comportement à mon égard avait plus stimulé mon envie de jouer à la bagarre qu'autre chose, ceci presque aussi facilement qu'on excitait un chat en agitant un jouet au bout d'une ficelle devant son nez. Je roulais donc comme je pus sur le côté pour prendre un second oreiller et me défendre contre ses attaques, puis finis par éclater de rire. Elle avait l'air sérieuse dans ce qu'elle me racontait, en plus... mais c'était pas crédible lorsqu'on mettait ses paroles et son comportement en parallèle. Néanmoins, je finis par me calmer rapidement et la laissais retourner vers ses sous-vêtement.

Avant de quand même lui lancer l'oreiller que je tenais à la figure.

Et finalement je me rassis, silencieux et sage, puis pointais l'ensemble rouge du doigt. En quoi ça pourrait bien lui servir, cependant? Elle allait draguer quelqu'un? Bwah... je soupirais à cette simple idée. Même pas envie de lui poser la question, ça me semblait logique qu'elle cherche à se faire belle si elle comptait aller à un rencard, à moins qu'elle soit simplement une fétichiste de la lingerie. Allez savoir. J'avais donc repris un peu de contenance, voir beaucoup, mais en remettant une mèche de cheveux trop longue derrière mon oreille, je sentis tout à coup que quelque chose n'allait pas chez Gia. Il ne fallait pas s'inquiéter... ça me prenait souvent, comme ça, de percevoir lorsqu'il y avait des sentiments négatifs (ou positifs) chez les autres ou dans un lieu. Je fronçais donc légèrement les sourcils en observant un peu mieux la blonde face à moi. « Qu'est-ce qui ne va pas? » Ma question était partie toute seule et avec un naturel presque déroutant pour quelqu'un qui n'aurait pas été... disons "habitué" à ma sensibilité exacerbée, mais j'avais encore un peu de mal à simplement fermer ma gueule et fermer les yeux dans ce genre de circonstances. Je savais bien, pourtant, que c'était pas considéré comme étant "normal" de savoir ce que ressentaient les gens ou tout du moins de savoir les émotions qu'ils trainaient en eux et qui modifiaient leurs énergies vitales.

Oh, Gia, mais est-ce que tu te rends compte de ce que tu es en train de faire, là ? J'avais certes l'habitude de voir des gens plus ou moins dénudés dans le cadre du Ryokan familial ou sur ma table de massage, mais là, je ne sais pas, c'était un peu bizarre. Je tâchais donc de la regarder de mon mieux dans les yeux pendant qu'elle me parlait, mais je continuais de trouver cette situation franchement bizarre. Encore, les sous-vêtements, je veux bien, mais qu'elle ne se mette pas à poil comme ça, bon sang. « Oh... » Je n'avais pas tout comprit, elle parlait trop vite, mais je saisissais le concept : après son agression, la jeune femme avait décidé de se reprendre en main et j'avais bien noté que ça la rendait un peu nerveuse, tout ça. Normal... on doit tous grandir un jour. Pas trop, pas à l'intérieur de nous, mais juste un peu s'assagir pour faire face aux difficultés de la vie. J'opinais un peu de la tête en voyant sa " tenue " qui me semblait correcte – ouais, elle était carrément correcte, en fait, si vous voyez ce que je veux dire... –, puis me redressais un peu lorsque Gia monta sur le lit. Je ne comprenais pas trop son attention et m'apprêtais à me défendre au cas où elle voulait me frapper ou me donner un coup de pied, mais ce ne fut pas le cas. Mademoiselle s'allongea simplement sur moi en s'agrippant à mon corps comme un petit Koala.

Et là, juste à ce moment là, je me demandais combien de mecs auraient voulu être à ma place. Mes paupières se fermèrent, je rougis un peu sous mes longues mèches aux reflets roux. Deux enfants. C'était rien de plus qu'une scène entre deux enfants. « Les gens regardent pas sous la chemise, hein... » Je soupirais. C'était difficile de trouver mes mots. « C'est ton attitude, fais bien. » Je tournais la tête sur le côté afin de pouvoir la regarder du coin de l'oeil, puis souris un peu avant de pousser sur mes genoux pour la faire légèrement décoller de mon dos une ou deux fois, histoire de m'amuser un coup.  

Gia était un sacré numéro, quand même. Une chance qu'elle ne soit pas mon genre dans l'absolu... parce c'était peut-être ce qui me permettait de tolérer notre proximité. Dans une autre situation, j'aurais clairement pété un câble en reprenant des distances aussitôt qu'elle avait un peu dépassé mes limites, mais là, ça allait encore, bien qu'il n'aurait pas fallut qu'elle insiste. Heureusement pour nous deux, je n'étais pas le seul à m'en rendre compte. La demoiselle ne tarda pas à quitter mon dos en remarquant qu'il y avait un truc louche et je ne pus m'empêcher de soupirer face à sa réaction. « Pourquoi j’ai toujours envie de me taper un mec quand il y a un minimum de proximité … » Taper les mecs ? Je savais qu'elle était violente, mais quand même. « Je veux changer mais c’est tellement dur. J’ai toujours ressenti le besoin qu’un homme me regarde, m’apprécie plus que toutes les autres. » Ou alors j'avais mal compris la phrase d'avant... oui, ça devait être ça. Elle parlait d'attirance sexuelle, hein ? Je n'étais pas étonné... c'était l'énergie qu'elle dégageait en permanence... malheureusement, je ne savais pas trop comment l'aider à ce sujet-là. « Peut-être que je deviens trop vieille… D’ici quelques années, je serais pu bonne à regarder alors je me jette sur tous les hommes… je n’en sais rien… C’est déprimant… » Je l'écoutais attentivement avant de me rasseoir et d'attacher mes cheveux, puis finis par me lever du lit, tout simplement, me dirigeant ensuite vers le garde-robe pour commencer à chercher des vêtements qui iraient à la jeune femme. Sa collection de vêtements était impressionnante, y'a pas à dire, mais je finirais bien par dégoter un truc correct pour son entretien qui n'allait pas trop la sexualiser. S'il fallait qu'elle dégage un truc un peu sérieux... ah, voila. Je retirais une chemise satinée d'un cintre ainsi qu'une jupe taille haute, puis jetais le tout en direction de l'italienne, jaugeant ensuite cette dernière du regard avec un sourcil relevé et les mains posées sur mes hanches. « Regarde-toi dans un miroir et arrête de me casser les oreilles avec tes problèmes de fille ! » Je soupirais un peu. « Y'a plein de laides qui ont marié, toi tu es jolie. Tu te compliques la tête avec des problèmes de self-confidence pour rien. » Et j'étais certain qu'accomplir des choses, grandir, s'émanciper un peu de son rôle d'adolescente comme elle commençait à le faire en ce moment allait grandement l'aider à atténuer ses soucis. Si elle se rendait compte de sa valeur, peut-être qu'elle cesserait de courir après les autres.  

Fiancée... ouais, si on veut. C'était quand même un mariage arrangé, donc ça ne comptait pas à mes yeux. Je ne connaissais pas suffisamment Gia pour savoir quoi lui dire de plus concernant ses soucis avec les hommes, alors je finis par me taire, choisissant de l'aider autrement en lui trouvant une tenue pour son rendez-vous. Un léger sourire s'afficha sur mon visage lorsqu'elle sembla satisfaite de son reflet dans le miroir et je prêtais l'oreille à sa dernière remarque concernant le fait qu'elle allait exploser si ses efforts ne payaient pas pour sa dernière tentative. Ca n'avait pas l'air simple, tout ça, décidément... à tel point que j'en lâchais un soupir de fatigue, rien qu'à l'idée d'imaginer les complications dans sa tête.

J'allais peut-être paraître un peu cliché, pour le coup, mais les relations amoureuses et moi, on s'intéressaient pas l'un-l'autre. Je ne les recherchais pas et elles ne me couraient pas derrière non plus, du coup... j'avais du mal à comprendre mon amie, il faut bien l'avouer. Du mal à comprendre l'importance qu'elle accordait à tout ça, alors qu'il existait tout un tas d'autres choses dans la vie. « S'il faut taper quelqu'un, tu me dis. » Je lui glissais un regard entendu. Je sais bien que je ne devais pas forcément en avoir l'air, à priori, avec ma taille et mon gabarit, mais il valait mieux éviter de me provoquer en combat parce que je savais mieux me battre qu'on le pensait. Sur ce point-là, j'avais grandement confiance en mes capacités, d'ailleurs, et j'allais pas le cacher. Enfin bref, quoi qu'il en soit, Gia termina de se préparer et je levais un pouce pour lui indiquer que sa tenue était au top, puis l'accompagnais jusqu'à l'extérieur avant de retourner à mes affaires.