INTRIGUE DE NOËL ❊ (TG) Le bal de Noël.

Enfilant sa robe ocre orangée foncée, le thème du bal était plus ou moins dans la thématique du simple. Tant mieux, elle n'avait pas de quoi se coiffer comme une duchesse et encore moins de se maquiller comme un voiture volée. Elle optait donc pour le simple comme le dress code l'exigeait. Elle accompagnait juste sa tenue d'une pochette noire de façon à pouvoir mettre ses petites affaires dedans et notamment son chéquier. Arrivée là-bas, c'est la première chose qu'Adélaïde faisait après s'être assurée qu'elle ne connaissait personne dans la salle. Elle ne tenait pas spécialement à ce qu'on renvoie dans le centre dès ce soir. Tandis que son enveloppe glissait dans l'urne, son regard se baladait dans la pièce, observant ici et là toute la différence entre ce monde et celui de dehors. La chaleur sur sa peau était réconfortante, assez pour la faire sourire et la changer de ces derniers jours. Ce soir, elle était elle, juste elle, cette petite fille de riche mais elle n'était plus Jane mais bien Adélaïde. Plus retenue dans son comportement envers les hommes, avec toujours son mauvais caractère et sa répartie légendaire, mais plus fragile, certes. Elle voulait juste profiter de la soirée, ne penser à rien d'autre, se reconnecter à son monde tout en échappant à son quotidien actuel. Bien que stabilisée par des médicaments qu'elle avait pris soin de voler au centre et d'avaler ce matin même, cela ne l'empêchait pas de boire de l'alcool tant que c'était raisonnable. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle se dirigeait vers le fameux open bar, attrapant un verre libre qu'elle portait immédiatement à ses lèvres tout en observant chaque visage qu'elle croisait, prête à fuir si un trop connu se présentait à elle.

Bal de Noël

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Quelle meilleure raison pourrais-je avoir pour éviter la fête familiale pour Noël que d’aller au Bal ? A vrai dire, j’en trouvais tellement plein. Et ce fut tellement improvisé que je n’ai même pas eu le temps de me trouver une cavalière. Il faut dire que je suis tellement loin de penser à tout cela, j’aurais bien invité Héloïse mais je dois dire que je n’ai pas osé. Surtout le jour-même que ça a lieu. Je me dégotais dans mes affaires une tenue qui irait parfaitement dans le thème de la soirée. Par chance, ma mère achetait une tonne de vêtements pour des soirées que je ne passais jamais. Un ensemble noir avec des chaussures en cuir marron et une chemise marron comme le demande la thématique de la soirée. Serein, j’entrais dans le Braxas Hotel, fus surpris par l’arrivée des gens et me décida à laisser un chèque généreux pour le projet associatif de la soirée ainsi que pour payer mon entrée, évidemment. Et là, le spectacle s’offre à moi, des projecteurs, du monde, tout ce qu’il faut pour que je trouve discussion à faire, je ne serais pas seul ce soir. Non… plus jamais je ne le serais. J’attrapais une coupe de champagne et en buvais le contenu tout en faisant le tour de la soirée à la recherche d’une tête connue. Bien évidemment, il y en avait mais les gens sont accompagnés par des inconnus, alors je n’ose pas. Et il y a cette fille, cette chevelure chatoyante, ces jambes immenses, cette peau dorée. Elle attire le regard de certains hommes, je le vois, de loin. Elle a aussi attiré le mien mais mon cœur s’est ravisé en reconnaissant ce visage. Elle… « Jane… »  murmurais-je. Couvert par la musique, je me doutais bien qu’elle ne m’a pas entendu. Trop de mois sont passés, trop de temps s’est écoulé depuis la dernière fois que je l’ai vu. C’était dans cette boite de nuit, où je l’ai embrassé, où elle a cherché à me rendre l’homme que je tendais à être en ce moment. La joie, la douleur, le bonheur, la tristesse. Tout se mélange. Mon amie est là, elle est mon soleil, elle ravive ma vie. Je ne suis pas amoureux, mais… seulement amoureux de sa personnalité, de la fraicheur qu’elle a apporté dans ma vie. Je pourrais dire que j’ai mis presque une seconde à la rejoindre, à glisser ma main sur son bras pour la saluer : « Bonsoir Jane. » Je suis tout sourire, loin de me douter de ce qu’il se cachait derrière ces mois d’absence… « Je suis si heureux de te revoir... » lançais-je aussitôt, trop bien lancé.

Touchée par l'attention de son meilleur ami, Charlotte tarde à décrocher son regard de la jolie fleur en guise de bracelet qu'il lui a offerte pour l'occasion. Elle le sait particulièrement attentionné en sa présence et cela lui fait toujours plaisir, c'est d'ailleurs difficile pour elle de s'en cacher. « J'imagine que le blanc va avec tout... mais même si elle n'avait pas été assortie à ma robe, je l'aurais quand même gardée. Attends, c'est trop d'honneur pour moi que d'être ta cavalière. » Elle est sincère, mais c'est bel et bien un sourire espiègle qui vient décorer ses lèvres quand elle croise le regard de Charly une dernière fois avant de se laisser guider jusqu'à l'entrée pour y glisser un chèque, et pour ensuite entrer dans la somptueuse salle de bal. En digne Française, Charlotte met toujours un point d'honneur à l'esthétique et à l'élégance, c'est pour cette raison qu'elle ne peut s'empêcher d'admirer son compagnon. A sa réponse, elle lève les yeux en l'air et hausse les épaules, feignant l'indifférence. « Ce n'est pas comme si je connaissais tous les Deltas. » Mais à n'en pas douter, de ceux qu'elle connait, il est celui qui a le plus de charme. Une assurance et un charisme fort qu'elle n'a pas, qu'elle ne lui envie pas mais qu'elle trouve cependant très, très attirants. Combien de filles réservées et sages comme elle rêvent d'être la cible d'hommes comme lui, après tout ? Ce n'est un mystère pour personne, sauf pour ces hommes, parfois... Heureuse contre lui, Charlotte laisse son regard observer les alentours et c'est à voix haute qu'elle questionne son ami à propos de Ren. Alors, elle aurait un copain. La blonde reste d'abord silencieuse, et même songeuse pendant un instant. Quand elle repose son attention sur Charly, elle le voit en train de tapoter sur son téléphone. Une petite grimace moqueuse prend place sur son visage tandis qu'elle lui donne un léger coup de hanche. « Tu sais que c'est malpoli de faire ça ? Méfie-toi, je connais tes parents, je pourrais leur faire un rapport détaillé de cette soirée. » Le regard faussement juge, elle finit par sourire et attraper un verre de champagne lorsqu'un serveur passe près d'eux. Elle en boit quelques gorgées et le repose rapidement sur une table avant de jeter un nouveau coup d'oeil à Charly, ou plutôt à son portable. « Tu vas me dire qui c'est, au moins ? J'ai des privilèges ce soir, monsieur. » Elle lève son poignet décoré de la fleur blanche et l'agite en l'air, avec un air malicieux.

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Comment un homme aussi séduisant, faisant parti d’une confrérie, aillant beaucoup d’amis peut-il se sentir aussi … malheureux ? Triste ? Je ne saurais pas définir la teneur du mal qui gangrénait son âme. Mais il peut s’assurer que je serais à ses côtés pour l’en guérir, de toutes les façons possibles que je connaisse. J’espérais être sur la bonne voie quand il m’affirmait que « non », mes talents sont présents mais… son mal trop grand pour en avoir été compensé. Ce qui me faisait sourire, c’est qu’il ne perdait pas de son assurance. Je ne manquais pas de rouler des yeux, j’ai bien envie de le calmer mais vu son état d’esprit, je préférais lui lancer quelques pics provocateurs quand l’ambiance sera à cela. Pour l’instant, je me laisse tenter par une coupe, en buvant presque la moitié. Presque entièrement s’il ne m’avait pas posé de questions. Je le regarde, interrogatrice. Je scrute la salle, à vrai dire, je ne saurais où donner de la tête : « Je ne reconnais pas grand monde pour l’instant. Mais tu es le plus beau, tu n’as pas à t’en faire. » Je repose mon regard sur mon cavalier qui semblait envoyer des messages avec quelqu’un, je fronçais des sourcils. Je tapotais son avant-bras pour le chambrer un peu : « Quel manque de délicatesse, je me sens négligée. » Je souriais, parce que le ton ne se prêtait pas du tout au reproche. Au contraire, ma main se glissait dans son dos, sous sa veste, et passait une caresse douce au travers de son haut. Coquine ? Totalement, je passais plus de temps à être nue à ses côtés que la plupart des femmes de sa vie, j’en suis certaine. « Tu sais, si c’est un garçon et je l’espère, un ami, qui est à la fête, on peut venir le voir ? Je veux bien rencontrer tes amis, sauf si tu as trop de honte de me présenter comme la blonde numéro 1 de ta vie… La meilleure des amies que tu peux avoir, sans me vanter, bien évidemment. Je ne voudrais pas éblouir tout le monde de mon sex appeal… ça pourrait finir en orgie générale… » Je tire la langue pour le taquiner et termine mon verre en essayant de voir les gens sans bouger de la compagnie de mon partenaire de ce soir. Allusion coquine, certes, je m’en fiche ! Nous sommes au XXIième siècle et c’était bien pire il y a deux mille ans de cela. Pourquoi me raviser ?

Appuyée contre le bar, elle finissait par se demander ce qu'elle foutait là finalement. Une fête pour les riches couverte par le soit disant soutien pour une cause charitable. Une fête sous la thématique du naturel et du "je montre pas que je suis riche" mais assez pour avoir accès à de la boisson à volonté, deux repas qui doivent coûter un bras chacun sans oublier la location de la salle et évidemment la somme d'argent énorme qui allait être récoltée. Fête hypocrite, me voilà. Étrangement Adélaïde ne se sentait pas spécialement à l'aise dans cet univers, posant alors son verre sur le bar prête à partir. Certes la chaleur du lieu était agréable, mais tant de faux semblants, tant d'artifices, ça lui rappelait combien elle s'était cachée derrière le masque de Jane, combien ça avait été ridicule et combien l’atterrissage dans la réalité des choses loin des paillettes avait été douloureux. Elle n'avait rien à faire ici, strictement rien. Tout n'était que mensonges dans cette pièce et elle ne voulait plus faire partie de ce monde, elle ne voulait plus faire semblant. Alors oui elle voulait partir, oui elle s'apprêtait à le faire puisque de toute façon elle était passée inaperçue, c'est du moins ce qu'elle pensait lorsqu'une voix familière s'élevait dans l'air et que son regard se posait sur ce visage. Winterbell... oh merde. Pauvre type. Pas dans le sens qu'il était idiot, crétin ou con, non. C'était un réel pauvre type qu'elle avait trainé et manipulé comme une poupée lorsqu'elle était l'autre. Mais ça, personne ne le savait, pas même lui, probablement persuadée d'être face à Jane la tigresse... « Salut Liam. » Un sourire aux lèvres, elle ne savait pas trop quoi lui dire à vrai dire. « Moi aussi je suis contente de te voir. Comment ça va? » Questions bateaux pour éviter la gêne, une technique répandue il parait.

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Je ne peux décrire le ravissement qui m’anime en ce moment même. Même si Jane m’a poussé à être une personne différente, ouverte, capable de devenir un homme parmi tous ceux qu’elle a pu connaitre, elle avait échoué là où Babylone réussissait en ce moment même. Je m’affirme…  Je me tente à être un futur chef de confrérie, chose dont j’espérais que ce soit le cas. J’ai envie de prouver au monde mes capacités réelles, que je pouvais être un homme moi aussi, pas seulement le suiveur que j’ai été durant toute ma vie. J’espérais pouvoir montrer cela à Jane. Lui montrer que je devenais un homme et que ça ne passait pas forcément par les plaisirs de la chair. Je lui souris, avec la plus grande gentillesse qui m’anime dans l’espoir de prendre de ses nouvelles. Au moins, qu’elle se tourne, me réponde en prononçant mon prénom prouvait qu’elle ne m’avait pas oublié la moindre du monde. Elle sait qui je suis. Jane avoue même être heureuse de me voir et prends de mes nouvelles, indirectement. « Je vais bien… plutôt bien… et toi ? » demandais-je en souriant. Je m’asseyais à ses côtés. Et puis, pourquoi ne pas commander un cocktail pour la demoiselle. Je n’ose pas… ça pourrait faire… me rendre… comme mes parents. Un serveur passa devant nous et je pris deux nouvelles coupes dont une que je tendais ensuite à Jane avec un petit sourire, un vrai. « ça fait longtemps… que tu as disparu… enfin… je ne te voyais plus depuis des mois et je ne connaissais personne pour savoir où tu étais, si tu allais bien. Je me sentais inquiété mais je t’avoue que je n’ai jamais osé… on se connait tellement peu que ça pourrait être présomptueux de ma part… »

Fuir. Aussi bien la pièce que son regard d'ailleurs. Adélaïde avait honte dans un sens. Honte de ce qu'elle lui avait montré d'elle, honte de ce qu'elle lui avait fait en quelque sorte. Elle ne l'avait pas forcé à faire quoi que ce soit mais elle l'avait fortement incité et poussé sur le chemin et rien que ça, même si Liam avait sut y résister (bien que simplement trop timide et coincé il y a quelques mois, certainement pas une question de résistance), ça la rendait malade. Malade du comportement qu'elle avait eu envers lui, dégoûtée d'elle-même et désolée de lui avoir fait subir cela, même si Liam ne semblait pas lui en vouloir pour venir ainsi  à sa rencontre. « Ca va oui. » Dans la mesure du possible, dans la mesure de sa situation en tout cas, elle ne pouvait pas se plaindre. Elle avait une chambre chaude depuis quelques heures, elle avait pu manger quelques friandises offertes par son hôtel et par dessus tout, le plus important, elle était stable, mentalement parlant. Prenant la coupe qu'il lui tendait, elle devait forcément s'attendre à ce qu'on lui demande ce genre de choses. Le souci étant qu'elle était loin d'être un discours préconçu dans sa tête et surtout loin de se douter qu'elle allait devoir le sortir aussi rapidement. Affichant un sourire rassurant après  quelques secondes de réflexion, elle finissait par lui répondre, sincèrement. « Je vais bien, tu le sais maintenant, t'as plus à t'inquiéter pour rien. J'avais besoin de me ressourcer et de me retrouver et c'est chose faite je pense. » Elle l'espérait en tout cas, du plus profond de son cœur.