Manque d'énergie. Manque de sourire. Manque de raison, de vie... Tout manque à tout. Je manque à ma vie.
Ce n'est pas la grande déprime, c'est le quotidien, la monotonie, l'alignement imperturbable des jours, des sourires, des silences. Les mots qui se poursuivent et ne signifient plus rien à trop se diluer. Je rentre de la boutique où j'ai regardé se pavaner des pimbêches riches, où je les ai aidées à faire des achats ridiculement chers, pour un salaire de misère. Ma vie m'échappe. Mes rêves la suivent.
Le sac dans lequel je range la robe griffée dans laquelle je travaille et les talons astronomiques qu'il me fait porter repose sur ma hanche, j'ai au bras un carton empli de légumes et de pâtes. Je tends la main pour trouver la clenche, je pousse le battant de la porte de la hanche et pivote sur mes talons pour entrer.
« Saluuut ! »
Un bonjour joyeux, un sourire aux lèvres, le menton relevé, les épaules droites, je rentre dans l'appartement que nous partageons. La porte non verrouillée ne laissait aucun doute, l'une de mes colocataire sera là, moi qui espérais un peu de solitude, un peu de silence.
J'aperçois, au travers d'une forêt de feuilles de persil le visage souriant d'Alice, je soulève une main, lui fait un signe, puis avance et pose mon fardeau sur la première surface plane disponible, avec un soupir exagéré. Puis je relève les yeux et mon regard accroche une chevelure blonde familière, un regard bien trop connu.
« Oh... Désolée... »
Je ne voulais pas déranger. Ces mots-là restent accrochés quelque part entre mes dents, ils refusent de résonner entre nous. Je veux les déranger. Les séparer. Les éloigner.J'ai peur. Je veux que jamais... Je deviens folle. Elles sont amies...
Meilleures amies... Je savais qu'un jour je les croiserais ensemble,je savais qu'un jour, elle serait là, assise dans cette pièce. Pas pour moi, non, pour Alice. Pour cette salope d'Alice que soudain je déteste, de façon déraisonnable, avec une violence folle.
Pour moi, tu ne viendrais pas t'asseoir... Même si j'osais demander.
Je serre les dents,je détourne le regard. Mes mains plongent dans les légumes achetés, les empilent dans mes bras, je balbutie une excuse, un mauvais prétexte. Je dois les mettre au frigo. Vite. Out de suite.
Je dois vous échapper. A toutes les deux. Avant d'avoir mal...
Avant d'avoir trop mal. Avant d'éclater.
En imprécations. En larmes.
De rire...
extensionauto_awesomeac_unitvolunteer_activismLola, quand elle voit une fille sexy