Au bord du gouffre, cette impression infernale de ne plus avoir de souffle. Je ne saurai dire combien j’ai pris, combien j’ai dansé, je ressens juste mon cœur battre jusque dans mes tympans. Je le sais, c’est puissant. Il sonne cette alarme suprême, celle qui me hurle que je suis allée trop loin, qu’avec un peu de chance je n’aurai pas de demain. J’ai mal, mal à en crever, j’ai du mal à marcher. Je ne sais plus où je suis et j’ai oublié. Volontairement, ou pas, je ne sais pas. Il y a quelques minutes encore je riais, à présent, c’est l’inverse, je cherche ma respiration, peu importe quelle direction. Comme pas souvent, j’ai peur. Constatant avec stupeur que j’ai bien trop réussie à maltraiter mon cœur.
Mon dos frappe contre un mur, sur lequel je m’appuie. Une main sur ma poitrine, je réalise que je suis seule, que je ne sais plus où sont mes amies, surement perdues dans cette foule à profiter de l’effet que la drogue peut leur procurer. Heureuses et en vie, inconscientes de ce que je suis. Mon autre main cherche de manière frénétique dans mon sac à main que j’ai encore avec moi, je ne saurai même pas dire comment ou pourquoi. Quand je trouve enfin mon téléphone portable, j’use de mes dernières forces afin de chercher dans le répertoire la seule personne susceptible de venir me chercher.
« Owen c’est moi … » Murmure faiblement ma voix dans le brouhaha. « Je … Je crois que j’ai fait une connerie. » Je voulais une vie sans espoir. Je voulais que tout s’arrête enfin, je voulais essayer de régler mes problèmes. Je voulais … « Je suis en train de crever, mon cœur veut pas se calmer. » Et c’est ce que j’ai cherché à ressentir. Risquer ma vie afin de me sentir renaitre. Risquer mon monde pour quelques moments de plénitude, quelques secondes. « Seextine night. C’est là que je suis. » Je ne saurais dire s’il me répond, s’il m’entend, mais mon portable fini par heurter le sol, explose en quelques morceaux. Je courbe le dos. « Dis papa, comment on fait, quand on réalise qu’on a trop joué ? Que la vie, à force de la torturer, elle finit toujours pas se venger ? Dis maman, je suis certaine que cette fois, tu ne pourras pas me sauver. » Mon dieu, pardonnez de ne jamais avoir prié, faites qu'il vienne me chercher.