Mon métier n’est certainement pas le plus intéressant au monde, mais il ne me déplait pas pour autant. Si je ne m’y retrouvais pas suffisamment, je pense que j’aurais déjà arrêté quitte à me retrouver dans une position indélicate financièrement parlant. Non, certains clients sont vraiment sympathiques et je dispose à présent de quelques fidèles qui refusent de passer à une autre caisse que la mienne lorsque je travaille. Rien que pour eux j’ai la pêche, de bonne humeur, le sourire aux lèvres. Je ne prête pas trop attention aux clients qui se montrent moins aimables avec nous, ceux qui commencent à nous insulter si la réduction ne fonctionne pas sur la machine ou s’ils ont un ticket chargé. Ce cas spécifique me fera toujours sourire d’ailleurs, personne ne leur a demandé d’acheter tous ces produits après tout, qu’ils ne soient pas surpris par la note, même si la vie devient de plus en plus coûteuse je l’entends.
« Au revoir, ça se dit Auf Wiedersehen en allemand. » J’écoute et prends note attentivement, ne me délestant jamais une seule seconde de mon sourire.
« Je n’ai jamais fait d’allemand mais, je tâcherais de m’en souvenir. » Pas sûr que ce soit le cas, mais on ne sait jamais. La jeune femme sourit à présent, son visage prend une toute autre dimension… Plus agréable !
« Je reviendrai demain. » J’acquiesce bien sagement, peut-être que nos chemins se recroiseront dans ce cas.
« A demain alors. » ~~~~~~ ~~~~~~ ~~~~~~ ~~~~~~
La nuit a été suffisamment longue pour que je sois en forme aujourd’hui. Il est rare que je sois fatigué et grincheux cela dit, ce n’est pas vraiment dans mes habitudes de me comporter ainsi. Au risque d’être détesté par certains, je suis plutôt du genre à toujours prendre sur moi pour être agréable. A toujours rechercher les points positifs plutôt que de me concentrer sur le négatif. Une fois ne fait pas coutume puisque je n’ai pas arrêté de courir depuis que j’ai commencé le service. Quatorze heures pile, je descends des bureaux, vêtu de ma veste au nom du magasin, équipé de mon badge et de la caisse à mon nom que je viens de récupérer à l’accueil. Le patron est d’humeur très moyenne, la faute à la petite nouvelle qui a fait une erreur de caisse de plusieurs dizaines de dollars. J’ai été chargé de recompter sa caisse avant de débuter la journée et il s’agissait au final uniquement d’une erreur de comptage. Il ne manque rien, pas même un cens.
Maintenant que j’ai rassuré mon boss, je rejoins les deux caissières présente à cette heure-ci, m’installant à la caisse numéro sept et débutant le comptage de mon fond de caisse. Quatre-vingt dollars dispersés en billets et en pièces. Parfait, je devrais avoir suffisamment pour rendre la monnaie un petit moment. Je me cambre sur le tapis roulant pour retirer la banderole qui indique que ma caisse est fermée et allume la borne au-dessus de cette dernière. Quelques secondes à peine après cela je retrouve mon premier client… Ou devrais-je dire MA.
« Gutten Tag, ... Bailey » Je lève le bout du nez et me retrouve face à la jeune femme haute en couleurs d’hier, un fin sourire étire immédiatement mes lèvres.
« Gutten Tag. Vous avez passé une bonne soirée ? » Je la questionne, histoire de discuter un petit peu, en m’emparant de sa baguette de pain pour la scanner.
« Vous avez la carte du magasin ? »