DEAD SNOW (+) MAEL

Nul doute que des petites vacances ne pourraient pas me faire de mal. J’avais besoin de me ressourcer, de m’accorder un temps après plusieurs mois de recherches intensives dans l’espoir de retrouver cette petite sœur dont je ne connaissais pas grand chose. Tant d’énergie pour quelques désillusions, n’étant même pas sûr de vouloir véritablement la connaitre. Un flou perpétuel auquel il me fallait réfléchir. Ainsi donc je m’étais mis en quête d’un petit refuge, un  chalet dans une station de ski où il me serait possible de penser à ce que serait mon avenir dans les mois à venir. Un voyage qui avait une saveur particulière et pour cause, jamais je n’avais eu la chance de voyager. Bien évidemment la curiosité se mélangeait à l’appréhension, à l’envie de découverte mais aussi à une certaine excitation. Ce n’était pas non plus sans un brin de mélancolie, ne pouvant m’empêcher de penser à ma mère qui aurait probablement apprécier un tel séjour. Si le voyage se fit sans encombre, je n’eu aucunement l’occasion de me reposer, participant le soir même a une petite fête orchestrée par l’agence de réservation en guise de bienvenue. La soirée fut bien évidemment plus qu’agréable, rencontrant de nouvelles personnes de toutes origines, de toutes cultures, mais dont les manières laissaient quelques peu à désirer lorsque la soirée en vint à se prolonger dans le chalet qui me fut attribué.

«  Qu’est-ce qu… » Mais qui aurait pu imaginer un tel réveil, mon visage étant pris d’attaque par les rayons du soleil sans le moindre ménagement. Instinctivement ma main vint se glisser sur mon visage, tentant tant bien que mal de protéger mes yeux contre cette soudaine agression. Néanmoins je n’avais guère d’autre choix que d’affronter le soleil pour découvrir une demoiselle dont les traits du visage m’étaient complètement inconnus. Comment était-elle entrée ? Je n’y voyais qu’une seule possibilité. Me relevant quelque peu, tout en veillant à ne pas me découvrir plus que nécessaire, j’en vins finalement à m’adosser contre la tête de lit. « Laissez tomber Mademoiselle, je ferai le ménage moi-même. » Elle ne pouvait qu’être la femme de ménage, après tout si j’en croyais l’heure tardive la plupart des vacanciers se trouvaient actuellement sur les pistes de ski. « Si vous pouvez juste me faire couler un petit café, ça serait gentil. »

Les idées encore embrouillées, j’observais la demoiselle, visiblement surprise si ce n’est choquée par tant de générosité.  A coup sûr elle n’avait pas pour habitude qu’un client lui offre une pause, l’opportunité de s’accorder du temps pour elle plutôt que de faire le ménage. Et oui, contrairement à la plupart des hommes, prendre un balai ne me dérangeait aucunement, ne ressentant ni démangeaisons, brulures ou quelques autres désagréments à jouer les fées du logis. Bien évidemment ce n’était pas mon sport favori, mais le fait est que je détestais encore plus que l’on touche à mes affaires. Je mettais un point d’honneur à conserver mon intimité à l’abri des regards. Je ne comptais plus les demoiselles qui m’en avaient fait le reproche, nombre d’entres elles ayant tenté de se faire une place dans ma vie et ce, à défaut d’une dans mon cœur.
C’est alors qu’elle se mit à rire, si bien que j’en vins à l’imiter en haussant un sourcil, à mon tour surpris par une telle réaction que je qualifiais moi-même de…démesurée, si ce n’est complètement injustifiée. Qu’avais je bien pu dire de si drôle ? « Alors oui mais non ! » Préférait-elle à ce point faire le ménage plutôt que de m’offrir un simple café ?  Je l’observais sans relâche, cherchant à deviner chacune de ses pensées dans l’espoir de la comprendre.  Voila qui était peine perdue,  car si j’étais généralement doué pour cerner mon entourage, comprendre les femmes se révélait être un défis à part entière. « Je ne suis pas femme de ménage ou quoi ou qu’est-ce… A vrai dire vous êtes dans mon chalet, vous n’avez peut-être pas fait attention à l’heure mais vous n’êtes plus censé être ici. » Il me fallait un café, peinant à comprendre ses divagations. Si elle n’était pas femme de ménage, que faisait-elle ici ? Comment était-elle entrée et pourquoi revendiquait-elle ce chalet qui m‘avait été confié il y a quelques heures seulement ?  Les yeux écarquillés, je décidais de les frotter d’un geste de main, espérant y voir plus clair alors qu’elle se dirigeait à nouveau vers la sortie. « Je vous laisse vous habiller et préparer vos affaires ! » Faute d’y comprendre quelque chose, je restais un instant immobile, impassible tandis que l’agacement prenait peu à peu le dessus. Je n’aimais guère le ton qu’elle employait, ce culot avec lequel elle espérait m’emmener au loin.  J’enfilais finalement un jean avant de me rediriger vers la cuisine, retrouvant sans grand mal le chemin qui me mènerait vers cette inconnue dépourvue de toute politesse. « Je peux savoir pour qui vous vous prenez ? » Non sans un regard, j’attrapais une tasse de café, me servant de ce délicieux breuvage qui je l’espérai, me tirerait de ce cauchemar. « Résumons… Vous débarquez dans MON chalet, vous me réveillez et vous espérez que je m’en aille ? Mais vous vous prenez pour qui, Parce qu’hormis votre penchant pour les caprices, vous ne ressemblez en aucun cas à la reine d’Angleterre.» Sans le moindre détour, je lui faisais comprendre combien je n’appréciais guère son comportement pour le moins sans gêne. Quelques gorgées suffirent néanmoins à me faire retrouver un semblant de lucidité. «  Ecoutez, je loues ce chalet depuis quelques heures seulement. Si vous n’êtes pas la femme de chambre mais bel et bien une cliente, alors je ne vois qu’une seule raison possible a tout cela : vous vous êtes trompée de chambre voilà tout. .»