Lorsqu'il me parle de "la secte", mes yeux se plissent, d'incompréhension. La secte ? Mais de quelle secte me parles-tu, imbécile ? Le film, là ? Sur les vampires lesbiennes vs. Van Helsing ? Évidemment que je m'en souviens, difficile d'oublier une idiotie pareille ... Ah, non, en fait, il parle de l'autre secte. Celle dont on n'a jamais parlé parce que, franchement, écouter quelqu'un pleurer dans des mouchoirs pendant des heures, ce n'est vraiment, vraiment pas mon truc. Il me dit que cette secte dont il me parle, il y est né, et moi je reste là, bras croisés, à me demander ce que cela a à voir avec moi et sa présence ici. Ce n'est pas comme si j'ai envie qu'il m'initie à ses rites mormons bizarres, après tout. Puis, il me sort une histoire invraisemblable. Rocambolesque, même. Lui, blesser quelqu'un ? Autrement qu'avec des mots pervers et vicieux, je veux dire ? Lui, tuer quelqu'un ? Ha. Il ne serait probablement même pas capable de tuer une mouche, s'il en avait l'opportunité. Comment le croire, alors qu'il m'a menti ? Lui et A ... Anatole ... ? Andrew ? Arthur ... ? A-quelque chose, et c'est déjà suffisant. Il m'avait trompé. Certes, notre relation n'était pas vraiment officielle, largement moins officielle que celle que j'avais avec Brynn, elle, peut être même trop officielle ... Mais cela ne change rien au fait qu'il avait fait quelque chose avec quelqu'un d'autre, derrière mon dos. Et là, il se met à pleurer. Oh putain ... Non mais merde, quoi, j'ai vraiment pas le temps pour ce genre de conneries. Je suis censé faire quoi, moi, maintenant ? C'est pour ça que je déteste les relations, je ne sais jamais quoi faire quand les gens pleurent. Surtout les mecs, d'ailleurs. Pleurer, c'est un truc de nanas, c'est bien connu. Et de faibles, aussi. Certes, il n'a jamais été particulièrement fort et c'est probablement l'un des traits de son caractère qui me plaisait le plus, parce que cela voulait dire que je pouvais faire ce que je voulais sans qu'il me fasse trop chier ... Mais là, c'en devient limite pathétique. Ressaisis toi, bordel, arrête de pleurer, t'es tellement moins beau quand tu te mets à pleurer, merde ... Et pourtant, non, ça continue. Et là, quelqu'un vient toquer à la porte. Chic, me voilà sauvé. Alors que je m'apprête à regagner le corridor menant vers l'entrée, je vois Bailey ouvrir une fenêtre du coin de l'oeil avant de me demander à quel étage nous étions. Non mais ... Il est malade ou quoi ? Refermant abruptement la fenêtre, je lui déclare, assez sèchement :
- Non mais ça va pas ou quoi ?
Le regardant d'un air réprobateur, j'enchaîne rapidement par une suggestion qui me vient sans que je ne comprenne réellement pourquoi. Il faut croire que la fatigue et l'envie d'aller me coucher me rend davantage charitable et généreux qu'à l'accoutumée.
- Ma coloc' est rentrée chez elle pour les vacances, tu n'as qu'à prendre sa chambre pour la nuit. C'est la porte de l'autre côté du couloir. T'as pas intérêt à casser quelque chose.
On frappe à la porte de nouveau, de façon légèrement plus pressée.
- Je reviens, je dois aller répondre.
La couverture toujours enroulée autour de la taille, je me dirige vers la porte. Ni coiffé, ni habillé, je m'en fous un peu à cette heure de la nuit. Merde, mais ils ont quoi tous à venir me faire chier, ce soir, exactement ? Demain, c'est une journée importante au boulot, en plus, ils auraient pas pu choisir un vendredi plutôt ? Évidemment que non, hein, ce serait trop leur demander. Bref. C'est avec nonchalance et torpeur que j'ouvre la porte afin de me retrouver face à ... Mme. Harlowe. Oui, oui. Harlowe. Comme les prostituées. Et pourtant, elle n'a clairement pas le physique pour.
- C'est pas encore fini, tout ce boucan ? Les enfants ont école, demain matin ! ... Et puis, c'est quoi cette tenue ?
D'un air indifférent bien que presque désolé, je tente de rattraper la donne.
- Désolé, madame, je vais essayer de calmer l'orgie un peu, promis, on ne vous embêtera plus. Bonne nuit à vous aussi !
Bah oui, elle m'a toujours pris pour un voyou au style de vie hédoniste alors pourquoi détruire ce charmant portrait qu'elle s'est fait de moi ? Lui refermant la porte au nez, je me gratte les cheveux, épuisé. Mon dieu, mais c'est quoi cet immeuble pourri aux murs en carton ? Dès que j'ai une minute, il faudrait que je me plaigne au proprio, parce que vraiment, ce n'est pas normal, tout ça. Fermant la porte à clé, je me dirige vers ma chambre à nouveau. J'en ai presque oublié mon invité surprise, tiens.
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