« Salut ! »
Je souris. Un peu trop. Mon sourire déchire mon visage, dévoile mes dents, c'est presque un rictus de loup.
Regarde ce que tu fais de moi... C'est ta faute, Riley. Uniquement ta faute.
J'entre dans l'antre de J.J., dans cet univers de plafonds hauts, de brique nue, de meubles nerveux, métalliques. La lumière le réchauffe un peu, en venant s'écraser contre le béton du sol. Elle y éclabousse de grandes flaques d'or clair. Une plante achève de mourir dans un coin... Je tente parfois de l'arroser. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, elle peut mourir. Aujourd'hui, elles peuvent toutes crever.
D'un geste sec, j'abandonne mon sac dans un coin, contre un vinyle, je retire mon chapeau, secoue mes cheveux. Je hume le parfum de la pièce. Peinture. Plâtre. Papier. Ciment. Soleil. Son univers à elle, fait de décor industriel et de toiles vides, d'oeuvres peintes, de posters anciens... un univers presque sans concessions, sans douceur. Quelques bouts de moquettes, quelques tasses vides, un lit de camp, un canapé qui a connu de bien meilleurs jours... et l'austérité presque monacale du décor sur lesquels les taches de couleurs de ses peintures sont posées comme des plaies...
C'est un décor qui va si mal à mes mélancolies, à mes rêves. Son décor à elle, qui me fascine un peu, d'ordinaire. C'est un décor que ma colère savoure, qui résonne en elle, comme un écho. Une vieille connaissance... Comme elle. Comme J.J. Kane... Celle qui a perturbé mes rêves adolescents, celles qui mettait du rose à mes joues, des soupirs dans mes rêves, celle que je regardais de loin, celle qui me faisait me détester.
Oh... Comme je lui en voulais.
Comme je me détestais...
Et j'ai si bien appris...
Si bien appris, depuis, à me maudire, à les maudire, à me détester, à les détester...
Tu vois, Riley ? Tu vois ce que j'apprends ? Et plus j'avance, et plus j'ai mal. Je voudrais ne jamais t'avoir connue...
Je ne la regarde pas. Je sais qu'elle sera belle, avec ses cheveux sombres, ses yeux sombres, son corps parfait... Je sais que même si elle ne te ressemble pas, je penserai à toi. Je ne veux plus. Penser à toi. A tes mots. A tes refus.
Sors de ma tête.
J'avance dans la pièce. Mes pas la fendent. Ils ont choisi où aller.
Parfois, je te déteste.
Quand j'essaie d'oublier combien je me déteste.
Au milieu de la pièce, dans une boue de lumière, de poussière, je m'immobilise, le chapeau à la main, les épaules tendues, l'envie de mordre, de blesser aux lèvres. Pas la blesser elle, non... Elle, je ne saurais pas même par où commencer.
Elle est inacessible.
« Si tu veux me dessiner agressive... la boisson et les blabla attendront. »
C'est un constat simple, nerveux, coupant. Si tu veux me dessiner agressive... Ne me donne pas le temps, l'occasion de parler, d'expliquer, de réfléchir. Laisse-moi ruminer mes griefs et ma douleur, ma colère et mes déceptions. Elles s'accumulent, elles ne cessent de tisser de nouveaux fils à la toile qui m'emprisonne. Ne me laisse pas me détendre, surtout...
Je me penche, je pose la capeline de feutre crème au sol, je détache les liens de mes sandales, les envoie valser dans un recoin sombre. Je suis en jeans, un jeans qui me colle à la peau, des chevilles à la taille, étrangle mes mouvements, enrage mon humeur. Mon haut, lui, est large, ample, coloré... Je suis bien dans mon haut, son col bateau qui ne cesse de glisser sur mon épaule... mais le jeans...
Je pense à toi, Riley. A la tête que tu ferais si tu me voyais, là, en train de dézipper mon jeans, de le faire glisser sur mes jambes, pour ne rester qu'en sous-vêtement et T-shirt, pour visser à nouveau mon chapeau sur mon crane.
Je me retourne vers elle. Mon premier amour. Mon premier crush. Celui qui faisait si mal que je pensais ne jamais m'en remettre. Celui dont je me suis remise. Celui qui, au final, ne faisait pas si mal que ça...
J'ai eu bien plus mal, depuis...
Et je suis là, dans cette cascade de lumière, jambes nues, dessous simple, pâle, sans dentelle, sans rien... Les bras croisés sur l'imprimé aztèque d'un haut trop fluide qui se drape sur moi, qui voudrait glisser, fuir...
« Je n'avais pas prévu une séance. Ca te convient, comme ça ? Il te faut une pause ?»
Je souris. Un peu trop. Mon sourire déchire mon visage, dévoile mes dents, c'est presque un rictus de loup.
Regarde ce que tu fais de moi... C'est ta faute, Riley. Uniquement ta faute.
J'entre dans l'antre de J.J., dans cet univers de plafonds hauts, de brique nue, de meubles nerveux, métalliques. La lumière le réchauffe un peu, en venant s'écraser contre le béton du sol. Elle y éclabousse de grandes flaques d'or clair. Une plante achève de mourir dans un coin... Je tente parfois de l'arroser. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, elle peut mourir. Aujourd'hui, elles peuvent toutes crever.
D'un geste sec, j'abandonne mon sac dans un coin, contre un vinyle, je retire mon chapeau, secoue mes cheveux. Je hume le parfum de la pièce. Peinture. Plâtre. Papier. Ciment. Soleil. Son univers à elle, fait de décor industriel et de toiles vides, d'oeuvres peintes, de posters anciens... un univers presque sans concessions, sans douceur. Quelques bouts de moquettes, quelques tasses vides, un lit de camp, un canapé qui a connu de bien meilleurs jours... et l'austérité presque monacale du décor sur lesquels les taches de couleurs de ses peintures sont posées comme des plaies...
C'est un décor qui va si mal à mes mélancolies, à mes rêves. Son décor à elle, qui me fascine un peu, d'ordinaire. C'est un décor que ma colère savoure, qui résonne en elle, comme un écho. Une vieille connaissance... Comme elle. Comme J.J. Kane... Celle qui a perturbé mes rêves adolescents, celles qui mettait du rose à mes joues, des soupirs dans mes rêves, celle que je regardais de loin, celle qui me faisait me détester.
Oh... Comme je lui en voulais.
Comme je me détestais...
Et j'ai si bien appris...
Si bien appris, depuis, à me maudire, à les maudire, à me détester, à les détester...
Tu vois, Riley ? Tu vois ce que j'apprends ? Et plus j'avance, et plus j'ai mal. Je voudrais ne jamais t'avoir connue...
Je ne la regarde pas. Je sais qu'elle sera belle, avec ses cheveux sombres, ses yeux sombres, son corps parfait... Je sais que même si elle ne te ressemble pas, je penserai à toi. Je ne veux plus. Penser à toi. A tes mots. A tes refus.
Sors de ma tête.
J'avance dans la pièce. Mes pas la fendent. Ils ont choisi où aller.
Parfois, je te déteste.
Quand j'essaie d'oublier combien je me déteste.
Au milieu de la pièce, dans une boue de lumière, de poussière, je m'immobilise, le chapeau à la main, les épaules tendues, l'envie de mordre, de blesser aux lèvres. Pas la blesser elle, non... Elle, je ne saurais pas même par où commencer.
Elle est inacessible.
« Si tu veux me dessiner agressive... la boisson et les blabla attendront. »
C'est un constat simple, nerveux, coupant. Si tu veux me dessiner agressive... Ne me donne pas le temps, l'occasion de parler, d'expliquer, de réfléchir. Laisse-moi ruminer mes griefs et ma douleur, ma colère et mes déceptions. Elles s'accumulent, elles ne cessent de tisser de nouveaux fils à la toile qui m'emprisonne. Ne me laisse pas me détendre, surtout...
Je me penche, je pose la capeline de feutre crème au sol, je détache les liens de mes sandales, les envoie valser dans un recoin sombre. Je suis en jeans, un jeans qui me colle à la peau, des chevilles à la taille, étrangle mes mouvements, enrage mon humeur. Mon haut, lui, est large, ample, coloré... Je suis bien dans mon haut, son col bateau qui ne cesse de glisser sur mon épaule... mais le jeans...
Je pense à toi, Riley. A la tête que tu ferais si tu me voyais, là, en train de dézipper mon jeans, de le faire glisser sur mes jambes, pour ne rester qu'en sous-vêtement et T-shirt, pour visser à nouveau mon chapeau sur mon crane.
Je me retourne vers elle. Mon premier amour. Mon premier crush. Celui qui faisait si mal que je pensais ne jamais m'en remettre. Celui dont je me suis remise. Celui qui, au final, ne faisait pas si mal que ça...
J'ai eu bien plus mal, depuis...
Et je suis là, dans cette cascade de lumière, jambes nues, dessous simple, pâle, sans dentelle, sans rien... Les bras croisés sur l'imprimé aztèque d'un haut trop fluide qui se drape sur moi, qui voudrait glisser, fuir...
« Je n'avais pas prévu une séance. Ca te convient, comme ça ? Il te faut une pause ?»
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