gold coins.

JJ fendait la foule avec assurance mais discrétion, autant qu’elle en était capable. Verre de champagne en main, elle faisait mine de s’intéresser à telle ou telle œuvre, prenant l’air le plus concentré qu’elle avait en réserve et pour une comédienne de son niveau, ce n’était pas bien compliqué. Son amant n’était pas là ce soir, qu’à cela ne tienne, elle savait comment se comporter dans ce genre de soirées où seule l’apparence était primordiale. Pauvres petites marionnettes qui pensaient tout contrôler, de quoi s’attirer son amusement. L’on était dans sa nouvelle cour de jeu avec de nouveau pions qui buvaient tout ce qu’elle leur donnait. C’était assez ennuyeux quand l’on y songeait, puis l’ennui était remplacé par le ravissement de faire état de la stupidité de personnes aux portefeuilles bien garni. Le trop plein de billets à l’effigie de Benjamin Franklin, qu’à cela ne tienne, elle comptait bien s’en amuser. Son amant avait remarqué la différence de style, mais elle l’avait simplement rassuré, une nouvelle expérimentation mais que ne fut pas sa déception lorsqu’elle reçut des compliments de sa part, comment pouvait-il apprécier de telles horreurs ? Certes l’abstrait avait-il quelque chose de fascinant, lorsqu’il signifiait quelque chose pourtant là, il n’en était rien, il s’agissait simplement d’implanter des symboles aléatoires ainsi que des mots écrits à l’aide de son miroir de façon à ce que ce soit le plus aguerri qui parvienne à comprendre la machination, ce qui n’était pas encore arrivé, peut-être aurait-elle dû ne pas y mettre un code supplémentaire, quel dommage. Elle se posta devant son tableau dont les couleurs étaient dominantes était le noir, parsemé ci et là de particules de lumière, quelle horreur se dit-elle en faisant mine d’apprécier cependant, tout comme les personnes présentes ce soir à ce qu’elle avait pu remarquer. S’il savait comment elle en était venue à ce résultat et ce n’était sûrement pas à cause d’une explication profonde et pseudo métaphysique, juste un pot de peinture qui s’était renversé, victime de sa maladresse.

Luke s’autorisait une fois par semaine une sortie dans une galerie d’art, et il y en avait tellement dans Los Angeles, qu’il n’aura pas besoin de retourner dans des anciennes avant quelques mois. Il aimait regarder ce que les autres font, pas pour vraiment s’inspiré mais pour voir à quel point ses œuvres sont différentes de celle qui sont exposées. Il avait fait le tour de la galerie rapidement, et ensuite il refit un second tour mais beaucoup plus doucement, prenant le temps d’analyser dans sa tête les œuvres, il y avait pour certains des critiques qui parlaient de la profondeur spirituel, la seule réponse de Lachlan, fut un soupire, pourquoi est-ce qu’il faut qu’ils cherchent et trouvent des significations à tout, c’est assez ennuyant. Il restait entre 5 et 10 minutes devant chaque toile, avant de se retrouver devant ce qui semblait être un lancé de pot, il a eu un léger sourire, et il tourne la tête vers la personne à côté de lui. « Vous ne trouvez pas qu’on dirait un lancé de pot de peinture ? »  Il est maladroit, alors forcément il sait à quoi ressemble un pot de peinture qui tombe sur une toile ou à quoi ressemble un café qui a rencontré le sol. « toutes les critiques qui font croire qui savent interpréter des œuvres, ça m'énerve ! » même avant d’être étudiant en Arts, il savait que l’interprétation des tableaux dépendait des personnes ainsi que de leurs expériences. Une personne ayant eu des problèmes dans sa vie ne regardera pas ce tableau comme une personne ayant eu une cuillère d’argent dans la bouche toute sa vie. Mais pour les critiques il n’y avait qu’une seule et unique interprétation, et en passant ce n’était jamais celle de l’artiste.
Il s’était mis à parler à la fille à côté de lui. « je vois vraiment un pot qui est maladroitement tombé, y a aucune technique mise en place … » il espérait secrètement que la jeune femme à ses côtés, n’était ni une critique, ni l’artiste parce que dans les deux cas il avait dit des trucs pas vraiment gentils, mais d’un côté la sincérité est une de ses rares qualités.

Elle fut bientôt rejointe par quelqu’un, un coup d’œil rapide lui fit savoir qu’il s’agissait d’un jeune homme. Elle était curieuse de savoir ce qu’il avait à dire et elle était certaine qu’il parlerait d’une minute à l’autre, les langues déliaient étrangement durant ce genre d’évènement, chacun étant pressé que l’autre entende sa théorie sur telle ou telle œuvre, chacun voulant se faire passer pour plus érudit que son voisin, le paraitre était une chose curieuse. Pourtant, lorsque le jeune homme ouvrit la bouche, JJ ne put qu’être surprise mais tenant à dissimuler son état d’esprit, elle ne se tourna pas vers lui comme son corps l’exigeait. Ce qui aurait pu la trahir, c’était ce sourire qu’elle peinait à réprimer, en voilà un féru d’artiste intéressant qui méritait qu’elle se penche plus en détail sur son cas.

« Pourquoi dites-vous cela ? »

Elle prit un air ahuri, il n’y avait aucun doute, la comédie était faite pour elle. Si elle ne recevait jamais aucune récompense pour ses performances, ce serait assez inattendu, le point positif étant qu’elle pourrait aisément s’associer à Léonardo Dicaprio, même si elle ne donnait aucun crédit à toutes cérémonies, prix, cette reconnaissance de pseudos experts.

« Avez-vous ne serait-ce que regarder cette œuvre ? Avez-vous vu ces jeux de lumière qui apportent une plus grande profondeur au tableau ? »

Elle tenta de se souvenir de toutes les inepties qu’elle avait pu entendre de la part de tous bourgeois qu’elle imitait présentement. Elle ne parvenait pourtant pas à s’arrêter sur une phrase précise, tous les arguments n’ayant été qu’un ramassis de stupidités aigue.

« Pouvez-vous me dire sur les qualifications que vous auriez pour émettre un tel jugement ? »

La femme à côté de lui avait l'air d'être intéressé par son jugement, elle était attentive à ses mots, à ce qu'il pensait. Alors si elle voulait vraiment savoir ce qu'il pensait, elle ne risquait pas d'être déçue.Murdoch était honnête et surtout quand il s'agit de son opinion artistique, il ne supporte pas tous ces critiques artistiques qui pensent tout savoir sur ça.
« Je ne sais pas c'est un sentiment en moi... » C’était dure d'expliquer pourquoi on aime une peinture ou pas, parce que c'est subjectif, et qu'un petit détail peut faire toute une différence d'un individu à un autre. Et c'était aussi une des raisons pour lesquelles il aimait l'art parce que l'avis de chacun est utile. Lachlan a toujours eu des difficultés à exprimer ce qu'il ressent dans la vie normale comme dans l'art, et c'était surement pour cette raison que de temps à autre il n'avait pas que des bonnes notes.
«  J'ai dû faire une peinture du même style ... quand j'avais 5 ans. » ajouta-il avec un petit rire.  L'air que la femme pris, le sourit légèrement sourire, sans vraiment savoir pourquoi et puis il dit tout simplement après avoir haussé les épaules. « Y a autant de jeu de lumière que la peinture, carré blanc sur fond blanc de Malevitch.. » c'était bien sur de l'ironie, il n'aime pas particulièrement Malevitch, il range ça dans la même catégorie que toutes les oeuvres monochromes, on voit en couleurs alors autant les utiliser.  Luke fit une courte pause pour regarder la toile et ensuite faire le tour de lui-même afin de voir les gens tout autour, et il y avait clairement du monde. ça l'énervait de voir qu'un simple pot de peinture qui était tombé pouvait attirer autant de gens alors que ce que lui fait prends des semaines de boulots.
« Donnez à cet artiste, un crayon et du papier et c'est comme ça qu'on voit s'il y a une once de talents ou pas. Van Gogh, Turner, Botticelli savaient utiliser des crayons c'est ça qui rendait aussi leurs tableaux plus... expressif et beaucoup plus travaillé »  Elle voulait clairement en savoir plus. Il avait bizarrement l'impression que s'il continuait à critiquer il se pourrait qu’il se fasse jeter de la gallérie si l’auteur était présent, mais bon tant pis.
« Pour moi l'art doit me faire voyager autre part, me faire explorer des parties de mon cerveau que je ne voulais plus voir ou que je n'arrivais pas à voir, à me faire explorer des sentiments. Là y a rien c'est tout, mais après c'est simplement mon avis. » Il regarda la jeune femme qui était à ses côtés avant de lui dire intrigué «  et pourquoi mon simple avis vous intéresse-t-il autant ? »

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