J’ai genre, vraiment la flemme de faire beaucoup de choses, mais en entendant des gars de ma classe parler du parc d’attractions de Santa Monica, j’ai eu yeux d’enfants d’un coup. Il faut dire que je suis rarement allé dans ce genre d’endroit, ça coûtait toujours trop cher pour les parents et je le comprenais franchement, alors ça ne m’a jamais manqué. Mais j’ai été plutôt mignon cette année et mon père m’a envoyé un peu d’argent pour mon passage en seconde année. Au lieu de le dépenser dans des fringues, j’ai envie d’aller là-bas. Une journée, rien qu’une journée, même si c’est la seule en 5 ans. Je trépigne dans le siège du bus avant de m’endormir lamentablement comme une petite larve mignonne, casque sur les oreilles, tête contre la vitre, bave au coin de la bouche. J’y peux rien, c’est de naissance. Une secousse me réveille et je regarde le chauffeur du bus tout penaud. « On est arrivés gamin ! » Ah… « Ah. » Merci…. Non, mais dis-lui aussi ! « Ah, merci ! » Je souris un peu en rentrant ma tête dans mes épaules avant de m’étirer, puis de me lever, sac sur le dos. Ça va être gééééant ! J’ai tellement hâte. Une fois l’entrée payée… Et à quel prix. Heureusement que y’a une remise pour les étudiants. Enfin, j’ai oublié ma carte, mais la Madame a été gentille. « Vous avez une tronche d’étudiant premier de la classe » qu’elle a dit. Si seulement elle savait. J’étais prêt à lui décrire l’UCLA en long, large et travers pour appuyer mes propos, mais bon. Un haussement d’épaules, un merci et je rentre en courant dans l’endroit. C’est tellement beau ! « Mnaaaah ! » Je sautille, tout content. J’aurai aimé partager ça avec quelqu’un, mais comme souvent, y’a que moi et cette bonne vieille solitude. On fera de grandes choses ensemble ! Après avoir fait plusieurs manèges qui retournent l’estomac dans tous les sens, j’attrape à boire et une barbe à papa à un stand avant de filer dans la grande roue. Un peu de repos après deux heures à courir partout, ça sera cool. J’entre dans la cabine avec une autre personne et le manège démarre, après un petit silence, je tends ma sucrerie. « Vous en voulez ? »