Appel d'Oscar à Aaron

Comme tous les soirs de semaine après dix heures, Aaron a quitté son bureau pour aller se reposer dans son salon, face au téléviseur. Le générique du film d'action qu'il était en train de regarder se lance quand tout à coup, la sonnerie de son téléphone retentit. Sans bouger de son fauteuil, Aaron attrape l'engin et voit sur l'écran "numéro inconnu" s'afficher. Si beaucoup de gens décideraient d'ignorer ce genre d'appel, lui a pris l'habitude depuis longtemps de répondre à chaque sonnerie. Un geste sûrement explicable de par son activité professionnelle.

- Allo ? répondit-il familièrement, avec une once de curiosité.

La voix qui s'élève très vite scotche Aaron au canapé. Premièrement, il ne la reconnait pas. Deuxièmement, il ne s'attendait pas à autant d'entrain à travers le combiné. C'est sur un ton calme et toujours détendu qu'il répond cependant.

- Euh... Je crois que vous avez composé le mauvais numéro.

Oui, à l'évidence... Et il ne connaît aucun Jay, qui plus est.

Des balbutiements, en veux-tu en voilà, et un accent méditerranéen qu'il reconnaîtrait parmi des dizaines, sûrement parce qu'il s'y est déjà rendu mais aussi parce que celle qu'il aime est originaire de là-bas. L'Italie l'a marqué et elle le marque toujours, d'une façon ou d'une autre. Quand l'homme au bout du fil raccroche sans lui laisser l'occasion de lui dire que ce n'était pas bien grave, Aaron réalise qu'il a peut-être été trop sec. Il réentend le ton presque effrayé de son correspondant et fixe l'écran de son téléphone, qui lui propose facilement de rappeler le dernier numéro. Sans comprendre vraiment d'où lui vient cette envie étrange, il décide de rappeler, au moins pour s'excuser.

N'importe quoi, vraiment. L'accent italien lui fait faire n'importe quoi.

Evidemment, l'homme décroche vite, son téléphone n'ayant sûrement pas eu le temps d'être écarté en quelques secondes à peine. Aaron entend cette fois un mot italien et il sourit vaguement, avant de répondre, navré.

- Vous venez de m'appeler. Je tenais juste à m'excuser si je vous ai fait peur, ce n'était pas mon intention...

Et puis, il ne voit pas quoi rajouter d'autre. La seule chose qui lui traverse l'esprit, c'est que cela serait presque plaisant, bizarrement, d'être "tombé" sur cet étranger.