La porte appelle comme un chant de sirène.
Gling-gling.
La cloche, familière, résonne, perçant le silence habituel de ce lieu quasi-sacrosaint. De nombreux moments ont été vécus entre les étagères et les pages crépitantes de leurs livres. De nombreuses recommendations ont été suivies, ou ignorées. De nombreux rendez-vous ont pris place, dans le confort d'un lieu si accueillant qu'il en était presque devenu une seconde maison.
Presque.
Quand était donc la dernière fois que j'ai mis les pieds par ici? À défaut de le savoir, je peux au moins revendiquer l'impression de ne jamais en être parti.
Certaines choses semblent changer avec une constance alarmante. D'autres maintiennent une stabilité des plus rassurantes.
Aux livres ouverts.
Une tranche interpelle sur l'étagère de gauche de par son rouge criard. Le tome est rapidement en main, parcouru avec détachement et désinvolture. La psychologie des sentiments. Quelques mots sont lus, distraitement, histoire de, avant que le livre ne soit soigneusement rangé à sa place attitrée. Cela fait bien longtemps que j'ai appris à ne pas répéter les erreurs du passées.
Je souris. Et je me demande si tu souriras aussi, lorsque tu me verras enfin.
J'arpente tes rayons, flânant à une allure touristique. Je ne suis pas pressé. Pas aujourd'hui. Je longe les murs, je parcours d'autres tomes. Le petit Atlas des Grandes Villes. Tout Savoir sur le Chocolat. Le Chinois: Étude Linguistique. La cuisine de maman.
La flânerie se transforme peu à peu en réticence, une appréhension que je peine à comprendre.
Gabriel.
Il est vrai que je pourrais faire plus d'efforts pour maintenir le contact. Quelques messages à travers le mois suffisent à maintenir un semblant de relation, mais cela ne m'empêchera pas d'avoir cette étrange sensation que tout a changé. Depuis quand? Je ne saurais l'identifier.
À une époque, c'est ici que je me fourrais, presque systématiquement. Entre deux cours, entre deux rendez-vous, entre deux ruptures, entre deux amours. Il y avait une dimension rassurante à ta présence. Sur toi, au moins, je savais que je pourrais toujours compter.
Puis le temps a fait ses ravages. D'abord, l'hôpital. Ensuite, la la convalescence, puis la rémission. Sans oublier les années obscures ... Puis il y avait eu Silas, et le début d'un nouveau chapitre. La reprise du travail, une nouvelle carrière, un poste à haute responsabilités et aux ressources limitées.
Les visites hebdomadaires devinrent mensuelles, puis annuelles. Les messages semi-quotidiens devinrent hebdomadaires, puis bi-mensuels. Tu étais toujours là. C'est moi qui ne l'était plus.
Alors, aujourd'hui que je me retrouve dans le coin, je me décide à tenter de renouer, véritablement, ce contact, comme autrefois.
C'est au guichet que je te retrouve, comme à chaque fois.
«Excousez moi, monsieur: ja recherche oun ouvrage que ja peine à trouver. Est-ce que vous pensez pouvoir m'aider? »
Toujours un accueil similaire, toujours cette même plaisanterie. Le jeu du client perdu – et je suppose que sur certains aspects, il est vrai que je me perds. Mais systématiquement, c'est toujours sur toi que je peux compter pour me retrouver.
Gling-gling.
La cloche, familière, résonne, perçant le silence habituel de ce lieu quasi-sacrosaint. De nombreux moments ont été vécus entre les étagères et les pages crépitantes de leurs livres. De nombreuses recommendations ont été suivies, ou ignorées. De nombreux rendez-vous ont pris place, dans le confort d'un lieu si accueillant qu'il en était presque devenu une seconde maison.
Presque.
Quand était donc la dernière fois que j'ai mis les pieds par ici? À défaut de le savoir, je peux au moins revendiquer l'impression de ne jamais en être parti.
Certaines choses semblent changer avec une constance alarmante. D'autres maintiennent une stabilité des plus rassurantes.
Aux livres ouverts.
Une tranche interpelle sur l'étagère de gauche de par son rouge criard. Le tome est rapidement en main, parcouru avec détachement et désinvolture. La psychologie des sentiments. Quelques mots sont lus, distraitement, histoire de, avant que le livre ne soit soigneusement rangé à sa place attitrée. Cela fait bien longtemps que j'ai appris à ne pas répéter les erreurs du passées.
Je souris. Et je me demande si tu souriras aussi, lorsque tu me verras enfin.
J'arpente tes rayons, flânant à une allure touristique. Je ne suis pas pressé. Pas aujourd'hui. Je longe les murs, je parcours d'autres tomes. Le petit Atlas des Grandes Villes. Tout Savoir sur le Chocolat. Le Chinois: Étude Linguistique. La cuisine de maman.
La flânerie se transforme peu à peu en réticence, une appréhension que je peine à comprendre.
Gabriel.
Il est vrai que je pourrais faire plus d'efforts pour maintenir le contact. Quelques messages à travers le mois suffisent à maintenir un semblant de relation, mais cela ne m'empêchera pas d'avoir cette étrange sensation que tout a changé. Depuis quand? Je ne saurais l'identifier.
À une époque, c'est ici que je me fourrais, presque systématiquement. Entre deux cours, entre deux rendez-vous, entre deux ruptures, entre deux amours. Il y avait une dimension rassurante à ta présence. Sur toi, au moins, je savais que je pourrais toujours compter.
Puis le temps a fait ses ravages. D'abord, l'hôpital. Ensuite, la la convalescence, puis la rémission. Sans oublier les années obscures ... Puis il y avait eu Silas, et le début d'un nouveau chapitre. La reprise du travail, une nouvelle carrière, un poste à haute responsabilités et aux ressources limitées.
Les visites hebdomadaires devinrent mensuelles, puis annuelles. Les messages semi-quotidiens devinrent hebdomadaires, puis bi-mensuels. Tu étais toujours là. C'est moi qui ne l'était plus.
Alors, aujourd'hui que je me retrouve dans le coin, je me décide à tenter de renouer, véritablement, ce contact, comme autrefois.
C'est au guichet que je te retrouve, comme à chaque fois.
«
Toujours un accueil similaire, toujours cette même plaisanterie. Le jeu du client perdu – et je suppose que sur certains aspects, il est vrai que je me perds. Mais systématiquement, c'est toujours sur toi que je peux compter pour me retrouver.
2013
2018
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