JeKi ~ Fairytale

Fairytale

JERSEY & NIKKI  

Nik ouvre les yeux, le soleil est déjà bien présent et tape sur sa peau laiteuse et ses yeux noisettes. Sa bouche lâche un gémissement pendant qu'il la sent pâteuse. C'est jamais une bonne idée d'aller boire. Il sait très bien qu'il ne tient pas l'alcool, hier, il a bu trois verres. Trois. C'est son record jusqu'à présent, mais trois de trop visiblement, parce que mine de rien, il a mal aux cheveux et pas qu'un peu. Déglutissant, il se redresse pour se mettre assis sur son matelas, les cheveux en vrac lui cachant la moitié de sa vision. Il remarque Sooho qui est encore installé dans une position absolument anormale avant de soupirer lourdement, puis d'attraper son téléphone. « Oh shhhhhhhhhhhhhhoooooooooooot!!! » dit-il en se redressant brutalement, tout en manquant de se vautrer dans un meuble en se prenant les pieds dans sa housse de couette qui trône sur le parquet de la chambre.

Il attrape ses affaires et part dans la salle de bain commune pour se doucher, se brosser les dents, et se changer en quatrième vitesse. Déjà 8h47. Il lui reste sept minutes pour partir et courir jusqu'au stade afin de rejoindre les autres pour l'entraînement, ou alors, il va se faire allumer. Le coach veut les voir tous les jours, avant 9h. Les cheveux encore humides, il enfile ses baskets, attrape son sac et de quoi boire au passage avant de courir comme une furie, dans les escaliers, puis à travers le campus pour rejoindre son troupeau de copains athèles à 8h56 précisément. Bon, concrètement, il a une minute de retard, mais en restant dans le fond, on ne le verra pas hein ? Il reprend son souffle comme il peut, heureusement qu'il court vite.

« NAKAMOTO ! » Et m... crotte. Il grimace, puis s'avance pour saluer le coach avant de se mettre en position, comme à l'armée. « Tu gères l'entraînement des poussins aujourd'hui, rends-moi fier ! » Il le regarde, un peu étonné. Bon, certes, il n'est plus considéré comme un rookie dans le monde du tir, bien au contraire. Mais il se considère comme nouveau ici, même si c'est sa seconde année. Alors, bon. Pourquoi pas ! « Bien coach. » dit-il avec son air de pudding pas vraiment réveillé, ni frais. Il emmène les petits derniers vers un coin pour commencer les échauffements. Tout se passe bien, enfin, presque. Si, quand même. C'est pas si mal. Mais au bout de quoi ? Trente-deux minutes, si on veut être précis, le voilà qui se retrouve au milieu d'une bagarre. Il ne saurait même pas dire pourquoi ça a commencé, mais alors qu'il essaie de les séparer, l'un des deux lui envoie son coude avec force dans le visage, le faisant reculer et trébucher. Il se cogne la tête et perd connaissance quelques secondes avant de revenir à lui, les gars inquiets, pendant que le coach hurle sur les deux autres. Il se redresse en se tenant la tête, d'une main, l'arcade de l'autre à cause du saignement.

« Une ambulance arrive, assis ! » Il le regarde en soupirant légèrement avant de s'installer sur un banc à l'aide d'un copain, puis d'attendre qu'on l'emmène aux urgences, malgré le fait qu'il dise aller bien. Là-bas, une infirmière nettoie sa plaie et y pose un gros pansement le temps qu'un médecin puisse recoudre ça, et on l'envoie au scanner, s'assurer que tout va bien dans le cerveau. Il a dû perdre un ou deux neurones, mais c'est pas si grave non ? Revenant dans sa chambre, il pousse un lourd soupir avant d'attraper son téléphone et de voir que l'écran n'a pas survécu. « Super.... » dit-il dans un nouveau soupir avant de voir le rideau s'ouvrir et le... la.... Beuguant légèrement, il se redresse doucement pour se mettre assis en l'observant avant de détourner un peu le regarde, le rouge montant à ses joues. « ... » On est censé dire quoi à un médecin ? Bonjour ? « Désolé... de vous faire perdre votre temps. » Oui. Oui Nik. C'est.... Bref. « C'est pas très grave, j'occupe un lit pour rien... » dit-il en se massant la nuque avant de l'observer encore.

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JERSEY & NIKKI  

« Docteur Harrington, un nouveau patient vient d’être admis aux urgences, lit quarante-trois. » Je relève la tête pour jeter un rapide coup d’œil à l’interne qui se trouve non loin d’ici, de l’autre côté du lit sur lequel se trouve un patient que je suis en train de recoudre. Le silence s’installe, cinq, peut-être dix secondes… Suffisamment pour que l’homme allongé commence à se racler la gorge pour essayer de combler le vide. J’arque un sourcil, prête à dégainer, puisque mon regard interrogateur ne déclenche pas la parole. « Donc ? » Il semble confus, à en juger par les nombreuses approximations qui s’entrechoquent entre deux petites bribes d’informations péniblement bégayées. Parle-t-il toujours anglais ou est-il passé à une autre langue à laquelle je ne comprends rien ? « Quel est le statut du patient, Jones ? Briefe-moi ! » Il pousse un long ah qui confirme qu’il n’avait pas compris ce que j’attendais de lui. Une réaction un peu trop vocale à mon goût, encore plus devant un patient. Il ne manquerait plus qu’il commence à dévoiler des informations confidentielles au sujet de la personne admise aux urgences. « Un étudiant qui a perdu connaissance suite à un choc pendant un entrainement sportif. Il a été conduit ici par sécurité... » Je l’écoute attentivement, acquiesce plusieurs fois pour l’encourager à poursuivre tandis que mes doigts s’affairent sur la plaie rougie de l’homme qui grimace à chaque fois que la resserre d’une suture impeccable. Il ne sait pas à quel point il est chanceux, j’ai tellement l’habitude d’opérer des enfants que les cicatrices que je referme – lorsque je ne laisse pas les internes s’en charger à ma place – sont toujours nettes et très peu invasives. Certaines spécialités s’attardent beaucoup moins sur l’aspect plastique. Il ne lui restera plus grand-chose, quand les tissus auront correctement cicatrisé. Un dernier geste précis, quelques secondes à analyser la plaie recousue en quête du moindre défaut ou signe anormal puis je me redresse et repousse lentement la table sur laquelle se trouve mes instruments, ceux qui finiront dans les différents bacs de recyclage ou de déchets dans très peu de temps. « Jones, je te laisse te charger du pansement ? » Il acquiesce, familier avec les codes de l’hôpital et le processus de prise en charge d’un patient dans de telles conditions. Il aurait pu se charger des sutures lui-même dans d’autres circonstances, si nous n’avions pas été à ce point sollicités ce soir. Je retire mes gants, adresse mes vœux au patient et quitte la pièce en prenant soin de me débarrasser de tout ce que j’ai utilisé au passage.

Sur le chemin, je prends le temps de marquer un arrêt par les infirmières de service afin de glaner les informations nécessaires à la prise en charge du patient mentionné par Jones. Je récupère au passage le kit qui me sera nécessaire pour entreprendre de recoudre son arcade. « Chambre 048 ? Merci beaucoup ! » Un petit signe aux infirmières qui courent partout au moins autant – si ce n’est plus – que nous et me voilà lancée. Les inscriptions défilent jusqu’à la 048 face à laquelle je m’arrête pour tapoter trois petites fois avant d’entrer. « Bonjour monsieur Nakamoto, je suis le docteur Harrington, en charge de votre dossier aujourd’hui. » Celle qui décidera – ou non – de le laisser sortir une fois qu’il aura été recousu. Il est tout rouge, ce qui fait s’étirer mes lèvres en un léger sourire rassurant. Je le contourne pour pouvoir récupérer les résultats de son scanner et jeter un petit coup d’œil attentif aux clichés obtenus. « Rien d’anormal. Plus de peur que de mal, donc ! Pouvez-vous me rappeler votre identité, votre date de naissance et votre lieu de résidence s’il vous plait ? Oh et… Pouvez-vous m’énoncer ce qui vous est arrivé ? » Avant de procéder au moindre petit geste, quel qu’il soit, toujours interroger le patient pour vérifier si les données correspondent. La première règle qu’un membre du personnel médical se doit d’apprendre en intégrant la fonction.

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JERSEY & NIKKI  

Lorsque le médecin entre, il est assez étonné sur le coup. C'est un peu digne d'une scène de Grey's Anatomy entre nous. Elle est jeune, elle est belle et elle est charismatique. Le genre de médecin qu'on ne voit que dans les séries d'ailleurs. Dans la vraie vie, il la croise et il la pense actrice ou mannequin parce que les stéréotypes ont la vie dure mine de rien et que bah, il est un peu honteux de penser comme ça, mais c'est la Californie qui le rend un peu plus idiot. Ou alors, de côtoyer Sooho au quotidien... Allez savoir. Enfin, selon son père, c'est clairement la deuxième réponse.

« Bonjour monsieur Nakamoto, je suis le docteur Harrington, en charge de votre dossier aujourd’hui. » Il déglutit lourdement, encore une fois et la regarde en clignant un peu des yeux. Elle est vraiment médecin en plus, pas juste interne ? Ouah. Nik l'observe longuement avant de se mettre à rougir davantage et d'essayer de trouver un point ou ancrer son regard, mais entre nous, il n'y a rien de très intéressant dans une chambre plutôt vide des urgences. Alors, il fait une petite moue et fixe ses mains, l'air de rien. « Rien d’anormal. Plus de peur que de mal, donc ! Pouvez-vous me rappeler votre identité, votre date de naissance et votre lieu de résidence s’il vous plait ? Oh et… Pouvez-vous m’énoncer ce qui vous est arrivé ? » « Tout ça et dans le bon ordre ? » qu'il ajoute avant de rire, puis de grimacer quand elle se penche sur son arcade et la touche.

Il n'est pas si douillet normalement, enfin, pas vraiment, juste un peu, comme un homme quoi, mais pas autant que la plupart des hommes. Enfin, il espère ! Non, il aimerait. Mais là, il grimace pour une arcade et il a juste envie d'appeler sa maman pour avoir des ramens en bouillon ce soir en guise de réconfort. Donc bon, est-il vraiment moins douillet que la moyenne, on se le demande franchement. « Hum je... Nikki Nakamoto... » qu'il souffle alors. « J'ai 21 ans et je suis en sport-études et euh... » Il lève les yeux vers le plafond le temps de réfléchir. « Je vis sur le campus parce que mon père pense que c'est mieux pour étudier. » Mais lui, il préférerait avoir un appartement dans lequel chiller. « Et pour l'histoire, le coach m'a demandé de gérer les petits nouveaux. » Il la regarde. « Je suis archer... »

Il sourit en le disant avant de fixer le mur devant lui et de lire les règles d'hygiène dans sa tête. « Mais y'en a deux qui se sont bagarrés comme des enfants et quand j'ai voulu les séparer et l'un deux m'a envoyé son coude dans l'arcade assez durement. » Pour ne pas dire violemment, parce que vraiment, il a perdu connaissance et ça le choque encore. « Rien de bien méchant. J'aurai dû faire plus attention. » Enfin, il n'aurait pas pu prédire la bagarre et le coup. Surtout qu'il est grand, il aurait pu éviter sans doute, mais il n'est pas connu pour avoir des réflexes très vifs quand il n'y en a pas besoin. « Vous êtes neurologue ou urgentiste ? » demande-t-il, curieux.