C'était pas sur la route, c'était un détour. Il en était parfaitement conscient. Pourtant, il s'en était offert le droit, comme une parenthèse bienvenue. Il venait de passer près d'une semaine entière loin de la ville des Anges, une punition pour lui qui n'avait pas su refuser l'invitation de sa mère au soixante-dix ans de son père. Une fête pour les uns, une punition pour Ode qui avait dû faire de son mieux pour esquiver toutes les questions en corrélation avec sa situation actuelle. On ne te voit plus nul part depuis presque dix ans lui avait reproché sa mère alors qu'elle mettait en scène une soirée ridicule en l'honneur de son père. Son frère avait enfoncé le clou en l'informant qu'Anita semblait s'inquiéter pour lui. Ode, il avait fait ce qu'il faisait de mieux depuis longtemps, mentir. Inventer, prétexter, trouver des subterfuges pour éviter les jugements moraux d'une famille qui se croyait soudée mais qui n'était en réalité qu'une pression de plus sur ses épaules déjà fragilisées par la vie - rien que ça -
Aussi, ce détour à Tahoe City était plus que bienvenue. Il n'avait pas hésité longtemps en achetant son billet, se convainquant que son patron ne lui refuserait pas trois jours supplémentaires si tant est qu'il promettait d'être de retour en pleine forme. Aussi, à peine arrivé sur le tarmac de l'aéroport que le jeune courtier en assurance avait hélé un taxi pour se rendre directement jusqu'à l'auberge. Il y était déjà venu, autrefois. C'est récurrent, en ce moment, que de remonter le fleuve tranquille des souvenirs et de la nostalgie. Comme s'il lui fallait se réconcilier avec le gamin qu'il avait été, l'homme qu'il n'était plus. Sans trop de formalités, la réceptionniste lui tend un jeu de clé et lui indique le numéro de sa chambre. 305, ça aurait dû le mettre sur la piste, Ode. Il ne réservait jamais au dernier étage, fâcheuse superstition qui le suivait depuis des années. Jamais au rez-de-chaussée non plus, il préférait vivre entre deux. Curieuse manie dont on ne se formalisait plus en le connaissant. Mais fatigué, épuisé même de ces quelques jours dans sa famille, il ne remarque pas qu'il a atteint le dernier étage lorsqu'il avance dans les couloirs.
Non, il est à mille lieues de cette réalité.
Dans son esprit, se mélangent des phrases, des mots qui, c'est vrai, ont pu l'atteindre ces derniers jours. La famille, ce fardeau, qu'il pense en tournant la clé dans la serrure. Lorsqu'il ouvre la porte, il est étonné par l'atmosphère qui s'en dégage, cette chaleur confortable qui aurait presque pu le mettre aussi sur la voie. Le paysage qui se dessine par la baie vitrée a raison de tout le reste, il pose son sac à ses pieds et avance de quelques mètres lorsque son tibia butte contre une valise. Il jure, bien sûr, et baisse les yeux. C'est quoi ce bordel ? qu'il s'invective en se pliant pour observer le nom écrit sur l'étiquette de la valise.
Aussi, ce détour à Tahoe City était plus que bienvenue. Il n'avait pas hésité longtemps en achetant son billet, se convainquant que son patron ne lui refuserait pas trois jours supplémentaires si tant est qu'il promettait d'être de retour en pleine forme. Aussi, à peine arrivé sur le tarmac de l'aéroport que le jeune courtier en assurance avait hélé un taxi pour se rendre directement jusqu'à l'auberge. Il y était déjà venu, autrefois. C'est récurrent, en ce moment, que de remonter le fleuve tranquille des souvenirs et de la nostalgie. Comme s'il lui fallait se réconcilier avec le gamin qu'il avait été, l'homme qu'il n'était plus. Sans trop de formalités, la réceptionniste lui tend un jeu de clé et lui indique le numéro de sa chambre. 305, ça aurait dû le mettre sur la piste, Ode. Il ne réservait jamais au dernier étage, fâcheuse superstition qui le suivait depuis des années. Jamais au rez-de-chaussée non plus, il préférait vivre entre deux. Curieuse manie dont on ne se formalisait plus en le connaissant. Mais fatigué, épuisé même de ces quelques jours dans sa famille, il ne remarque pas qu'il a atteint le dernier étage lorsqu'il avance dans les couloirs.
Non, il est à mille lieues de cette réalité.
Dans son esprit, se mélangent des phrases, des mots qui, c'est vrai, ont pu l'atteindre ces derniers jours. La famille, ce fardeau, qu'il pense en tournant la clé dans la serrure. Lorsqu'il ouvre la porte, il est étonné par l'atmosphère qui s'en dégage, cette chaleur confortable qui aurait presque pu le mettre aussi sur la voie. Le paysage qui se dessine par la baie vitrée a raison de tout le reste, il pose son sac à ses pieds et avance de quelques mètres lorsque son tibia butte contre une valise. Il jure, bien sûr, et baisse les yeux. C'est quoi ce bordel ? qu'il s'invective en se pliant pour observer le nom écrit sur l'étiquette de la valise.
against all odds
So take a look at me now, there's just an empty space and there's nothin' left here to remind me, just the memory of your face.