Lisa T. M. Renfield aime ce message
Les dimanches soirs se ressemblaient dans la vie d'Aaron.
Au volant de sa voiture, il regardait la route avec une attention toute particulière. La nuit était tombée sur la ville et le trafic s'intensifiait de minute en minute des deux côtés de l'autoroute. La fin du weekend était bien là et qu'il s'agisse de quitter la ville ou d'y entrer pour reprendre son activité, l'effervescence était à son maximum.
A coté de lui, sur le siège passager qu'elle était fière d'avoir désormais le droit d'utiliser, Valentina s'amusait avec le téléphone de son père. Il jetait parfois un coup d'œil sur elle, regrettant presque qu'elle ait grandi aussi vite. Il y a quelques années, il se sentait comme le centre de son univers avec Shaé ; force était de constater que Valentina s'était découvert d'autres intérêts avec le temps.
Si la fillette semblait contente de retrouver sa mère, lui se sentait morose de devoir dire une énième fois au revoir à sa fille. Il avait beau être pris dans le tourbillon de ses activités professionnelles, Aaron souffrait de ne pas voir sa fille tous les jours, de ne pas être un acteur plus prépondérant dans sa vie d'enfant. L'annonce récente de la grossesse d'Adélaïde avait eu l'effet d'une bombe, lui rappelant une paternité qu'il idéalisait mais qu'il ne connaîtrait peut-être jamais pour tout un tas de raisons. Elever un enfant n'était décidément pas qu'une question d'amour...
Quand il sortit de la voie rapide, Aaron conduisit mécaniquement jusque chez Shaé. A son arrivée devant le portail, il actionna le boitier que la jeune femme lui avait confié et alla se garer à sa place habituelle. Valentina détacha sa ceinture et se précipita jusqu'à la porte d'entrée qu'elle ouvrit sans la moindre hésitation. « Maman ?! On est là ! » Il la rejoignit assez vite dans l'entrée et accueillit un dernier câlin de sa fille. « Papa, est-ce que tu peux rester ? Un peu… » Tendrement il caressa les cheveux de sa progéniture, sans pour autant lui donner de réponse. Ses yeux se relevèrent sur Shaé quand elle arriva auprès d'eux, et ils parlèrent pour lui, semblant lui signifier qu'il était heureux de la voir. « Je te ramène ta fille, si tu veux bien d'elle. » Valentina s'offusqua et se détacha de lui pour aller se coller cette fois à sa mère. Il y avait tant de choses dont il aurait aimé discuter avec elle, plus ou moins futiles, mais qu'importe ? Cette maison de banlieue n'était pas sa maison, juste celle de sa fille. Et il était déjà assez tard, alors il se dit qu'il vallait mieux ne pas s'éterniser ce soir-là. « Je vais y aller. Passez une bonne semaine, et Tina, je compte sur toi pour être sympa. » Demanda-t-il à sa fille avant de regarder Shaé une dernière fois. Faisant demi-tour, il franchit alors le seuil de la maison à la recherche de sa clé de voiture.
Vois-tu, mon petit, tout dépend de l'aplomb, ici. Un homme un peu malin devient plus facilement ministre que chef de bureau. Il faut s'imposer et non pas demander. Maupassant