« Est-ce que tu comprends pourquoi maman est pas d’accord ? » La petite fille hochait la tête par automatisme avant de se reprendre, répondant un petit oui déçu, habituée à formuler ses réponses pour contrer le handicap de sa mère. « Tu veux bien m’expliquer ? » demandait Leaven avec le besoin sous-jacent de s’assurer que Clark avait compris la nature de sa bêtise. La question était néanmoins de trop, la petite fille éclatant en sanglots avant de se réfugier dans les bras de sa mère. Une étreinte que Leaven ne refusait pas tandis qu’elle se redressait, Clark toujours dans ses bras, lui murmurant quelques mots à l’oreille tout en la berçant. « Je comprends que tu sois frustrée et triste. Tu peux pleurer si ça te fait du bien. » Accepter les sentiments des enfants, les recevoir, les comprendre, même quand ils sont parfois éreintants, c’était le choix que Clarence et Leaven avaient fait dans leur éducation. Expliquer au lieu de réprimander.
« C’est pas pour t’embêter que papa et maman t’interdissent de jouer avec les animaux que tu ne connais pas, c’est dangereux. Le chat du voisin n’avait pas envie de jouer, il faut respecter ça sinon il ne va pas être content. Tu comprends ? » Griffer, mordre, peut-être pire. Un pire que Leaven n’exprimait pas, loin d’elle l’idée de vouloir effrayer sa fille. Le but était qu’elle comprenne, qu’elle ne recommence pas et qu’elle sache détecter les signes lorsque les animaux n’étaient pas d’humeur à être manipulés. D’autant plus que, pour le coup, la situation avait été inattendue : les beaux jours faisant et le balcon de Lisa étant sécurisé, la porte avait été laissée ouverte et le chat de son voisin était venu s’aventurer dans le seul but de le traverser. Le crachat du félin peu content d’être porté par la petite fille (trop habituée à ses propres animaux de compagnie fort patients) avait alerté les adultes du danger.
Un danger que Clark semblait comprendre après quelques minutes de larmes de frustration, isolées dans la cuisine de Lisa pour ne pas déranger ses amies restées au salon. Toujours dans un murmure (pour l’obliger avec douceur à revenir dans le calme pour pouvoir l’entendre), Leaven lui avait demandé si elle avait faim, la montre de cette dernière lui ayant indiqué qu’il était l’heure du goûter. Ce à quoi Clark avait répondu par la positive, une bonne raison de revenir au salon, les larmes séchées, le nez mouché et le sourire aux lèvres à l’idée de manger : ce n’était pas la fille de ses parents pour rien. Retrouvant sa place sur sa chaise, la petite sur les genoux, Leaven soupirait d’aise. « J’en connais un qui va subir un vasectomie, moi je vous le dis. » disait-elle en riant pour souligner que l’éducation n’avait rien de facile et qu’elle était clairement pas prête à refaire des enfants pour le moment. Quant à Clark, elle regardait Lisa avec insistance. « Tata ? Je peux avoi’ ça, si’t’plait ? » Ca, cette salade de fruits qui lui faisait tant envie.
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