C’était officiel. La campagne était lancée. Shaé avait encore du mal à y croire. A trente ans, elle se trouvait à candidater pour le plus haut poste de l’administration d’un état américain. Il y avait eu du travail. Shaé n’était pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Mais comme bien souvent en politique, il était aussi question d’un timing. Un mouvement de société favorable à la candidature d’une femme, trentenaire qui plus est, démocrate.
Quoi qu’il en soit, Shaé était déterminée à ne pas laisser passer sa chance et à ne rien laisser au hasard. Depuis l’annonce de sa candidature il y a plus d’une semaine de cela, elle travaillait deux fois plus pour élaborer un projet cohérent, multipliant les rencontres avec ses concitoyens pour s'enquérir de leurs préoccupations ainsi qu'avec les puissants pour des négociations, des partenariats. Shaé avait une parfaite connaissance des rouages politiques et elle ne voulait négliger aucune strate.
Cela explique en partie ce message envoyé à Croesus, le convoquant à un diner là où elle avait prit l’habitude de s’adapter à ses invitations. Ce soir, elle voulait mener la danse. Elle avait besoin de son appui pour se rapprocher des acteurs de la sphère économique de la Californie dans laquelle, elle le savait, il avait une place de choix. Sa démarche n'était pas désintéressée concernant sa campagne. Mais l'italienne devait bien admettre aussi son désir de fêter sa réussite en bonne compagnie. C'est ce que Croesus représentait pour elle à présent. Les conditions de leur rencontre auraient pu annihiler tout espoir d'une entente entre eux mais la reconnaissance mutuelle de leurs ambitions et de leur réussite avait permis une nouvelle rencontre et plusieurs autres.
Ils avaient maintenant ce qu'on pourrait qualifier de "routine". Et Shaé était impatiente, dans son tailleur noir, de le voir arriver à la table du Braxas Hotel qu'elle avait réservé pour eux et de déboucher la bouteille de champagne qu'un serveur venait de déposer dans un seau en argent accompagnées de ses coupes de cristal.
. . . . love is all a matter of timing |