Accueil
Étrange sensation.
Étrange sensation que de revenir ici, à cet environnement oublié depuis tant d'années désormais qu'il pourrait facilement avoir appartenu à une vie antérieure. Les couloirs arpentés me sont si inconnus que j'ai l'impression de les découvrir pour la toute première fois. Je ne sais pas quelle absence m'est la plus étrange: celle de @"Debbie Michaels", ou la tienne?
Mes mains vides se balancent maladroitement de part et d'autre de ce corps qui semble avancer par automatisme. Je ne peux m'empêcher de penser que mes mouvements seraient plus naturels s'ils étaient guidés par ta main enserrant la mienne, m'emportant de nouveau vers le goût de l'inconnu et l'aventure de la découverte.
Quel étrange démon que celui d'être possédé par le désir de revenir ici, mordu par une curiosité mal placée et un sentiment de nostalgie absurde. Les dernières années se sont montrées particulièrement pénibles. Tout semblait plus simple, autrefois. UCLA. Ces premières années de vie adulte, passées à croquer la vie à pleine dents, étudier en modération, s'amuser à pleins poumons. Les nuits interminables passées à charmer Deborah, les 400 coups effectués avec ces camarades de classe depuis longtemps perdue de vue. Les examens réussis, ceux échoués. Une période ou la seule préoccupation que j'avais était l'inquiétude de ne pas accomplir mes rêves.
Qui suis-je, maintenant que j'ai accompli tout ce que je m'étais décidé d'entreprendre?
Un homme misérable, tout simplement.
Les enchères débutent, et je les observe, silencieusement. Rien ne m'interpelle. Les souvenirs sont toujours plus délectables que la réalité. J'en regrette assez rapidement ma venue ici, pour être honnête. Je suis d'ailleurs sur le point de partir, prêt à m'avouer vaincu et à regagner la solitude de cet appartement qui n'est plus le même sans ...
Toi?
Est-ce donc bien toi que j'aperçois, du coin de l'oeil, au fond de la salle? Je cligne des yeux, une fois ou deux, croyant à un mirage ou à un cruel coup du destin. Mais non. Il s'agit bien de toi.
Lysander.
Le tranchant d'un poignard enrobé sous toute la délicatesse d'une fleur. La peur paralysante de croiser ton regard. Le désir brûlant d'y lire un aveu. Tu m'as manqué.
Nerveusement, mon pied droit tapote le sol. M'as-tu vu? As-tu conscience de ma présence? Me parleras-tu? Ai-je le droit de te parler?
Les derniers mots que tu m'as adressés restent gravés dans ma mémoire. Un souvenir aussi brûlant qu'il est douloureux.
T'es qu'un minable, Peter. J'aurais préféré ne jamais te rencontrer.
Je rétrécis intérieurement en repensant à l'intensité de ton regard et à la violence de tes mots.
Va te faire foutre, Lys.
Des mots prononcés avec fougue, mais sans réelle conviction. Tu as toujours su éveiller le pire en moi. Et pourtant, je ne sais pas avancer sans toi. Te souviens-tu de la mélancolie qui gangrenait mon esprit avant notre rencontre? Du point auquel j'étais désabusé, lassé, aigri par les aléas de la vie?
Je me suis senti renaître aux côtés de ta jeunesse. Elle a déteint sur moi, comme de la teinture indélébile. Un bleu criard, intense, électrique. Comme notre histoire.
Cette histoire qui s'est terminée dans un éclat de rouge.
Des paroles, incompréhensibles. Une dispute plus vicieuse que toutes celles l'ayant précédée réunies. Une porte qui se claque. Un coeur qui éclate.
La fin.
Mais tu es là, et force est de constater que la page n'arrive pas à se tourner. Pas pour moi, malgré tous mes efforts. J'ai pourtant essayé de t'effacer de ma vie. Je me suis consacré à ma carrière. J'ai tenté de faire de nouvelles rencontres. Sans succès. Tu as su t'immiscer dans mes pensées les plus intimes, greffant ton nom et ton image sur chaque millimètre carré de ma psyché. Un territoire réclamé férocement par tes ardeurs lorsque j'avais encore de l'intérêt à tes yeux. Je suis le terrain vague de tes caprices passés.
Est-ce donc la seule chose que je représentais à tes yeux? Une erreur de parcours, un laps de jugement, un égarement de jeunesse?
Nos regards se croisent. Un espace, un instant. Deux battements.
Ba-dum. Ba-dum.
Gorge nouée, sueurs froides. Le cerf pris dans les phares étincelants d'une Chevrolet. Comme celui que nous avions évité, de justesse, lors de ce merveilleux weekend à Aspen. Te souviens-tu de la neige, des skis, et des tasses de café chaud dégustées dans le confort de ces draps de soie?
Comment as-tu pu si facilement m'oublier, Lys?
Dans nos meilleurs moments, rien ne pouvait nous arrêter.
Étrange sensation que de revenir ici, à cet environnement oublié depuis tant d'années désormais qu'il pourrait facilement avoir appartenu à une vie antérieure. Les couloirs arpentés me sont si inconnus que j'ai l'impression de les découvrir pour la toute première fois. Je ne sais pas quelle absence m'est la plus étrange: celle de @"Debbie Michaels", ou la tienne?
Mes mains vides se balancent maladroitement de part et d'autre de ce corps qui semble avancer par automatisme. Je ne peux m'empêcher de penser que mes mouvements seraient plus naturels s'ils étaient guidés par ta main enserrant la mienne, m'emportant de nouveau vers le goût de l'inconnu et l'aventure de la découverte.
Quel étrange démon que celui d'être possédé par le désir de revenir ici, mordu par une curiosité mal placée et un sentiment de nostalgie absurde. Les dernières années se sont montrées particulièrement pénibles. Tout semblait plus simple, autrefois. UCLA. Ces premières années de vie adulte, passées à croquer la vie à pleine dents, étudier en modération, s'amuser à pleins poumons. Les nuits interminables passées à charmer Deborah, les 400 coups effectués avec ces camarades de classe depuis longtemps perdue de vue. Les examens réussis, ceux échoués. Une période ou la seule préoccupation que j'avais était l'inquiétude de ne pas accomplir mes rêves.
Qui suis-je, maintenant que j'ai accompli tout ce que je m'étais décidé d'entreprendre?
Un homme misérable, tout simplement.
Les enchères débutent, et je les observe, silencieusement. Rien ne m'interpelle. Les souvenirs sont toujours plus délectables que la réalité. J'en regrette assez rapidement ma venue ici, pour être honnête. Je suis d'ailleurs sur le point de partir, prêt à m'avouer vaincu et à regagner la solitude de cet appartement qui n'est plus le même sans ...
Toi?
Est-ce donc bien toi que j'aperçois, du coin de l'oeil, au fond de la salle? Je cligne des yeux, une fois ou deux, croyant à un mirage ou à un cruel coup du destin. Mais non. Il s'agit bien de toi.
Lysander.
Le tranchant d'un poignard enrobé sous toute la délicatesse d'une fleur. La peur paralysante de croiser ton regard. Le désir brûlant d'y lire un aveu. Tu m'as manqué.
Nerveusement, mon pied droit tapote le sol. M'as-tu vu? As-tu conscience de ma présence? Me parleras-tu? Ai-je le droit de te parler?
Les derniers mots que tu m'as adressés restent gravés dans ma mémoire. Un souvenir aussi brûlant qu'il est douloureux.
T'es qu'un minable, Peter. J'aurais préféré ne jamais te rencontrer.
Je rétrécis intérieurement en repensant à l'intensité de ton regard et à la violence de tes mots.
Va te faire foutre, Lys.
Des mots prononcés avec fougue, mais sans réelle conviction. Tu as toujours su éveiller le pire en moi. Et pourtant, je ne sais pas avancer sans toi. Te souviens-tu de la mélancolie qui gangrenait mon esprit avant notre rencontre? Du point auquel j'étais désabusé, lassé, aigri par les aléas de la vie?
Je me suis senti renaître aux côtés de ta jeunesse. Elle a déteint sur moi, comme de la teinture indélébile. Un bleu criard, intense, électrique. Comme notre histoire.
Cette histoire qui s'est terminée dans un éclat de rouge.
Des paroles, incompréhensibles. Une dispute plus vicieuse que toutes celles l'ayant précédée réunies. Une porte qui se claque. Un coeur qui éclate.
La fin.
Mais tu es là, et force est de constater que la page n'arrive pas à se tourner. Pas pour moi, malgré tous mes efforts. J'ai pourtant essayé de t'effacer de ma vie. Je me suis consacré à ma carrière. J'ai tenté de faire de nouvelles rencontres. Sans succès. Tu as su t'immiscer dans mes pensées les plus intimes, greffant ton nom et ton image sur chaque millimètre carré de ma psyché. Un territoire réclamé férocement par tes ardeurs lorsque j'avais encore de l'intérêt à tes yeux. Je suis le terrain vague de tes caprices passés.
Est-ce donc la seule chose que je représentais à tes yeux? Une erreur de parcours, un laps de jugement, un égarement de jeunesse?
Nos regards se croisent. Un espace, un instant. Deux battements.
Ba-dum. Ba-dum.
Gorge nouée, sueurs froides. Le cerf pris dans les phares étincelants d'une Chevrolet. Comme celui que nous avions évité, de justesse, lors de ce merveilleux weekend à Aspen. Te souviens-tu de la neige, des skis, et des tasses de café chaud dégustées dans le confort de ces draps de soie?
Comment as-tu pu si facilement m'oublier, Lys?
Dans nos meilleurs moments, rien ne pouvait nous arrêter.