something wicked this way comes + drew.

Robe Prada, foulard Vuitton, la belle est prête, parée pour l'occasion.

Elle s'est faite belle, belle, si belle pour lui. Comme tant de fois auparavant. Comme tant de fois à venir. Une heure passée à s'épiler. Deux heures à s'admirer dans le miroir. Gloss, fard à paupières, rimmel, mascara. Un bain au lait de coco et aux pétales de roses plus tard, Sapphire s'applique une élégante couche de Black Opium Saint-Laurent, avant d'agrémenter sa tenue d'un bracelet de chez Tiffany's & Co. Il ne mérite pas de la voir ainsi parée. Mais il mériterait encore moins le privilège de pouvoir la voir au naturel.

Tout est question d'apparences.

La blonde ne perd donc pas une minute pour s'allonger confortablement sur son canapé, ouvrant hâtivement un magazine pour feindre l'indolence. Dans combien de temps arriverait-il? N'est-il pas déjà en retard? Ses sourcils se froncent. D'habitude, c'est elle qui n'est jamais à l'heure. Que fabrique-t-il donc?

La porte sonne enfin.

« Mirta, la porte! »

Sa domestique s'appelle-t-elle seulement Mirta? Elle n'en a aucune idée: ça n'a aucune importance. Tout ce qui compte, c'est qu'elle va obtenir un nouveau sac Gucci. Et peut être même plus, si la conversation se déroule aussi bien qu'espéré. Et Sapphire espère ; elle espère énormément. Elle a beau se refuser à l'admettre, l'évidence reste la même: il lui a cruellement manqué.

C'est con à dire mais je sais comment lui parler. Le sac Gucci était le prétexte pour venir la voir, elle aurait jamais accepté sinon, elle m'en veut encore mais Sapph refuser un sac ? jamais. Dix-huit heures à ma Rolex, je suis certain qu'elle m'attends avec impatience, la connaissant, elle s'est fait belle. Tout est question d'apparence avec Sapphire. Moi aussi je dois bien l'admettre je me suis fais beau gosse pour elle. Chemise Dior, chino, mocassins, parfum Dior, j'étais prêt pour y aller. Le sac de madame à la main et mes lunettes de soleil sur le nez je quittais mon penthouse en plein cœur de L.A et c'est au volant de ma Lamborghini que j'arpentais les rues de la ville pour me rendre à Beverly Hills chez Sapph.

Vingt minutes plus tard j'arrivais enfin chez elle. Putain de bouchons. Je me garais dans la cour de sa villa et venait sonner à la porte remontant mes lunettes sur le crâne. Une mexicaine venait m'ouvrir, la domestique de Sapph, je savais même plus son nom, elle me fit un signe de tête, je lui souriais et j'entrais. J'avançais dans la villa pour trouver Sapph sur son canapé.

« Joli robe. »

sortais-je sourire aux lèvres en venant lui tendre le sac en question.

« Je suis sûr que ce beau sac ira parfaitement avec. »

Je le posais à côté d'elle avant de m'asseoir.

« Je peux avoir un baiser en guise de remerciement ? »

J'étais joueur, et je la regardais avec ce regard et ce sourire joueur. J'adorais joueur avec elle.

Elle feint une lassitude désabusée lorsque Mirta escorte Drew jusqu'à son salon, ne pouvant cependant pas se retenir d'obtenir un aperçu du sac Gucci qui lui a été promis. Un Ophidia GG, exactement celui qu'elle espérait après l'avoir aperçu sur un post Instagram de son idole, l'illustre et phénoménale KK*(Kim Kardashian, pour les incultes).

« Oh, ça, vraiment? J'ai pris le premier truc qui m'est tombé sous la main. »

Mensonges.

Ils sont endémiques à sa personne, ancrés dans sa psyché même. Sapphire, reine des illusions et des mystifications, incapable de réellement assumer une ennemie plus effrayante encore que le ridicule et l'humiliation: la vérité.

Se rasseyant avec empressement, la brune-devenue-blonde-redevenue-brune (pour le fun, bien entendu) attrape le sac d'un enthousiasme presque sauvage afin de le dévisager sous toutes ses coutures.

« Un Ophidia GG! Exactement ce qu'il me manquait! »

Difficile de maintenir une façade de colère lorsque la seule chose qu'elle ressent à l'instant présent, c'est une joie débridée et démesurée. S'il y a bien une chose que Sapphire aime plus que tout, c'est les biens matériaux. Aucune avenue vers son coeur n'est plus rapide et directe que l'importation de marchandises coûteuses et en vogue. Trendy jusqu'à la moelle, la juive ne peut pas refuser une opportunité d'élargir son arsenal cosmétique. La question du blond lui fait cependant rouler des yeux. De sa voix aigüe et nasillarde, la future héritière d'une portion de l'empire Goldman-Sachs ne peut s'empirer de rouler ses yeux vers le blond.

« Si tu crois qu'il te suffit de m'offrir un sac pour que tout soit pardonné ... »

Elle soupire profondément avant de rouler ses yeux de nouveau vers le plafond.

« ... Bon, d'accord, mais juuuuste un petit! »

Elle est trop généreuse, elle en a bien conscience. Le monde serait bien pire si la magnanime Miss Sachs ne figurait pas parmi ses résidents, elle en est parfaitement informée. Sapphire attend que Drew se rapproche d'elle (car ce n'est certainement pas elle qui daignera se lever pour lui) afin de déposer un léger baiser sur sa joue, y laissant une marque de gloss apparente. (Elle avait bien pris soin d'utiliser le plus voyant. Sur certaines choses, la blonde peut se montrer bien perspicace).

« Du coup, tu voulais me parler? »

Sa voix tente de masquer la lueur d'espoir qui brille en elle. Il n'y a rien qu'elle désire plus au monde que de pouvoir croire en ses bobards. Elle espère qu'il saura bien se vendre.