these violent delights have violent ends ❧ madscar

@Oscar Luccheti

Le revoir après toutes ces années. Enfin.
Quelle sensation des plus étranges.
Quelle absence de vide.
Comment se fait-il que des traits pourtant enracinés puissent provoquer des sensations si peu familières ?

Oscar il se pavane toujours avec cette désinvolture.
Une princesse Disney.
Une caricature.
Il se pavane sans se méfier des vautours.
Je pourrais le planter. Là.
Sans même qu'il m'ait vu venir.
Son sourire, je pourrais lui en retirer l'envie.
Le regarder, dans les yeux, partir.

Patience.
Pose le décor.
Le dénouement peut attendre.

THESE VIOLENT DELIGHTS HAVE VIOLENT ENDS
BY MADDOX VALERIU

L'acteur s'empresse de porter le précieux nectar chaud à ses lèvres une fois la boisson délivrée par le barista. Un sourire satisfait vint immédiatement illuminer son visage. Le parfait dosage synonyme d'une commande respectée, il en oublie même son prénom écorché pour ne pas changer.

Il s'apprête à retrouver le chemin de la sortie lorsque son regard croise un visage familier. Battement manqué par son cœur et le précieux nectar fonce vers le sol, mais c'est sans compter sur les réflexes d'un perfectionniste qui tient autant éviter l'embarras public que la ruine de ses sneakers blancs.

Une fois la catastrophe évitée il s'autorise un sourire timide en direction du spectateur.

MADDOX
C'était moins une !

Le brun se mord la lèvre, visiblement gêné. Sa dernière interaction avec celui qui peut être considéré comme son ex n'a pas été des plus cordiales si l'on prend en compte les accusations de ce-dernier.

MADDOX
Quoi de beau ?

Il tente, comme pour prendre la température.

Difficile de commencer par un "Tu penses toujours que je l'ai tué ?"
J'ai dû mal à croire qu'il ait passé les sept dernières années à jouer aux détectives.
Non.
Ses soupçons se doivent d'avoir été enterrés.
Comme son satané aîné.

La cuillère danse dans la tasse. Trop grande pour être consommée. Trop brûlante pour être dégustée. Trop sucrée pour être appréciée.

Mais la cuillère danse, emportant dans ses tourbillons les vagues souvenirs de cette jeunesse qui m'a été volée. Elle me revient, parfois. File entre mes doigts. Des grains de sable tâchés par l'incertitude, la fine ligne entre les souvenirs et l'imagination.

Et toi? Ai-je imaginé ton nom?

Crocs acérés, dents brillantes comme le fer. Des lames tranchantes, aussi traitresses que des poignards.

Mad ox.

La vache folle.


Le coeur s'arrête. Le caffè remonte. Tout comme les sentiments, qui se bousculent pèle-même.

L'attirance.
La reconnaissance.
L'affection.
La compassion.

Le doute.
La suspicion.
L'épouvante.
L'indignation.

La terreur.

Dans ton regard, je ne lis que sa mort.

Que faire, comment agir?

Me lever?
Bouger?
Crier?
Hurler?

Et ce satané caffè ... Était-il empoisonné?

Regard méfiant adressé à la tasse, regard méfiant adressé au barista, à la femme d'en face, au passant dans la rue ... Un regard qui crie, un regard qui hurle, un regard qui appelle à l'aide.

Mais aucun regard pour toi.

Les yeux sont le miroir de l'âme. Ton âme d'encre putride montre un reflet d'un éclat dangereusement fatal.


Le silence. La danse de la cuillère s'interrompt. Le regard continue de fuir alors que les doigts se cramponnent à la table. Fuir n'est plus une option. Trop risqué, trop dangereux ... Je sens mon coeur s'accélérer, épris de frayeur.

Tu me fais peur.

Mais ici, il y a du monde. Entouré de témoins, je ne risque rien. Je dormirai sur place s'il le faut.

Que jouer?
L'ignorance?
La distance?
La froideur?
Le rejet?

Un sourire.

« Maddox! »

Main tendue, fauteuil tiré. Installe toi, cher ami: la danse ne fait que commencer.

« Qual plasir da ta rivedere! »

L'honnêteté est une monnaie trop risquée.
Mais ne crains rien: la trahison ne s'oublie jamais.