WINGS WOULDN'T HELP YOU
Ses doigts délicats tapent sur le clavier. Ces mêmes doigts qui, hier, tenaient fermement le bâtonnet indiquant sa grossesse. Une main se posa sur son bas ventre. Son regard suivit. Reste. Elle ne pourrait pas survivre à une quatrième fausse couche. Elle n'aurait pas la force. Depuis la veille, elle n'avait parlé à personne. Elle n'arrivait pas à être heureuse. La peur lui tiraillait le ventre. Peur de voir un nouvel espoir s'envoler. Peur d'affronter le regard d'Andrew lorsqu'elle devrait lui annoncer. Il avait toujours été à ses côtés. Hurlant de joie à l'annonce de chaque grossesse et puis lui caressant doucement les cheveux en essuyant ses larmes à chaque déception. Un pincement au coeur. Se remémorer ces moments, c'était aussi avouer que leur couple n'est plus ce qu'il était.
Premier amour. Une jeunesse fougueuse arrêtée par du café renversé. Le coup de foudre. Un amour si pur qu'il avait complètement bousculé la vie de deux êtres en parfaite opposition. Pearl, qui ne croyait pas en l'amour à cette époque, avait reçu une gifle violente. Andrew était devenu en quelques jours la personne la plus essentielle à son existence.
Aujourd'hui, elle travaille à quelques mètres de lui. Elle essaye d'imaginer cette situation quelques années plus tôt. Ils auraient été inséparables. Un couple d'adolescents en plein émoi. Ils auraient trouvé la moindre excuse pour se rejoindre, pour ne serait-ce que passer quelques minutes l'un près de l'autre. Divine connexion. Et aujourd'hui, elle est là, plantée devant son ordinateur à se demander comment lui parler. Cela fait plusieurs mois qu'ils ne parviennent plus à communiquer. Une cassure. Profondément ancré, quelque chose a changé. Pearl ne sait pas quoi, ni pourquoi. Elle ne le supporte plus et il ne la regarde plus. Pourtant dans quelques minutes Andrew est censé franchir cette porte vitrée. Pearl la fixe et soupir. Hier encore, elle s'était préparée à lui servir le plan marketing de la manière la plus froide possible. Mais. Mais s'il y avait bien un être humain grandissant dans son bas ventre, ne serait-ce pas mieux pour lui d'avoir ses deux parents à ses côtés ? Mais. Si elle perdait le bébé, comme les autres anges avant lui, ne souffrirait-elle pas d'une nouvelle séparation ? Andrew et elle, avaient-ils vraiment tout fait pour éviter cette pause absurde ? Autant de questions sans réponses.
Ils ont été tellement heureux. Elle se demande souvent si ce n'est pas par simple ennui qu'elle s'est mise à le détester. Elle était incapable de lui procurer la seule chose qui donnerait réellement un sens à leurs vies. Elle se sentait coupable d'abandonner. N'avait plus le courage de continuer. De persévérer. Il était d'accord. Ou il le disait pour ne pas la contrarier. Peut-être qu'il lui en voulait aussi. C'était sa décision. Elle l'avait prise sans lui demander. Pour son propre bien. En faisant ce choix, Pearl pensait s'accorder du répit, mais jamais l'envie d'avoir un enfant n'a réellement quitté son esprit.
Elle imprime les documents nécessaires, préparant sa réunion avec son ancien cher et tendre. Le téléphone sonne. Son assistante. "M. Sanders voudrait que la réunion ait lieu dans son bureau." Evidemment. Ça avait été stupide de proposer l'inverse. Elle réajuste sa veste de tailleur blanche, chausse ses Louboutin qu'elle a fait glisser sous le bureau pour être plus à son aise et se dirige vers la porte. Julia l'intercepte. "Je vous accompagne ?" Sourire aux lèvres, espoir dans les yeux. "Non, ça ira, on va faire ça en petit comité pour le moment." Pearl lui rend son sourire, sent la déception de son assistante, mais ne peut s'empêcher d'en être heureuse. Elle est persuadée que Julia apprécie un peu trop son patron.
Elle parcourt les quelques mètres qui la séparent du bureau d'Andrew sous le regard indiscret de ses collègues en open space. L'assistante d'Andrew lui tient déjà la porte ouverte et la referme dès qu'elle est entrée. "Bonjour Andrew." Elle ne croise pas son regard. Pose ses documents sur la table et attend qu'il lui propose de s'assoir.
Premier amour. Une jeunesse fougueuse arrêtée par du café renversé. Le coup de foudre. Un amour si pur qu'il avait complètement bousculé la vie de deux êtres en parfaite opposition. Pearl, qui ne croyait pas en l'amour à cette époque, avait reçu une gifle violente. Andrew était devenu en quelques jours la personne la plus essentielle à son existence.
Aujourd'hui, elle travaille à quelques mètres de lui. Elle essaye d'imaginer cette situation quelques années plus tôt. Ils auraient été inséparables. Un couple d'adolescents en plein émoi. Ils auraient trouvé la moindre excuse pour se rejoindre, pour ne serait-ce que passer quelques minutes l'un près de l'autre. Divine connexion. Et aujourd'hui, elle est là, plantée devant son ordinateur à se demander comment lui parler. Cela fait plusieurs mois qu'ils ne parviennent plus à communiquer. Une cassure. Profondément ancré, quelque chose a changé. Pearl ne sait pas quoi, ni pourquoi. Elle ne le supporte plus et il ne la regarde plus. Pourtant dans quelques minutes Andrew est censé franchir cette porte vitrée. Pearl la fixe et soupir. Hier encore, elle s'était préparée à lui servir le plan marketing de la manière la plus froide possible. Mais. Mais s'il y avait bien un être humain grandissant dans son bas ventre, ne serait-ce pas mieux pour lui d'avoir ses deux parents à ses côtés ? Mais. Si elle perdait le bébé, comme les autres anges avant lui, ne souffrirait-elle pas d'une nouvelle séparation ? Andrew et elle, avaient-ils vraiment tout fait pour éviter cette pause absurde ? Autant de questions sans réponses.
Ils ont été tellement heureux. Elle se demande souvent si ce n'est pas par simple ennui qu'elle s'est mise à le détester. Elle était incapable de lui procurer la seule chose qui donnerait réellement un sens à leurs vies. Elle se sentait coupable d'abandonner. N'avait plus le courage de continuer. De persévérer. Il était d'accord. Ou il le disait pour ne pas la contrarier. Peut-être qu'il lui en voulait aussi. C'était sa décision. Elle l'avait prise sans lui demander. Pour son propre bien. En faisant ce choix, Pearl pensait s'accorder du répit, mais jamais l'envie d'avoir un enfant n'a réellement quitté son esprit.
Elle imprime les documents nécessaires, préparant sa réunion avec son ancien cher et tendre. Le téléphone sonne. Son assistante. "M. Sanders voudrait que la réunion ait lieu dans son bureau." Evidemment. Ça avait été stupide de proposer l'inverse. Elle réajuste sa veste de tailleur blanche, chausse ses Louboutin qu'elle a fait glisser sous le bureau pour être plus à son aise et se dirige vers la porte. Julia l'intercepte. "Je vous accompagne ?" Sourire aux lèvres, espoir dans les yeux. "Non, ça ira, on va faire ça en petit comité pour le moment." Pearl lui rend son sourire, sent la déception de son assistante, mais ne peut s'empêcher d'en être heureuse. Elle est persuadée que Julia apprécie un peu trop son patron.
Elle parcourt les quelques mètres qui la séparent du bureau d'Andrew sous le regard indiscret de ses collègues en open space. L'assistante d'Andrew lui tient déjà la porte ouverte et la referme dès qu'elle est entrée. "Bonjour Andrew." Elle ne croise pas son regard. Pose ses documents sur la table et attend qu'il lui propose de s'assoir.
We were made to be.
Nothing more than this.