get well soon, I guess — adam & elisa

Je suis allongée ici, dans cette chambre d'hôpital. Les murs blancs, les infirmières qui chuchotent, les machines qui bippent sans fin. Une lieutenant de police, une flic endurcie … et voilà que je me retrouvais à jouer le rôle de la gentille patiente docile. C’était la première fois que je prenais des balles, et ça n’était pas franchement agréable comme sensation. Bien sûr, ça devait être lors de cette fichue intervention. On n’aurait même pas du se trouver là. On n’avait même pas de gilets. J’aurais vraiment pu mourir comme une débile.

Je sens la douleur dans ma poitrine à chaque respiration, chaque mouvement. @Talya S. Adams m’a dit que j'avais eu de la chance, que la balle avait touché mon poumon mais qu’elle avait été en mesure de me sauver, même si ça n’était pas passé loin. J'ai toujours été chanceuse, paraît-il. C'est ce qui m'a permis de survivre à ce cauchemar. La chance et, bien sûr, Marco. Marco, c’est le flic avec qui j’étais ce jour là. C’est lui qui m’a tiré de l’enfer des armes automatiques en abattant les derniers membres de gang. Lui qui m’a permis d’être rapidement prise en charge par les secours. Même si l’attente m’avait semblé interminable…

Alors que je me repose dans mon lit d’hôpital, je vois Adam franchir le seuil de la porte. Adam, cet autre flic qui m'en veut à mort. Du moins c’est ce qui transpire par les pores de sa peau. Bordel mais ils laissent vraiment rentrer n’importe qui ici?! Je me rappelle quand j'ai découvert qu'il était au bord du précipice, prêt à sombrer dans le burnout. J'ai vu les signes, les symptômes. C'était mon devoir de faire quelque chose pour l'empêcher de causer un accident, pour le protéger autant que je le pouvais. Alors j'ai alerté la hiérarchie, j'ai signalé ses problèmes, et il a été « rétrogradé » comme détective. Pour moi, c'était une manière de le sauver, de lui donner une chance de se reprendre en main.
Mais Adam, lui, il ne le voit pas de cette manière. Non, il me voit comme une traîtresse, une ennemie, celle qui a ruiné sa carrière. Et maintenant, il est là, debout à côté de mon lit d'hôpital.

Je tourne la tête pour le regarder, et un sourire se dessine sur mes lèvres. Sa gentillesse l’avait obligé à être là, même si on savait tous les deux qu’il aurait préféré être n’importe où ailleurs. - Adam! Quelle surprise! Je me redresse péniblement pour avoir l’air un peu moins mal en point, et faire meilleure figure. - Tu venais vérifier si j’étais morte? Spoiler, ce n’est pas encore pour cette fois-ci, désolée de te décevoir!

Je regarde Adam, mon sourire s'élargissant légèrement devant son sourire un peu forcé. C'était toujours un plaisir de le taquiner, même dans des circonstances comme celles-ci. - Bien sûr que je ne suis pas morte, on ne peut pas se débarrasser de moi si facilement. Mon ton est léger, mais au fond de moi, je sais que je marche sur des œufs. La rancune qu'il ressent envers moi est encore palpable, même si le détective est un bon bougre (la preuve, il est là dans cette chambre). Il tente de répliquer d'une manière plus sérieuse, me rappelant la gravité de la situation. Je hoche la tête, admettant implicitement ma faute, fait assez rare pour le souligner. - Tu as raison. J'ai toujours eu un sens de l'humour un peu… tordu… même dans les moments un peu spéciaux. Il semble prendre un instant pour réfléchir à ses mots, puis ajoute, de manière plus sincère cette fois-ci, qu’il est content que j’aille bien. Ces mots me touchent plus que je ne veux l'admettre. Peut-être que, malgré toute sa rancune, il se soucie vraiment de moi. Ou peut-être qu'il se soucie simplement de sa propre culpabilité, sachant qu’il a du souhaiter qu’il m’arrive des bricoles plus d’une fois. Je ne suis pas sûre, mais je vais prendre ce compliment à sa juste valeur.

Adam tend alors un bouquet de fleurs pas particulièrement impressionnant, mais le geste compte. Je prends les fleurs avec un sourire reconnaissant. - Oh, Renfield, tu t'es surpassé avec ce bouquet. Je plaisante, sachant très bien qu'il n'a pas eu beaucoup de choix dans la sélection s’il les avait achetées sur le chemin.- En vrai merci. C'est vraiment gentil de ta part d'être venu me voir… malgré tout. Je sais que la route vers la réconciliation avec Adam sera longue et difficile, mais peut-être, juste peut-être, que ce moment est le début d'un changement. En tout cas, c'est ce que j'espère au plus profond de moi. Il avait fait le pas en tout cas.

Je prends le bouquet avec un air amusé, notant la nuance de rouge sur le visage d'Adam. - Désolée, je ne voulais pas te mettre dans l'embarras. Mais vraiment, c'est l'attention qui compte. Mes doigts effleurent les pétales des fleurs, un geste presque tendre. Peut-être qu'il ne comprend pas toujours mon humour, mais au moins il a fait l'effort de venir…

Il enchaîne sur une leçon de sérieux, comme si j'étais une recrue fraîchement sortie de l'école de police. Je retiens mon soupir. Si seulement il pouvait lâcher prise un peu, prendre une pause dans son austérité parfois... - Merci pour le conseil. Je vais m'assurer de rester vigilante à l'avenir au cas où je recroiserai une balle passerait par là…. Mon regard croise le sien, un éclat de malice dans mes yeux, je ris doucement parce que ma poitrine me fait encore souffrir.

Il insiste sur le mot "collègue". Rien de plus, rien de moins. Comme si nous n’étions rien de plus. Peut-être qu’à une époque nous étions plus que ça, des amis, mais je crois qu’il m’en voulait trop pour me laisser l’être encore. Je hoche la tête, avec un sourire, ne laissant pas la remarque d’Adam m’atteindre, même si cela m’attristait un peu… après tout j’avais d’autres amis et j’avais agi en fonction de ce que je pensais être bien. - C'est bien ce que nous sommes, après tout. Juste deux collègues essayant de survivre dans ce monde fou qu'est la police. Je souligne le mot "juste", parce qu’il l’a bien cherché. Mes doigts jouent distraitement avec les pétales du bouquet, une façon de canaliser l'énergie qui bouillonne en moi et qui ne peut être canalisée sur le terrain à la recherche des échanges. Il semble vouloir clore la discussion sur une note plus légère, insistant sur le fait qu'il serait un "piètre collègue" s'il ne passait pas me souhaiter un bon rétablissement. Je lui adresse un sourire sincère cette fois-ci. - J'apprécie le geste, Adam. Vraiment. Mes yeux se plongent dans les siens, une lueur de compréhension mêlée de quelque chose d'indéfinissable. - Merci d'être passé.

Je laisse un silence s'installer, réfléchissant à la complexité de notre relation, à la tension palpable entre nous. Peut-être, juste peut-être que cette hospitalisation forcée aurait été l'occasion de revoir certaines priorités. Ou peut-être pas. Seul le temps le dira.
Peut-on réellement effacer le passé et repartir à zéro, ou sommes-nous condamnés à ce délicat équilibre entre l'amertume et la gentillesse? Mon regard se perd dans le jeu de lumière à travers la fenêtre, et pour un bref instant, je me permets de rêver à une résolution qui transcenderait nos conflits. Peut-être, juste peut-être. - Je sais que tu m’en veux toujours Adam. Les yeux dans le vague, je les repose sur le détective. J’espérais qu’il serait plus vocal sur ce qui le dérangeait… sans être sûre qu’il accepterait de dénouer ce qui se tramait sous son crâne.

Les mots d'Adam sonnent clair comme de l’eau de roche, comme il en a l'habitude. Ses yeux me transpercent comme les balles l’ont fait un peu plus tôt, son visage semble être une forteresse impénétrable, cachant la tempête d'émotions qui gronde en lui. Pourtant je peux voir la tension dans son corps, le serrement de sa mâchoire. Je sens la douleur sous-jacente dans ses mots et le poids des non-dits. Il aurait tellement de choses à dire, à hurler même, mais il se retient. Je le comprends, mais j'aimerais qu'il parle. Qu'il exprime sa colère, son ressentiment… qu’on avance.

D’accord, j'ai rompu sa confiance, et j'ai bouleversé sa carrière, mais ça n'était pas un acte de trahison, du moins pas de mon point de vue. C'était une tentative de le protéger, même s'il ne le voyait pas ainsi. Je savais qu'il était au bord de l'effondrement. Les signes étaient là, les nuits blanches, les cauchemars, la perte de concentration. J'avais vu des collègues sombrer dans le burnout, et je ne pouvais pas supporter de voir la même chose arriver à Adam. Il était mon ami, mon partenaire. Je me sentais responsable de sa sécurité autant que de la mienne… Alors, j'ai signalé ses problèmes à la hiérarchie, espérant qu'ils prendraient des mesures pour l'aider, pour le mettre en retrait temporairement, pour qu'il puisse se remettre sur pied…

Oui… Peut-être, juste peut-être, que si j'avais su comment tout cela se passerait, j'aurais agi différemment. Mais à l'époque, je pensais que c'était la chose à faire pour le sauver, même s'il ne le comprend pas et ne peut pas me pardonner.… Les rancunes peuvent être profondes...

Il prend la décision de partir un peu rapidement et il se dirige vers la porte de ma chambre, et je regarde sa silhouette s'éloigner. Mes yeux suivent son départ, une lueur de tristesse mêlée dans le regard. - Je vais essayer, oui. Je lui fais un signe de la tête, l’air reconnaissant avec un mince sourire, avant de le laisser prendre congé, si c’est ce qu’il a décidé.