grasshopper frappuccino — thaddeus & leilo

« Bonjour, est-ce que ce serait possible de commander un Frappuccino Mocha, s'il vous plaît, avec des pépites de java et deux pressions de sirop de menthe poivrée? S'il te plaît merciiiii! »

Elle offre son plus beau sourire au barista, qui semble peiner à suivre la cadence de ses mots, avant de reporter son attention à son téléphone.



Elle range son téléphone dans sa poche, ses doigts tapotant nerveusement contre le comptoir.

« Leyla? »

« Leilo », souffle-t-elle finalement.

« ... Comment? »

« C'est Leilo », affirme-t-elle de nouveau, avec plus de fermeté dans sa voix.

En guise de réponse, la barista la toise de haut en bas, la regardant avec mépris et dédain, éternisant ce regard, avant de lui tourner le dos, sans un mot de plus. Leilo réagit à ce regard cinglant par des sourcils froncés et une expression outrée, avant d'attraper sa boisson et d'aller se poser dans le coin, près de la vitre. Le meilleur emplacement pour guetter son arrivée, à lui. Thaddeus. Thad. Bae. Anciennement connu sous le nom de « bae ».

Son coeur se pince alors qu'elle regarde la boisson qu'elle a commandé. Le frappucino de la sauterelle? Elle a aucune idée à quoi s'attendre. C'était leur truc, à elles. Maddie et elle. Depuis qu'elles avaient appris que le Starbucks avait un menu secret, elles s'étaient mises au défi de tout tester. Toutes les variantes, toutes les combinaisons possibles et imaginables. Et de tout tabuler dans un carnet, pour pouvoir ensuite effectuer leur classement définitif.

Thad avait essayé de se prendre au jeu, lui aussi, avec plus ou moins de succès. Surtout moins. Leilo se souvient des fous rires innombrables qu'elle a eu en le voyant peiner à articuler la recette d'une boisson « secrète » pour se manger un refus de la part du barista, alors que Maddie et elle sirotaient tranquillement leur consommation faite sur mesure en admirant cette scène digne d'une émission de télé-réalité. Il y avait beaucoup de souvenirs, avec Thad. Beaucoup de bons souvenirs. C'est ce qui avait rendu leur rupture complètement incompréhensible, aux yeux de Leilo. Et incroyablement douloureuse.

Pourquoi, donc, avait-elle accepté de le retrouver, aujourd'hui?

Excellente question.

Maddie lui avait pourtant dit que c'était une mauvaise idée. Mais Leilo, comme à son habitude, n'en avait fait qu'à sa tête. L'espoir est une créature aussi cruelle qu'elle est mystérieuse. Mais qu'espère-t-elle, exactement? Des réponses? Si seulement elle le savait. Plus elle l'attend, plus elle remet en question sa décision. Une minute. Deux minutes. Trois minutes...

« Ok, non, non, nope », finit-elle par décider, se redressant soudainement, attrapant son frappucino sauterelle, prête à déguerpir.

C'est alors que la cloche de la porte d'entrée retentit et qu'elle se retrouve nez-à-nez avec...

« Thad! » s'exclame-t-elle d'une voix surprise. Et maintenant, elle est censée dire quoi exactement?

L'incident diplomatique est évité de justesse: son frappuccino sauterelle menaçant dangereusement de se renverser avant de s'apaiser dans son gobelet.

« Ça va, merci », finit-elle par souffler, en se reculant pour laisser son ex entrer. Ne souris pas, ne souris pas, ne souris pas, s'ordonne-t-elle mentalement. Puis, il reprend la parole. Il a l'air carrément dégueu ton truc, par contre.

C'est plus fort qu'elle. Leilo se retrouve trahie par un rire discret. Elle se rattrape rapidement, les yeux pétillant de malice, un sourire au coin des lèvres, malgré elle. « Non, en vrai ça va encore. » Certes, la boisson ne figurera pas très haut dans le classement de leurs meilleures consommations, mais elle parviendra tout de même à la terminer. Elle le suit distraitement vers la caisse, se retenant tant bien que mal de sourire lorsqu'il commande son macchiato. Elle reconnait bien là le Thad avec qui elle s'était projetée quelques mois, deux années plus tôt. C'est justement ce qui rend ces retrouvailles d'autant plus difficiles: il n'a pas changé. Du moins... Pas au premier abord.

Elle, en contrepartie, a vécu tant de choses depuis qu'elle a l'impression de ne plus être la même. Elle l'envie, quelque part. Il semble étrangement... À l'aise? Plus confiant en lui. Là où elle s'est retrouvée plus renfermée, méfiante des autres. Cela lui sied bien au teint, cela dit: elle ne peut pas le nier.

La brune glousse légèrement malgré elle lorsqu'elle entend la barista appeler un « Sadius? Sadius? » Elle attend un peu, pour voir si Thaddeus réalisera qu'elle lui parle, à lui. Ça aussi, c'était un de leurs petits jeux, avec Maddie: compter le nombre de secondes qu'il faudra à Thad pour réaliser qu'on lui parle. Pour toutes ses qualités, il était souvent perdu dans ses pensées. Là où Leilo était très terre à terre, parfois, même, trop, Thad lui semblait toujours vivre avec toute la légèreté d'un nuage.

Lui assenant éventuellement un coup de coude, la voyante finit par lui souffler que: « ... Je crois que c'est pour toi. » Il y a une bienveillance apaisante chez son ex, elle ne peut pas le nier. Elle est la première à s'agacer lorsqu'on écorche son prénom. Le voir remercier la barista, avec autant de bienveillance, est étrangement ... attendrissant? Elle ne saurait pas faire preuve d'autant de patience. Ils se complétaient bien, à ce niveau là, tous les deux. Il avait l'art de savoir choisir ses combats. Elle avait le fardeau de ne pas savoir lesquels choisir, et de tous les accepter en conséquence. Un poids lourd à porter. Elle en était la première consciente.

Ils s'assoient enfin, et Leilo se sent fondre légèrement lorsqu'il lui sourit. Elle s'en veut, d'être aussi faible. De céder, si facilement, à sa gentillesse. Elle a pourtant tellement de colère, tellement de rancoeur à exprimer. Mais il suffit d'un regard, d'un sourire, pour tout effacer. Et soudainement, elle n'est plus face à Thaddeus, le « connard » qui l'avait plaquée par appel. Elle est face à Thad. Thad, son meilleur ami. Thad, son confident. Thad, cet homme qu'elle avait « aimé », avant même de savoir ce qu'était l'amour. « Oui. Ça fait longtemps », finit-elle par souffler avant de boire une nouvelle gorgée de son frap (et de grimacer). Non, décidément, c'est vraiment trop aromatisé à la menthe pour elle. « ... Tu as bonne mine », elle finit par constater, d'une voix neutre. Mais s'il prenait le temps de regarder ses yeux assez attentivement, il parviendrait à y lire une pointe de tristesse.

tw: rupture, insécurités, mentions d'inégalités raciales et de racisme intériorisé, mentions brèves d'intimité charnelle, mentions de pauvreté

Ils s'installent, et son coeur se pince. Tout semble s'arrêter, quelques brefs instants. Son coeur. Sa respiration. Les rotations même de la planète. Tout.

Un instant, elle a l'impression de le retrouver. Thad. Cet homme qu'elle avait aimé, et sur lequel elle avait misé tant d'espoirs, il y a ce qui semble désormais être une vie entière. Il s'était immédiatement démarqué, dès la première conversation Tinder. Plutôt que de lui demander si « tu baises? », il s'était intéressé à elle. Il lui avait posé des questions. Il avait fait preuve d'une sensibilité rare parmi les hommes, et d'une attention particulièrement touchantes. Pour la première fois de sa vie, Leilo s'était sentie réellement vue. Et ce sentiment lui avait donné des ailes. Avec Thad, elle avait appris à s'ouvrir. Avec Thad, elle avait appris à baisser ses gardes. Avec Thad, elle avait appris à se livrer.

Puis, alors que tout semblait enfin faire sens, il lui avait coupé l'herbe sous le pied. Un appel. Quelques secondes avaient suffi pour mettre fin à ce rêve auquel elle s'était accroché comme à une bouée de sauvetage. Sa confiance ébranlée, son cynisme avait repris le dessus, plus féroce et ferme que jamais. Il lui avait appris beaucoup de choses, Thad. Comment s'ouvrir. Comment rêver. Comment aimer. Et surtout, comment se méfier des beaux hommes, et de leurs belles paroles. Peut être que s'il n'y avait pas eu de Thad, elle n'aurait jamais réalisé à quel point Sid était malsain. Elle suppose qu'elle lui doit bien un peu de reconnaissance à ce niveau là, tout du moins.

La situation reste extrêmement gênante. Qu'est-elle censée dire à cet homme qui lui avait offert un rêve suivi d'un cauchemar? Une part d'elle aimerait se relever et lui coller une gifle bien méritée – car il le mériterait bien. Cette part d'elle serait prête à l'insulter, lui hurler dessus. Une autre part d'elle hésite à la jouer plus subtile. Jouer le rôle de l'amie, se montrer conciliante et compatissante... Pour manger sa vengeance au point le plus glacial et profiter au maximum de ce revers de médaille, également bien mérité. Mais au fond d'elle même, Leilo n'est pas une femme vicieuse. Avant tout, elle est une femme blessée. Et elle sait également qu'aucune vengeance ne soignera cette blessure. Le seul remède, c'est le temps.

Il faut dire les choses comme elles sont: il est difficile de rester en colère lorsqu'il est là, en face d'elle. Il semble soudainement si inoffensif. Si docile. Si calme. Si apaisant. Elle retrouve en lui toutes les qualités qui l'avaient attirée au départ, et dont elle fait encore le deuil à l'heure actuelle. Les hommes comme Thad, les personnes comme Thad, sont rares. Elle avait bien ressenti, dès leur rencontre, qu'il n'était pas comme les autres. Il y avait une sincérité bienveillante dans ses mots, dans ses gestes. Sous tous abords, il avait été le petit-ami idéal. Certes, sur le plan intime, les choses auraient pu être meilleures... Sa vie charnelle avec Thad était infiniment inférieure aux délices qu'elle avait pu vivre sous les mains fermes de Sid. Avec Thad, il y avait toujours eu comme cette impression qu'il n'était jamais réellement là, avec elle.

Mais en dehors de ce détail plus ou moins (in?)important, il avait été le petit ami parfait. Ce qui explique pourquoi la rupture avait été d'autant plus douloureuse: si il avait été parfait, la seule réponse logique était donc qu'elle était la source du problème. Elle s'était longtemps demandée, en boucle, la seule et unique question qui comptait réellement: Pourquoi? Pourquoi ne l'aimait-il pas, ou plus? Pourquoi n'était-elle pas assez pour lui? Était-elle trop jeune? Pas assez? Trop grosse? Trop mince? Trop noire? Pas assez? La précarité de sa situation de vie était-elle si flagrante qu'elle s'apparentait davantage à une pouilleuse, à ses yeux, qu'à une compagne? Avait-elle été sa bonne action de l'année? Étais-ce-elle, qui était mauvaise au lit? Un ricanement inaudible s'échappe d'entre ses lèvres en y repensant. Non, assurément, ce n'était pas ce dernier point qui lui avait prêté défaut. Mais quoi, alors? Car le problème devait bien venir d'elle... Non?

Leilo est tellement perdue dans ses pensées qu'elle manque de rater les excuses de Thad. Heureusement qu'elle n'avait pas son café en bouche: elle l'aurait recraché autrement. Mais son sang s'arrête, à nouveau. Ce n'est qu'en entendant ces mots qu'elle réalise à quel point elle en avait eu besoin. « Je... Merci. » Il y a tant de choses qu'elle aimerait pouvoir dire, et ajouter, elle qui d'habitude n'a aucun mal à prendre la parole et commander l'attention. Mais quelque chose lui dit que si elle se tait, pour une fois... Peut-être qu'il lui donnera la réponse aux questions qui l'ont si souvent tenue éveillée, la nuit.

Malgré tout, une question, toujours la même, lui brûle sur le bout des lèvres. Et la brune sait qu'elle s'en voudra terriblement si elle se retenait de la poser. Alors, Leilo s'arme de son courage. « ... Est-ce que j'ai le droit de savoir pourquoi? » Formulée avec toute la douceur dont elle est capable. Ce n'est pas beaucoup, ce n'est certainement pas aussi emprunt de tact que si les rôles avaient été inversés... Mais ça reste un effort surhumain pour la belle, qui l'invite à partager, avec elle, sa vérité. En espérant qu'il acceptera son invitation. Le cas contraire, elle ne garantit pas qu'elle ne perdra pas son sang froid. Elle n'est qu'humaine, après tout.

Et ce qu'elle craignait secrètement arrive, contre ses meilleurs instincts: les sentiments qu'elle espérait avoir neutralisés au moment de leur rupture refont surface. Peut être est-ce dû à la façon dont il la regarde. Peut être est-ce dû à la douceur de sa voix. Peut être est-ce tout simplement dû à l'attention et à la sincérité de ses mots. Leilo ne saurait expliquer exactement comment, ni pourquoi, mais elle a l'impression d'avoir mis les pieds dans une machine temporelle et d'être remontée à deux ans plus tôt. Lorsqu'ils étaient encore en couple. Et qu'elle était encore amoureuse.

Une part d'elle craint à ce qu'il lui propose de retenter l'expérience: serait-elle assez forte pour maintenir ses positions et affirmer qu'elle était définitivement passée à autre chose? Saurait-elle faire preuve de courage en lui résistant, alors que le courant était toujours si naturellement passé, entre eux? Les gens avec qui Leilo s'entend bien se comptent bien sur les doigts d'une main. Mais Thaddeus et Maddie avaient toujours été les évidences, rares exceptions à son antisociabilité farouche et sauvage.

Elle reste appréhensive, nerveuse, trop nerveuse à l'idée d'où la conversation pourrait bien les mener. Et le pire, dans tout ça, c'est que Leilo ne sait même pas ce qu'elle veut. Alors qu'habituellement, elle sait toujours ce qu'elle veut. Tout ce qu'elle sait, c'est que tout désir de vengeance s'était effacé depuis bien longtemps – probablement depuis les débuts de son histoire avec Sid. La brune fait preuve de sa fougue habituelle en se permettant de lui demander le pourquoi du comment de leur rupture – un geste risqué, mais la vie de Leilo se définit littéralement par une succession de risques calculés. Impossible de vivre autrement dans un univers où le privilège n'a jamais été une option, sous tous rapports.

Pourquoi?

Leilo ne savait pas à quoi s'attendre, en posant cette question. Elle ne savait pas quoi attendre de ces retrouvailles inattendues, également. Elle s'était imaginé beaucoup de possibilités, beaucoup de scénarios. Elle avait l'impression d'avoir passé toutes les possibilités au peigne fin. Et pourtant, pour toutes ses ruminations et toute son ouverture d'esprit, la brune reste prise de court, complètement estomaquée par le motif que lui offre son ex.

Je suis gay.

Elle le dévisage intensément, cherchant la moindre faille, le moindre signe qu'il s'agit là d'une mauvaise blague. Le sourire qu'il maintient sur son visage n'arrange en rien les choses, la brune se retrouvant totalement déstabilisée par cette expression qu'elle ne parvient pas à déchiffrer. Les pensées fusent en elle. Subitement, tout fait sens.

Et plus rien ne fait sens.

Tant de choses se voient expliquées, justifiées par cette confession. Mais tant de souvenirs, si précieusement conservés, se voyaient également entachés à présent. Toute leur relation avait été un mensonge.

Je ne le comprenais juste pas aussi clairement qu’aujourd’hui.

Un océan d'émotions bout en elle. Elle est la fureur. Elle est la rage. Colère. Tristesse. Déception. Elle pourrait vivre dans le déni et supposer qu'il ment uniquement pour préserver ses sentiments, mais la brune n'a même pas besoin d'envisager cette éventualité, convaincue qu'il dit la vérité: il y a des choses qui ne mentent pas, finalement. Et maintenant qu'il le lui a avoué, tout fait sens.

« Ah » se contente-t-elle de répondre.

Au moins, maintenant, tu le sais. Et je suis encore désolé. Je n’ai jamais voulu te faire du mal. Parce que j’ai toujours adoré nos moments ensemble.

Pour ce que ça peut lui faire...

« Eh bien écoute, j'suis vraiment contente que tu saches qui tu es, Thaddeus. C'est vraiment super pour toi. » Elle le dit sans réelle conviction, consciente, surtout, qu'en 2023 c'est important de ne pas humilier les gens pour leur sexualité. Elle a bien conscience que ce n'est pas forcément quelque chose qu'il peut contrôler. Elle avait déjà rejeté des femmes qui lui avaient fait des avances, Maddie et elles s'étaient même embrassées une ou deux fois pour voir comment c'était (sans surprises, les deux se sont vites rendues à l'évidence que ce n'était simplement pas pour elles). Donc sur ce point là, elle ne peut qu'accepter, non pas par désir mais bien par devoir, parce que Leilo est une fille moderne, et refuser d'accepter cet aspect de Thaddeus ne serait tout simplement pas envisageable.

Mais cela ne lui retire pas son droit à la colère pour autant, et elle n'a pas peur de le revendiquer.

« Je suppose que j'étais qu'une expérience ou un faire valoir, du coup. Ça aurait été cool que tu puisses te découvrir sans te servir de moi et foutre le bordel dans ma vie mais j'comprends que ça aurait été trop te d'mander, visiblement. »

Et puis, ce n'est pas là que l'histoire s'arrête, pour Leilo. Elle se relève, soudainement, attrapant son sac et sa boisson vraiment médiocre (elle ne l'avait pas payée pour ne pas la terminer, l'argent ne pousse pas sur les arbres après tout). « Je suppose que t'avais également pas d'autres options que de me plaquer par téléphone comme une merde, sans explications ni rien, pour bien que j'intériorise ça et que je me remette en question pendant des mois, en me disant que c'était de ma faute, que j'étais le problème d'une façon ou d'une autre, qu'il fallait que je change. » Si elle reste calme, elle se montre également sèche, froide, cassante. Glaciale. Son regard est féroce et pointu.

« T'es qu'un putain d'égoïste, en fait, Thaddeus. » Elle regretterait presque ces mots si elle n'était pas tant enragée par ce qu'elle venait d'apprendre. Pendant tout ce temps, elle s'était remise en question pour découvrir qu'au final le problème ne venait même pas d'elle-même? Et cet idiot, plutôt que de le lui dire dès le début pour qu'elle ne se torture pas, avait été trop faible pour pouvoir épargner sa sensibilité bien plus prononcée qu'elle n'aimerait l'admettre. Au fond d'elle, elle sait bien qu'il y a un amas de subtilités et de complexités qu'elle ne prend pas forcément en compte. Elle y viendra quand elle aura eu le temps de digérer la nouvelle, qui reste particulièrement difficile à encaisser.

Quelques minutes plus tôt, elle se préparait à ce qu'il lui propose de retenter l'expérience, une nouvelle fois. Maintenant, elle se rend compte que rien de ce qu'ils avaient vécu n'avait été réel. Et ça fait particulièrement mal, compte tenu du fait qu'elle l'avait aimé, et profondément. Mais pouvait-elle seulement parler d'amour lorsqu'elle sait ce qu'elle sait à présent? L'avait-elle seulement connu pour qui il était réellement? Cette révélation remet tant de choses en questions que la brune se voit complètement déstabilisée. « En tout cas, j'espère pour toi que tu te f'ras jamais tej par un connard au téléphone, sans explications ni rien, pour que tu t'retrouves comme un con à te demander c'que t'as fait d'mal, comme moi ça m'est arrivé. » Elle hésite à ajouter un dernier « connard », avant de réaliser qu'elle est bien trop remontée pour pouvoir dire un mot de plus. Alors, Leilo tourne les talons et quitte le Starbucks.