RED LIGHT - Ariel

Le même rituel chaque soir. Douche minutieuse, gel douche imposé par la maison (odeur attirante mais trop puissante pour ne pas importuner les clients tout en leur prouvant que le produit est comestible), cheveux coiffés avec soin et vêtement sobre. Je dois pouvoir m’adapter à chaque client, devenir le fantasme de chacun. De toute façon, je vais changer de tenue plusieurs fois dans la soirée, parfois j’ai des demandes spécifiques (les costards marchent bien en ce moment), parfois les clients arrivent avec des fringues spécifiques que je dois enfiler. C’est le jeu. Tant qu’ils payent, ils peuvent bien jouer à Barbie et Ken, ce n’est pas le pire qu’il puisse arriver avec un client.

Il est 21h et je viens de passer mon statut en “Disponible” sur ma tablette. Margaux n’aime pas qu’on commence trop tard car il faut contenter ceux qui viennent en sortant du travail mais je suis rentré tard de la salle de sport et j’avais besoin d’un moment à moi avant d’offrir mon corps au plus offrant. J’ai à peine le temps de terminer de lacer mes chaussures qu’un bip de réservation résonne dans ma chambre silencieuse. Ça n'aura pas traîné ce soir. La notification m’indique la chambre numéro 8. Aucune indication sur le client, ni de demande particulière à respecter.

Je traverse le couloir, descend de deux étages, adresse un clin d'œil d’encouragement à Eva qui me croise, un client accroché à son bras. J’ai toujours refusé de traîner dans le salon du rez-de-chaussée, je ne suis disponible que sur réservation. Je ne suis pas là pour me pavaner sous le nez des clients, ça me rappelle de mauvais souvenirs. Les numéros défilent sur les portes et dans mon fort intérieur, je prie pour ne pas tomber sur un vieux croulant ou sur un adepte du BDSM. Il est trop tôt pour me faire fouetter ou encore pire, pour fouetter quelqu’un. Mais comme le dit Margaux, le client est roi alors s’il a envie de me transformer en poupée gonflable à sa disposition, je ne pourrais protester à aucun moment. C’est dans mon contrat.

J’arrive devant la porte qui affiche le numéro 8. Le moment que je redoutais le plus à mes débuts est devenu mon préféré. J’aime ce moment où chacun de nous sait que l’autre est derrière la porte, ce moment où nos palpitants accélèrent avant de nous laisser plonger dans l’inconnu. Silence sur le plateau, moteur et… Action ! Je frappe trois petits coups à la porte et entre dans l’arène. Bonne nouvelle : tu as moins de soixante-dix ans.

Bonsoir, je m'appelle Storm.

Storm, ma nouvelle identité depuis mes 16 ans. Un nom qui me permet de me détacher complètement de ma vie pour entrer dans un jeu qui me rapporte gros. Quand je le porte, je deviens un autre homme, sûr de lui, entreprenant, expérimenté. Toi par contre, tu as l’air nerveuse. Tu tends tes doigts, regarde le lit d’un air incertain, ça doit être la première fois que tu viens dans une maison close. J’affiche un sourire discret mais réconfortant, je ne connais pas tes goûts et tu n’as rien indiqué lors de la réservation alors on va y aller doucement.

Et si on laissait le lit pour le moment et qu’on allait plutôt s’installer sur les fauteuils pour faire connaissance ?

J’étire un de mes bras en direction des deux fauteuils disposés au bout de la pièce. On est pas obligé de se mettre à poil tout de suite, tu as l’air d’avoir besoin d’un moment de transition. Je te laisse t’installer et évite de te toucher pour le moment. Je n’ai pas envie de te faire paniquer en étant trop entreprenant. J’ouvre le mini-bar, débouche une bouteille de champagne et nous sert deux coupes. Je n’ai pas le droit de consommer de l’alcool durant mes heures de travail mais je peux toujours faire illusion. Une coupe se retrouve entre tes mains et je garde l’autre en m’installant face à toi.

C’est votre première fois Chez Margaux ?

Je garde le vouvoiement jusqu’à ce que tu m’autorises à te tutoyer. Encore une fois, j’y vais à l’aveugle avec toi et on ne peut pas dire que tu me donnes beaucoup d’indices sur ce que t’aime avec les hommes ou sur ce que tu attends de moi.

Le lit s’éloigne de nous pour nous laisser pénétrer dans un décor qui sera sûrement moins compliqué à gérer pour toi. Les premières fois sont toujours impressionnantes mais j’ai la sensation qu’on va avoir un bon feeling tout les deux. Et puis, je fais ce métier depuis assez longtemps pour savoir comment mettre à l’aise mes clients. Je te laisse t’installer, te sers du courage liquide et me contente de tremper mes lèvres dans ma coupe.

Bien sûr.

Le tutoiement est un bon début. Je l'interprète comme un signe que tu commences à te détendre en ma compagnie. Je te laisse prendre tes marques, explorer la pièce du regard pendant que je m'installe dans un fauteuil.

Ne t’excuse pas Charlie. Laisse moi gérer la rencontre -Je reprends volontairement tes mots pour que tu continues de te détendre- et toi, profites juste du moment.

Je te fais signe de t’installer dans le fauteuil face à moi et maintient un doux sourire sur mes lèvres. D’accord, tu es pragmatique. Il te faut les détails pratiques avant que tu acceptes de lâcher la bride. Je devine que tu es le genre de femme à tout contrôler d’habitude, que tu aimes que ta vie soit réglée comme du papier à musique. Ça doit te déstabiliser de te retrouver dans une situation où les rôles sont inversés. Je me note dans un coin de ma tête de te rendre les rênes rapidement pour savoir si dans cette chambre aussi tu veux dominer ou si au contraire, tu cherches à te laisser complètement aller pour une fois.

Je m’autorise une gorgée de champagne. Désolé Margaux mais avec le fric que je te rapporte, je peux bien subtiliser une coupe de temps en temps.

Je fonctionne uniquement à la réservation, ce qui veut dire qu’en me choisissant, tu as un créneau d’une heure avec moi. Si toutefois notre rencontre se prolonge, une heure supplémentaire te sera facturée.

Je dépose ma coupe de chambre sur la petite table basse à côté de moi avant d’esquisser un premier geste dans ta direction. Je tente des choses pour savoir où se trouvent tes limites. Je penche mon torse en avant, attrape une de tes jambes pour la déplier jusqu’à ce qu’elle repose sur mon genou. Pour le moment, mes doigts se contentent de masser ton mollet pour que tu t’habitue à mon contact.

Mais la facturation, c’est pas le domaine de Margaux, pas le nôtre.

Même si une fois que tu auras passé la porte, j’aurai cinq minutes pour arrêter le compteur de notre rencontre et cocher les différentes options utilisées pendant ma prestation. La partie la moins glamour de mon travail mais essentielle, si je veux récupérer mon enveloppe à la fin de la semaine.

Si tu me disais plutôt ce dont tu as envie ? Ou ce que tu aimes ?

Je garde un ton calme et posé, espérant que la tonalité grave de ma voix détende tes muscles. Je peux voir d’ici que tes épaules sont nouées. Si tu acceptes mon contact sur tes jambes, je tenterai un massage des épaules en deuxième étape. Sauf si tu veux accélérer les choses, c’est toi qui décide Charlie.

Mes doigts continuent de glisser sur ta jambe pendant que tu parles. J’ai noté que tu as eu besoin d’une nouvelle coupe de champagne pour commencer à te confier. Ça doit être compliqué pour toi de lâcher prise. Mais ça me motive pour que tu repartes de cette chambre en étant détendue et avec de bons souvenirs en tête.

Je t’écoute attentivement et tes premiers mots me font sourire. Je ne me moque pas, loin de là. Je sais que les gens s’imaginent qu’ils se passent des trucs de fou dans les chambres d’une maison close. Que les portes numérotées cachent les pires fantasmes, que les hôtes sont habillés de cuir ou exécutent des pratiques extrêmes. Ça arrive, bien sûr. Certains poussent la porte de Chez Margaux pour se laisser aller à des fantasmes qu’ils n’osent pas assumer dans leur vie quotidienne. Mais la plupart des clients restent très classiques. Ils viennent ici pour avoir un contact humain, un moment de complicité, même s’il est artificiel. Beaucoup de femmes me demandent juste de les prendre dans mes bras, de les embrasser et d’être doux.

Il n’y a rien de mal à être classique, tu sais.

Je t’offre une moue rassurante. Il faut que tu te sentes à l’aise avec moi, en sécurité pour que ça fonctionne. Si tu redoutes tes mots ou si tu ne te sens pas libre de me dire ce qu’il te passe par la tête, je peux d’ors et déjà te dire que tu ne renouvelleras pas l’expérience. C’est aussi mon job de mettre la bonne ambiance en place et je pense que nous sommes sur la bonne voie.

Ma tête tombe sur le côté et mon sourire s'agrandit.

Joyeux anniversaire, Charlie. Je vais tout faire pour que tu gardes un excellent souvenir de cet événement.

Je laisse retomber ta jambe doucement sur le sol et me lève pour attraper la bouteille de champagne afin de te servir moi-même. Je suis à ton service pendant la prochaine heure alors profites en. Je me glisse derrière toi, même si tu n’as pas l’air d’avoir de problème de confiance, il est parfois plus facile de laisser glisser les confidences si je ne suis pas dans ton champ de vision. Mes mains se posent sur tes épaules, se figent pendant une seconde et quand je suis sûr que tu es d’accord avec mon initiative, je me mets à te masser.

Qu’est ce qui te ferait passer un bon moment ?

Mes doigts glissent sur ton chemisier, s'appliquent à te détendre pendant que je tente de cerner tes envies.

On peut rester dans le classique pour ta première fois avec moi. Je peux être doux si ça te rassure.

Mes mains descendent un peu plus bas pour t’emmener tranquillement vers des choses un peu plus sérieuses.

Ou alors, on peut tenter quelque chose de nouveau pour marquer le coup. Est-ce que tu as un fantasme que tu as envie de réaliser ? Tu peux tout me confier, Charlie.

Il n’y a pas de honte à avoir dans cette pièce, c’est une safe zone. Et je fais ce métier depuis pas mal de temps alors j’ai déjà tout entendu, tu peux y aller. Plus rien ne peut me choquer.

Je peux te proposer un jeu de rôle soumise / dominant, ou le contraire si tu veux contrôler ce qu’il se passe entre nous. Le BDSM soft est aussi une piste que nous pouvons explorer en utilisant des menottes par exemple.

Je plante mes graines dans ta tête et attends de voir ce qui va germer.

Mes doigts explorent ton corps, tentant parfois une descente plus prononcée sur ta poitrine. Tu as l’air de te détendre et c’est un très bon signe pour la suite. Il n’y a pas d’horloge dans la chambre pour ne pas perturber les clients mais avec l’expérience, j’arrive à peu près à me repérer dans le temps. Si j’arrive à faire durer la prestation, je peux remplacer l’argent perdu avec les options par une heure supplémentaire. Je sais, c’est moche de penser à mon argent alors que je suis en train de mettre en place une relation charnelle entre nous mais on ne va pas se mentir, je ne fais pas ce boulot car j’aime le sexe. Je le fais parce que ça rapporte et que ça me permet d’être en sécurité. Financièrement parlant en tout cas. L’orphelinat a été une expérience déplaisante, je ne veux pas prendre le risque de me retrouver de nouveau dans cette situation où ma vie et mon bien-être dépendent d’une personne autre que moi.

Je laisse mes souvenirs avec Ariel et replonge dans mon rôle de Storm. Je ne dois pas me déconcentrer. Aucun fantasme, hein ? On va faire en sorte de les stimuler. Ça te libérera déjà et ensuite, ça te donnera peut-être envie de me réserver de nouveau. J’aime les clients fidèles, surtout quand il s’agit de belles femmes. Ça a un côté rassurant et puis, on ne peut pas dire que tu sois une cliente difficile. Pour le moment.

Le tissu de ton chemisier glisse sous mes doigts alors que tu te lèves. Pendant un instant, je redoute que tu aies changé d’avis et que tu renonces à notre moment. Si tu quittes la chambre maintenant, la passe ne me rapportera vraiment pas grand chose et j’aurai perdu une demi-heure de ma nuit. Mais tu me surprends en faisant disparaître tes vêtements. Tu n’étais pas en train de prendre peur finalement, juste ton besoin de contrôler la situation qui refait surface.

Mes bras prennent appuie sur le dossier du fauteuil et je regarde attentivement le spectacle que tu m’offres. Tes gestes sont lents, sensuels. Je ne sais pas si c’est ce que tu cherches mais ça me fait clairement de l’effet. Je n’aurai pas besoin d’aide chimique avec toi. Tes sous-vêtements en dentelle et ton strip tease improvisé font le boulot. Je te laisse prendre les rennes, ne bouge pas en attendant de savoir ce que tu comptes faire. Les tissus superflus sont au sol et tu esquisses des pas dans ma direction. Je ne quitte pas ton regard, t’encourage à venir jusqu’à moi.

Tu prends ma main, la dépose sur ton flanc. Le message est passé, Charlie. Je caresse ta peau douce, remonte le long de tes cotes, effleure ton soutien-gorge et laisse un doigt audacieux suivre les courbes de ta poitrine. Un sourire étire mes lèvres.

Découvrons-nous comme une première fois.

Mes mains continuent de te caresser pendant que tu décides que je porte trop de vêtements. Tes doigts tremblent un peu en défaisant les boutons de ma chemise mais tu ne te démontent pas. Je savais que tu étais une femme avec du cran, tu ne fais que confirmer mes premières impressions. Ma chemise tombe au sol, tout comme mon pantalon, me laissant en boxer face à toi. J’aime le regard que tu poses sur ton corps.

Très bien.

Mes mains se resserrent autours de tes hanches et ma bouche va explorer ton cou puisque les baisers ne seront pas de la partie. J’embrasse la peau sensible de cette partie de ton corps en te faisant reculer en direction du lit. Tu es prête pour revenir dans cette partie de la pièce. Je retiens mes gestes un maximum mais j’ai peur de te faire tomber en avançant à l’aveugle.

Je prends donc l’initiative de plaquer mes mains derrière tes cuisses pour te porter contre moi. Tes jambes s’enroulent autour de ma taille et je peux ainsi avancer jusqu’au lit sans prendre le risque de te faire mal. Et puis ma bouche se retrouve à hauteur de poitrine, ce qui est un avantage pour amorcer la suite du programme, à savoir découvrir où sont tes zones érogènes.

Il est d’accord pour vivre cette expérience comme une première fois. J’oublie, pendant un moment, qu’il est payé pour être d’accord avec moi. Mais ça m’arrange, j’ai pas envie de me prendre la tête. Un coup d’anniversaire, rien de plus. Il est là pour faire en sorte que ma soirée soit sympa, et pas que je déprime à l’idée d’être seule. Et il y arrive bien, pour le coup. Il m’embrasse dans le cou, ça fonctionne bien… je frissonne à son contact, et ferme les yeux, alors que mes mains se calent sur son dos… Je le laisse gérer, le suit dans n’importe quelle initiative, m’accrochant à lui quand il attrape mes cuisses. Tout va très vite… Il y a dix minutes, j’osais à peine lui expliquer ce que je voulais, et me voilà en sous vêtement, désormais allongée sur le lit, Storm au dessus de moi.

Et je lui cède cette place, pour une fois. Je le laisse gérer, après tout, c’est lui le professionnel… Mais c’est assez rare que je laisse un parfait inconnu me dominer. Je suis du genre à monter sur mes amants, pour contrôler le moindre mouvements mais… là, non. J’ai même peur qu’il pense que je ne suis pas très expérimenté vu mon inactivité. Et voilà, je réfléchis, encore. Je crois qu’il le sent, car il semble décidé à me faire perdre pied, de différentes manières. Il prend son temps, et j’apprécie grandement. Quelques gémissements se vont entendre, preuve du plaisir que je prend. Simuler ? Jamais. Habituellement, si ça ne me plait pas, et bien on ne fait pas.

Ce n’est qu’une fois terminé que je me décide à me redresser. Après tout, mon temps doit être fini… J’attrape mes vêtements, et m’habille à la hâte. J’aurai aimé me laver mais… j’en sais rien, j’ose pas rester à côté maintenant qu’on a fini. Puis je pense qu’il doit être attendu… Alors j’attrape mes affaires, comme quelqu’un qui partirait juste après un coup d’un soir.

- …. merci, c’était bien.. sympa !, et… merci.

Wow, mais qu’est-ce qui m’arrive ? Ce n’est pas mon genre de bouger sur les mots. Et pourtant… Je lui souris, et après un signe de main, je quitte la pièce, retrouvant Margaux, qui me regarde avec un sourire. Oui, bon, je sais qu’elle a comprit. Normal, c’est son établissement. Je lui souris, à elle aussi, avant de repartir chez moi

——

Aout 2021  

J’y suis retournée. C’est fou, hein ? Mais ça me fait un bien incroyable de me laisser aller comme ça, de temps en temps. Après une journée de merde au travail, je me rend souvent sur le site de réservation de chez Margaux, et regarde qui je vais aller voir le soir même. Je n’ai pas revu Storm, j’ai essayé d’autres hommes… Puis bon, ça me paraissait étrange de me dire qu’il a vu mon visage prendre du plaisir, donc je sais pas… C’est bête, non ? J’ai essayé Titanic, mais qui n’a pas été aussi… doux. J’ai essayé aussi Thunder, mais il faut croire que les pseudo en « T » ne me conviennent pas. D’autres hommes aussi, mais… Non, ce soir, c’est Storm que j’ai envie de revoir. Alors je le réserve sur le site -toujours aussi étrange de me faire ce genre de réflexion, comme si j’achetai un sac à main…-, pour dans une heure, et ajoute même une note, pour une fois. Je ne le fais jamais, mais… je me lance. Storm, c’est mon cobaye des premières fois.


Pourquoi rouge ? Il n’y a pas de raison particulière, juste voir si il fait vraiment ce que les notes indiquent. De son côté, j’ai aussi joué le jeu à fond, en assortissant mon sous vêtement au sien. Un body rouge, que j’ai acheté pour l’occasion. Et comme dans les films, j’attrape une veste longue, que je ferme à la taille. Il fait trop chaud pour mettre un long manteau, mais… on pensera juste que j’ai un short très court en dessous, et un décolleté très prononcé. Et des louboutins. Wow mais ce look… tellement pas moi. Mais de toute façon, personne ne me verra, j’irais avec ma propre voiture, cette fois. Dernière retouche de rouge à lèvre dans le rétro de ma voiture, et je me présente, à l’heure, bien que je ne rejoigne la chambre que deux minutes plus tard. Comme pour être sûr qu’il soit là avant moi. Et c’est à mon tour d’ouvrir la porte, et d’entrer dans la pièce. Pas la même que la dernière fois.

- Bonsoir, Storm.

Je lui souris, ferme la porte, et reste debout, à côté de cette dernière.

- Tu te rappelles de moi ?

Je ne sais pas pourquoi je lui demande ça… Il doit avoir tellement de clients ! Mais bon, il doit avoir vu mon prénom sur la réservation, de toute façon.

Cette première rencontre se déroule de manière tout à fait agréable. Tu veux une sensation de première fois alors je prends mon temps. Mes gestes sont doux, attentionnés, je prends soin de découvrir ton corps pour m’attarder plus spécifiquement sur les zones qui te font gémir. Les préliminaires durent, je te prépare du mieux que je peux pour la suite, mon orgueil se gonflant à chaque gémissements que je t'arrache. Je n’ai même pas à me forcer, tu as un corps très agréable qui répond parfaitement au mien. Il y a une belle alchimie entre nous et c’est presque naturellement que nous arrivons au point culminant de tête à tête.

Les joues encore rougis par nos ébats, tu quittes le lit comme si le matelas était soudainement en feu. Tu récupères tes vêtements pendant que j’enfile simplement mon boxer. Je n’ai pas le temps de te proposer d’utiliser la salle de bain que tu es déjà prête à prendre la poudre d’escampette. Ton empressement me tire un sourire amusé pendant que je te regarde te préparer à partir, nonchalamment installé au bout du lit.

Merci à toi Charlie. J’ai passé un très bon moment.

Sourire charmeur, dernier regard et tu quittes la chambre. J'espère avoir réussi à te convaincre de renouveler l’expérience. Je sors la tablette du tiroir de la table de nuit, arrête le chrono de notre entretien et remplis les détails pour la facturation. J’utilisa la salle de bain de la chambre pendant qu’une femme de ménage commence déjà à remettre la chambre en ordre pour le prochain client. Le temps c’est de l’argent, même chez Margaux ! A peine le temps de regagner ma chambre qu’un bip m’avertis d’une nouvelle réservation. C’est reparti.

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Août 2021

Je mets sur pause ma série et attrape ma tablette qui me signe une réservation urgente. C’est pour dans une heure et malgré moi, je laisse un soupire s’échapper de mes lèvres. Je serais bien resté au lit ce soir pour finir ma série et pourquoi pas bouquiner un peu. Mais les affaires sont les affaires. Je me force à me redresser pour examiner la réservation d’une certaine Charlie. Elle veut que je porte un sous-vêtement rouge, sans autre précision.

Direction la douche et j’effectue ma préparation de routine avant un client. Pas besoin d’enfiler une chemise cette fois, je me contente d’un boxer rouge d’une marque de luxe et enfile un peignoir en soie. Je vérifie le numéro de la chambre avant de partir et me rend sur le lieu du rendez-vous à peine quelques minutes avant l’arrivée de ma cliente. J’avoue avoir traîné un peu sous la douche mais j’avais besoin de me réveiller sous peine de m’endormir sur le lit en attendant l’arrivée de la fameuse Charlie.

J’accroche le peignoir dans la salle de bain, et je m'installe sur le lit. J’opte pour une pose pas du tout naturelle mais qui fera son petit effet à ton entrée. Allongé sur le côté, un bras replié qui soutient ma tête. J’ai pris soin de monter un peu le chauffage pour ne pas mourir de froid en attendant ton arrivée. Heureusement pour moi, tu es ponctuelle puisqu’une poignée de minutes seulement me séparent de ton entrée dans la chambre.

Tu entres dans la pièce où j’ai tamisé les lumières et mon sourire s’agrandit. Une revenante. Ça fait presque un an qu’on ne s'est pas vu et pour être honnête, je ne pensais pas te revoir un jour.

Bonsoir Charlie.

Je me redresse légèrement, tout en continuant de te fixer. Toujours aussi belle.

Bien sûr que je me rappelle de toi. Une nouvelle envie de première fois ?

Je ne retiens pas les envies de tous mes clients mais la tienne avait été si spontanée et touchante que je ne l’ai jamais oublié. Mon sourire répond au tient et je te fais signe de t’approcher. Je n’ai pas non plus oublié ton besoin de tout contrôler mais me laisser les rênes nous avait plutôt bien réussi la dernière fois. Je tend le bras, attrape une de mes mains et te tire vers moi et donc vers le lit.

Est-ce que ma tenue te plaît ? C’est ce que tu avais imaginé ?

Ce manteau est de trop entre nous et pendant que tu réfléchis, mes doigts commencent à défaire la ceinture qui cache, j’en suis sûr, quelque chose de bien plus intéressant. Mon regard traîne sur tes jambes nues et sur ton décolleté. J’espère bien que tu es nue là-dessous.

Moi, j’aime beaucoup la tienne.

Nouveau sourire charmeur, ou charmé. Question de point de vue.

La situation est bien plus simple à gérer cette fois. On ne s’est vu qu’une fois mais nos corps se rappellent l’un de l’autre. Il y a une atmosphère intime et détendue, c’est plus facile de travailler dans ces conditions, sans avoir à gérer le stress de la cliente. Tu acceptes même de venir jusqu’à moi quand je t’en fais la demande par un simple geste. Plus docile ou plus en confiance, je te laisse mettre les mots que tu veux mais dans tous les cas, ça me convient.

Mes doigts accrochent la ceinture de ton manteau, joue avec la boucle mais c’est bien tes mains qui viennent donner le coup d’envoi de cette nouvelle rencontre. Tant mieux, ça me laisse tout le loisir d’admirer ta performance. Je me recule légèrement, ancrant mes mains dans le lit pour voir le spectacle d’un meilleur point de vue. Le manteau tombe à tes pieds, te laissant dans un body rouge écarlate qui met en valeur chaque courbe de ton cœur. Ma langue vient réhydrater mes lèvres dans un geste sexy, naturel ou programmé, c’est mon secret.

Laisse donc ton manteau au sol, je te préfère comme ça.

Je me redresse, la voix plus rauque. La température semble avoir pris quelques degrés et ce n’est pas à cause du chauffage. Tu portes un regard chargé de désir sur moi et j'espère que tu arrives à lire la même chose de mon côté. Si mon regard te laisse dans le doute, tu peux jeter un œil à une autre partie de mon anatomie qui manifeste très clairement son approbation face à ta tenue. La femme hésitante et stressé est déjà loin derrière toi. Si ce petit update est dû à un de mes collègues, il faudra me donner son nom pour que je puisse le remercier.

Ce body te va parfaitement bien.

Mon doigt suit la couture de ta lingerie, ma main caresse sa dentelle fine. Un pur plaisir pour les yeux. Je me redresse, t’attire entre mes cuisses pour pouvoir caresser ton dos puis tes fesses. Je sais que tu as envie de reprendre en main la situation, je te sens frémir entre mes mains pourtant alors laisse toi aller. Ici tu n’es que Charlie, tu n’as pas besoin de jouer un rôle ou de te montrer forte si tu n’en a pas envie.

Quels sont tes plans pour ce soir, Charlie ?

Tu t’accroches à mes épaules et cette fois c’est ma bouche qui vient remplacer mes mains. Sur ta poitrine pour commencer puis je descends doucement vers ton ventre avant de mordre doucement dans le creux de ta taille.

Dis moi vite ce que tu veux sinon, je risque de ne pas pouvoir me retenir d’arracher ton body avec les dents pour te prendre par derrière sur ce lit.

Mes mots sont crus, tu as dit que tu voulais tenter une nouvelle première fois mais différente de la première. Notre premier rendez-vous était doux et consensuel, on va essayer de mettre un peu de piment. Si ça ne te convient pas, je sais que tu sauras me mettre sur la piste de ce qui te trotte dans la tête. Car c’est toi qui a imaginé ces tenues, tu as donc dû imaginer la suite.

Je profite de la vue. Ma dernière cliente n’était pas aussi bandante que toi alors je me crée quelques souvenirs pour me stimuler. Je ne sais pas ce que le reste de la nuit me réserve, alors autant profiter de ce moment. Même si j’exagère un peu et que tous mes faits et gestes sont étudiés, certaines réactions sont tout à fait spontanées. Le sourire qui flotte sur tes lèvres me prouve que tu en as tout à fait conscience. J’aime cette Charlie qui prend des initiatives. Utilise moi tant que tu veux pour tes expériences, je sers à ça.

Tu l’as acheté en pensant à moi ?

Mes doigts continuent de te parcourir, parfois remplacés par ma bouche, parfois par ma langue. Je me souviens plutôt bien de la cartographie de ton corps. Je sais quel endroit prendre d’assaut pour que tes doigts se perdent dans mes cheveux, je sais où mordre pour te tirer un râle de plaisir. Oh oui, Charlie. Une seule rencontre et j’en sais déjà beaucoup sur toi. Je reste sur ton corps, j’avais noté dans ta fiche que tu refusais les baisers. La bouche est hors périmètre, c’est une information importante. Pour moi ou mes confrères.

Puis le ton change, tu reprends la situation en main. Mon dos retrouve le moelleux du matelas et tu me grimpes dessus. Tes mots me tirent un sourire, un vrai sourire, cent pour cent authentique. Mes mains accrochent tes hanches avant de glisser sur tes fesses. Tu veux baiser… Alors baisons.

A vos ordres, Madame.

Mon ton est léger mais ma voix rauque prouve que ton programme me plaît bien. J’avais pas trop envie de jouer au Prince Charmant ce soir, ce body mérite autre chose. De la passion, des grognements et des bruits de claquement obscènes. Content qu’on soit sur la même longueur d’ondes. Et c’est tout à fait ce qu’il se passe. Cette passe va plutôt vite. Je passe quand même par la case préliminaire pour gagner un peu de temps mais nos mouvements n’ont plus rien de tendre. Je garde ton body un maximum en place avant de le dégager sur le sol. Je fais attention de ne pas l’endommager, je ne voudrais pas que son prix soit retenu de mon salaire parce qu’il a l’air de coûter un bras.

Je concrétise ton fantasme, te laisse m’utiliser comme tu le veux, te baise avec passion comme si nous étions un jeune couple fou de désir. Une fois terminé, je prends les devants avant que tu fuis cette chambre comme si j’avais la peste.

Tu peux utiliser la salle de bain, si tu veux. Il y a de quoi prendre une douche si tu en as besoin ou juste te rafraîchir.

Je m'assois dans le lit, le drap remonté jusqu’à ma taille. Je ne vais pas jusqu’à te proposer un verre, je sais que tu as hâte de partir. Peut-être une prochaine fois, si tu as envie d’une nouvelle nuit avec moi.