CINQUIEME INTRIGUE ⁂ Giant mousse party !

Je n’étais pas rancunière mais en temps normal j’aurais peut-être mis un peu plus de temps à pardonner Tylian qui m’avait tout de même parlé comme à un chien et surtout, pas comme à l’amie que j’étais, pas comme à la personne haute en importance que j’avais envie d’être vis-à-vis de lui. L’alcool aidait parfois et il venait d’en bénéficier, on va dire que la soirée n’était pas vraiment au top pour moi, j’avais été assaillie de toutes les parts sans avoir vraiment de quoi répondre en retour. Que voulez-vous, les humains pouvaient être cruels entre eux, peut-être plus que n’importe laquelle des espèces animales et j’en avais fait les frais un peu involontairement ce soir. Je m’étais donc noyée dans l’alcool avec comme seul objectif de trouver un peu de paix au milieu de cette boite de nuit naturellement bruyante. J’étais déjà bien imprégnée, je m’étais directement appliquée à boire coup sur coup et tout le monde savait qu’en buvant dans un laps de temps trop court rendait plus facilement ivre encore. Je n’avais pas énormément mangé avant de venir ce qui n’aidait pas et je sentais donc déjà ma tête tourner. Ainsi je m’étais rapidement calmée sur ma haine pour mieux retrouver les bras de mon meilleur ami pour lequel je ressentais un petit plus depuis un long moment déjà sans jamais avoir fait autre chose qu’étouffer ces réflexions gênantes pour une relation aussi fusionnelle que la nôtre. Dans ses bras je me sentais pourtant plus en sécurité que jamais et, alcool aidant, ma langue avait tendance à se délier. Je ne devais pas être trop bavarde et cela risquait d’être difficile, tout le monde le savait, ivre, tout le monde ouvrait davantage sa gueule et c’est généralement là qu’on en apprenait le plus. « Par chance tu as toute la vie pour me le dire » Je relevais la tête, le regardant timidement et tendrement à la fois. « Tu promets que tu ne m’abandonneras jamais ? » Le questionnais-je comme un enfant qui faisait promettre à sa grand-mère de ne pas dire qu’il avait fait une bêtise aux parents. « M’enfin tâche de le faire avant que la sénilité me guette. Ca serait dommage de rater ça pour cause de surdité aigue ou je ne sais quoi d’autre encore » Un petit gloussement et voilà la seule réponse que je lui apportais, terminant mon mojito que je tenais habilement entre mes mains depuis tout à l’heure. « Je…je n’ai pas d’excuses, j’étais contrarié et je m’en suis injustement pris à toi. Je suis désolé. » Le voilà qui admettait ses torts, parfait, je souriais, attendrie par sa petite moue et déposant un court baiser sur le bout de son nez. « T’inquiètes va, t’es un mec, t’es con de nature tu n’y peux rien ! » Regardez la féministe qui s’était réveillée en moi, je le taquinais cependant, il n’était pas comme les autres mecs, il était unique à mes yeux. « Pour m’excuser je ferai la cuisine à notre prochaine virée en tête à tête. Tu aimes les pâtes j’espère ? » Bien trop alcoolisée pour pouvoir relever les subtilités de son regard je hochais simplement la tête, signe d’approbation. « Si tu as de la sauce tomate alors oui, sinon c’est moi qui ferait la cuisine. » Je sentais que mes idées commençaient à s’embrouiller, mon corps se réchauffait et ma vision devenait plus chaotique. « Tu acceptes de revenir au bar avec moi ? Leaven doit nous y attendre… » Pourquoi diable voulait-il retourner voir son amie alors que j’étais là, dans ses bras ? Il s’était retourné pour regarder si la jeune femme en question l’attendait et, il semblerait que ça n’était pas le cas. Dommage pour lui. « Et si on leur proposait de se joindre à nous sur la piste de danse ? Après tout la soirée est loin d’être terminée» L’alcool ne me réussissait vraiment pas, surtout pas lorsque Tylian se trouvait à proximité, je me comportais comme une bombe à retardement et l’explosion risquait de m’être fatale. Le prenant par la main pour aller sur la piste je lui faisais face une dernière fois, argumentant ma décision à venir. « Et si tu oubliais cette fille deux minutes pour danser juste avec moi… Beau brun ? » Sans lui laisser le choix je commençais à me déhancher contre son corps, jamais je ne me serais permis de faire une telle chose en temps normal, enfin si… Mais pas d’une manière aussi poussée voire aguicheuse.

Au départ je doutais de l’intérêt que je pouvais trouver à me rendre à une telle soirée mais finalement je devais admettre que je n’avais plus trop à me plaindre, je passais un excellent moment aux côtés d’Alice et je dirais même que je ne m’attendais pas à faire la rencontre d’une personne aussi attirante dans cette boite de nuit. Ce qui m’attirait ce n’était pas uniquement son physique bien qu’elle soit magnifique mais je craquais pour son naturel, elle était tout sauf superficielle et il n’y avait rien de plus plaisant pour moi qui, en général, me retrouvait entouré de poufiasses qui ne pensaient qu’à leurs manucures et au prix de leur prochaine paire de chaussure. Je ne fonctionnais pas comme ça et ces filles-là ne m’intéressaient donc pas vraiment bien qu’il me soit déjà arrivé d’en côtoyer. Elle agissait donc comme une bouffée d’oxygène, de l’air frais qui venait pourtant paradoxalement mettre le feu à mon pauvre corps animé par les impulsions qui le frappaient. Ses déhanchés contre mon corps avaient de quoi me rendre fou et ses regards sans oublier ses paroles plus ambigües que jamais n’avaient rien pour me détendre et me refroidir. Au contraire, j’étais plus chaud que jamais et la partie ne faisait que commencer. Il y a un bon moment maintenant que je n’avais pas relâché la pression de cette manière, en draguant une parfaite inconnue avec laquelle j’espérais aller plus loin sans avoir peur que quelqu’un me prenne en photo et ne vende les clichés à la presse à scandale. Ce n’est pas vraiment le fait d’être illustré sur papier glacé qui me dérangeait, j’assumais mes actes et j’emmerdais grandement ceux qui pouvaient se permettre de me juger sans me connaitre mais je m’inquiétais toujours pour les répercussions que ça allait avoir sur ma mère, elle n’était jamais à l’abri d’avoir des questions gênantes sur mes frasques et je ne voulais pas lui infliger cela, c’était déjà arrivé par le passé et je m’étais senti très mal. « Des matelas à eau ? Non ! » Je souriais, continuant de danser sans jamais la quitter du regard. « Je suis plus habituée au latex en fait. » Je pense qu’elle n’avait pas pu ne pas se rendre compte de mon regard très étonné par ses propos, j’avais tout de suite perçu une certaine ambiguïté dans ses propos, peut-être à mauvais escient mais en vue de ce que nous étions en train de projeter à coup de sous-entendus j’en avais tout à fait le droit. « Oh je vois… Le latex c’est pas mal aussi, c’est… Différent quoi ! » Je souriais amusé, constatant qu’elle était un peu ailleurs, regardant derrière moi fixement, peut-être qu’elle connaissait quelqu’un ? A vrai dire je m’en foutais comme de ma première paire de chaussures. Ce n’est que lorsqu’elle s’était rapprochée de mes lèvres que je m’étais décidé à agir. L’une de mes mains était venue se plaquer contre son visage afin de l’empêcher de reculer si elle comptait le faire, de là mes lèvres vinrent rejoindre les siennes avec fracas, goûtant enfin au fruit défendu.