Je le regarde d'un regard à la fois fier et pourtant, méfiant. Du peu que je connaisse au sujet de Snow, il avait toujours une nouvelle façon de me surprendre, que la surprise soit agréable ou désagréable et ce serait mentir que de dire que je ne m'attends pas à ce que le moment présent soit propice à l'une de ses fameuses surprises. D'un oeil suspect, je l'observe donc, persuadée qu'il va me faire un mauvais coup. Je commence à le connaitre, ce garçon, l'air de rien. Ce serait préférable, étant donné que je commence à souhaiter qu'il me connaisse, moi aussi. Je pense que je lui ai posé une colle, néanmoins, étant donné que le fait qu'il fasse les cent pas indique clairement qu'il ne sait pas réellement comment riposter face à ma dernière remarque à son égard. Le pauvre. Personne ne l'avait prévenu que les filles pouvaient parfois être de véritables pestes ? Je pense que il doit le savoir, en tous les cas, à l'heure actuelle ; il faut dire que je n'ai jamais rien fait pour me rendre réellement agréable à ses yeux. Allez savoir pourquoi. C'est alors que brusquement, il se retourne vers moi, m'annonçant que j'allais très prochainement le prendre au sérieux. Croisant mes deux bras sur ma poitrine, je feins un air suspect tout en lui demandant :
- Ah oui ? Et pourquoi donc ? En réalité, cependant, je suis plus nerveuse que je n'essaie de le faire paraitre. Il faut dire qu'il m'effraie un peu, lorsqu'il prend cet air tout sérieux d'homme dur, là. Peut être que c'est parce qu'au fond de moi, je trouve que ça lui va plutôt bien. Snow fait alors un pas vers moi, puis deux. Trois. Un bond entier. C'est avec étonnement que ma joue reçoit sa main sur sa peau ; c'est avec surprise que mes lèvres sentent les siennes s'écraser avec lourdeur fracassantes contre elle. C'est avec stupeur que je le laisse m'embrasser. Mes pupilles ont dû se dilater, d'ailleurs, un instant, le temps que mon cerveau comprenne ce qu'il était réellement en train de m'arriver ... J'émets un léger cri en guise de protestation pour la forme avant de me laisser tomber sous son charme, réellement, cette fois-ci. Je laisse sa main chaude empoigner fermement ma hanche, m'agrippant tellement fermement que si je cessais de tenter de me tenir debout, je sais que je n'en tomberais pas au sol pour autant. Il est proche de moi ; tellement proche de moi que ma main se pose à l'emplacement même où devrait se trouver son coeur. Je sens celui-ci se battre, mon autre bras s'enroule autour de son cou et je le laisse m'embrasser, langoureusement. J'en oublie même que je suis toujours trempée à cause des idioties des deux psychopathes, j'en oublie même que j'essayais, jusqu'à présent, de me la jouer "inaccessible, trop parfaite pour toi" ; j'en oublie même qu'il n'est pas censé m'attirer plus que cela ... Parce que c'est exactement à ce moment là que je me rends compte que je me voile la face ; que je suis séduite - partiellement, hein - séduite par un homme peu recommandable, que mon coeur bat la chamade, que mes yeux brillent d'une étincelle nouvelle, d'un éclat duquel ils n'avaient pas brillé depuis un bon moment, déjà. Parce que j'ai envie qu'il me tienne dans ses bras pendant longtemps, que cela ne s'arrête jamais et que notre baiser dure pendant une éternité. C'est à ce moment là que je comprends que Snow ne me laisse pas indifférente, et cela me bouleverse, étant donné qu'hormis le fait qu'il s'agisse d'un motard friand des soirées et du popcorn, je ne sais pas grand chose à son sujet. Sa langue s'enroule autour de la mienne tel le serpent vénéneux autour de la taille, des bras, du cou de la douce et vulnérable Ève. Naïve, influençable Ève. Un exemple idéal de faiblesse qui serait transmis à toutes les autres femmes - moi y compris - avec le temps. Je suis, en effet, faible. Je me sentais capable de résister à ses avances mais maintenant, je me rends compte que c'est trop tard, que je suis déjà conquise. C'est ça ce qui me bouleverse. C'est ça ce qui me perturbe au plus profond de mon être.
C'est là que je prends peur.
Le repoussant brusquement, je détourne mon regard, avant de dire, d'une voix posée - et pourtant, tremblante :
- Je ... C'était quoi, ça ?
Parce que c'est tellement plus facile de blâmer l'autre lorsque nous mêmes avons notre part de responsabilité dans le méfait, ça, c'est vrai.
C'est là que je prends peur.
Le repoussant brusquement, je détourne mon regard, avant de dire, d'une voix posée - et pourtant, tremblante :
Parce que c'est tellement plus facile de blâmer l'autre lorsque nous mêmes avons notre part de responsabilité dans le méfait, ça, c'est vrai.
blonde in every color.
Spoiler :
My dream, is to go
To that place
You know the one
Where it all began
On a starry night.