La blonde laisse ses yeux se balader sur mes courbes en prenant un air de styliste. Une partie de moi s'en voit flattée, si elle me conseille une robe moulante, c'est sûrement qu'elle trouve joli ce qu'elle voit. Une autre partie meurt de timidité. Mes joues, heureusement, profitent du léger hâle de ma peau pour camoufler leur rougeur. Elle est en train de me regarder. Elle. Le simple fait de me regarder me semble être un honneur qu'elle me fait. Je me sens si minuscule à côté de la belle Eden. Je ne sais pas si c'est une impression mais il me semble qu'elle s'est rapprochée. Je dois rêver. En bonne lesbienne, je cherche le moindre signe d'intérêt pour le transformer en hétérocuriosité. Ca se sent non, qu'elle est hétéro. J'en sais rien en fait. Peut-être que c'est juste une technique fourbe de mon esprit pour éviter que je lui saute dessus. Je la regarde, la détaille, comme si je prenais une photographie mentale de ses traits dans mon esprit. Elle est magnifique. Je ne saurais trop dire pourquoi, j'étais ailleurs, dans mes pensées mais d'un coup elle a commencé à rire. Fort. Longtemps.
Ses yeux brillent, son rire cristallin charme mes sens. La vue, l'ouie. J'aurais tellement envie de goûter sa peau, glisser mes doigts dans ses cheveux et sentir son doux parfum. Cette fille me rend débile. Cette fille me rend dingue. La voir rire, me donne envie de rire. Même si je ne sais pas pourquoi. Je commence à avoir peur. Je suis encore en train de tomber amoureuse d'une fille qui ne voudra clairement jamais de moi. Elle rit de bon coeur. J'ai envie de rire avec elle. Mais je ne sais pas. Je ne sais pourquoi elle rit. Ca doit être drôle. Ou alors elle rit vraiment beaucoup pour rien et je crois que ça m'attire encore plus.
« Si ce gars c’est bien celui que je pense, ce n’est pas mon copain. » Et là toutes les idées me traversent l'esprit. C'est son mari, son proxénète, son père, son grand-père, son ex, je ne vois pas je.. « Lui, c’est Adriel. » bon ok, c'était sûrement pas un proxénète, parce déjà elle n'avait rien d'une prostituée et de deux, Adriel c'était pas un prénom assez effrayant pour un proxénète. Tu imagines : « Non Jack, je ne peux m'enfuir avec toi, mon proxènete me tuerait ! Adriel va nous retrouver et nous tuer.» non, non, ça sonnait vraiment comme une merde. C'était pas ça. Tout bien réfléchi il ne ressemblait pas non plus à son papi. C'est d'ailleurs à ce moment là que je remarque une légère ressemblance entre les deux jeunes gens sur la photo et que : « C’est mon frère. » . Bon dieu.
Je ris. Nerveusement. Soulagement. Ou.. Je ne sais pas. Je ris. J'ai envie de danser. De sauter en l'air. De sauter sur elle aussi. Ce n'est pas son copain. Hallelujah mes frères. Ils me semblaient si proches. Je n'avais pourtant jamais envisagé cette éventualité. Soudain, Eden lâcha la phrase la plus ambigue de la planète Terre. « Je suis loin d’être intéressée par ce type de personnes. » « Tu veux dire que..» je me stoppe. Je plante. Je bugue sur sa bouche. Elle me semble si proche. Ca me tue. Ca me tue de me dire que je pourrais tout bêtement m'approcher, les goûter et de me dire que je dois rester là à simplement les regarder. Je réfléchis tout d'un coup. Est-ce qu'elle est en train de me dire qu'elle est lesbienne. Ou qu'elle ne s'intéresse pas aux gars des confréries, ultra populaires et adulés de tous. Je ne sais plus. J'ai l'impression d'être stupide, de ne même pas voir les énormes signaux qu'elle me lance. Je crois que même si un panneaux lumineux tournoyant indiquait : cette fille est lesbienne, je ne le verrais même pas. Je ne sais pas quoi faire.
Alors que n'importe quelle personne sensée aurait peut-être tenté de lui dire : Hey, tu es gay, je suis gay, on fait des bébés? Et bien moi non. Je me lève. Je me lève, oui, idiote que je suis. Je vais au bar. Je passe mes doigts dans mes cheveux. J'attrape une flasque. Je reviens à ma place. Quoi qu'il arrive j'en aurais besoin. Si par hasard elle tentait un truc, ça me donnerait confiance. Si par hasard elle tentait rien, je pourrais toujours me saoûler pour oublier la chance magnifique que j'ai laissé passer par ma bêtise.
J'ouvre la flasque et verse un peu d'alcool dans mon coca. « T'en veux ? ». Mon bras touche le sien. Sa peau est excessivement douce. J'adore ça. Je crois que je suis complètement en train de craquer. Et finalement, je crois que je devrais arrêter d'être idiote, et peut-être lui faire part de ça. « En fait. Tu m'intimides beaucoup. C'est bête hein. Je sais pas pourquoi. Tu m'intimides. » je plisse les yeux et remue mon poignet pour mélanger un peu le contenu de mon verre. Je porte le mélange à mes lèvres, lentement, je tente d'analyser son regard. Je laisse le liquide pétillant et alcoolisé glisser dans ma gorge. Je ne détache pas mon regard du sien. « Est-ce que tu voulais dire que tu t'intéresses pas aux mecs comme Adriel, ou est-ce que tu t'intéresse pas aux mecs en général ? » est-ce qu'à part le fait qu'elle m'intéresse, il y avait une bonne raison de lui poser cette question? Mh. Non. Trop tard. « Tu vas habiter ici du coup ? » tu veux dire que ta chambre se trouvera à proximité immédiate de la mienne? Je meurs. Je meurs encore une fois si c'est vrai. « Faudra que je te fasse vraiment visiter au fait, sinon je suis vraiment la pire des hôtes. » et si tu veux visiter ma chambre, je dis pas non...