awkwardness level is crazy ~ ft. Caleb

outfit ❧ À chaque fois qu’il se met à t’imiter, ça te fait rire. Caleb est drôle, faut l’avouer. Rapidement, tu laisses tomber les petites barrières que tu voulais ériger pour ne pas retomber dans ce piège horrible. C’est déjà trop tard, visiblement. Tu es bien faible. Tu hausses les épaules à sa réponse. Ouais, t’aurais peut-être froid, mais tu trouverais sans doute facilement un taxi ou des transports à commun dans le coin, il n’était pas si tard que ça. Mais Caleb n’avait pas l’air d’avoir envie de te laisser partir. Et tu replonges totalement lorsqu’il pose sa veste sur tes épaules. « Ouais, c’est vrai. » tu réponds timidement, un peu surpris qu’il soit aussi attentionné malgré l’alcool qui coule actuellement dans son sang. À croire qu’il ne perd pas totalement la raison. Ou peut-être juste qu’il est bien plus sympathique quand il se met à boire. Dans tous les cas, tu le suis chez lui, parce que ce sera bien plus agréable que de rester dans la rue ou dans ce bar. Il a bien compris que tu voulais passer la soirée avec lui et pas en étant une chandelle dans son plan de drague. Tu lui es plutôt reconnaissant, d’ailleurs. Pour une fois qu’il se montre compréhensif.

Lorsqu’il ouvre la porte, tu lâches un petit rire à sa blague avant de lui donner un petit coup en passant à côté de lui. « Connard. » tu lâches. Tu te sens un peu plus rassuré, dans cette atmosphère déjà plus intime. Parce qu’avec Caleb, quand vous êtes tous les deux, tout se passe bien – si vous oubliez la dernière fois. Alors que quand il se met en mode chasseur, là, ce n’est pas la grande joie. Tu t’assois sur le canapé et regardes les Uber, le temps qu’il serve les deux nouveaux verres. Cher, loin, galère à trouver. Tu sens que tu vas rester ici une bonne partie de la soirée surtout. Tu le remercies et trinques avec lui. Alors qu’il a pris place à tes côtés, tu fais en sorte de te décaler légèrement, pour ne pas créer de proximité ou de situation gênante. « J’sens que je vais galérer à rentrer. Et j’suis déjà crevé, en plus. Bourré, aussi… » tu souffles en tournant la tête vers lui. Tu te mets à boire son alcool, le regardes faire la même chose, alors qu’il semble particulièrement décontracté. « Désolé pour tout à l’heure dans le bar… C’était con, j’avoue. » tu assumes tes erreurs. « Mais ça se voyait que tu te serais fait chier au lit avec elle. J’préfère que tu choisisses mieux. » le brosser dans le sens du poil devrait le remettre de ton côté. Tu l’espères, en tout cas. Même si tu pourrais l’effacer de ta vie, tu as l’impression de ne jamais pouvoir le faire réellement ou de ne pas en avoir encore la force.

Tu bois ton verre rapidement, t’installes un peu mieux sur le canapé et finit par retirer tes chaussures. Tête contre le tissu, tu fermes déjà les yeux et essaies de te détendre. « Ça tourne, putain… J’comprends ce que tu ressentais l’autre fois. » t’aimes pas cette sensation et pourtant c’est comme si ton corps réclamait encore à boire. « J’dormirais dans le canapé, mais j’ai pas envie de rentrer comme ça. » en espérant qu’il ne te foute pas dehors non plus.    

outfit ❧ Le sourire a regagné tes lèvres. Sûrement à cause des débilités de Caleb. Et te retrouver chez lui te fait du bien – en particulier parce que tu as trop bu. La musique du bar t’aurait sûrement cassé les oreilles, fait mal à la tête et tu ne voulais pas qu’il assiste à tes mouvements de danse approximatifs. Disons que ça n’avait jamais été ton fort, encore moins lorsque tu avais trop bu. Mais les souvenirs de votre dernière soirée reviennent bien vite, l’intimité dans laquelle vous vous trouvez est très similaire et tu as peur de flancher de nouveau, que les mêmes étapes se reproduisent, mais avec une finalité différente. Comme pour te pousser sur la mauvaise voie, en plus de ça, tu ne trouves pas beaucoup de transports pour te ramener. « On dirait que l’univers me pousse à rester ici, putain. » tu sors en souriant, alors que tu tournes la tête vers Caleb, un air abruti sur le visage. Tu pourrais te permettre de débourser de l’argent pour un taxi, mais au final, quelque chose te pousser à rester et tu le sais très bien. Est-ce vraiment innocent, quand tu lui demandes ? Ou quand tu fais ce petit air presque attendrissant ? T’en sais rien. Tu ne sais même pas si ça marche. Et tu t’en fous un peu à ce moment précis, d’ailleurs.
Tu te marres complètement au moment où il t’attrape, où votre complicité revient de pied ferme aussi. Ça t’a manqué, tu ne peux pas le nier. Tu te débats un peu, comme d’habitude, mais tu te laisses assez vite faire, lui donnant des petits coups pour te sortir de ses bras. Vous vous êtes de nouveau rapprochés, vos jambes se touchent, ton bras frôle le sien. « Ça va, ça va ! J’m’avoue vaincu et coupable. Mais j’voulais pas te faire chier, j’avais juste envie de passer la soirée avec toi, sans meuf… » tu continues de te confesser. Tu n’oses pas lui dire que c’est parce que tu te sens un peu coupable de l’avoir repoussé après votre dernière soirée. Mais aussi parce qu’il le méritait un peu. T’acquiesces à sa question. « J’ai déjà eu deux meufs dans ma vie. » t’avais pour habitude de t’en vanter auprès d’Ezra, au début, avant que tu ne commences à te fermer comme une huître. « C’était juste pas mon truc mais… Ouais, j’l’ai déjà fait. » et c’était aussi grâce à ces expériences que t’avais compris que ce ne serait jamais ton truc. Tu ne ressentais presque rien.

Sauf qu’après un énième verre, tu te retrouves à presque t’endormir sur le canapé – qui n’est pas super confortable. « Trop fort pour moi, j’tiens pas l’alcool putain… » tu te masses le crâne lentement pour essayer de retirer cette sensation de marteau-piqueur. Ça faisait longtemps que t’avais pas été bourré, en plus. T’es plus habitué à ça. « Ça me va. » tu sors, alors que ta tête te semble beaucoup trop lourde. Elle glisse doucement vers l’épaule de Caleb, encore assis à tes côtés suite à votre petite chamaillerie. « Ton canap est pas du tout confort, en plus. Rachètes-en un. » ta voix se fait plus douce, parce que tu sais que tu pourrais t’endormir super rapidement, là, comme ça. « Elle est où ta chambre ? J’pense que je vais aller me coucher. » tu contrôles même pas les mots qui sortent de ta bouche.    

outfit ❧ Il n’a pas l’air de t’en vouloir plus que ça, quand il apprend que t’as complètement jeté ses plans à l’eau. Et quand t’y réfléchis un peu trop longtemps, avec tout cet alcool dans le sang, tu te demandes pourquoi t’as agis ainsi. Par colère contre Caleb ? Par jalousie ? Putain, non. Tu ne veux pas ressentir ça, parce que ça voudrait dire que tu commencerais réellement à t’attacher à lui. Ce qui rendrait la distance à mettre entre vous encore plus difficile. Et tu n’as pas envie de traverser ça, pas après ta réussite depuis votre dernière soirée. Et pourtant, tu sais ce que tu ressens dans ton petit cœur. Dans le déni ? Tu l’es sans doute. Et ça te fait chier de complètement assumer qu’il te plaît, que tu pourrais te sentir attaché. Parce que tu sais, dans le fond, que ça ne mènerait à rien. Tu as déjà connu cette souffrance, exactement la même, lorsque tu avais compris que tu étais gay, à l’époque, avant de te remettre avec une fille, pour essayer de te convaincre du contraire. Tomber sous le charme d’un hétéro était le pire de pièges. « J’sais pas si c’est un rêve, crois pas que j’suis accro non plus. » tu sors en essayant d’être le plus confiant possible. Presque même pour te convaincre toi-même. Mais s’il savait ce qu’il y avait dans ta tête, sans doute qu’il te rirait simplement au nez. « J’voulais juste me retrouver avec un pote… » tu baisses la tête et repenses à ta récente embrouille. « Sans prise de tête. » tu hausses les épaules. Caleb n’a pas besoin d’en savoir plus, parce que vous n’avez jamais été du genre à vous confier l’un à l’autre. Et en même temps, tu aimerais pouvoir lui parler de ça. Tout est très contradictoire dans ton esprit. Et tout devient assez brumeux, aussi.
Ses questions sur les filles t’amusent un peu, cela dit et te permet de juste penser à autre chose. « Non. » tu dis le plus sincèrement au monde. « J’préfère les mecs. » mais est-ce que tu devrais vraiment lui en dire plus ? « Je pourrais pas te dire pourquoi. C’est juste chimique. J’l’ai pas choisis… » parce que t’as des souvenirs de quand t’étais ado et que tu te mentais à toi-même sans vraiment le comprendre.

Comme deux cons, vous êtes là, sur ce canapé, bourré. Toi, beaucoup plus que la dernière d’ailleurs. Et tu voudrais juste dormir, à ce moment précis. Que ta tête ne tourne plus autant que sur un paquebot. Tu regardes ce que Caleb sort de sa poche mais tu secoues la tête et éloigne sa main avec un petit geste. T’aurais aimé rester accroché à lui. Ta tête se pose sur son épaule sans qu’il ne te repousse, d’ailleurs. « Il est horrible, ton sofa. » tu continues. « Oui, ta chambre, Caleb. Celle où tu dors. Celle où tu baises aussi sans doute. » t’en sais rien, toi, de ce qu’il fait là-bas. « Mec, j’travaille toute la semaine, j’suis éclaté. Je veux un lit et une nuit normale. T’as déjà été dans mon lit pour baiser, donc j’vais te prendre le tien ce soir, c’est clair ? » tu sors en étant très sérieux, presque trop, un air autoritaire dans le fond de ta voix. Tu t’es relevé, tu le regardes droit dans les yeux, proche de son visage, tu peux sentir la fumée. T’as jamais été trop fan des joints. « Donc montre-moi où elle est, s’il te plaît. » tu souffles en attrapant son bras, que tu te mets à secouer légèrement.
Aussi chiant qu’une meuf, au final.     

outfit ❧ Tu hausses les épaules. Plus pour lui ? Ouais, sans doute. T’as l’impression que si t’avais été hétéro, t’aurais eu pas mal de succès. Ou alors tu serais juste resté avec Leilo et t’en aurais rien eu à foutre des autres. Peut-être que, même hétéro, t’aurais juste été un putain de romantique, comme là. Mais ça n’arrivera jamais, aucune chance, zéro, nada. « Si t’arrives à pécho, déjà. » tu lances en ricanant, pour le faire chier. Tu sais qu’il n’a pas trop de mal avec ça, justement, sauf quand tu lui mets des bâtons dans les roues.

Lorsqu’il sort son joint, tu le refuses. Tu as déjà fumé, mais tu n’as pas envie d’être plus mal que tu ne l’es déjà. Et puis, la drogue, ça n’a jamais été trop ton truc non plus, sauf quand t’étais plus jeune. Tu t’en fous que quelqu’un fume devant toi, tu ne veux juste pas qu’on te force la main. Être dans un état second, ça ne t’a jamais réussi. « T’as l’air bien, là. » tu constates en le regardant longuement. T’en a marre de retomber dans tes vieux travers chaque fois que tes pupilles prennent le temps de l’analyser. Des mecs, y en a plein. Pourquoi il a fallu que ce soit cet abruti qui te fasse de l’œil ? Tu souris, avant de te reposer sur son épaule, la tête qui tourne, tes yeux qui se ferment doucement. Tu voudrais réussir à fermer l’œil sans que le matelas en dessous ne te semble si dur, sans avoir la sensation d’être sur un paquebot.

Et visiblement, Caleb ne prend pas très bien tes critiques sur son canapé – qui sont totalement compréhensibles vu la dureté de ce truc. « J’fais ce que je veux. » tu lances avec nonchalance. Et il trouve toutes les excuses du monde pour que tu n’ailles pas dans son lit. « Putain, t’es chiant, Caleb ! » tu râles. « Quoi ? C’est à cause de la dernière fois ?! » tu dis, après avoir essayé tout ce que tu pouvais pour rejoindre son lit et juste avoir une nuit décente. Tu ne sais pas pourquoi, ça sort d’un coup. Tu avais évité ça toute la soirée, mais voilà qu’à cause des verres tu avais parlé sans réfléchir. Et dans le fond, t’en avais presque envie, en fait, parce que c’était un bon prétexte pour en savoir plus. Même s’il n’y avait pas grand-chose à savoir de plus… Vu qu’il voulait oublier, que vous restiez juste pote, comme ça. « Et moi alors ? J’ai besoin d’un lit aussi. Putain, j’vais pas te sauter dessus… » tu t’écartes de lui, le regardes. Bon, le canapé pourrait fait l’affaire, mais t’avais pas envie de lâcher. « J’l’ai déjà fait une fois, je referais pas cette connerie, j’ai compris… » tu souffles en tournant la tête. Tu t’es redressé, tes jambes touchent les siennes mais tu n’oses pas affronter son regard désormais, trop mal à l’aise.         

outfit ❧ Tu ne sais pas trop quoi répondre, alors tu te contentes de sourire bêtement. Est-ce que tu culpabilises d’avoir foiré ses plans avec cette fille ? Pas vraiment, maintenant que t’y penses, parce que t’as tout le loisir de pouvoir profiter de lui ce soir, du coup. Mais tu te sens légèrement con, aussi, parce que ça ne fait que prouver ton attachement à Caleb. Attachement dont tu n’arrives pas à te débarrasser, malheureusement. Et t’as peur de tout perdre, à la fin. Ton amitié avec lui, vos moments et même votre complicité. Pour ça, pour une attirance non-réciproque. Alors que cette fille, au moins, elle aurait pu le rendre heureux. Toi, tu ne pourras jamais le satisfaire. « Ça va, y en a des centaines d’autres de brunette ! C’était une fois. Tu peux te les taper quand tu veux… » tu connais bien sa réputation. Ezra ne t’épargne pas réellement les détails quand il te racontait le genre de soirée qu’il passait avec lui. Même s’il ne disait jamais avec quelle fille il repartait, il te décrivait souvent celles que Caleb essayait de pécho. Ce n’était pas comme s’il était à plaindre.

Le joint qu’il fume à l’air de bien le détendre, mais t’es sûr de pas en vouloir. Tu refuses de nouveau avec un signe de tête. Hors de question qu’il te voit défoncé et tu ne veux pas replonger comme c’était le cas avant. Tu te rappelais encore de la fois où ton père t’avait surpris avec tes amis en train de vous en griller un. Ça n’avait pas été beau à voir et sûrement une raison de plus pour ne pas pleinement te confier à lui. Tu avais peur de ses réactions, tout simplement. Même si aujourd’hui, tu ne vivais plus sous le même toit que lui, c’était comme si son autorité te suivait partout. Et puis, l’état dans lequel pouvait te mettre la drogue ne te plaisait pas, alors ça faisait assez de bonnes raisons pour que tu ne le suives pas dans ce délire. Cela dit, ses petits ronds étaient assez hypnotisant et tu te laissais doucement bercer par cette ambiance calme, détendue et presque attendrissante. Toi, là, posé sur son épaule, à profiter d’un moment hors du temps. « J’suis assez détendu. » tu te contentais de dire alors que tes yeux se fermaient petit à petit.

Il fallait que t’ailles dormir, que ce tournis cesse, aussi. Quelle connerie t’avait fait à boire autant d’alcool en pensant que ça allait te détendre. Sauf que Caleb a l’air clairement pas d’accord pour que tu dormes dans son lit. Ça t’énerve un peu. En plus, ça te donne l’impression d’être un forceur alors que t’as juste envie de pouvoir profiter d’un bon matelas. Et puis, c’était lui qui t’avait dit que tu ne pouvais pas rentrer chez toi dans cet état. « Ça va, j’ai compris ! » tu t’exclames finalement, après t’être décalé. Ouais, peut-être que tu n’aurais jamais dû lui dire pour ton homosexualité, peut-être que ça l’aurait juste détendu vis-à-vis de la situation et qu’il n’aurait pas trouvé ça bizarre. « J’vais pas forcer, c’est bon… » tu souffles finalement, énervé, évitant son regard. Clairement, t’as envie de lui faire la gueule, même presque plus envie de lui parler tellement sa réaction est agaçante.

Quand tu croises son regard, tu restes froid, visage fermé, même si ses yeux te font fondre. Mais t’en démords pas. Tu ne dis rien, mais lui fait comprendre par l’expression de ton visage que t’as plus envie de rigoler. Ouais, c’est gamin, mais tu t’en fous, c’est lui qui joue au con. Tu ne comprends pas vraiment quand il te sort que t’as gagné. Sourcils légèrement froncés, tu le vois se lever pour aller vers sa chambre. Alors tu le suis sans rien dire.
Plongé dans le noir, tu retires tes chaussures et n’oses même pas lui demander un jogging ou autre vêtement pour dormir. Bah ouais, t’as rien pris avec toi et être vêtu de tes vêtements que t’as porté toute la soirée pour te coucher te dégoûte un peu. Mais tant pis, tu te mets d’un côté du lit sans rien dire, tourne le dos à Caleb et ferme les yeux. « Merci. » tu dis doucement, toujours aussi froid. Tu fais en sorte de te faire le plus petit possible, presque recroquevillé sur toi-même malgré ta grande taille. Et en quelques secondes seulement, tu t’endors. Une chose est sûre, tu ne l’auras pas fait chier, cette fois. Preuve à l’appui.

Mais t’es réveillé, à un moment donné. T’as chaud, trop chaud, même. Tu te sens à l’étroit dans tes vêtements, t’es pas à l’aise, t’as mal au crâne, en plus. Tu ne sais pas quelle heure il est mais le matin ne semble pas pointer le bout de son nez. Quelque chose est sur toi, une grosse masse. Et lorsque tu sens une petite expiration dans ton cou tu comprends que c’est Caleb, collé d’une façon nonchalante, un bras autour de ta taille. Et le pire est sans doute l’érection qu’il a, presque au niveau de tes fesses. Tu soupires.
Comme si l’univers ne faisait que jouer avec toi, ces derniers temps.