III - Gamma Psi

Les évènements se succédèrent tellement rapidement que je ne savais même plus où donner de la tête. Déjà, Isabella me répondit. Riant légèrement à sa réponse, j'enchaînai par :

- Je pense que c'est la théorie la plus proche de la réalité, en effet.

Il fallait avouer que Justin Bieber était un faux pas musical sans possibilité de marche arrière. C'est alors qu'une dénommée Dallas nous rejoint, suivie, de près, de Bliss. Mon coeur s'allégeant alors, j'étais heureuse de voir que je n'avais pas été abandonnée par celle-ci, et qu'un visage (ou plutôt, une voix) familier était dans les parages. Dallas me salua d'abord, ce à quoi je me sentis dans le devoir de répondre :

- Enchantée ... Dallas, il me semble ? Je ne sais pas quand est-ce que les plombs reviendront. Mais au moins, nous avons échappé à Justin Bieber. Voyons le bon côté des choses.

Bliss nous informa alors de ce qui venait, visiblement, de se passer ... Soulagée à un point inimaginable, j'eus envie de lui faire un calin afin de la remercier de ces nouvelles réconfortantes. Mais étant donné mon adresse légendaire et l'absence de lumière - hormis celle générée par son téléphone portable - je m'abstins d'effectuer le moindre mouvement.

- Tu me rassures, Bliss : je m'étais mise à croire qu'on allait tous devoir se piétiner les unes les autres afin de sortir. Les ... Charmantes demoiselles sont toujours parmi nous ?

Faith vint alors nous rejoindre. C'était visiblement la cousine de Dallas.

- Enchantée. Je me nomme Lisa. lui dis-je alors. Il n'y avait aucun mal à se présenter lors de la soirée de rencontres Gamma Psi, après tout. Elle semblait au moins aussi sympathique que sa cousine, qui plus est. Néanmoins, j'attendais impatiemment le retour de la lumière.

Jaycee revint alors, nous expliquer l'état actuel des choses. Visiblement, les escortes (d'apparence de luxe) étaient bel et bien parties. Cette panne de courant aura au moins eu son efficacité, ça, c'était sûr. Néanmoins, les bonnes nouvelles viennent souvent main dans la main avec les mauvaises nouvelles. Et c'est ainsi que nous apprîmes que la soirée s'achèverait sur de la musique live et des bougies. Si l'élément "en direct" des mélodies m'attirait grandement, je ne pus qu'être légèrement concernée par le risque que posait ces flammes dévoreuses. Néanmoins, il fallait avoir un peu de foi, et savoir faire un peu confiance à celle qui avait été jugé assez responsable pour organiser une telle soirée.

Ne faisant même pas l'effort de tâter ma cuisse pour voir si je n'avais pas un quelconque briquet ou une boîte d'allumettes innocente dans la poche (étant donné que ce soir, je n'avais pas de poches), je me contentais de regarder, avec une insistance docile, les filles qui se trouvaient autour de moi. Finalement, l'envie de faire un peu d'humour prit le dessus, et je me retrouvai alors à déclarer :

- Il ne manquerait que de quelques violons sur une quelconque mélodie alarmante et nous aurions pu nous raconter des histoires de fantôme !

Mais je ne m'en plaignais pas : j'avais horreur de ça, les fantômes.

Finalement Manilyn n’eut pas besoin d’utiliser son téléphone pour prévenir la police universitaire. Et dans un sens c’était tant mieux. Elle n’avait guère envie que leur petite fête s’arrête car elle savait qu’en appelant la police pour qu’ils viennent chercher des individus ne faisant pas partit de l’UCLA, les Gamma Psi seraient accusées de les avoir fait rentrer, et peu importe si celles-ci protestaient en affirmant qu’il s’agit d’un cadeau empoisonné des Delta ou des Alpha. Dans tous les cas la jeune femme était soulagée de constater que les strip-teaseuses s’en étaient allées bien loin, mais était tout aussi peinée de cette interlude indésirable qui avait des conséquences. Décidément, elle avait raison d’avoir choisi les Gamma Psi, jamais elle ne se serait sentit à l’aise dans un groupe comme les Alpha qui aime clairement emmerder les autres et leur pourrir la vie. Ce n’était pas du tout dans son tempérament, elle qui, à l’opposé, aime aider les gens quoi qu’il lui en coûte. C’est d’ailleurs dans cet objectif, sans répondre pour autant à Jaycee, qu’elle s’était dirigée vers les lanternes qu’elle avait posées ici et là. Les allumant une par une avec son briquet, elle ne se posait pas de question. Il fallait le faire, alors elle le faisait. Mais au juste, pourquoi a-t-elle un briquet alors qu’elle ne fume pas ? Simplement parce qu’il est courant qu’elle soit abordée dans la rue pour du feu, et désespérée de toujours répondre non d’un air désolé, elle avait appris depuis quelques mois maintenant a toujours avoir avec un briquet sur elle. Comme quoi, cela pouvait être utile.

Bien vite la solidarité des Gamma se faisait ressentir dans la pièce. Certaines allumaient des bougies, d’autres reprenaient la conversation pour remettre de l’ambiance, et enfin la musique recommençait grâce une demoiselle fraichement arrivée avec sa guitare. Dans la pénombre, la fête avait repris son cours, non sans mal, mais cela en valait la peine. C’est ainsi que naturellement, Manilyn s’était dirigée de nouveau vers Eléanor et Abigaïl pour reprendre la conversation qu’elles avaient engagées : « Et bien ta robe est magnifique Eléanor, vraiment, elle est très réussie, chapeau bas. Je vais finir par te demander de m’en faire quelques-unes. » Un léger rire passait alors le seuil de ses lèvres, puis elle se tournait vers Abigaïl : « De la danse ? Va falloir nous montrer ça un jour, je suis sûre que tu te débrouilles bien mieux que les trouble-fêtes qui viennent de sortir. » Elle en était même certaine, après tout, les Gamma ont cent fois plus de classe et de prestance tout en gardant les pieds sur terre. Un aspect plus qu’apprécié par Manilyn.

FIN DE LA DEUXIÈME ÉTAPE.